George Hamilton

J’aime bien Columbo, j’en parle d’ailleurs souvent sur ce blog. Dans la série, ce qui me plait est d’abord et avant tout le jeu des acteurs, ce duo toujours renouvelé entre Peter Falk et le tueur. Ce n’est pas toujours l’intrigue ou le mobile qui sont bons. En revanche, dans ce jeu de personnages, ces visages, ces interprétations, ces énervements, se trouve l’intérêt du feuilleton. Preuve en est, le choix délibéré de la production d’appeler les mêmes acteurs pour jouer différents tueurs. Cela surprend parfois les néophytes « Oh mais c’était déjà lui le tueur. » De mon point de vue, c’est ce qui est encore plus fameux du point de vue théâtral. C’est l’apothéose de l’esprit de composition. C’est toujours le même acteur, jour un tueur certes, mais ce n’est pas le même personnage, pas le même tueur. Quel concept captivant. Admirez.

Parmi ces tueurs régulièrement réinvités (deux fois en ce qui le concerne), j’ai remarqué George Hamilton. Né en 1939, il avait 36 ans lorsqu’il joua dans son premier Columbo. L’acteur a percé dans les années 60, notamment pour les studios MGM. Avec son corps d’Apollon, son teint toujours parfaitement bronzé et ses cheveux bien peignés, il atteint son apogée dans les années 70.

Jeune premier en vue, il ne décolle pas cela dit pas beaucoup, comme d’autres acteurs de génération approchante, Clint Eastwood né en 1930, Michael Douglas né en 1940 avec qui il partage bien des points communs, Harrison Ford né en 1942, Anthony Perkins né 1932 aussi. La faute d’après Louis Malle qui le dirigea dans Viva Maria ! (1965) à l’obsession de figurer dans les pages mondaines. « He was a personal choice and I am happy with him…. He’s more interested in being in the social columns – I don’t understand – when he should be one of the greatest of his generation. » Il est d’ailleurs sorti en 1966 avec la fille du Président des États-Unis Lynda Bird Johnson puis plus tard avec la veuve d’un ancien dictateur philippins. Cela se ressent peut-être dans son jeu d’acteur, qui fait la part belle au dandy sûr de lui et un peu vaniteux.

Un trait de caractère qui je trouve perce particulièrement vestimentairement parlant. George Hamilton est habillé comme George Hamilton. La classe décontracté. Et j’aime ça. Dans Columbo il est magistral, voyez quelques images du premier épisode, État d’esprit, 1975 :

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En 1991, le revoilà en méchant tueur dans Attention! Le meurtre peut nuire à votre santé. Dans un épisode où il colle d’une manière tellement magistrale au personnage, un présentateur TV vedette, que l’on fait chanter pour des vidéos pornos qu’il aurait tourné jeune. En souriant du coin des lèvres, on y croit presque pour l’acteur lui-même tant ce serait plausible. Il parfaitement la tête du rôle :

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Avec son sourire éclatant, le jeune premier d’Hollywood aime séduire. Le vêtement est un pan de sa panoplie. Il sait comment s’habiller et en jouer, en se déshabillant aussi dans une certaine mesure. Il n’est pas d’homme plus à l’aise que celui qui sait faire les deux, à la différence de notre Ministre de la Santé Olivier Veran qui a peur de montrer son téton lorsqu’il se fait vacciner… ! C’est ce qu’on appelle une belle gueule, une sorte de Roger Moore ou de Paul Newman, la masculinité à l’œuvre façon années 70 :

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George Hamilton aime le beau. Lui-même d’abord probablement, puis les femmes. Et dans le prolongement d’un amour du beau vêtement, on trouve aussi un amour des belles voitures… normal. Je parie qu’il fume le cigare, collectionne les bons Whiskies et les montres de prix…!

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Il avance en âge et ne se gâte pas trop, malgré le soleil qu’il apprécie.

