La veste rose de Daniel Craig

C’est en suivant l’actualité facebook du Prince Charles que j’ai découvert la soirée d’avant-première du dernier James Bond à Londres, au Royal Albert Hall. J’étais plus intéressé par son smoking et la Rolls qui serait de sortie, que par les péripéties de l’agent anglais. Intéressé aussi de voir le Prince William, qui avait pour l’occasion choisi une veste en velours noire et des souliers type slippers aussi en velours. Une tenue très lounge et digne d’intérêt, si seulement les proportions n’étaient pas si chiches. Et puis au détour des photos, il y avait Daniel Craig.

J’avais vu sa veste de velours rose poudré. « Tiens me dis-je. » Et puis plus rien, je passais à autre chose. Seulement, plusieurs personnes m’en ont parlé à la boutique. « Avez-vous vu la veste de Daniel Craig? Qu’en pensez vous? Oh la veste de Daniel Craig, superbe. ou Spéciale cette veste non? » Alors j’ai re-regardé cette veste. Qu’en penser?

Et bien que du plaisir. Pour plusieurs raisons.

1- D’abord je suis heureux d’un assemblage de vêtements qui est de très bon goût. Car je le rappelle, la base de la tenue de Daniel Craig est le smoking. Il en porte le pantalon, les souliers et le papillon. Tous noirs avec une chemise blanche. C’est donc une base formelle et tout à fait classique. La touche de couleur est apportée en harmonie avec le reste. Le pantalon n’était pas bleu ou gris et les souliers des derbys marrons mal cirés. Vous voyez ce que je veux dire? L’ensemble était maitrisé. Pas de cacophonie vestimentaire, pas de loufoquerie. En bref, Daniel Craig n’était pas déguisé. Il y a de manière sous-jacente une maitrise intelligente du code. D’ailleurs on sait qu’il connait bien le smoking, il le portait classiquement à toutes les autres avant-premières. Pour sa dernière, il change un peu. Tant mieux pour lui.

Donnez une telle idée à un quidam, et vous trouveriez un pantalon à carreaux, un papillon dénoué (que bien des stars françaises trouvent plus « marrant ») et des lacets de chaussure rose. Exemple. Dans les personnalités diverses ce soir là, j’ai repéré deux tenues totalement hideuses, voyez ci-dessous. Franchement un smoking rose mal coupé jurant avec le noir, et un pantalon de smoking gris. Franchement c’est laid… !

1bis- Daniel Craig a le ton juste lui. Il dénote, tout en prouvant une maîtrise du smoking et de ses finesses. Comme le smoking blanc. Il comprend les degrés de variation autour de cet habit du soir. Il ne cherche pas à casser les codes de cet habit du soir, avec une lecture premier degré bancale. Il respecte cette tenue traditionnelle sans la renverser, avec les bons souliers, le bon papillon. Il n’en fait pas trop.

2- Ensuite, il s’agit là d’une itération intéressante d’un sujet qui m’est cher, celui de la veste de cocktail que j’évoquais ici. Pour quelqu’un qui possède déjà un smoking, l’idée de faire couper une veste dépareillée mais fonctionnant avec celui-ci est intéressante et pratique. Shantung autrefois, velours aujourd’hui, voilà une veste heureuse, et qui sort de l’ordinaire et du très classique registre noir & blanc. Presque toute la panoplie du smoking est employée. Sans la veste. En passant, j’avais toujours imaginé ce modèle de veste droit à col châle. Et bien en croisé, c’est très sympa aussi.

3- Par ailleurs, Daniel Craig prouve ainsi qu’il ne faut pas fuir la couleur. Et qu’au contraire, sur un homme, c’est extrêmement élégant. Ça donne même bonne mine. Pour autant que cet apport de couleur soit modéré, ici par le noir et le blanc.

4- J’ai lu par-ci et par là enfin, que Daniel Craig prouvait ainsi que les hommes de plus de cinquante avait le droit de s’amuser et de s’affirmer. Je ne saurais juger la véracité de cette affirmation du bas de mes trente-cinq ans. Cela dit, il ne faut jamais avoir peur de s’affirmer dans le vêtement. J’oserais dire que Daniel Craig prouve surtout que l’on peut être un homme, un vrai, et s’intéresser à ce sujet. Au point même de frapper fort. La veste de velours rose n’est pas exclusive des meetings d’Act-Up. Mais il aurait pu tout aussi bien porter un velours jaune, orange ou vert. C’est cette envie de montrer quelque chose de raffiné et d’étudié qui me plait là.

5- J’apprécie d’autant plus cette veste en velours que le dernier exemple en date sur le sujet m’avait assez déplu. Il s’agissait de la veste orange de Kingsman. Je n’aime pas ce noir aux revers qui est dur visuellement, et marque trop le V de la poitrine. Avec la veste rose de Daniel Craig, il y a une touche de simplicité plus heureuse.

