Frac contre smoking dans les 60’s.

Cet article est extrait du très célèbre magazine masculin ADAM n°262, décembre/janvier 1960/61, aux éditions Condé Nast. J’ai tout à fait apprécié le ton du journaliste (non crédité) à propos d’une soirée parisienne. Il fait suite à la série d’articles sur le frac et le smoking. L’occasion de vous le retranscrire, et de l’illustrer:

« Faut-il le déplorer? L’habit perd pied dans les soirées parisiennes. Le gala de la première représentation de l’International Ballet du marquis de Cuevas justifiait pourtant le port du frac dans le magnifique théâtre des Champs Elysées. Mais les smokings y étaient représentés dans une proportion de 99%. Le marquis lui même était en smoking, alors ses invités se sentaient parfaitement dans le ton. Où est-il, le temps où les habitués de la Salle Garnier ne pouvaient se rendre à l’Opéra autrement qu’en cravate blanche, manteau noir et haut de forme mat? On ne les compterait même pas sur les cinq doigts d’une main lors des soirs habillés actuels. Il faut la présence du chef de l’État pour un gala donné en l’honneur d’un hôte illustre, de passage, pour que réapparaissent les habits – sur lesquels les brochettes de décorations jettent leur éclat coloré. Mais alors combien on s’attristera, lors de l’entrée du théâtre, en voyant nos contemporains gravir les marches de l’escalier d’honneur sur lesquelles les gardes républicains – eux, en grande tenue – saluent de l’éclair de leur sabre les hautes personnalités, vêtues de manteaux de pluie, trench-coats, pardessus beiges en poil de chameau, contrastant si pauvrement avec les visons, les brocarts, les soies des riches manteaux féminins. que de va-nu-tête! Que de gants maculés (bien sûr, le chevreau ne s’accorde guère au contact  du volant). On ne voudrait pas être, ici, censeur impitoyable et grogner une fois encore sur l’évanouissement des traditions d’élégance. Pourtant, que diable! un manteau noir n’est pas un luxe! Il peut être en vigogne, en cachemire, mais aussi en drap d’honnête qualité ; il devient alors à la portée de toutes les bourses.« 

Julien Scavini

5 réflexions sur “Frac contre smoking dans les 60’s.

  1. L'amateur professionnel 22 juin 2010 / 08:06

    Sic transit gloria mundi. Cinquante ans plus tard, on peut bientôt dire, à propos du « smoking », ce qu’on disait à propos de l’habit.

    J’aime toujours autant vos dessins. Quitte à passer pour pédant cependant, je ferai les deux observations suivantes : le nombre de « studs » de la chemise se limite traditionnellement à deux ou trois ; et la cape était plus longue, de manière à couvrir les basques de la veste.

    • Julien Scavini 22 juin 2010 / 17:33

      ah oui, très juste ces remarques. Pour les studs, j’ai fait le faignant, j’avais vu sans avoir l’envie de redessiner 🙂

      Pour la cape, vous avez bien raison, je n’y avais pas pensé. Je cherchais quelque chose d’un peu plus léger qu’un manteau à vrai dire, cette idée m’est venue…

      Et pour finir, j’esquisse un frac à l’école, pour le plaisir des yeux!

  2. Erichtonius 30 juillet 2010 / 00:18

    Il est vrai qu’un manteau noir, ne serait-ce que cela, ce n’est pas si difficile… Et le smoking, finalement, quelle tenue plus simple et plus élégante ?
    Et votre jolie cape, bien qu’un peu courte, m’évoque celles de Venise : http://www.tabarro.it/Il_Tabarrificio_Veneto.aspx avec un beau col d’astrakan… Connaissez-vous ?

    • Julien Scavini 30 juillet 2010 / 21:00

      Non, je ne connaissais pas, mais c’est absolument merveilleux de trouver encore ces articles!

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