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Mais alors qu’avec le temps bien des acteurs sont apparus bien dépenaillés, George Hamilton n’a pas abandonné son allure. De jeune beau, il est devenu un vieux beau. Et alors, c’est charmant non ? J’apprécie qu’il ne soit pas laissé aller, malgré sa position sociale. Il eut été si facile pour lui se complaire dans des joggings mous. Et bien non. Je remarque sa prédilection des cols de chemise cut-away. Il est classe et il le reste.

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Cela dit, bien s’habiller ne signifie pas être rigide, au contraire, je pense qu’il a une bonne dose d’autodérision. Faire trop, ça le connait et il n’hésite pas. Un vrai acteur à l’ancienne, résidence à Beverly Hills et Rolls-Royce ! Un peu de tapage ne nuit pas.

Apothéose de l’autodérision, celui qui était connu dans les années 70 et 80 pour son bronzage impeccable sait en jouer, y compris dans des publicités pour les pires fast-food. Mais c’est si drôle ! D’une époque à l’autre…

Malgré cette petite note finale d’un goût douteux, j’espère que vous aurez pris plaisir à découvrir ce grand acteur de seconds-rôles, aussi chic à l’écran qu’à la ville. Un don juan qui a toute ma sympathie !

Belle semaine ensoleillée, enfin. Julien Scavini

à la mode anglaise.

La mode masculine classique est anglaise! Tout élégant le sait, même si les temps modernes brouillent quelque peu les règles. C’est à Londres que cette élégance fit ses premiers balbutiements lorsqu’un certain Beau Brummell décida et entraina une partie de la cour du Prince, futur George IV (1762-1830), à abandonner les lourds habits de soie rehaussés d’or, de perles et de galons. Brummell affectionnait la simplicité du drap de laine, dans des coloris simples, bleu marine ou camel. Ainsi naquit ce qui fut appelée la mode de garçon d’écurie.

Cela dit, il est difficile de parler de révolution, tant cette habitude vestimentaire avait en Angleterre une logique. C’est plus un aboutissement dont Brummell est le révélateur. Outre-manche, l’aristocratie n’était pas seulement de cours comme à Versailles, mais au contraire bien enracinée dans ses terres, et souvent au travail pour les faire « tourner ». La figure du gentleman-farmer est ancienne là-haut, si bien peinte par Gainsborough et Reynolds. Et comme le relate plus tard avec amusement Oscar Wilde dans l’Importance d’Etre Constant. En France, il existait une dichotomie plus importante entre l’aristocratie de cour et celle des provinces. Le va et vient était très restreint. Cela entraina donc une moindre évolution vestimentaire.

La France resta longtemps à l’écart de ce mouvement de mode. Juste avant la révolution française, certains comme le régent Philippe d’Orléans manifestèrent leur penchant pour le goût anglais. Son fils, Philippe Égalité pour s’opposer à son cousin Louis XVI marqua justement ce goût pour les mœurs anglaises en arborant des fracs de drap ou des culottes de peau.

La Révolution Française et la Terreur n’apportèrent pas forcément de vision construite ou du moins partagée d’un vestiaire type. Et l’Empire ensuite retourna à l’habit d’apparat de l’Ancien Régime, de manière anachronique pour les chroniqueurs de l’époque. Il fallut véritablement attendre le Second Empire pour voir éclore ce que les historiens appellent l’anglomanie. Il marqua l’avènement d’une société bourgeoise en mal de stabilité. Alors que les allemands grondaient déjà et ne pouvaient servir de modèle, les anglais eux en avaient développé un. Cette monarchie parlementaire à la pointe du libéralisme économique était enviable ! Ainsi triompha perfide Albion et le personnage du gentleman fit son entrée en chassant le mythe du gentilhomme.

