Pour faire suite au précedent article qui avait fait couler beaucoup d’encre sur le port du polo manche courte et du bermuda, nous allons ce soir nous intéresser aux costumes estivaux. Car évidemment, quand il fait, la tentation est grande de faire tomber la veste, mais ce n’est pas recommandé par la rédaction. Et surtout, au delà du costume, la coupe étant une question de goût, quelle matière?
La problématique de la couleur peut aussi être posée. Pour un costume de travail, difficile de se passer des gris et des bleus. Ils peuvent simplement être sélectionnés dans des coloris plus clairs. Également, il est possible de revêtir aussi des tons beiges, mais jamais marron en ville. La veste sport ou les blazers légers peuvent également être combinés avec des pantalons de flanelles légères ou de laines vierges, ou de coton blanc.
Par ailleurs, notons que le nec plus ultra des coloris estivaux est le blanc, plutôt le blanc cassé, complété par de nombreuses variantes allant du crème au caramel. En trois pièces, cela peut-être exquis. Les anglais, avec ces couleurs, ne jouent jamais le total ‘look’, ne s’habillent pas de la tête aux pieds en blanc, préférant les dépareillés. De la bouche d’un anglais, ce ‘style’ est italien!
Enfin et surtout, la matière. D’abord, je vais détruire beaucoup d’idéaux largement répandus dans l’opinion: non au coton et au lin. Oui à la laine. Et oui, techniquement, rien n’est plus fin que la laine, rien n’est plus léger (en dehors des polyester et de la soie). Le coton a un défaut (à part le tissage seersucker): il est tissé serré et n’est donc pas aéré, très peu utile pour les jours de chaleur. Le lin quant à lui, froisse, vous le savez bien. Et par ailleurs, ce qui est peu connu, le lin se gorge d’eau en milieu humide (je pense aux régions de bords de mers) et dès lors ne respire plus. Par ailleurs, les cotons et les lins sont lourds (300gr bien souvent). Aussi, un tailleur refuse de travailler ces tissus, qui sont terribles sous l’aiguille et et le fer.
Il ne reste que la laine, dont les fibres peuvent allier deux qualités: finesse et légèreté. En dehors des laines vierges et des tissages légers, il existe deux catégories de laines spécifiques pour l’été: les laines fresco et les mohair.
Les fresco d’abord désignent une catégorie de tissages techniques. Les fils de laine, avant leur tissage ensemble, sont sur-tordus, sont enroulés sur eux-même. Une fois tissé, le plus souvent sur une armure toile (très aérée), le drap a un comportement étonnant, avec beaucoup de nervosité. On dit que ses fibres frisent, ce qui est une image pour signifier la réaction du fil retors.
Ensuite les mohairs sont des laines de chèvres. De ce point de vue et comme beaucoup d’amis, vous devez trouver cela bizarre. Mais le poil de chèvre a un avantage de plus par rapport au lainage de mouton: il a du ressort et est très rigide. Le tissage en toile de kid mohair est d’une grande légereté (220gr) et est trés aéré. C’est une merveille, que je recommande véritablement, même si elle est un peu chère! Si il est possible de trouver des costumes en fresco dans le commerce (notamment chez Arthur et Fox à Paris), ceux en mohair sont plus difficile à dénicher. Mais allez-y les yeux fermés, en plus, ça ne froisse quasiment pas!
Julien Scavini
On dit que le lin « se froisse avec élégance ». Il se froisse – un point, c’est tout.
des adresses pour le mohair « plus difficle à dénicher » ??
merci pour la mise au point sur les laines d’été
Oui, c’est sûr, et je reconnais qu’il y a des inconditionnels de cette matière. Mais j’ai le goût des beaux tombés, et le lin dès lors ne rentre pas dans cette catégorie.
Et bien justement, j’ai rarement vu en prêt à porter des costumes en mohair… peut-être que la matière première, à la base, et trop onéreuses pour les marges de faiseurs..?
Partageriez-vous quelques adresses que vous jugez intéressantes en demi-mesure pour se faire un costume en mohair?
L’important, c’est qu’ils aient du mohair dans leurs liasses… après, j’ai déjà fait faire des costumes chez Gambler (fabriqués en France) qui est pas cher du tout à la Madeleine.
Je pourrais aussi vous recommander Handson, ou peut-être Wickett, mais je ne les connais pas.
Après, il y a aussi la mesure industrielle de chez Brooks Brothers, maison ô combien chère à mes yeux.
Ou Ohnona sur Paris qui saura bien vous conseiller la dessus.
Merci Julien,
je vais faire un tour chez Gambler et sans doute retourner voir Michael qui m’a fait déjà des vestes satisfaisantes
Bonjour Julien,
Pour quoi ne pourrions nous pas porter des costumes Marron en ville ?
Que penser du kaki ?
Merci
Bonjour,
car le marron n’est définitivement pas une couleur de la ville, et en plus, ce n’est pas tellement beau, même si cet argument est subjectif. Bref, le marron ne fait pas parti des coloris classiques légués par nos gentlemen pour l’urbain. En revanche, il fait merveille à la campagne. Donc évitez si possible en ville tous les costumes marron ou beigasse que les stylistes s’échinent à vendre dans des boutiques d’ailleurs pas forcément chic. Al Capone portait du marron en ville, justement pour aller à l’encontre des codes classiques, dans une esthétique bandit. Après pour le kaki, je serais tenté de répondre que ce n’est pas très sérieux pour une costume de travail… Pensez à ce que vous dîtes 🙂 Les anglais appellent ça olive anglaise. Je sais que l’on fait des sahariennes dans ces coloris, mais bon, toujours pas très urbains…
« décommander » n’est pas le contraire de « recommander ».
Il est vrai.