Juste un court billet pour présenter cette vidéo d’une usine en Turquie fabricant des costumes en PàP. L’équipement est réellement impressionnant. Je suis stupéfait par le nombre de machine et leur spécialisation…
L’une des plus grandes figures françaises de l’élégance masculine est quelqu’un de tout à fait discret vivant aux abords de la cité des Anglais et prénommé Albert (illustration).
Fils de Jean Goldberg qui fonda la maison Façonnable rue de Paradis à Nice en 1950, il sut la développer avec un brio non discutable, la positionnant par alliance avec le distributeur américain Nordström à une échelle internationale. Très réputé dans les années 80 pour ses looks très colorés, il sut ravir les goldenboy new yorkais et ceux d’ailleurs, faisant de Façonnable l’une des marques françaises pour homme les plus connues à travers le monde, rivalisant bien souvent avec Ralph Lauren. Depuis Façonnable fut rachetée par son distributeur, qui fit faillite, et récemment par les libanais du groupe M1 Fashion. Alberto Lavia, ancien pdg de Kenzo a pris la direction et Eric Wright la direction artistique, pour re-conduire Façonnable sur le bon chemin.
Entre temps, Albert Goldberg qui s’était retiré des affaires par contrat revint avec une nouvelle enseigne à Nice: Albert Arts. Cette nouvelle ligne présentée comme dans une galerie d’art, est très inspirée de sports mécanique et maritime. Les collections sont intitulés ‘le Fils du Tailleur’, référence au père d’Albert, juif-polonais qui était tailleur artisanal. Les modèles font la part belle aux plus fines flanelles et cachemires. Les tons sont doux, plutôt dans les bleus, et les finitions exceptionnelles. Une chemise Albert Art est inénarrable. Hélas, le prix aussi… Les petits blazers sports sont par ailleurs si fins que vous n’avez par l’impression de les toucher.
Sur cette lancée couronnée de succès (encore une fois), Albert Goldberg et son fils (le petit fils du tailleur donc) s’associent au sein de la holding Tercade pour racheter au groupe Richemond le grand magasin Old England du boulevard des Capucines à Paris. Cette adresse prestigieuse dont les façades en bois de palmier sont classées monument historique, vivotait depuis quelques années déjà, tout en proposant d’extraordinaires produits importés. Si le déménagement du groupe Hackett pour un autre site du boulevard laissera de la place libre au rez-de-chaussée du magasin, le premier étage consacré aà la femme vient quant à lui de subir un important lifting. Fini les gros Chesterfield, bienvenu au design épuré, à tendance suédoise mais d’inspiration niçoise. Couleurs claires et espace ouvert permettent de redécouvrir cet important rayon. Même si l’on est jamais pour le changement à Stiff Collar, le fait est que le bouleversement fut inspiré. Il faut bien avouer que les femmes sont plus réceptives à la modernité, bien plus que nous autres. Et donc heureusement, les salons du sous-sol consacrés à la chaussure et aux costumes mesures n’ont pas bougé d’un iota. Pour autant, nous nous interrogeons sur la qualité des produits, douteuse, d’autant plus que le jeune ‘tailleur’ sort de l’école ESMOD… process industriel peut-être?
Souhaitons en tout cas bonne fortune au magasin Old England, une adresse prestigieuse!, et réussite à Albert Goldberg et à son fils dans leurs nouvelles aventures. Et ps: si vous cherchez des stagiaires monsieur Goldberg… ^^
Les parties de chasse étaient jusque dans les années 60 des rendez-vous privilégiés pour le monde, permettant de s’évader pour un court instant de la ville. Les chasses du président Coty à Fontainebleau ou Rambouillet étaient célèbres pour rassembler les ambassadeurs, épaulés de gens d’armes, les bien nommés.
Durant rarement plus qu’un week end, ces rencontres plutôt aristocratiques étaient l’occasion d’un déménagement important de personnel et de matériel, créant un lien entre économie de la ville et économie de la campagne. Le très intéressant livre de Mark Girouar intitulé La vie dans les châteaux français, du Moyen Age à nos jours relate avec force détails ces allées et venues.
De même, l’une des grandes figures cinématographiques qu’est Robert Altman signa à ce sujet l’excellent film Gosford Park, (2002) qui relate avec brio les mécanismes à l’œuvre pour aller tirer le pigeon (ou le tetra).
