Se faire confectionner une veste sport

Quand vient l’idée de se faire confectionner une veste sport, plusieurs questions doivent se poser. Car à la différence d’un costume, assez normé et plutôt lié à l’uni et au gris et bleu, le veston dépareillé pose beaucoup de questions. Le répertoire des tissus est extrêmement varié, la palette de couleurs très imposante et les motifs nombreux.

Il faut d’abord se demander si la veste sera destinée à l’hiver, à l’été, ou à la demi-saison. Si les laines à costumes classiques sont appelées quatre saisons pour leurs capacités à être mises toute l’année, les draps pour vestes sont disponibles dans différents poids, du tweed de 500grs aux mélanges aérés d’été en 240grs. Il faut donc bien s’interroger sur la saisonnalité et envisager tout de suite l’idée que la veste ne sera pas utilisée du 1er janvier au 31 décembre.

De là découlent trois vestes types : les vestes d’hiver bien lourdes, les vestes d’entre deux, assez nombreuses et enfin les vestes d’été, finalement assez rares et peu utiles tant les températures poussent à rester en chemise.

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Ensuite viennent les motifs. Les tissus de costumes là encore sont relativement simples, principalement unis ou à micro motifs discrets, chevrons et caviars. Les rayures et carreaux sont possibles, mais dans les faits assez rares. Alors que les draps pour faire des vestes sports sont très variés et rarement unis. Les carreaux se payent la part du lion, du plus discret au plus bariolé. Il convient de se poser la question de la praticité à ce niveau.

Une veste sport facile à mettre – en particulier si c’est votre première – sera plutôt unie. Elle ira ainsi avec tout et en toute circonstance. Bien sûr, si vous souhaitez vous amuser un peu, un carreau discret égayera bien votre tenue, mais il faudra choisir une chemise en conséquence, notamment en évitant les rayures.

Du côté des vestes unies pour l’hiver et la mi-saison, des petits tweeds unis ou à petits motifs comme les chevrons seront parfaits. Polyvalents en même temps que discrets, c’est un choix raisonnable. Les tweeds donegal, avec leurs imperfections colorées sont parfaits. Les drapiers italiens ont aussi trouvé le truc en proposant des draps laineux, proches des flanelles.

D’ailleurs, à ce sujet, il est possible d’avoir recours à des tissus de ville pour se faire confectionner une veste dépareillée. Un beau prince de galles ou une flanelle unie peuvent être bien vus. Mais trop simple aussi?

Les carreaux font la force des tissus de loisirs. Ils sont petits, grands, estompés, marqués, de couleurs discrètes ou de tons vifs, ils sont à manier avec précaution et doivent être choisis avec tact. Et il faut se laisser convaincre. Tous les tissus sont beaux et rares sont les erreurs. Un carreau liant bleu et marron est facile quand même. Et une veste ainsi faite égaillera toujours vos sorties.

Le printemps approchant, il faut se poser la question de la saison plus chaude. Et là les réponses sont moins aisées. Bien sûr le tweed est merveilleux et très agréable. Mais enfin, dès qu’il fait 25°c, il n’est pas évident à porter.

Les nattés permettent de réaliser de beaux vestons, efficaces en mi-saison comme en pleine chaleur. Ceci dit, l’effet est plus uni et on perd l’aspect ‘tweedy’ si cher aux messieurs. Comme j’avais pu l’écrire précédemment, quelques mélanges de laine et soie répondent à cette idée.

 

L’été aussi les carreaux sont de sortie. Dans des tons plus ou moins bariolés d’ailleurs. Les mêmes problématiques se posent. Il faut penser à la panoplie idéale, en pensant à deux ou trois pantalons complémentaires. Bien sûr un pantalon blanc va toujours et avec tout, mais c’est très habillé. A moins d’essayer un chino blanc? Le chino beige lui doit être considéré en priorité. Et je pense aussi qu’un pantalon de laine bleu moyen à clair fait beaucoup d’effet l’été en association avec beaucoup de vestons.

 

Comme vous le constatez, les tissus sont nombreux, les coloris et motifs variés. Cela fait beaucoup à penser. Et je ne parle même pas des formes de la veste, avec ou sans poches plaquées, deux ou trois boutons, épaule napolitaine, etc, etc, etc… Mais au fond, n’est-ce pas une chance et un plaisir? A l’heure de l’uniformité, choisir un drap sport est un plaisir et signe de différenciation.

Bonne semaine, Julien Scavini

Les détails colorés

Depuis très longtemps, les logos brodés et autres petits insignes ornent les vêtements sports, comme le polo et parfois les chemises, Ralph Lauren en étant l’exemple le plus parfait. Depuis une décennie, je vois aussi pulluler d’autres détails colorés apposés sur les vêtements classiques. Ainsi, la veste a été assaillie d’effets de style. Il y a eu les boutonnières colorées. Une au revers ou une en bas de manche, voire toutes. Puis il y a eu les boutons colorés, tous ou juste un en bas de manche. Trouvailles de stylistes en manque d’inspiration?