La mode anglaise déferla en France sous le Second Empire, sous l’effet d’une évolution libérale majeure pour notre pays. A l’époque, la bourgeoisie triomphante se fait une certaine idée de l’art de vivre britannique. Au niveau vestimentaire, c’est l’avènement d’une mode pour tout le monde. Terminé les longs palabres avec son tailleur pour savoir quelle soie marier avec tel ou tel galon. Les façonniers de New Bond Street avaient normés les usages et les formes. Et le noir gagna du terrain au grand désespoir de Balzac ou de Baudelaire.

Les vêtements étaient alors très ajustés. Le frac échancré à la taille et la redingote droite ou croisée sculptaient la silhouette des hommes. L’envie de souplesse toutefois se fit jour et l’on vit apparaitre vers 1850, au grand dam des tailleurs, le paletot. Originellement porté par les artistes de la plume ou du pinceau – dont Baudelaire -, il fut rapidement utilisé par une bonne partie de la population. Sa vocation ‘démocratique’ s’inscrit dans ses lignes généreuses et ses quelques gros fermoirs. C’est à cette époque que le tweed fut importée et dont la prononciation était encore incertaine ‘twine’? ‘twouid’?.

Il fallut attendre le début du XXème siècle pour voir apparaitre les premiers ensembles ‘tout de même’, c’est à dire du même tissu, autrement dit ‘complet’, avec un veston court. Encore un anglais, le Prince de Galles, futur Édouard VII fils de Victoria fut l’un des premiers à arborer des vestons sports lors de ses séjours à Balmoral. Le vêtement n’était pas encore synonyme de confort, mais l’idée faisait son chemin.

Aux alentours de la première guerre mondiale se figea alors l’idée de vêtements plus usuels, y compris dans la bonne société. Et la dichotomie toujours en vigueur Ville/Campagne se fit jour. Apparurent alors les vêtements de la ville constitués de complets sombres et ceux plus ordinaires, de tweed bruns ou de flanelle pour les bords de mer et parties de campagne. Cette mode s’égraina tout au long du XXème siècle, pour être presque inchangée dans l’usage encore aujourd’hui ! Bien que les derniers mois chamboulent bien les habitudes !

Julien Scavini

Le greige ou le grège ?

Les teintes claires et naturelles sont à la mode. Elles sont synonymes d’une sorte de douceur d’être ou de vivre. Loro Piana ne cesse de présenter des tissus aux coloris très doux, là où par exemple les anglais d’Holland & Sherry jouent la carte des couleurs vives ou piquantes. Chez le premier, il existe même une liasse nommée « pecora nera » présentant des draps non-teintés, du marron jusqu’à l’écru, sans aucune teinture, juste la couleur du poil du mouton. Le poil-de-chameau pour manteau ( presque encore de saison ! ) est aussi le plus souvent présenté sans aucune teinture, pour faire la part belle à la profondeur onctueuse de ses nuances « camel ».

Tout un poème, et un luxe même. Porter des vêtements naturels et non-teintés serait presque un luxe en fait. Loin des péripéties délirantes de la mode et des outrages de la fast-fashion. Un pantalon de lin n’est-il jamais plus beau que au naturel justement, entre le gris des falaises normandes et le gris chaud du calcaire tourangeau. Vous voyez, il y a dans les teintes naturelles un renvoi immédiat à la beauté de nature, non altérée. Les tweeds à peine teintés de mousses suivent cet état d’esprit.

Ce luxe des teintes naturelles, sublimant le corps des Hommes ( et donc aussi et souvent d’ailleurs, des femmes ), les marques de luxe l’ont bien vues. Hermès bien sûr, Loro Piana encore, Brunello Cucinelli enfin, ne cessent de travailler un répertoire fait de laines, lins, cotons et cachemires faiblement teintés, drapant simplement et majestueusement.