Ainsi, les grandes résidences de campagnes possédaient un personnel nombreux et hiérarchisé. Étudions la sociologie d’une maison habitée par un couple et leur fille, et conviant trois autres couples, soit neuf convives. Il fallait:
Un majordome (qui est attaché à la gestion du personnel, butler en anglais)
Une femme de charge appelée parfois gouvernante (qui est attachée à la gestion de la maison)
Le valet de Monsieur
La femme de chambre de Madame
La première femme de chambre (attachée aux autres chambres), attachée à la fille
Une femme de chambre, faisant le ménage, les chambres etc…
Deux valets de pied (footmen en anglais), pour le service et l’assistance au majordome
Une blanchisseuse
Une cuisinière
Quatre filles de cuisine
Un armurier pour la gestion du râtelier
Un garde chasse pour gérer le domaine
Huit rabatteurs, embauchés parmi les habitants du village pour servir de gens d’armes
Deux chauffeurs
Cinq garçons de maison, aidant aux tâches lourdes (transport du charbon, ménage etc…) sous les ordres du majordome
Cinq filles de maison pour aider dans toutes les tâches ménagères, sous les ordres de la femme de charge
A ce personnel de la maison s’ajoute le personnel des trois couples conviés:
Trois chauffeurs
Trois valet de Monsieur
Trois femmes de chambre de Madame
Nous arrivons ainsi au chiffre vertigineux d’une cinquantaine de personnes servant neufs convives invités à chasser, ce qui faisait de ces maisons de véritables hôtelleries de campagne. Le film de La Règle du Jeu de Jean Renoir permet de comprendre les systèmes sociaux à l’œuvre. Le soir dans tous les cas, et même si le tweed est de rigueur dans l’après midi, c’est white tie!
L’achat de ces livres s’avère en revanche assez onéreux (comme pour tous les beaux livres). Rendez vous sur Amazon ou alors à la Hune, célébre librairie d’art de St Germain des Près!
Loin de trancher entre grande mesure tailleur et prêt à porter de qualité, Stiff Collar a pour but de faire vivre un imaginaire, celui d’hommes bien vêtus. Dans ce monde de la réalité immédiate et de l’information continue et confuse, nous cherchons un état de pensée idéalisé dans lequel vivre, se sentir vivre.
Dès lors, l’art du vêtement apparait comme l’un des derniers remparts que l’on puisse ériger entre nous et la société. La confection est l’une des dernières grandes spécialité à savoir créer, matérialiser un rêve, que ce soit d’une époque ancienne, fictive ou future. Se faire tailler une veste de cavalier et des bottes chez John Loob permet de goûter à un luxe passé et désuet; se faire confectionner un costume au cran innovant permet de se sentir avant-gardiste. Chacun peut y trouver son compte, dans le respect de traditions qui savent évoluer et se reconstruire.
A l’image du sympathique Marc Guyot, cela flaire bon la bonne humeur et les atmosphères bon enfant. Se délecter des costumes d’Oss 117 ou du Petit Nicolas replonge dans un univers qui donne envie, fait sourir peut-être aussi. Car après tout, nous évoluons dans ce milieu de l’élégance, par soucis de sérieux d’abord et de plaisir ensuite, ce qui compte au dessus des querelles.
Merci aux quelques deux cents lecteurs qui passent ici chaque jour! Puissent-ils trouver l’état idéal, pour comme disait Saint Laurent, vivre en beauté!
MàJ: Comme un fait exprès, citation d’une interview de Jean Pierre Jeunet réalisée par le figaro du 28 Octobre 2009, à propos de sn dernier film:
Vous n’en avez pas marre d’être nostalgique ?
Non. Une idée court actuellement en France, selon laquelle être nostalgique, c’est être rétrograde, réactionnaire, voire fasciste. C’est l’un des a priori les plus cons de ces dix dernières années, véhiculé par des handicapés de l’émotion. La nostalgie, ce n’est pas vivre dans le passé.
Commençons cet article par une affirmation que l’on a tous souvent entendu. Cette semaine encore donc, un ami m’a dit qu’il s’était fait faire un costume sur mesure chez un tailleur pour 350€.
Deux problèmes dans cette proposition: la notion de ‘sur mesure’ et l’appellation ‘tailleur’. Car il va de soi à qui s’y connait un peu qu’à moins de 2500€, il n’est point fait référence au tailleur traditionnel.
