L’une des plus grandes figures françaises de l’élégance masculine est quelqu’un de tout à fait discret vivant aux abords de la cité des Anglais et prénommé Albert (illustration).
Fils de Jean Goldberg qui fonda la maison Façonnable rue de Paradis à Nice en 1950, il sut la développer avec un brio non discutable, la positionnant par alliance avec le distributeur américain Nordström à une échelle internationale. Très réputé dans les années 80 pour ses looks très colorés, il sut ravir les goldenboy new yorkais et ceux d’ailleurs, faisant de Façonnable l’une des marques françaises pour homme les plus connues à travers le monde, rivalisant bien souvent avec Ralph Lauren. Depuis Façonnable fut rachetée par son distributeur, qui fit faillite, et récemment par les libanais du groupe M1 Fashion. Alberto Lavia, ancien pdg de Kenzo a pris la direction et Eric Wright la direction artistique, pour re-conduire Façonnable sur le bon chemin.
Entre temps, Albert Goldberg qui s’était retiré des affaires par contrat revint avec une nouvelle enseigne à Nice: Albert Arts. Cette nouvelle ligne présentée comme dans une galerie d’art, est très inspirée de sports mécanique et maritime. Les collections sont intitulés ‘le Fils du Tailleur’, référence au père d’Albert, juif-polonais qui était tailleur artisanal. Les modèles font la part belle aux plus fines flanelles et cachemires. Les tons sont doux, plutôt dans les bleus, et les finitions exceptionnelles. Une chemise Albert Art est inénarrable. Hélas, le prix aussi… Les petits blazers sports sont par ailleurs si fins que vous n’avez par l’impression de les toucher.
Sur cette lancée couronnée de succès (encore une fois), Albert Goldberg et son fils (le petit fils du tailleur donc) s’associent au sein de la holding Tercade pour racheter au groupe Richemond le grand magasin Old England du boulevard des Capucines à Paris. Cette adresse prestigieuse dont les façades en bois de palmier sont classées monument historique, vivotait depuis quelques années déjà, tout en proposant d’extraordinaires produits importés. Si le déménagement du groupe Hackett pour un autre site du boulevard laissera de la place libre au rez-de-chaussée du magasin, le premier étage consacré aà la femme vient quant à lui de subir un important lifting. Fini les gros Chesterfield, bienvenu au design épuré, à tendance suédoise mais d’inspiration niçoise. Couleurs claires et espace ouvert permettent de redécouvrir cet important rayon. Même si l’on est jamais pour le changement à Stiff Collar, le fait est que le bouleversement fut inspiré. Il faut bien avouer que les femmes sont plus réceptives à la modernité, bien plus que nous autres. Et donc heureusement, les salons du sous-sol consacrés à la chaussure et aux costumes mesures n’ont pas bougé d’un iota. Pour autant, nous nous interrogeons sur la qualité des produits, douteuse, d’autant plus que le jeune ‘tailleur’ sort de l’école ESMOD… process industriel peut-être?
Souhaitons en tout cas bonne fortune au magasin Old England, une adresse prestigieuse!, et réussite à Albert Goldberg et à son fils dans leurs nouvelles aventures. Et ps: si vous cherchez des stagiaires monsieur Goldberg… ^^
On pourrait dire deux mots des tenues d’Albert Goldberg, un peu larges à mon goût, mais incontestablement stylées.