C’était une couleur assez rare toutefois dans le petit monde feutré de l’élégance « sartoriale ». La faute à des liasses de tissus aux coloris souvent sombres et britanniques. A part le manteau « camel », les hommes faisaient plutôt confiance au tweed marron foncé, au drap de costume marine ou à la flanelle anthracite. Il a fallu du temps pour que les couleurs claires se frayent un chemin élégant vers la penderie. Et elles n’y sont d’ailleurs pas tout à fait encore bien ancrées, même si les italiens ne cessent de nous régaler avec des pantalons de velours ou des pull-over ivoire. Je remarque aussi que SuitSupply mais aussi PiniParma osent présenter de telles teintes, très claires, et que cela [ peut-être ? ] fonctionne donc.

Les drapiers anglais ne sont pas encore à la page. La faute à des sables trop sables, des beiges trop beiges, des noisettes trop foncés, et finalement en un mot comme en cent, à une touche de vert confinant au tilleul qu’on retrouve à peu près partout.

A l’inverse chez les italiens, c’est une débauche de « gris sales » ou « gris poussiéreux », je ne me souviens plus très bien, comme me l’avait dit M. Lolli de Drapers. L’image était bonne. Imaginez dans un gris très clair, rajoutez une goutte de jaune. D’un coup, ce qui était une teinte froide devient plus chaude, plus chatoyante, plus onctueuse. La différence avec du beige tient en même temps à une pâleur caractéristique. Si bien qu’il n’est jamais très facile de distinguer cette teinte. Qu’est-elle vraiment ? Un gris chaud, un beige froid. Un entre deux, savant et surtout un écru recherché. Tissus de costume, natté pour veste d’été, tweed pour l’hiver, ils déclinèrent très vite toutes leur gamme pour inclure ce greige, ou grège ?

J’ai cherché greige dans le dictionnaire. Logique après tout, je pensais que le mot, récent, était constitué de l’association des mots gris et beige. Une explication totalement en adéquation avec ce que je viens d’évoquer. Et puis rien. J’eus l’idée de cherche à grège. Mon Petit Larousse de 1902 en sept volumes plus une annexe m’a donné la réponse :

« GRÈGE : (grèj‘ – de l’italien greggia, même sens) adj. Se dit de la soie, lorsqu’elle est telle qu’on l’a tirée de dessus le cocon, et des fils que l’on fait avec cette soie. »

Je me coucherai moins bête !

Belle et bonne semaine, Julien Scavini

La poche de la chemise

La question de l’élégance en chemise enflamme les passions lorsque deux sujets sont abordés : les manches courtes & la poche de poitrine. Chacun a son avis et généralement n’admet pas les arguments inverses. Je ne vais pas discourir ce soir sur le premier point. Juste m’attarder sur le second.

« Souhaitez-vous une poche de poitrine ? » demandais-je systématiquement lors de la conception d’une chemise. Il me faut bien poser la question. Si certains s’interroge quelques secondes, d’autres me regardent, les yeux presque révulsés, lâchant un non lapidaire. Ne m’en veuillez pas dois-je presque répondre.

Cela dit, au commencement de ce blog, j’étais de ceux-là. Une poche de poitrine, c’était ringard et affreux. Lorsque j’étais chez Hackett, peut-être en 2009 ou 2010, je me souviens d’un client qui achetait une chemise à grands carreaux, type bûcheron. Il demanda à la vendeuse qui s’occupait de lui de découdre la poche de poitrine. Elle trouva un découvit‘ et je l’aidais à faire cela finement. Avant lavage, c’est très simple à faire. Je trouvais la demande totalement légitime.

Mais comme a dit je ne sais plus quel illustre philosophe « n’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi. » C’est tellement juste. Maintenant, je suis beaucoup plus réservé sur ce point. Et je dirais même plus que toutes mes chemises de week-end ont une poche.

Je reste assez d’accord avec l’idée qu’une belle chemise, blanche, bleue ou rayée que l’on porte dans un cadre professionnel n’a pas tellement besoin d’une poche de poitrine. Qu’une belle chemise, celle que l’on pourrait mettre le soir à l’Opéra ou lors d’un mariage n’a pas tellement besoin de ce petit recoin de tissu.