La loi de juin 1947 et son décret d’application de janvier 1955 relatifs à l’appellation ‘tailleur’ stipulent en article 1 que:
Est interdit et considéré comme une tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise au sens de la loi du 1er août 1905, l’emploi de toute indication, de tout signe, de tout mode de présentation, en particulier par usage du mot « tailleur » ou de toute autre dénomination comprenant ce mot, susceptible de faire croire à un acheteur qu’un vêtement masculin a été exécuté suivant les procédés techniques conformes aux usages loyaux et constants de la profession de tailleur, qui comportent la coupe individuelle aux mesures exactes du client, lorsque ledit vêtement n’a pas été exécuté dans ces conditions.
Mais bien évidemment, personne ne connait cette définition, même certaines maisons de confection, qui pèchent par naïveté. La loi stipule donc:
– vêtement tailleur: tout vêtement masculin de dessus dont le client a choisi le tissu et le modèle, et pour l’exécution duquel les opérations de coupe, d’essayage et éventuellement de retouches, sont faites par une main d’œuvre spécialisée, d’après les mesures personnelles du client prises préalablement à l’unité.
– vêtement sur mesures mode industriel: le client a choisi le tissu et le modèle, et dont l’exécution déterminée d’après les mesures personnelles du client implique des opérations d’essayage et de retouches, ledit vêtement étant d’autre part fabriqué selon la technique industrielle du vêtement de confection.
– petite mesure façon confection: tout vêtement masculin de dessus, coupé à l’unité, exécuté selon les procédés de la fabrication en série à la convenance et aux conformations particulières du client qui a choisi, au préalable, son tissu.
Voici donc pour l’état des lieux. Alors, la fédération française des maîtres tailleurs s’est proposée de réécrire la loi, partant d’une idée simple, faire respecter ce décret et le mettre à jour, notamment pour éviter cet encart très long de vêtement sur mesures mode industriel. L »idée, introduite par Mickaël Ohnona, est bonne, mais manque certainement d’étoffe, de lobbyistes et de députés…
Voulons nous l'idéal?
Mais repartons des faits. Il est devenu certain que l’imaginaire collectif entretient avec le nom de tailleur une relation ambigüe qu’un loi seule ne peut plus, ou pas régir. Malgré le fait que je sois dans la partie, plutôt côté Tailleur (au sens de la loi donc), je ne peux pas passer mon temps à reprendre systématiquement amis et connaissances… Et doit bien avouer que je me range aisément du côté du plus grand nombre, n’en déplaise aux puristes, je m’explique…
Nous venons de constater qu’aux pays des grandes traditions, je veux parler de l’Angleterre, le débat est aussi ouvert. Le terme bespoke, qui signifie pour tout puriste le summum de l’élégance à l’unité, vient d’être ouvert par une décision de justice, faisant suite à la plainte de la Savile Row Assoication contre un confectionneur industriel (qui a donc gagné l’usage du mot).
En dehors du Larousse qui fait référence à l’Artisan Tailleur, toutes les autres définitions se résument ainsi: Personne qui taille des costumes sur mesure pour homme. D’ailleurs, c’est une définition par extension de la définition de tailleur: Celui qui taille des vêtements, des pierres, etc… Cela impose le constat…
Un exemple pris au hasard, la maison de confection Pernac, se targue de faire du traditionnel en sur mesure, deux termes donc, qui sont hors la loi. Si l’on excepte le terme traditionnel qui n’est qu’un usage de communication, et qui d’ailleurs n’a que peu de sens, la notion de sur mesure questionne! Elle questionne l’un des grands champs philosophiques qui est celui de la place et de l’évolution des techniques dans nos sociétés. Car l’enjeu véritable de ce débat se joue de l’avis de Stiff Collar sur ce terrain de la technique. La révolution informatique interroge nos sociétés au plus profond. Je l’ai très bien vu en architecture, qui ne sait plus ce qu’elle est face à l’intégration computationnelle. Le très érudit article de Bernard Cache et Patrick Beaucé intitulé Vers un mode de production non standard (in Objectile Fast-Wood, A brouillon Project, éditions Lavoisier, 2005) rappelle à quel point les artefacts humains ont toujours été marqués par la poursuite de la précision. Cette précision des mesures et des modèles homothétiques informatiques permet de nos jours de s’approcher au plus près, malgré tout, de la notion de sur mesure.