Quoiqu’il en soit, j’ai toujours été navré de ces bidules. Ça n’a aucun intérêt il me semble, à part attirer l’attention sur des costumes qui de toute évidence sont médiocres. Car il faut bien se l’avouer, à part Célio et consort, peu de maisons de qualité ont osé ça! Ces trucs en trop sont presque un panneau porté sur la personne, les signes extérieurs visibles d’un goût du too much mal placé. Il y a bien d’autres moyens de faire remarquer son goût. Prenez le mouchoir de pochette par exemple. Ou la fleur à la boutonnière. Ou une paire de chaussettes colorées. Voilà des vrais signes d’élégance.

Surtout, ces détails vieillissent affreusement vite. Remarquez déjà comme ils ont disparus des rayons. Certains stylistes ont quand même dû se rendre compte de la niaiserie intellectuelle de l’affaire. D’autant plus que les clients se lassent de tels effets. Un costume aux boutonnières bleus prend très vite un coup de vieux passé une ou deux saisons…

Ce qui dénote une belle veste, c’est un beau tissu. Un tissu précieux par son tissage et sa matière ; un tissu riche par sa lumière et ses effets. Un beau tweed se suffit à lui même. Une belle flanelle se suffit à elle même !

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Par contre, au rayon chemise, je suis plus disposé à faire des concessions.

Je note tout de même la tentative des boutons colorés… Là encore, je passe. Je note aussi l’idée de disposer des boutons sur le côté des cols. Je passe encore plus. Je note enfin les cols à étages multiples et colorés. Je me bouche carrément le nez.

Ceci dit, des maisons comme Paul & Shark, Hilfiger, La Martina et d’autres, ont tenté les détails colorés. Notamment en essayant d’enluminer la garde des boutons. Vous savez, le bord de la chemise devant où sont cousus les boutons. Chemise fermée, on ne voit presque rien. Col ouvert, la bande colorée, parfois rayée sous la forme d’un gros grain comme les chapeaux, apparait. Parfois pour scander les couleurs de la marque. Pourquoi pas. Sans cravate, elle donne une note de gaieté bienvenue.

Les intérieurs de pieds de cols et les intérieurs de poignets peuvent aussi être réalisés dans un tissu contrastant. C’est un détail léger qui là aussi n’apparait que col ouvert. Je dois dire l’avoir tenté quelques fois pour des amis qui me demandent des chemises de week-end. Si les tissus sont choisis en camaïeu de bon goût, c’est à dire dans des teintes légères et harmonieuses, c’est pas mal du tout.

Mais là encore, rien ne remplace un beau tissu et de beaux boutons en nacre. La digne élégance ne se remarque pas au premier coup d’œil, elle se hume.

Sur les chaussures, c’est pareil. Inutile de vouloir acheter une paire avec plein de couleur et des détails voyants. Au contraire, un très beau modèle bien ciré attirera plus le regard des passionnés qui verront en vous un connaisseur. Les chaussures simples et classiques peuvent par ailleurs s’émanciper un peu avec des crèmes colorées qui donnent des nuances différentes. Pour les mariages, je souffle toujours à mes clients que des lacets peuvent se changer pour le jour J. Des lacets bleus sur un soulier noir ne sont pas déshonorant s’ils rappellent la tonalité générale.

En bref, comme vous le voyez, je navigue à vue parmi l’ensemble des propositions contemporaines, souvent trop voyantes et extravagantes. Je ne suis pas contre mais j’avance avec précaution.

Car au fond, je suis un grand admirateur des vêtements militaires d’ancien régime. Avec leurs écussons, leurs broderies, leurs boutons armoriées, leurs ganses et leurs sous-tâches, ils sont un festival de couleurs et de beautés. Il n’est donc pas interdit, dans un monde moins figé où le costume perd du terrain, de s’interroger sur de nouveaux codes et artifices pour embellir les vêtements. Le nombre d’habits est plus restreint aujourd’hui. La veste cède du terrain et les chemises deviennent incontournables. Pourquoi ne pas rechercher des moyens d’apporter de nouveaux ornements ? Le tout est de le faire avec goût… Et tous les goûts sont dans la nature. En attendant la juste réponse. Existe-t-elle ?

Bonne semaine, Julien Scavini.

La Panthère Rose

Ce week-end, en cherchant quelque chose à regarder sur Netflix, vaste bibliothèque filmique où l’on ne sait plus quoi visionner, je me suis laissé tenter par La Panthère Rose, avec Peter Sellers et David Niven. Cette comédie de Blake Edwards, sortie en 1963 m’a grandement séduit. Non pour l’humour qui a un peu vieilli malgré de très bons moments, mais pour les décors et les costumes. Et David Niven. Bien sûr.

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Le film regorge de belles tenues. Les dames ont été habillées par Yves Saint Laurent (Capucine et Claudia Cardinale qui joue une princesse indienne) et les messieurs ne sont pas en reste. Quelques captures d’écrans pour en témoigner. Il y a d’abord l’inspecteur Clouseau, qui pour une raison que j’ignore est Français. Comment pourrait-il en être autrement? C’est un peu le shadock de la police. Il pompe, il pompe, mais n’arrive à rien. Une spécialité de pays 🙂 Quoiqu’il en soit, il a un très beau trench coat !

 

Une grande partie de l’action se passe à la montage, en Italie, à Cortina d’Ampezo. A l’époque pour skier, les élégants ne revêtaient pas une combinaison étanche bariolée et un casque de moto comme aujourd’hui. On skiait en gentleman. En col roulé et pull col V. Toute une mode ! Remarquez aussi l’étroitesse des pantalons (en laine strech), une coupe unique !

 

Ce beau monde voyage beaucoup, mais ne voyage pas léger. David Niven (sir Charles Lytton dans le film) aime la variété pour la nuit. A noter le pyjama de soie écrue sous la robe de chambre verte.

 

J’ai noté deux tenues intéressantes : d’abord une curieuse petite veste verte. J’ai cru à une veste autrichienne. Moi qui n’aime pas ça, je demandais à voir sur David Niven. Finalement, il s’agit d’une veste type autrichienne, mais en tricot. Regardez la ganse. Il me semble qu’elle fait partie du vêtement. Elle n’est pas rapportée je dirais. Seul un tricotage peut produire cela. Intéressant vêtement que l’on ne voit plus guère. David Niven porte aussi la cape à merveille. Une trouvaille !

 

Son neveu dans le film ne manque pas de chic non plus. Ci-dessus avec un col-roulé rouge, une veste grise et un pantalon anthracite (c’est très élégant!) et ci-dessous en costume gris et chemise ivoire! Je n’avais jamais eu l’occasion de voir le résultat d’une chemise ivoire portée. Pas mal. Pas mal… Au tout début du film, David Niven porte aussi un col roulé noir avec un blazer droit, un pantalon gris et des souliers noirs. La pochette donne la dernière touche de dignité qu’il faut !

 

Et surtout, la scène d’anthologie sartoriale : le smoking à veste de velours rouge ! Diantre. Le modèle sera en exposition dans ma boutique bientôt !!! Sublime. Il arrive avec une sorte de polo-coat noir doublé de rouge. Il porte des mocassins en velours brodés. Et les manches de la veste ont des revers. Je tombe en pâmoison.

 

Enfin, je ne pouvais résister à capturer une des scènes les plus drôles du film, lorsque deux cambrioleurs, déguisés à l’identique, cambriolent en même temps le même coffre à double fond et se découvrent l’un l’autre à chaque extrémité du coffre… J’en rigole encore !

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Belle et amusante semaine, Julien Scavini

Par quoi commencez vous?

Telle est la bonne question du jour, par quoi commencer vous pour composer votre tenue quotidienne?

Pour ma part, je porte presque exclusivement le costume lorsque je travaille et quelques fois, j’ose le dépareillé. Dépareillé que j’aime finalement moins, car il demande plus de réflexion. Les vestes sports, si j’en possède de très belles en tweed, ne me convainquent toujours qu’à moitié. Le blazer marine fait partie de mes facilités, comme l’uni de manière générale.

Je fais partie de ces jeunes qui ne repassent pas leurs chemises à la sortie de la machine. Je me contente de les faire sécher sur cintres, puis je les range suspendues dans le placard. Donc, chaque jour, il convient d’en sortir une nouvelle puis de la repasser. C’est un rythme que je préfère. Je ne sais pas trouver trente minutes pour tout repasser d’un coup.

Bref, pendant longtemps, chaque matin, je choisissais le costume puis trouvais la chemise correspondante.

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Mais depuis quelques temps, j’ai pris une autre habitude. Je sélectionne une chemise, presque au pif, que j’ai envie de porter. Le volume des chemises est chez moi bien plus important que celui des costumes. A priori, cela devrait être ainsi chez tout le monde? Disons, trois fois plus de chemises que de costumes.

Il y a donc une grande variété de chemises. Des unies, des rayées, des bleues, des rouges, des grises, des violettes etc… Quand le costume est choisi en premier, il me semble que j’ai toujours une tendance à associer la même chemise.

Du coup, j’ai changé. Je prends une chemise que j’ai envie de porter et je la repasse. Ensuite je sélectionne le costume en rapport. Il me semble que je fais ainsi plus de recherche, plus de nouveaux assemblages.

Cela change-t-il beaucoup de choses? Peut-être que d’autres pensent aux souliers? Les chaussures marron orientent plus la tenue, c’est certain. D’autres également pensent-ils à la cravate en premier? C’est aussi possible à mon avis. Bref, et vous?

Belle semaine, Julien Scavini