Toutefois, si j’encense cette jolie veste rose aux poignets retournés, détail sartorial raffiné, je peux aussi apporter un bémol. Car il y en a. Cette veste, il lui manque carrément une taille. Ses biceps explosent les têtes de manches et font saillie. L’épaule ne place pas bien et le col a du mal à appliquer. S’il est statique, tout va bien, mais dès qu’il bouge, tout part de travers. Les avant-bras sont si serrés qu’ils remontent vers le coude découvrant allègrement les poignets mousquetaires. D’autant que le velours (je précise probablement en coton, ou coton-modal) n’a aucune élasticité naturelle. Une veste en laine accompagne le corps. Une veste en coton, ou donc en velours, est figée, rigide et fait très vite carcan. Il faut donc impérativement lui donner du mou. Et donc une taille de plus surtout en haut du buste.

En dehors de ce petit point négatif (notez qu’il n’est pas le seul à confondre « veste sur-mesure » et « veste collante »), je suis heureux de cette prise de risque vestimentaire. Cela donne envie de bien faire, et de mieux faire. C’est un témoignage que le beau vêtement n’est pas out-dated.

Bonne semaine, Julien Scavini

La chemise de smoking

Le sujet est assez courant et de nombreux clients me posent la question. Que ce soit pour leur mariage ou un évènement particulier, quelle chemise faire ou acheter pour mettre avec le papillon noir? (ou bleu selon.)

La question principale qui revient souvent est l’usage ou non du col cassé. Les français, curieusement, restent assez attachés à cette variante typée et ancienne. Autant le dire, je suis contre et je trouve cela moche! Avec un smoking, le mieux est de jouer la carte de la simplicité. C’est l’essence même de ce vêtement, créé pour la haute aristocratie dans les années 1880, qui voulait quelque chose de plus simple que la queue de pie, très empesée.

Mais que l’on se comprenne bien. Je suis contre le faux col-cassé, celui qui fait corps avec la chemise, qui est petit et tout mou (image de gauche). C’est la version ridicule du vrai col cassé, celui qui est séparé de la chemise et que l’on rapporte avec deux goujons métalliques. Ce col cassé est généralement en très fin coton et est amidonné à l’ancienne, c’est à dire qu’il est rendu dur et cassant comme une mince lame de bois (image de droite). Évidemment, plus personne ne sait amidonner comme cela. Car c’est une technique qui n’a rien à voir avec la bombe Fabulon! Non, là il faut une table en marbre de confiseur, une casserole, une sorte de petite truelle et surtout le savoir-faire, pour couler l’amidon chauffé sur la mince lamelle de coton, puis la mettre en forme en séchant. L’amidon colle tout, il faut alors procéder dans un chambre presque stérile. Bref, un dur labeur oublié, sauf chez Wartner à St Cloud dit-on, qui réaliser l’amidonnage des cols durs de Karl Lagerfeld. Ça, c’est un vrai col cassé. Le reste, c’est du pipi de chat.

Alors autant faire simple. Les James Bond, notamment les premiers avec Sean Connery consacrent le smoking. C’est l’habit de 007! Et quel est le col? Un col classique avec retombée. Pour les anglais éduqués, le col de chemise du ‘dinner jacket’, c’est le col avec retombée. Pas le col cassé, qui fait très ‘charly‘ comme dirait James Darwen dans ‘Le chic anglais‘.

Passé ce détail, que dire de plus sur la chemise du smoking? Et bien tout simplement que vous pouvez utiliser un modèle très simple, dans un popeline luxueuse. Les boutons en nacre se voient? Et alors, ce n’est pas grave.

L’autre option, c’est la gorge cachée (image ci-dessous). Une étroite bande de tissu recouvre les boutons. A vrai dire, je trouve l’astuce empesée. Elle est plus voyante encore que les boutons de nacre visibles. Elle a ses adeptes, pourquoi pas.

Sinon, les boutons peuvent être noirs. Il existe trois trucs à ce sujet :

1- les caches boutons, qui se clippent sur la nacre, comme les dessus des punaises colorées

2- les boutons perles, ou simili, qui sont cousus à la chemise.

3- les vrais goujons métalliques qui se vissent. Le devant de la chemise est alors dépourvu sur des quatre premiers boutons. A la place, il y a une boutonnière. Les deux boutonnières sont alignées et le goujon y est vissé. Un goujon, ou stud en anglais, ressemble un peu à un pin’s en plus plat.

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Les goujons du smoking sont en argent avec insert de nacre noir. Les goujons de la queue de pie sont dorés, avec insert de nacre blanche.

