Lors de la livraison récente d’un manteau d’hiver, le client me posa une question fort pertinente qui me sécha ! Une colle ! Sans voir la pièce (coupe droite, boutons cachés, laine anthracite), voici la question telle quelle : pouvait-on appeler ce manteau un Chesterfield alors qu’il était plutôt près du corps?
Ce détail m’avait échappé, et je replongeais alors dans L’Eternel Masculin et Le Chic Anglais. En effet, les auteurs expliquent que le Chesterfield, inventé au XIXème siècle par une famille ducale, est d’une coupe ample, à la différence du Cover Coat, cintré lui.
Ces deux manteaux sont en effet très proches : tous deux sont droits. En revanche, le Chesterfield est plutôt un manteau de ville, donc réalisé dans un drap foncé de petits chevrons (anthracite, gris ou marine) alors que le Cover Coat, plutôt du registre ‘rural à la ville’ ou ‘mi-sport’ est fait d’un twill beige ou olive, léger, qui le rend toutes saisons. Tous deux également peuvent arborer un col en velours, ton sur ton et des boutons cachés sous patte, plus distingués. Enfin, spécificité du Cover Coat : ses lignes de surpiqures à la machine, en bas des manches et des basques.
Et donc, l’un est véritablement droit, le second cintré. Voilà pour cette question, qui en effet demandait un peu de recherche. Au delà, je reste quelque peu dubitatif sur le fait de tailler des pièces amples pour l’hiver. Car, plus l’on est près du corps, plus on isole. L’idée de faire rentrer de l’air frais sous le manteau me refroidit nettement. Pour l’été, en revanche, autant être aéré je trouve.
La longueur du manteau ensuite, sujet de polémique aujourd’hui. Lors d’une visite chez Arnys, j’entendais le vendeur dire au client : long à mi-mollet, cela fait assez ancien monsieur, alors qu’en dessous du genoux, c’est plus moderne. Certes. Les deux dimensions ‘longues’ étaient disponibles alors que la tendance actuelle se porte plus vers une troisième : le mi-cuisse, à l’italienne. Si je ne suis pas tellement fan (en dehors des modèles à peine plus long que la veste comme les matelassés ou sur-vestes), je préfère franchement les modèles longs, au moins en dessous du genoux.
J’aime assez les films des années 90 car les manteaux y étaient longs. Michael Douglas avait de l’allure dans de tels pardessus. Sous le vent, les pans virevoltent et cela ne manque pas d’une certaine élégance. Par ailleurs, cela ne fait pas chiche. Enfin le poids de l’étoffe marque la stature, car oui, il ne faut pas se contenter d’une laine toute fine !
MàJ : j’ai lu sur le forum De Pied En Cap une autre explication à propos des différences entre Chesterfield et Covercoat. Pour faire court :
- Cherterfield : coupe sack plus ou moins près du corps.
- Covert Coat : coupe box overcoat (à priori ample), qui est court et en tissu de manteau.
Plus d’infos ici.
Julien Scavini
J’aime également les manteaux bien longs, mais n’est-ce pas plus adapté aux personnes de grande taille – ce qui n’est malheureusement pas mon cas! – ?
Il est vrai que malheureusement, les gravures de mode où l’on voit d’ombrageux romantiques affronter les éléments dans des manteaux virevoltant aux vents, sont difficiles à reproduire dans la réalité. Je me suis beaucoup ridiculisé plus jeune, à porter de longs manteaux, avec des revers généreux, une belle épaisseur, assez longs, faisant de belles épaules carrées, comme on voit dans les films américains. Il faut sans doute avoir bu autant de lait qu’un cousin d’Amérique et mesurer 1,90 m pour les porter… Je ne me sépare plus aujourd’hui de mes cover coats bien cintrés !
Très instructif, merci. J’apprends grâce à vous être depuis quelques années le propriétaire comblé de ce qu’il faut bien appeler l’ornithorynque du manteau, un croisement que j’avoue trouver réussi entre le Chesterfield et le covert coat: boutons cachés, laine marine épaisse, railing à l’ourlet et aux manches, col de velours bleu foncé, cintré.
