Trouver ou se faire confectionner une veste sur mesure dans un esprit classique impose une coupe irréprochable, aux dimensions harmonieuses. Si les avis divergent entre tailleurs (et autres professions) sur l’honnêteté intellectuelle d’un tel concept, il existe néanmoins quelques invariants, notamment sur l’entraînement du revers. Évidemment, de telles mesures ne peuvent être prises comme absolues, et dépendent souvent de l’attitude et de la conformation du client.
Vouloir une veste à deux ou trois boutons n’implique pas les mêmes soucis esthétiques, mais induit un travail de conception parfaitement ajusté. Le revers ne s’implante pas au petit bonheur la chance, mais dépend du positionnement de la taille. Traditionnellement, les tailleurs prennent comme repère le nombril de la personne pour positionner celle-ci. Le bouton principal (celui du milieu sur un trois boutons) s’implante entre zéro et deux centimètres au dessus, cette dernière valeur étant classique.
Cette démarche précise, confère à la veste une modularité exemplaire, permettant d’y implanter un, deux, trois ou quatre boutons, séparés par neuf à onze centimètres. Dans le cas d’un deux boutons, le revers ne paraîtra ni exagéré ni trop court. Et sur le veston à trois boutons, cela donnera un revers d’honnêtes dimensions, à peu près égal à la hauteur de la basque.
Chaque styliste influx sur cette disposition particulière, monsieur Ralph Lauren affectionnant par exemple les implantations basses, dégageant d’exagérés revers. Mais à l’inverse, les implantations trop hautes peuvent rendre ridicule une mise.
La question se complique avec le positionnement des poches côtés. Celles-ci doivent prendre place à mi-hauteur du bouton du bas, voire au niveau du passepoil pour les coupes les plus modernes. Sauf si la poche est positionnée en biais, auquel cas il convient de désynchroniser le principe. Il reviendra alors au tailleur d’opter pour un système de relations de mesures, qui paraîtra harmonieux sur le client.
Cette méthode de coupe permet de prendre en compte le gabarit de la personne. Les petits s’orienteront naturellement vers des modèles à peu de boutons et les grands n’auront pas l’air ridicules dans des modèles à quatre boutons, dont les revers seront bien calculés. Les avantages sont multiples, pour rationaliser le tracé et rendre homogène une ligne. Les stylistes l’ont bien compris, même s’ils ont opté pour la mode actuelle qui préconise une implantation plutôt haute…
Julien Scavini