Enfin, la question se pose de savoir s’il faut un plastron ou non. Là encore, la simplicité me pousse à dire sans. Mais l’histoire aime le plastron. Il s’agit d’un empiècement, sur le devant, qui épaissit la chemise. Le tissu du plastron peut être  le même que la chemise, ou un tissu plus épais, plus luxueux (image de gauche).

Evidemment, au siècle dernier, les plastrons étaient amidonnés, sur la même technique que précédemment. Très compliqué à entretenir, cet apparat vestimentaire s’est perdu. Parfois, le plastron était amovible, se fixant au col cassé et aux bretelles, en étant maintenant en bas dans le gilet. Un amusant pour les pauvres qui ne pouvaient se payer une vraie chemise dédiée avec le plastron cousu. Une astuce typique des dessins animés, Tom & Jerry ou autre, où le chef d’orchestre se prend dans le menton le plastron qui rebique!

Dans les années 60, le plastron avec des petits plissés était apprécié (image de droite ci-dessus). C’est un type intéressant et sobre. Parfois, le plastron est réalisé en coton gaufré type marcela. J’aime moyennement cette variante, qui empiète sur la queue de pie, mais à la limite, ce n’est pas grave.

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Quelle chemise type se dégage finalement de ce portrait? Ce n’est pas facile à dire et cela dépend beaucoup des goûts et des couleurs. Passé le détail du faux col cassé que vraiment, j’ai du mal à aimer, tout le reste se discute et se sous-pèse. Pour ma part, j’aurais tendance à porter une chemise très simple. Presque même une chemise blanche de costume. La question qui reste en suspend dans mon esprit est la question des boutons. La gorge cachée, je n’aime pas. Alors je prendrais les goujons. Peut-être. A voir.

Bonne semaine, Julien Scavini

Les smokings

Revenons au smoking cette semaine, autrement appelé en anglais ‘dinner jacket’ et en américain ‘tuxedo’. J’ai titré cet article Les smokings au pluriel tant les possibles sont nombreux sur cette pièce a priori restrictive en terme d’inventivité.

Pour faire suite à la semaine dernière, rappelons que le vêtement est plus récent que la queue de pie. Il fut inventé vers 1880, par Henry Poole, le tailleur du prince de Galles de l’époque, le futur Edouard VII. Il permettait de remplacer efficacement la queue de pie lors des dîners du soir plus décontractés. Cette nouveauté de mode correspond du reste à l’engouement pour les vestons courts, qui à la même époque connaissent un véritable essor, poussé par la pratique des activités en plein air.

Ceci dit, ce premier et royal ensemble du soir moins formel que la queue de pie était une veste de soie bleu, assez proche d’une veste de fumoir en velours, avec le pantalon correspondant (ci dessous en bleu). D’une certaine manière cet attelage apparait assez osé, même aujourd’hui.

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Il convient ici de bien comprendre la nuance anglaise entre dinner jacket et smoking jacket. Le premier, noir ou marine et très codifié est traduit en France par le mot ‘smoking’. Et la smoking jacket est traduit ‘veste de fumoir’ (ci dessus en fushia). Ce sont deux choses différentes. L’un est une tenue de haut en bas, y compris chemise et chaussures, alors que l’autre est une juste une veste que l’on enfile après avoir retiré sa veste (de smoking ou de queue de pie) pour aller au fumoir. Les odeurs ne restent pas imprégnées dans le tissus de la veste d’apparat. Toujours est-il qu’à l’origine, la frontière entre le smoking et la veste de fumoir est floue.

Le moniteur de la mode de 1890 rapporte ce glissement sémantique : emprunté à l’anglais smoking, substif verbal de to smoke « fumer », utilisé pour smoking-jacket « veste pour fumer » désignant une veste d’intérieur, attesté dans des textes français (chez Bourget, 1888, ou Hervieu,  1890) et pris au sens de l’anglais dinner-jacket. On peut déduire que l’adoption du smoking fut très rapide : création en 1880 sur la base des vestes de fumoir existant depuis 1850. Entre 1880 et 1890, le smoking traverse la manche et le nom évolue déjà.

Le smoking s’est à la suite du Prince de Galles codifié plus finement pour aboutir au début du XXème siècle à la version que l’on connait : ensemble veste et pantalon (+ gilet le cas échéant) noirs. Les effets de style sont les mêmes que sur la queue de pie : galon le long du pantalon et revers de veste en soie, faille ou gros grain.

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Dans les années 10 et 20, la liaison avec la queue de pie était plus directe, gilets et papillons pouvant être ceux de la queue de pie, soit en coton marcella blanc (ci dessus à gauche). Après ils passent du blanc au noir vers les années 30 pour mieux faire la distinction de tenue. On sait par exemple que sur les cartons d’invitations, on écrivait ‘cravate blanche’ pour que les messieurs viennent en queue de pie. Imaginez le bazar si cette expression pouvait laisser planer le doute. Le smoking prit peu à peu le nom codifié de ‘cravate noire’, soit ‘black tie’ en anglais. Plus simple.

