Suite de l’article précédent sur l’importance du poids des tissus à manteaux, la longueur, autre point essentiel, à la fois d’allure mais aussi de confort.
Depuis quelques années, les manteaux ne cessent de raccourcir, après des années 90 marquées par l’extrême longueur des pardessus. Combien de films avec Michael Douglas et d’autres arborant de grands modèles, souvent camel, dans un goût très Cerruti ou Dior grande époque. Des coupes amples, qui drapaient et des pans très longs donnant presque l’impression de capes. Quel style.
Pourquoi les manteaux se sont-ils raccourcis? La première réponse pourrait être le goût, tout simplement. La modernité, c’est un peu le chiche en ce moment. Petit revers, petites poches, petits manteaux. L’allure est dit-on plus dynamique. On le disait aussi dans les années 90…
Mais au delà du goût, injustifiable comme les couleurs, comment quantifier la part du choix économique dans cette tendance au toujours plus court? Un manteau long, c’est un métrage important de tissu, donc un coût. Un peu comme un tissu lourd, qui représente un coût en transport et en matière. En l’espace de trente ans, les manteaux ont raccourci et se sont allégés. Moins de longueur, moins de matière, moins de poids. Gains à tous les niveaux pour les vendeurs!
Toutefois, en mesure ce problème n’existe pas, on fait ce que l’on veut. Et force est de constater que le très long est dans l’air du temps. Certes, les volumes de manteaux sont faibles en mesure. Alors peut-être que mon échantillon n’est représentatif que d’une niche d’amateurs.
Quoiqu’il en soit, une légère majorité des manteaux que je fabrique en ce moment arrivent à mi-mollet, et uniquement à la demande de jeunes. L’idée est de retrouver un esprit drapant, une masse de tissu riche et généreuse. Alors certains diront que ce n’est pas très pratique lorsque l’on s’assoit, ou qu’ils trainent toujours par terre au vestiaire. C’est vrai. En contrepartie, c’est bien plus agréable pour lutter contre le froid au niveau des jambes. Et puis le tailleur ne prend pas plus cher, alors pourquoi se priver? Si jamais le goût évolue, il est toujours possible de couper le bas, c’est très simple et peu onéreux.
A l’inverse, quelques uns veulent un manteau court, moderne, qui ‘m’élance’ me disent-ils. Pourquoi pas. J’ai arrêté la règle suivante qui donne de bons résultats : bras le long du corps, main tendu, soit aux trois-quarts de la cuisse, le manteau s’arrête au bout du majeur. Le trois-quarts idéal en somme. C’est une longueur efficace lorsque l’on fait de la voiture et que l’on veut du dynamisme.
Au milieu de ces deux longueurs butées, il reste bien entendu la longueur classique, au milieu du genoux disons. Au dessus du genoux pour une touche plus moderne, en dessous du genoux pour une touche plus old-school. Bref, tous les choix sont ouverts. C’est le plaisir de la mesure ! Les militaires ont une règle sûre et universelle : ils ne se fixent pas sur le corps, mais sur une valeur absolue depuis le sol pour que tout le monde ait l’air identique. Capotes, manteaux d’officiers et de gendarmes se coupent à 33 cm du sol.
Belle semaine, Julien Scavini