En revanche, sur mes chemises décontractées, mais quel agacement de ne pas en avoir. Lorsque je pars en voyage, que je prends l’avion ou la voiture, je veille toujours à porter un modèle à poche poitrine, pour loger au choix lunettes de soleil, passeport, carte bancaire ou carte d’embarquement. Là, juste sous l’œil, à portée immédiate de la main, je suis rassuré. En vacance, sortir de l’hôtel sans veste, pas encombré, est un plaisir. Et cette petite poche sert aux mêmes éléments que je viens de décrire. Je préfère cent fois quelques objets légers dans cette poche plutôt que dans mon pantalon, où la peur de les perdre est plus grande. Et le confort assis très amputé par quelques objets pointant la cuisse ou le fessier.

Non vraiment, je suis convaincu de l’utilité de cette poche en certaines circonstances.

Mais ce n’est pas l’idée générale. La poche reste ringarde. Juste bonne pour que les pépés y placent leur peigne.

Curieusement, les t-shirts à la mode et certains polo présentent de plus en plus une poche de poitrine. Cela dit, elle est souvent totalement décorative, tant les dimensions sont ridiculement petites.

Lorsque j’avais développé une petite ligne de chemise à cols boutonnés, je m’étais posé la question. Si cela n’avait tenu qu’à moi, j’aurais fait une poche. Mais je suis persuadé qu’il m’aurait fallu découdre des dizaines de poches. Sachant qu’à la fabrication, celles-ci ont un coût non-négligeable en tissu et en montage, j’ai laissé tomber, pour faire comme tout le monde. Regret. Cela dit, en mesure, c’est très rarement qu’on me le demande. Preuve que cette pauvre poche poitrine n’est vraiment pas regrettée.

Alors, il reste à chacun de se faire son avis. Avec ou sans poche, telle est toujours la question !

Pour finir, admirons quelques élégants célèbres avec des chemises à poche. Sean Connery avec… diantre, des chemisettes :

David Niven. Remarquez sur la chemise rose la position de la poche, à droite, sans inversion de la photo :

Et le grand Gianni Agnelli. Intéressant !

Belle et bonne semaine, Julien Scavini

Tom Ford habille Hollywood

Hors le milieu de la mode, Tom Ford est peu connu en France. Les gens se souviennent vaguement de lui chez Gucci qu’il a pourtant sauvé et relancé. Ils en ont entendu parler surtout pour avoir fait basculer la griffe Yves Saint Laurent dans le porno-chic. Campagne de publicité qui n’aurait probablement pas fait autant parler d’elle si Pierre Bergé ne l’avait pas temps conspué… Et après, exit. Lors de la sortie de son film A Single Man (2009 avec Colin Firth), il est revenu sur le devant de la scène ici. Mais hors des fashionistas, ce n’est pas un nom très connu. Et sauf curieusement dans le petit milieu de l’élégance masculine, où il est ultra connu… Et presque vénéré pourrait-on dire. Le grand écart total. Mystère. Comment un couturier (avec toute la force du mot), peut-il être apprécié dans le petit milieu conservateur des traditions tailleurs.

Et bien parce que sa griffe au masculine défend bec et ongle un style opulent tout droit sorti des grands films hollywoodiens. Tom Ford durant sa formation de couturier fut apprenti à Savile Row. Chez Anderson & Sheppard parait-il. Il en a gardé une certaine vision des lignes intemporelles. Et à contrario d’un univers de création qui aime déconstruire et recomposer, lui adapte et transmet une allure on-ne-peut-plus classique. Une vraie curiosité de marché il faut le reconnaitre. Nul déconstructivisme forcené chez lui. Mais une allure de millionnaire « sapé », comme vue dans le film Casino réalisé par Martin Scorsese en 1995.