J’avoue trouver le covert coat originel très tentant, mais n’ai jamais trouvé la combinaison du tissu beige avec des costumes anthracite ou bleu marine particulièrement heureuse … D’où ma satisfaction avec cet hybride !
Oui, je suis bien d’accord, le cover-coat tel que dessiné ici, dans sa version canonique, s’accorde mieux de tenues ‘sport’. Le costume et lui ne font pas bon ménage à mon goût.
La longueur du manteau doit correspondre à sa taille mais aussi au style vestimentaire qu’on aura. Si l’on porte des costume optons pour une longueur à l’italienne ou dépassant le genoux masi pour les autres style où on portera un jean ou un chino par exemple vaut mieux porter un manteau qui ne dépasse pas le genoux parce que ça risque de donner un look de défroqué…
http://www.younglington.wordpress.com
Pas idiot comme remarque. Mais ici, point de jeans 🙂
Ceci dit, le Chouan émet l’hypothèse que le cover coat est trop long… à voir.
Bonsoir Julien !
Vive les manteaux !
Votre cover coat me semble trop long… Nonobstant, encore une bien jolie illustration !
Peut-être auriez-vous raison, oui, j’ai eu la main un peu lourde. Mais je suis assez perplexe à l’idée de faire arrêter le manteau juste aux genoux…
Nous pourrions donc rajouter que le Chesterfield est un peu plus long que le Cover coat, qui s’arrête aux genoux, et non en dessous.
Bonsoir Julien,
Je préfère le cover coat, plus sport. Mais tous deux sont trop longs à mon gout.
Nicolas
En effet, je pense que le covert coat tel que vous l’avez représenté est un poil trop long. Il se porte normalement juste au-dessus du genou.
Pour ma part, étant tout à fait conservateur (et fier de l’être), je ne porterai pas de covert coat en ville, à moins qu’il ne soit taillé dans une laine anthracite ou bleu marine, et absolument pas cintré – c’est-à-dire, en résumé, si le covert coat est un chesterfield.
Pour ce qui est de l’isolation d’un vêtement cintré, je me permets d’émettre un petit doute : l’effet de cloche d’un vêtement ample permet à l’air qui s’y infiltre d’être réchauffé par la température corporelle et de créer ainsi une couche isotherme supplémentaire.
Très juste aussi !
Bref, le dessin est à refaire. Mais je le saurais, le cover coat frise le genou.
Une fois de plus, lumineuse mise au point par un maître en la matière!
Une telle « couche isotherme » ne servirait à rien en cas de vent…
Je pense pour ma part que la différence est si mince entre les deux type de manteau qu’en exclure un de l’usage urbain serait de l’ordre d’infliger certaines souffrances inutiles aux mouches, si je puis m’exprimer ainsi.
Je suis néanmoins très heureux de connaitre enfin la différence. Un grand merci pour cet article, vous jouez en effet le rôle de porteur de lumière.
Vous avez tout à fait raison, la différence entre les deux manteaux est bien mince – aussi mince, à vrai dire, qu’une épaisseur de tissu… Mais n’est-ce pas là précisément que réside toute l’importance de la distinction ?
N’étant pas très grand (1m68) et avec un peu d’embonpoint (82 kg), quelle longueur de manteau conseillez vous ?
Je m’étais laissé pensé qu’un manteau jusqu’à mi-cuisse me mettrait plus en valeur qu’un manteau jusqu’au genoux … Ai-je raison ?
Ah oui c’est fort possible. C’est une question à voir de visu surtout. Ceci dit, les hivers sont doux. Peut-être qu’une veste épaisse suffit?
Pour les qualités d’isolation que l’on attend d’une pièce hivernale, il est nécessiare de laisser courir un peu d’air entre le manteau proprement dit et la veste car beaucoup plus que la matière du manteau c’est la couche d’air plus ou moins emprisonnée entre celui-ci et la veste qui participera réellement à une bonne isolation.
Un manteau près du corps, même dans une matière chaude et isolante n’est donc pas un gage de chaleur corporelle.
Merci pour ce site d’une rare qualité et d’un si grand intérêt.