C’est dans les années 30 que le smoking actuel prit vraiment son allure actuelle et que la queue de pie commença sa longue agonie, voir mon article ici. Les trois formes classiques se figèrent à cette époque : veste droite à col pointe, droite à col châle et croisée. Le tissu était et reste le grain de poudre, autrement appelé ‘barathea’. C’est une serge complexe. Ce tissu peut être 100% laine ou un mélange de laine et mohair moins froissable dans les poids légers. Ceci dit, 400grs pour un smoking est bien, cela donne un tomber exceptionnel.

C’est un autre Prince de Galles, cette fois-ci le futur roi Edouard VIII (qui a abdiqué et fut appelé Duc de Windsor), qui a développé dans les années 30 un goût pour le drap bleu nuit. Il trouvait que la teinte sous lumière électrique était plus noire. Il est vrai que la laine grain de poudre du smoking apparait toujours comme un peu verdâtre. Cet effet de style en bleu fut apprécié aux USA et même des queues de pie furent coupées dans ce coloris. Je trouve cela difficile, car il faut trouver la bonne soie pour le revers (qui ne reste pas noir) et pour le papillon et la ceinture. Se pose aussi la question des souliers. Bref, c’est pas le plus simple, mais cela peut être très élégant.

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Depuis, une quantité de formes et de styles se sont succédé, les années 50 puis 60 apportant chacune son lot de curiosité et de tentatives.

Reste que le ‘foreign office‘ dans un livret à destination des diplômâtes anglais référence le smoking croisé comme le plus formel. Mais il y a quantité de vestes croisées de smoking : 2×1 bas ou 2×1 haut, 4×1, 6×1 ou 6×2 voire croisé châle, vous avez l’embarras du choix suivant votre goût!

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Le smoking droit est peut-être plus apprécié en France, comme aux USA. Les aficionados d’un style très sharp préfèrent le col pointe mais pas mal de messieurs apprécient le col châle pour son côté passe partout. C’est une pure question de goût, je ne vois pas de rapport entre la hauteur ou la largeur du bonhomme et la forme du revers. Certains apprécient aussi le col large et d’autres le col étroit. C’est selon !

Classiquement, la veste n’a pas de fente. Ceci dit, ce vêtement est né pour être simple et coller au mieux au goût du moment. Il ne me semble donc pas incongru d’y faire deux fentes. Dans les années 10, on y faisait bien une fente!

Le gilet ne se porte plus guère et est remplacé par la ceinture plissée, le cummerbund, nom de provenance indienne. Le plis servent à disposer des contremarques de théâtre ou de vestiaire par exemple. Si vous optez pour un gilet, celui-ci sera plutôt évasé avec 3 petits boutons en bas, comme sur le gilet de frac. Le gilet peut avoir des revers ou non.

Le nœud papillon est enfin noir. Sans dérogation possible, c’est une cause d’excommunication sans droit de faire appel ! Pour le soulier, vous pouvez soit recourir à une paire de richelieus vernis ou simplement utiliser vos richelieus de la ville, bien cirés. Les puristes à l’ancienne aimeront le mocassin d’opéra, verni avec son nœud dessus. Enfin les accessoires métalliques comme les boutons de manchette ou les goujons de chemise sont dorés avec le smoking.

Concernant la chemise, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir un plastron empesé, ni même d’avoir des boutons cachés. Si l’on veut que le smoking continue longtemps d’être porté, il faut aussi savoir le moderniser un peu dans des limites raisonnables. Je redis que le smoking est né pour être pratique. James Bond avec Sean Connery porte des boutons visibles et un col ‘italien’ et les illustrations d’Apparel Arts confirment cette tendance dès les années 30. Mon avis est donc que le col doit être moderne, c’est à dire retombant. Le col cassé est très élégant, oui ! Mais seulement s’il est dur et détachable. Les cols cassés mous et cousus à la chemise sont d’un goût très curieux. Après chacun balaye devant sa porte!

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Pour les plus aventureux, on peut enfin envisager d’autres versions de smoking. Si vous chinez une veste seule et qu’il est difficile de trouver le bon pantalon, vous pouvez opter pour le pantalon de tartan, une solution très en vogue ces temps-ci. Le smoking lui même peut être en flanelle noire pour jouer sur la matière. Ou la veste seule peut être en velours noire. Bref, il existe une multitude de solution.

A vous de jouer maintenant, faites vos jeux !

Belle semaine, Julien Scavini.

L’homme le plus élégant du monde est …

Pour Stiff Collar, l’homme, que dis-je l’être supérieur, le plus élégant du monde est Sa Majesté l’empereur du Japon, plus connu sous un nom qui ne se prononce pas, Akihito. Fils d’Hirohito, il accéda au trône en 1989 et ouvrit alors l’ère Heisei du calendrier administratif nippon.

