Assez peu inspiré ces temps-ci en terme de sujet, je vais faire court aujourd’hui. J’ai pris à midi le temps d’aller admirer, car c’est le terme qui convient, la nouvelle boutique Tom Ford près des Champs Elysées à Paris. Cela faisait déjà un bon moment que j’attendais de pouvoir admirer ses pièces, qui n’étaient pas encore accessibles dans la capitale, en dehors de quelques pièces idiotes chez Colette. Je partais donc avec entrain, d’autant que j’ai toujours beaucoup aimé les créations du dit-monsieur. Je vous en avais d’ailleurs parlé au tout début de ce blog.
Tom Ford pour homme, c’est un mélange pas inintéressant de belle façon classique et d’empreinte ‘mode’. Regardez les photos bien disposées sur son site internet pour vous en convaincre. Cols châles aux proportions généreuses, crans aigus bien profonds et quelques fois tweed assez heureux. Tout cela, encore plus excitant car le créateur respecte assez scrupuleusement la hiérarchie classique ‘costume/ville’ ‘tweed/sport’ et ‘sortie/formel’. Ainsi, les costumes de villes sont typiques des années 30, avec de beaux revers en pointes. Les vestes sport ont un beau cran ouvert et le plus souvent des poches plaquées. Les emmanchures sont hautes, les étoffes fines, la boutonnière du revers à la main. Ceci dit, pour 5 à 7000 euros le deux pièces, c’est la moindre des choses.
Mais Tom Ford pour les hommes, c’est au delà du classique une bonne grosse touche de culture fashion. L’on est pas ici dans le classicisme des italiens comme Canali ou de l’allure bon chic bon genre de Ralph Lauren. Non, il s’agit plutôt d’une tentative – c’est pour cela que je trouve la méthode adroite – de mise à jour d’avant-garde des classiques masculins. Pas de vestes aux proportions farfelues. Pas de montages délirants. En cela, Tom Ford crée des vêtements portables à la différence de nombres de stylistes. Libre à nous ensuite de ne pas mettre des sleepers en velours ou des chaussettes blanches ou encore des cravates à pois énormes. Pardonnez l’illustration, volontairement canonique du point de vue de sa collection. Je note enfin que les costumes Tom Ford sont loin d’être absolument cintrés et super près du corps. Bien au contraire, ils sont plutôt du genre mous car très légers. Ils sont confortables dans le sens d’une ampleur maîtrisée. Cela se voit, cela se sent.
Enfin, parlons de cette boutique rue Français 1er, dans le triangle d’or. Hélas, assez petite – 350m2, une broutille pour un grand flagship – ne propose pas beaucoup, et donc un choix a été opéré. Et ce choix n’est pas dans le sens des belles intentions que je vous décrivais. Il est plutôt orienté clientèle internationale bling-bling (évidemment finalement) et les pièces sont noirs, noirs, noirs ou grises. L’ensemble manque de fantaisie mais s’adaptera parfaitement aux grosses lunettes de soleil blanche, à la rolex et au range rover sous le soleil de Deauville ou de Dubai. (A l’exception d’une incroyable robe de chambre en soie gansée). Bref, cette boutique n’est pas faite pour nous, lecteurs et même simple français. Car qui gagne autant en France pour se payer un tel luxe. Bref, une boutique pour chinois et russes 🙂
Julien Scavini