Dès lors, si un progressisme éclairé admet cette notion comme possible, le terme de tailleur en tant qu’artisan vole en éclat, de manière tout à fait rationnelle et sans prise à parti. Une révolution se prépare dans cette société post-industrielle (idiote ndlr) qu’on le veuille ou non.
ou l'ennuyeuse réalité?
Que faire alors? Il ne s’agit pas d’éluder la question. De grandes tables rondes entre industriels, marchands de prêt à porter, tailleurs artisanaux pourraient permettent, sans mauvaise foie, de constituer une réponse claire et équilibrée, entre défense d’un patrimoine intellectuel et technique, et intérêt commercial. Mais c’est un travail certainement trop compliqué à mettre en place, demandant trop d’énergie, à des industriels soucieux de rentabilité et d’image, et à des artisans, trop esseulés. Hélas.
Alors les dénominations sont le plus souvent requalifiées, en dehors de tout cadre législatif suivant les formules suivantes:
Prêt-à-porter : d’après des mesures standard donc sans essayage, mais avec retouche possible,
Demi Mesure et petite mesure : d’ après les mesures du client avec essayage d’un modèle de base puis 1 ou 2 essayages,
Grande Mesure : d’après les mesures du client avec trois essayages minimum.
Mais si seul l’artisan qui exécute de la Grande mesure peut s’appeler Tailleur, comment s’appelle la personne qui est dans une boutique, au milieu de liasses de tissus, et en relation avec une terminal informatique? Un habilleur? pourquoi pas, le terme n’est pas si laid…
Une chose est sûre, le débat reste ouvert sur le droit d’usage de mot tailleur. Stiff Collar, qui a toujours pour but de défendre les fameuses traditions, dans un cadre idéalisé, à tendance Chap’ ne peut que s’insurger contre le mensonge et les faux semblants. Mais une chose est sûre également, c’est en refusant d’ouvrir les yeux que l’on meurt… hélas.
Je viens par hasard de regarder le numéro de septembre octobre de Monsieur qui propose une très belle mise en scène de chasse, réunissant de nombreuses marques. Si Monsieur n’est jamais tout à fait réveillé (je pense par exemple à cet article sur la veste Foulard d’Arnys (qui) propose un retour aux sources de la culture tailleur avec cette veste non doublée et non entoilée… Ce qui précisément défini la culture tailleur, c’est son galbé, son épaisseur d’entoilage et de plastronnage que le PAP ne rend pas, mais passons…), il a toujours le bon goût d’appeler des dessinateurs à son chevet pour caricaturer dans le meilleur sens les gentlemen, avec le très grand Floc’h notamment, qui travaille avec Breuer.
Au programme donc de ce shooting, des tweed de chez Hackett, des couleurs de chez Hartwood, des souliers de chez Marc Guyot, des accessoires de chez Arnys, etc… Cette revue est aussi l’occasion de découvrir la nouvelle collection chasse de Vicomte Arthur. Si Stiff Collar n’a jamais trop accroché sur cette marque, nous devons bien reconnaitre que les vestes en tweed gris à carreaux fenêtres rose ne sont pas si inintéressantes que cela, surtout complétées par leurs pantalons de velours chamarrés.
Bref une belle mise en page, qui flaire bon les domaines de chasses et rappelle la meilleure époque du magazine Adam, édité dans les années 50 par Condé Nast France…
L’un des rares bijoux qu’un homme peut porter sans passer pour un bellâtre (voire même pire ^^) est le bouton de manchette, revenu récemment à la mode, mais jamais oublié des gentlemen. Ce petit accessoire qui permet de clore avec élégance les manches d’une chemise se positionne sur le poignet.
Il existe trois grands types de poignets de chemise: les poignets mixtes qui nous viennent des USA (un poignet simple avec un bouton en nacre et une double boutonnière), les poignets à boutons, le modèle canonique (juste le poignet simple avec deux boutonnières) et enfin le poignet à mousquetaires, d’origine française mais institutionnalisé par les anglais, qui présente un repli de tissus (donc quatre boutonnières), donnant de l’épaisseur et du ‘tombé’ au poignet. Il s’est développé avec l’abandon du poignet à boutons qui avait besoin d’être fortement empesé pour être rigide.