Récemment, je regardais la chaîne d’information continue NHK World lorsque j’aperçus la cérémonie de remise des lettres de créance des ambassadeurs à l’Empereur et fus saisi par l’implacable netteté des habits au palais de Tokyo. La jaquette, ou morning coat, y est portée mieux que partout ailleurs, à la fois par le personnel et par sa majesté – normal me direz-vous -. Il m’a même semblé que l’esthétique et la rigueur dépassaient de loin celles du palais de Buckingham.

Si les membres de familles royales sont souvent habillés pour le mieux, je trouve que rien ne surpasse en maitrise et en classicisme les mises de l’héritier du Trône du Chrysanthème. Car il n’a pas un physique facile, étant petit, fort et – surtout avec le temps –  légèrement voûté. Il possède également un cou très court. Bref, une physionomie pas évidente à habiller. Et pourtant, et pourtant, quelle prestance! Ses tailleurs ont réussi la gageure de la lui procurer. Même si la précision et le maintien japonnais aident beaucoup.Ces trois tenues que j’ai dessiné ce soir représentent un peu la quintessence de son répertoire. Il pourrait être aisé de rapprocher celui-ci de la garde robe d’un autre royal gentleman, le duc de Windsor, frère ainé abdicateur de George VI. Ils ont un peu les mêmes physiques courts et se ressemblent en jaquette. Mais au japon, point de motifs bariolés, point de vestes sport.

Trois tenues donc. A la ville, il me semble qu’il porte systématique le costume veste croisé sur pantalon large et droit. Ses vestons sont coupés sur deux boutons fonctionnels. Ce qui passerait pour un vieux croisé des années 80 prend ici tout son sens et augmentant le V des revers. Additionné à une veste courte, cela fait oublier sa taille. Et il ne se sert pas, malgré son rang ô combien important, de talonnettes comme M. Sarkozy.

Le costume d’apparat est aussi issu d’une tradition britannique. Il est d’ailleurs marquant de voir à quel point les codes anglais ont été intégrés à la culture japonaise, et pas de travers en plus! Costume donc constitué d’une queue de pie portant décorations, à l’instar de nombreuses Maisons européennes.

Enfin, toutes cérémonies appellent le port de la jaquette et là encore d’une divine façon. La couture de taille permet d’épouser les formes au mieux. Le pantalon à rayures, le gilet croisé, les gants, le haut de forme complètent l’ensemble.

J’entends souvent dire que telle ou telle tenue n’est pas adaptée à telle ou telle morphologie. Souvent par excès de pudeur. Tout peut aller à tout le monde pourvu que ce soit revendiqué et évidemment, bien coupé! Nous le voyons ici.

Julien Scavini

De l’ennui du smoking

… naissait l’homogénéité. La critique la plus virulente et récurrente contre le smoking concerne sa noirceur, synonyme de tristesse et de répétition. Tous les stylistes en herbe cherchent à redessiner cette pièce, souvent avec des couleurs, quelques fois de manière réussie. Mais cette noirceur, qui finie par tirer sur le caviar (aux reflets verts) se détache bien sur fond coloré…

!! Bonnes fêtes !!

Julien Scavini

Dinner jacket contre smoking jacket

L’une des mésententes principales entre anglais et français est bien celle de l’habit de diner que les français s’obstinent à nommer ‘smoking’, alors que précisément, cette pièce de la garde robe est tout autre. Parlons-en.

Il fut un temps, que l’on peut situer avant la première guerre mondiale en gros, où les anglais (suivis des français, ayant depuis longtemps abandonnés la culotte de cour) portaient pour diner l’evening dress ou cravate blanche ou queue de pie (décrit ici). Cette tenue était appropriée pour le soir et les dîners, formels ou intimes, urbains ou ruraux. De jour, c’était la jaquette ou morning dress que l’on utilisait. Après diners, les riches anglais, aristocrates ou grands bourgeois, avaient pour habitude de se retirer au fumoir, laissant les dames jouer au bridge voire même médire. L’ennui au retour du fumoir était la désagréable odeur de tabac froid qui tenait jusqu’au soir suivant.

Alors fut inventée, certainement aux alentours de 1850, la véritable smoking jacket. Il s’agit d’une veste plutôt courte (pour être assis avec), croisée avec des fermoirs à brandebourg (pour faciliter la fermeture après un repas trop arrosé). Le col, exclusivement châle était de satin ou de faille de soie matelassée alors que le veston lui même était en laine ou souvent en velours de soie, vert ou violet profond. Des passementeries terminaient de décorer cette pièce. De ce modèle est dérivé la veste d’intérieur, plus tardive. Il était donc d’usage de porter successivement une queue de pie (avec nœud papillon blanc) et une smoking jacket dans la même soirée.