Faute à des tarifs plus que stratosphériques, il est peu connu ici toutefois. Songez qu’un costume prêt-à-porter vaut au bas mot 5 000€ à sa boutique de la rue François Ier à Paris. Il faut bien dire que c’est le fin du fin sartorial. Meilleurs tissus italiens et confection à la main chez Zegna. Une allure somptueuse et fastueuse qui n’a pas échappé à d’autres créateurs. En particulier à Fokke De Jong, le créateur de Suit Supply qui s’est engouffré dans l’espace, en proposant des coupes aussi prestigieuses et marquées. Les jeunes avocats et banquiers qui rêvaient devant les coupes riches et supérieures de Tom Ford, sans pouvoir se les offrir, pouvaient alors être abreuvées. A 500€ ou moins, cette ligne luxuriante était maintenant disponible. Une série en particulier, Suits : Avocats sur mesure, 2011-2019 a terminé d’enfoncer le clou, en présentant un avocat talentueux toujours habillé en Tom Ford, Harvey Specter.

Tom Ford lui-même. Un couturier pas comme les autres visiblement. Pas de tatouage, pas d’accessoire délirant, pas de look négligé. Il est même bien peigné. Diantre !

Si Tom Ford vend peu en France où l’argent se s’affiche pas facilement, il en est tout autrement aux États-Unis. Là-haut, l’argent est plus disponible et se dépense mieux. Le prix moyen d’un costume y est plus élevé. Avec un écart bien plus important entre bas de gamme et très haut de gamme. Dire qu’en France un costume à 1000€ est luxueux se transpose par cinq là bas. Chez Ralph Lauren Purple Label, Oxxford suit, Isaia, Loro Piana ou Zegna, c’est à peu près la même chose. Un tour chez Neiman Marcus ou Saks suffit à donner le tournis niveau prix.

Mais enfin, ce n’est pas pour cela que j’écrivais cet article. Si j’ai décidé de prendre la plume sur Tom Ford, c’est pour montrer à quel point je suis heureux qu’il habille les stars d’Hollywood. On peut du point de vue européen trouver des défaut aux costumes Tom Ford, vestes un peu longues, confort un peu ample, pantalon peu « fitté ». Certes. Mais au moins, à l’inverse du style prôné ici, veste chiche, allure de minet, confort de garçonnet, le style Tom Ford habille les hommes. Et donne de l’allure. Avec, un homme ressemble à un homme.

Voici un tout petit aperçu de photos nombreuses et variées glanées sur internet. Dans la plupart des cas, je suis presque persuadé que c’est du Tom Ford, même si une ou deux erreurs sont possibles. On reconnait un costume Tom Ford à ces larges revers en pointes (mais pas exclusivement, il propose des cols châles généreux aussi), sa poche ticket un peu grande, et un confort général généreux. Admirons Daniel Craig d’abord, un James Bond habillé en Tom Ford dans beaucoup de films.

Rien à côté du meilleur ambassadeur de Tom Ford, un autre Tom … Hanks. C’est pas beau tout ça?

Will Smith ne manque pas d’allure non plus :

Quant à notre nouveau Superman, alias Henry Cavill, il est un autre ambassadeur en vue. Si certains flottent un peu dans du Tom Ford, ce tas de muscle découvert dans Les Tudors remplit bien ses costumes.

Quelques autres acteurs et un footballeur. Mention spéciale pour Léonardo DiCaprio habituellement sapé comme l’as-de-pique.

Jake Gyllenhaal n’est pas en reste :

Ni John Hamm vu dans Mad Men. Une ligne digne et seyante.

Reste enfin Gabriel Macht, alias Harvey Specter de la série Suits. Prestige de l’uniforme en quelque sorte.

J’espère que ce petit tour chez Tom Ford vous aura plus. Non convaincu totalement de son style, mais convaincu de son adéquation au corps de l’homme. Et non de l’androgyne.

Bonne semaine, Julien Scavini