L’été est arrivé. Après de longs mois de fraicheurs, enfin un soleil chaleureux. Les manches courtes peuvent ressortir du placard. Le vêtement phare de cette saison, du moins dans les instants de décontraction, c’est le polo. Ce petit haut inventé pour la pratique du tennis et réalisé dans un piqué de coton est depuis longtemps passé au rang d’icône du style masculin. Il est même un signifiant social depuis que les marques y ont collé un logo, à la fois petit et discret, mais fort voyant et reconnaissable.
Question amusante : qui brode ce mouton de la toison d’or sur ses polos ? :
Il existe deux manières de confectionner un polo. Le coupé-cousu. Le tricoté. Parlons-en rapidement.
La première méthode est celle qui est la plus répandue. Le coupé-cousu. Nous avons presque tous un polo ainsi réalisé, par Lacoste ou Ralph Lauren, Gant ou Jules, La Martina ou Hugo Boss. Pour réaliser ces polos bien connus, il faut d’abord acheter du tissu au mètre, se présentant en rouleaux. Ce jersey petit piqué est coupé à plat, avec des ciseaux ou un banc numérique, puis ensuite, les parties sont cousues ensemble par un opérateur derrière une machine à coudre. Les opérations sont très similaires à celles d’une chemise. Un corps avec sa patte boutonnée, deux manches, un petit col en bord côté, généralement tricoté à part, avec le même fil que le tissu principal. D’où le terme coupé-cousu. (Ci-dessus ).
La seconde méthode est moins répandue. Le tricoté. Dans cette technique, les pelotes de fils font entrer en tricotage et le vêtement va être créé en forme, comme une grand-mère tricoterait un pull. Aussi appelé « fully-fashionned », cette technique va donner naissance à un tricot en forme de polo. Si le fil était épais et moelleux, on aurait une surchemise presque. Mais avec un fil de jauge fine, on obtient un vêtement léger, un polo de grande finesse. Les opérations de tricotages donnent un vêtement nativement en trois dimensions. (Ci-dessous):
Il me semble que le polo historique est plutôt réalisé en coupé-cousu, du moins sur les photos que j’ai pu voir de M. Lacoste. Je ne saurais le jurer.
La première méthode s’apparente à l’art de la chemise. La seconde méthode s’apparente à l’art du tricotage.
La première méthode est plus rapide et plus économique. C’est pourquoi elle est plus répandue. La seconde méthode est plus complexe et fait appel à des machines de haute technologie. C’est pourquoi elle est plus rare.
La première méthode donne des polos robustes et endurants. Capables de supporter la pratique des sports et des lavages intensifs. (Tout en se délavant et en perdant de la netteté). La seconde méthode donne des polos légers, souples comme une caresse sur la peau. Capables d’être soyeux et redoutablement élégants. Chez Bompard, ils appellent cela le polo ultra-fin. (Tout en étant moins soumis à des cycles de lavages rudes).
De fait, comme évoqué dans mon titre, il y a polo & polo. Les deux sont assez semblables en forme. Mais dans la réalité, ce n’est pas la même chose. Le polo en jersey coupé et cousu est bien plus répandu. Il a pour lui un aspect décontracté, d’autant plus que son col généralement sans grande forme fait un peu ce qu’il veut. Le polo en maille tricotée est peu répandu. Il a pour lui un aspect bien plus habillé, plus urbain, avec un tomber plus fluide, plus gracieux, renforcé par un col qui généralement place bien autour du cou.
Généralement, le polo tricoté n’a pas de logo. Son élégance sobre se suffit à elle-même. C’est pourquoi il est sélectionné par les marques haut de gamme, comme Dunhill ou Smedley. Il est plus élégant sous une veste d’ailleurs, car il y a une relation esthétique entre les deux je dirais. Simon Crompton semble ne jurer que par le polo en maille l’été :
L’idée du blog de ce soir n’était pas de trancher forcément. Il n’y en a pas un mieux que l’autre. Il y a juste deux approches, qu’il est intéressant d’avoir en tête. Pour mieux choisir. Reste que le polo en maille est généralement proposé autour de 200 euros. Cela en fait donc un luxe.
Belle semaine et bonne soirée. Julien Scavini
Ce soir, j’ai écouté (plusieurs fois) pour écrire ce billet, la symphonie numéro de 7 de Sibelius, mon compositeur préféré peut-être. D’une poésie à couper le souffle.