Il existe de nombreux types de boutonnage, nous allons en faire le tour:A- les passementeries. Ce modèle simple en cordonnet d’élastomère, de coton ou de soie est le plus pratique pour aborder les boutons de manchette. Il est discret, sobre et sa grande variété de coloris permet de le coordonner avec votre tenue, des chaussettes chamarrées par exemple…
B- les boudins de passementerie. Plus évolués que les passementeries, mais plus gros aussi, ils conviennent bien aux hommes forts et aussi aux chemises à gros mousquetaires (ceux de Café Coton par exemple) dans lesquelles des passementeries seraient perdues…
C- les boutons à pivots. Il s’agit du modèle canonique actuellement, pratique grâce à son fermoir pivotant. Il ne possède qu’un seul côté ‘faste’. Il est possible de le trouver avec une variétés infinie de face.
D- les boutons à chainette. Stiff Collar l’aime particulièrement pour son grand chic. Ce type de lien est devenu difficile à trouver. Yves Saint Laurent en propose de très élégants (deux rondelles dorées avec YSL en relief) avec ses chemises blanches. Avec trois ou quatre maillons, il est tout à fait élégant et très recherché.
E- les boutons fixes. Modèle assez courant, il est généralement de bon goût, car de petite taille. Il faut en effet qu’il passe à travers les boutonnières, étant dépourvu de fermoir mobile. Les deux faces ne sont pas parallèles, l’angle du lien étant légèrement concave. Hermès propose de très beaux exemples, Hackett également.
F- les boutons à ressorts. Ce type de lien est tombé quelque peu en désuétude même si l’on en trouve ça et la. Ils sont très fragiles. La petite chainette qui relie les pans est fixée par un ressort qui les rapproche, et cède de temps à autres.
G- les boutons à pressions. Ce modèle est très lié au F et était très utilisé avant la guerre avec les poignet empesés, qui étaient indéformables, donc peut aptes à recevoir des liens trop gros ou trop mobiles.
H- les boutons à charnières. Cette fermeture est très pratique pour les boutons à deux faces et permet de bien rapprocher les mousquetaires.
Ces huit modèles de boutons de manchette ne sont pas les seuls, car d’autres existent aussi, mais sont les plus courants. Le retour en grâce de cet accessoire, peut-être futile, mais toujours joli permet aux bijoutiers et habilleurs de développer de nouveaux modèles et fermoirs, pour notre plus grand plaisir. Ceci dit, une règle doit semble-t-il être rappelée, tant son non respect agresse le regard de Stiff Collar: les boutons doivent être discrets! C’est à dire qu’un bouton de plus de 1,5 cm de large peut passer pour vulgaire. L’idéal du gentleman se situe aux alentours de 1,2 cm. Les modèles circulaires sont plus canoniques, en argent ou en or, sans fioritures…
L’un des bons plans pour trouver de jolis boutons pour pas trop cher est les puces. Stiff Collar a l’habitude de faire un petit tour aux puces de Vanves à Paris le samedi matin. On y trouve de beaux modèles années 30 ou 40 pour une vingtaine d’euros, voire moins, en très bon état, en pierre, cuir ou argent…
S’il est une tradition qui s’est relativement perdue, c’est celle de l’habillement domestique, du bien mis chez soi. Être élégant tous les jours est une tâche que beaucoup de gentlemen réussissent relativement bien. Mais être chic ‘en négligé’ est plus une occupation de dandy. Quoiqu’il en soit, il existe dans ce domaine aussi des codes que nous allons évoquer ici, succinctement peut-être; comme je l’ai dit, les traditions se sont perdues.
Les trois figurines ci-après reflètent trois aspects différents du vestiaire masculin d’intérieur:
On trouve premièrement la robe de chambre dont le peignoir est une version modernisée en tissus éponge. La robe de chambre est une grande étoffe, souvent à col châle que l’on noue par la taille, sans boutons. Dessous, on porte un pyjama.
Deuxièmement donc, le pyjama, réalisé en coton ou en soie, plus douce. Présenté sous la forme d’un ensemble de deux pièces, il est constitué d’un haut, une chemise, et d’un bas, le pantalon. La chemise se boutonne généralement avec quatre ou cinq gros boutons de nacre.