Bien plus tard, dans les années 1880, la dinner jacket fut cette-fois inventée, dit-on à la demande du prince de Galles, futur Edouard VII. Il avait demandé à son tailleur une veste aussi courte que la smoking jacket qui puisse être portée cette fois-ci à table, dans un cadre intime, où la queue de pie était un attirail trop lourd à porter. L’idée fut simple et consista à conserver le corsage (partie haute) de l’evening dress (même si la version croisé du smoking parait plus historique), avec ses profonds revers satinés en pointes et son boutonnage unique.

Cette dernière idée se répandit comme une trainée de poudre et fut popularisée immédiatement aux Etats-Unis sous le nom de Tuxedo. Et en France, on ne sait toujours pas sur quel pied danser, où l’on appelle la dinner jacket (qui recouvre le pantalon et la veste) smoking quand la smoking jacket est traduite par veste de fumoir (et parfois d’intérieur, les deux idées ayant fusionnées). Cette légère confusion est aussi exprimée dans l’utilisation variable du col à pointe ou châle sur le smoking français (ou américain), ma préférence allant au premier, les cols châles du commerce étant désespérément étriqués!

Julien Scavini

Le smoking blanc

Grande question ce soir, qui avait été soulevée par un lecteur – plutôt rude d’ailleurs – à la suite du long article sur le smoking. Cette tenue du soir est rarement bien portée et constitue pour beaucoup de puristes une hérésie. Pourtant, il est possible de réussir correctement cette mise, qui peut être, l’été, extrêmement adéquate. Non pas que le blanc repousse la chaleur – le soir, il n’y a plus de soleil – mais il correspond bien à l’esprit de certains lieux de villégiature anciennement fréquentés par nos amis d’outre manche comme la côte d’azur ou encore la perse. Mais il peut aussi être de bon ton pour un simple diner dans le jardin, ou plutôt apéritif au milieu du rotin.

Bref, le smoking blanc est d’abord et avant tout un dépareillé. N’est blanche que la veste! Et je tiens beaucoup à ce détail. Le pantalon, le nœud papillon, le cummerbund ou le gilet sont noirs. En fait, il s’agit du smoking normal, en grain de poudre noir, dont vous interchangez la veste. Après, il est possible que cette veste blanche soit droite ou croisée, mais ses revers seront en satin de soie blanc aussi. Enfin crème, car la laine blanche, ça n’existe pas. Yves Saint Laurent avait fait un smoking pour femme noir avec les revers blancs; c’était exquis, mais juste pour les femmes. Ici nous défendons une tradition britannique.

Nos amis d’outre atlantique ont une préférence visiblement pour le col châle, qui a connu un pique d’utilisation au cours des années 60/70. J’aurais tendance à dire que cette version est peut-être plus américaine qu’anglaise, très Miami ou New York estival. Il me semble aussi que dans le film ‘Attrape moi si tu peux‘ est donnée une fête de mariage dans un jardin sudiste, où tous les convives sont en smoking blancs. Cela donne une esthétique très ‘brooks brothers’, très policée.


Enfin, une erreur à ne pas commettre (pourtant c’est chic) est le port du spencer, cette veste très courte qui est habituellement réservée aux militaires ou pire, aux maitres d’hôtels et serveurs. Je regardais récemment l’adaptation des nouvelles de PG Wodehouse, Jeeves et Wooster dans laquelle le jeune maitre décidait d’arborer un spencer blanc acheté à Deauville lors de l’été 1930. A force de persuasions et surtout de félonies, Jeeves son valet finira par le lui faire retirer!

Julien Scavini

Frac contre smoking dans les 60’s.

Cet article est extrait du très célèbre magazine masculin ADAM n°262, décembre/janvier 1960/61, aux éditions Condé Nast. J’ai tout à fait apprécié le ton du journaliste (non crédité) à propos d’une soirée parisienne. Il fait suite à la série d’articles sur le frac et le smoking. L’occasion de vous le retranscrire, et de l’illustrer:

« Faut-il le déplorer? L’habit perd pied dans les soirées parisiennes. Le gala de la première représentation de l’International Ballet du marquis de Cuevas justifiait pourtant le port du frac dans le magnifique théâtre des Champs Elysées. Mais les smokings y étaient représentés dans une proportion de 99%. Le marquis lui même était en smoking, alors ses invités se sentaient parfaitement dans le ton. Où est-il, le temps où les habitués de la Salle Garnier ne pouvaient se rendre à l’Opéra autrement qu’en cravate blanche, manteau noir et haut de forme mat? On ne les compterait même pas sur les cinq doigts d’une main lors des soirs habillés actuels. Il faut la présence du chef de l’État pour un gala donné en l’honneur d’un hôte illustre, de passage, pour que réapparaissent les habits – sur lesquels les brochettes de décorations jettent leur éclat coloré. Mais alors combien on s’attristera, lors de l’entrée du théâtre, en voyant nos contemporains gravir les marches de l’escalier d’honneur sur lesquelles les gardes républicains – eux, en grande tenue – saluent de l’éclair de leur sabre les hautes personnalités, vêtues de manteaux de pluie, trench-coats, pardessus beiges en poil de chameau, contrastant si pauvrement avec les visons, les brocarts, les soies des riches manteaux féminins. que de va-nu-tête! Que de gants maculés (bien sûr, le chevreau ne s’accorde guère au contact  du volant). On ne voudrait pas être, ici, censeur impitoyable et grogner une fois encore sur l’évanouissement des traditions d’élégance. Pourtant, que diable! un manteau noir n’est pas un luxe! Il peut être en vigogne, en cachemire, mais aussi en drap d’honnête qualité ; il devient alors à la portée de toutes les bourses.« 

Julien Scavini

Les habits formels

Suite à de nombreuses demandes concernant le sujet des habits, voici ce court article pour clarifier les idées sur les noms et les formes de ces pièces bien souvent oubliées du vestiaire contemporain.

La confusion provient le plus souvent de la complexité des noms, entre dénomination anglo-saxonne et française. Je donnerai donc les deux pour être bien sûr que tout le monde comprenne. Commençons d’abord par les habits de soirées:

– Le premier est l’habit de soirée par excellence, réservé aux grands bals et aux soirées d’ambassadeurs, éventuellement aux premières d’opéra, mais c’est plus que rare. Son nom français est : habit ou frac ou queue de pie, ou encore cravate blanche. Son nom anglais est : frack (avec un k) ou white tie. Le veston arbore des revers de soie, à crans aigus et ne se boutonne pas à la taille (forme analogue au spencers). On le porte généralement avec un chapeau haut de forme et des souliers richelieus noirs. Le pantalon arbore deux galons parallèle sur le côté. La chemise est généralement une popeline empesée, pourquoi pas plastronnée, à col cassé. Le nœud papillon et le gilet sont en piqué de coton ou marcela blanc. Le gilet a un quadruple boutonnage bas et est très échancré, avec deux revers plats. Les gants blancs complètent la tenue. MAJ: le gilet en marcela ne doit pas dépasser du veston bien évidemment (ce qui est rare sur les nombreuses illustrations google). Le port de bretelles s’impose aussi pour soutenir le pantalon en place.

– Le deuxième est le plus connu: le smoking en français, ou dinner jacket en anglais, autrement appelé black tie (cravate noire). Exclusivement réservé à l’origine aux diners intimes (à la différence des diners d’État ou de grandes réceptions en queue de pie) d’où son nom, il est aujourd’hui une tenue de soirée de bon ton. Je renvoie à l’article sur les smoking pour plus de précisions. Le pantalon arbore un galon sur le côté. On le porte plutôt avec une chemise à col turn-down sur le continent, en popeline blanche, avec les boutons cachés éventuellement. Le nœud papillon est noir. Les souliers peuvent être des richelieus noirs vernis, ou des mocassins à gros nœud de soie noire, appelé opéra pump en anglais.

Ces jaquettes sont identiques dans la forme. Les anglais la nomment morning coat. C’est l’habit par excellence des matins londoniens de l’aristocratie et des courses à Ascot. Il se porte soit avec un haut de forme, soit avec un melon, gris plutôt. Le nom français est donc jaquette (et non pas queue de pie). Le veston s’attache par une bouton dit jumelle (double bouton à la taille). Les gentlemen peuvent le porter uni ou dépareillé. Le premier exemple fut arboré par le prince de Galles aux dernières courses, dans une version unie, avec gilet croisé, et cravate simple, sur chemise à col blanc. Le deuxième exemple est plus dans la tradition française des mariages, avec un pantalon rayé dépareillé et un gilet de couleur marquée en soie. La cravate lavallière complète la chemise à col lavallière. Les souliers sont le plus souvent des richelieus noirs, mais les bottines sont aussi un excellent choix.

Retenez donc la différence entre queue de pie (frack), pour les soirées royales et les chefs d’orchestres et jaquette (morning coat), pour les mariages et les courses. Leurs usages ne sont pas du tout identiques et il serait fâcheux de se tromper. N’hésitez pas à sortir ces vieux classiques pour vos événements familiaux de fin d’année (la queue de pie plutôt) ou vos mariages (la jaquette alors), ce sera du meilleur effet, sans que vous ayez besoin de vous mettre la tête au court bouillon pour trouver un vêtement dont le goût sera fortement discutable du point de vue de l’élégance.

MAJ: vous souhaitez trouver ces articles dans le commerce? Il faudra trouver la bonne crèmerie alors… Hackett propose de beaux Morning Coat et Brooks Brothers de sympathiques Frack. Old England peut vous venir en aide, comme d’ailleurs le service mesure industrielle de Handson…

Le smoking dans tous ses états

Mais quel est donc la signification de ce dress code indiqué en bas de mon carton d’invitation : Black Tie? Tout simplement si l’on traduit, cravate noire, par opposition à la cravate blanche, white tie. Cette notion renvoie à la couleur du nœud papillon en fait, noir avec le smoking, blanc gaufré avec un frack.

Le smoking est une invention récente, datée aux alentours de 1884. Il fut développé par le tailleur Henry Poole à Londres sur la commande du Prince de Galles, futur Édouard VII fils de la reine Victoria. Le jeune prince voulait en effet une veste courte à mettre pour le fumoir, qui permettrait au frack ou à une autre veste de ne pas prendre les odeurs de fumée, qui incommodent ces dames. Cela sous-entend évidemment que jamais l’on ne se présente en bras de chemise, c’est-à-dire sans veste.

L’un des traits notables du smoking est son revers couvert de soie ou de satin. Cette invention fut mise en place pour palier à un problème récurrent au fumoir, les cendres de cigares qui tombaient sur les lainages. Ainsi, les cendres, si elles tombent, glissent sur la soie sans bruler le revers. Cette soie se retrouve sous forme d’un galon simple le long de la ligne extérieure des jambes du pantalon.

Dénommé black tie comme nom codifié, ce vêtement porte d’autres appellations: smoking en France, dinner jacket au Royaume-Uni et tuxedo aux Etats-Unis. L’appellation anglaise diner jacket désigne à la fois la veste et le pantalon par extension. Mais attention, le smoking est un habit décontracté, qui n’a rien de formel. C’est l’équivalent du costume en ville. Comme son nom l’indique, c’est une veste de diner et de soirée. Les grandes cérémonies appellent plutôt à porter le frack ou habit queue de pie ou white tie donc. Le porter en extérieur ou à un mariage (excepté au diner du soir) n’est pas approprié.

Historiquement, le smoking est réalisé en laine barathea de 8 oz. C’est un tissus grain de poudre composée de 70% de laine et de 30% de mohair,  extrêmement fine qu’il est difficile de trouver de nos jours, la barathea 16 oz (plus épaisse) étant plus facile à travailler.

Il existe plusieurs coupes pour le smoking. Voici par le dessin une démonstrations des classiques :

Smoking droit cran aiguë

Le grand classique, coupe droite et cran aiguë. On dit que c’est le modèle des français.

smoking2

Un autre classique, le smoking croisé ou double-breasted. C’est dit-on le modèle favori des anglais.

smoking3Et enfin le modèle apprécié des américains, le smoking droit à col châle.

Dans toutes ces coupes, il existe des invariants, qui définissent la tenue de smoking: les poches sont sans rabats, toujours! Elles sont appelées poches passepoilées simples. Le dos ne présente jamais de coupe d’aisance. La veste n’a qu’un bouton de fermeture (sauf pour le croisé), recouvert dans le tissus du smoking. Le pantalon porte un pli et se porte haut, avec des bretelles. Pour cacher les bretelles, les gentlemen avaient l’habitude d’arborer un gilet sous la veste, mais la tradition s’est perdue. Il se porte maintenant avec une ceinture de soie ou de satin pour recouvrir le ceinturage du pantalon. Enfin les souliers sont soit vernis soit glacés. Le richelieu est la seule chaussure de ville que l’on peut porter, et surtout sans fleuri. Le mocassin à nœud appelé opera pump est aussi d’un grand raffinement.

Pour ce qui est de la chemise, il en existe beaucoup de variétés différentes dont il serait difficile de faire le tour. Pour ce qui est du col, l’agrément commun va au col turn down popularisé par James Bond, le col cassé paraissant au goût de nombreux de critiques comme trop formel et un peu désuet pour le smoking.

Enfin, voici une présentation de ce qu’il ne faut absolument pas faire. Cette image contient quatre erreurs, lesquelles?

smokingerreurs

Exemple de ce qu’il ne faut pas faire avec un smoking:

– le revers à cran simple dit cran sport est une hérésie sur un smoking, par son nom vous comprendrez pourquoi.

– la veste possède trois boutons, c’est deux de trop

– les poches de la veste sont à rabats

– enfin, les souliers sont des derbys, absolument inappropriés pour une tenue de ville

Voilà qui clôt ce petit tour des smokings suivant les codes classiques qu’il convient de maîtriser. Une soirée ne sert pas à se mettre en avant, bien au contraire. Le gentleman reste discret, ce qui fait son élégance et renforce la beauté et la diversité des toilettes féminines. Enfin, ne portez pas de smoking blanc en dehors de la ville de Nice l’été, vous seriez simplement ridicule.