J’en oubliais presque l’article de ce soir tellement la veste en velours à galons me capte l’esprit! Bref, après une paire de manche à jeter et un revers qui ne laisse pas entière satisfaction, tâchons de nous divertir maintenant, dans la même lignée que cet ancien article!
Un ami cherchait ce week end à s’habiller d’un costume, pour ses premiers entretiens et congrès professionnels! La question était: que faire avec 300€ pour avoir, de la tête aux pieds, un costume, une chemise, une cravate, des souliers? La première idée fut d’aller chez les grands distributeurs, H&M en tête, qui de temps à autres propose quelques deux pièces de bonne facture. Hélas, rien.
Nous déambulions du côté des Halles lorsque nous vîmes des propositions de costumes à partir de 69€… Poussé par la curiosité, j’entrais suivi de mon ami, très dubitatif. Après un premier coup d’œil effrayé à la vue des laines ultra-bright, je me penchais plus avant sur les modèles du bas. Mon ami a la chance de posséder une morphologie standard, en taille 44FR. Je sortis donc un ensemble bleu marine à petits chevrons, dans un 100% laine plutôt fin. Je fus agréablement surpris par l’ajustement qui était presque parfait. En dehors des bas de manches et de pantalons, la silhouette était correcte! La dessus, nous rajoutâmes une sympathique cravate Yves Dorsay (NB: en polyester) bleue à pois blancs, total 99€. Pour la suite, j’avais repéré une paire de richelieus noirs, simples, chez Rudys, cette petite maison parisienne où les souliers tournent autour de 90€. Au final, et en dehors de la chemise blanche et des chaussettes Gammarelli que nous chercherons plus tard, j’étais tout à fait satisfait de mes trouvailles…
Au fond, cette prise de position peut vous paraitre paradoxale. Je m’explique.
Il n’a jamais été dans mon but de faire l’apologie du cher, même si qualité rime inévitablement avec coût! Ce que ce je cherche à dire ici, c’est que pour être classique (ce que je recherche), il n’est point besoin de beaucoup d’argent. Se construire une identité de dandy coûte effectivement cher, entre complets Smalto et souliers Corthay. Vouloir être le plus présentable possible pour un premier travail constitue un but différent.
Bien souvent, les jeunes (et moins jeunes) en quête de ‘style’ tombent dans les erreurs de l’ultra mode, de l’ultra commerce, et achètent des souliers pointus en simili-cuir et des costumes brillants souvent portés avec des chemises blanches à col trois boutons et ganse rose (dans le genre Henrike Enko: vous savez, ces pubs à l’allure de marchands de drogue dans Monsieur). Car il est vrai, c’est ce ‘style’ en particulier que l’on trouve pour le moins cher, et les effets sur l’élégance masculine en générale sont désastreux! Où donc se situe le juste milieu si l’on a pas vraiment de moyens? …ou une envie mitigée de les gaspiller pour ‘ça’. Nous sommes, je pense nombre de mes lecteurs et moi même, des paniers percés en ce qui concerne le vêtement, et vivons sur un grand pied, à la manière d’Oscar Wilde l’élégant qui disait: « je vis tellement au dessus de mes moyens, qu’à vrai dire eux et moi vivons une vie séparée« .
Dès lors, je suis extrêmement content d’avoir pu, avec une somme très restreinte, habiller cet ami, que je ne considérerais pas comme mal vêtu si je le croisais anonymement dans la rue! Je joins une petite photo pour prouver que ce n’est pas si mal. Mais rassurons nous encore, Stiff Collar ne s’ébranle pas dans ses principes. La quête de qualité ne se fera jamais vers le bas, soyons en sûr. Et rien ne remplacera les produits issus d’une longue chaîne de techniques manuelles savamment maitrisées. Il n’est point question de dire que l’on atteint le summum à si bas coût. Seulement, si l’on cherche une tenue classique, discrète et de bon ton, il n’y a pas d’excuses! Cela, il faut s’en souvenir.
Julien Scavini