Enfin, la veste d’intérieur. Cet accessoire masculin a pour le coup complètement disparu mais avait un chic inouï! Exclusivement confectionnée avec un col châle, elle était le plus souvent en velours ras, avec un intérieur en soie ou satin, dès fois matelassé, ou en laine fine, plus chaude. Les revers exposent l’intérieur et ses motifs cachemires ou géométrals. Également, la veste d’intérieur arbore souvent des fermoirs à brandebourgs, tresses enroulées en forme de branches de ciseaux. Elle est quelque fois gansée d’un cordonnet rappelant les brandebourgs.
Pour ce qui est des occasions, sachez que la veste d’intérieur se porte après le retour du travail, pour l’apéritif et le diner, sauf si l’on reçoit, auquel cas, le smoking (dining jacket) est de rigueur. Après le diner et les ablutions, et dans l’intimité domestique, le gentleman enfile un pyjama qu’il recouvre d’une robe de chambre pour la fin de soirée. Une fois dans la chambre conjugal, il peut laisser tomber la robe de chambre.
Avec ces vêtements, il est de bon ton de porter des slippers en velours, à initiales ou pas, c’est selon votre goût pour le sur-joué ^^
Vous trouverez une large collection de pyjamas chez Derek Rose, célébre maison britannique dédiée aux vêtements de nuit. Pour ce qui est des vestes d’intérieur, une seule maison maintement, sur Jermyn street: Favourbrook, une institution! Enfin, la plus importante collection de slippers personalisables se trouve chez Shipton & Heanage. J’espère vous avoir été utile!
Maintenant que la parmenture intérieure (partie de lainage recouvrant un partie de l’intérieur avec la doublure et recouvrant aussi le revers) est montée avec ses poches (une poche à capucin et une poche à stylo), il faut la bâtir endroit contre endroit avec le devant gauche préalablement fini:Il faut maintenant piquer les deux épaisseurs ensembles, ce qui n’est pas une mince affaire. Là réside le plus difficile dans un veste finalement, le piquage des devants. Une veste est en effet rarement coupée droite, et présente en bas, mais aussi au revers de nombreuses parties courbes, plus ou moins courbes d’ailleurs qu’il faut coudre si possible au maximum sur le tracé, et en double (droite et gauche). Et manier une machine à coudre Brothers (marque déposée) avec doigté n’est pas une tâche de débutant. Une fois piquées et contrôlées, il faut ouvrir les coutures sur la jeannette pointu, appelée enclume parfois:Ensuite, on rabat la parmenture contre le devant, envers contre envers cette fois ci. Et on bâti les bords avant des les piquer au point perdu (à l’aiguille cette fois ci). Il s’agit de faire un petit point quasi invisible à 2mm du bord pour fixer les coutures et empêcher les deux lainages de bailler… Il faut également décaler vers l’arrière le lainage intérieur pour qu’il n’apparaisse pas sur l’extérieur, une démarche obligatoire, surtout dans les laines épaisses. On peut maintenant apporter un bout de doublure, préalablement découpé et cousu au petit côté (encore de nombreuses étapes!):Il faut aussi penser à réaliser une poche basse dans la doublure, pour y loger… le téléphone par exemple… Pour cette veste, j’ai choisi de faire une poche paysanne (qui s’est transformée en poche simili-poitrine…) plutôt que les habituels passepoils. En tous les cas, une chose est sûre: la doublure c’est mou, ça n’a aucune prise et ça se déforme!Et maintenant le rabattage finale. A la différence du prêt à porter qui confectionne ses vestes à l’envers (pour coudre tout à la machine) et qui retourne les vestes comme des chaussettes à la fin (par le haut de la doublure de la manche s’il vous plait!), la culture tailleur travaille beaucoup de l’extérieur. Donc pour rabattre un doublure, on presse bien la doublure sur la forme en carton pour bien presser les arrondis, puis on pose, puis on coud (par l’extérieur donc). On réalise soit un point de côté (quasi invisible et assez sobre), soit un point perdu (qui fait des petits points, la fameuse surpiqure du PAP), soit un point de sellier (une succession de tirets, très chic, très difficile aussi). Je vous passe quelques menus détails et le devant gauche de la veste est fini! J’ai mis 3 jours et demi, autant dire une éternité hélas. J’ai raté quelques étapes (comme la poche poitrine hélas, cela arrive), mais suis quand même satisfait du résultat… d’ailleurs ce résultat, peut-être souhaitez vous le voir en couleur? Il est du plus bel effet: chevrons noir et gris sur doublure rouge brique: