L’hiver en laine

Avec ce temps, sec ou pluvieux, mais tellement froid, je suis gelé jusqu’aux os ! Bien emmitouflé pour tenter de traverser cette horreur hivernale, je ne peux m’empêcher d’avoir encore plus froid en regardant mes contemporains. Hier lors d’une sortie au Muséum d’Histoire Naturelle et à sa ménagerie, je me demandais comment donc les gens faisaient pour résister au froid, avec ces petits pantalons de coton et ces jeans tout fins. Mais ce n’est pas chaud pour un sous ça !

Il y a deux ans, je finis par ressentir ce froid plus qu’auparavant. J’exhumais alors un pantalon de flanelle que je mettais peu. Je le retaillais plus proche de la jambe, pour le transformer plus en chino qu’en pantalon de travail. Bref, je le rendais un peu plus « casual » comme disent les jeunes. Depuis, il ne me quitte pas l’hiver. Velours, et autres cotons ne sont pas assez chauds. Non, je veux de la laine. Avec une chaussette mi-bas évitant de ressentir au bas du mollet trop de froid, je suis ravi de ce pantalon. Que je n’associe plus non plus avec des tennis, trop froides. Mais avec des Paraboots. La semelle épaisse de gomme est ce qu’il faut pour être isolé du sol comme il faut.

J’avais cet après midi envie d’un velours bleu marine, comme commandait alors un client. Et puis non me dis-je finalement. D’abord, ce n’est pas aussi chaud que de la flanelle. Et puis au fond, le coton tombe plus mal que la laine, et avec mes mollets forts, c’est bien plus joli de porter de la laine. La laine drape mieux, tombe mieux. Elle fait moins de paquets sous les genoux. Alors certes, on ne peut nettoyer la laine directement dans sa machine à laver. Ou alors avec moult précautions. Elle est plus délicate du point de vue de l’entretien, mais quel plus joli tombé. Et puis, surtout elle est plus chaude que le coton.

Pour mon fils de cinq ans (dont la plaisante existence rend ma présence sur ce blog de plus en plus occasionnelle), je me suis trouvé tout démuni face à ce problème. Je n’envisage pas tellement de l’habiller moins que moi. Pas comme hier au zoo, ces gosses en bas âge dont les chevilles prenaient l’air… Pour lui j’ai de nombreux petits chinos et surtout joggings. Mais alors pas de laine. Ni une, ni deux. J’ai déniché un bout de flanelle et j’ai demandé à mon retoucheur de me copier un petit pantalon, élastique à la taille et point. Je ne l’ai pas encore, mais je me satisfais à l’idée qu’avec il aura chaud. Trouvera-t-il que la matière gratte ? Je croise les doigts. A cette âge, ils ne se plaignent pas trop.

Finalement, je me disais en fin de journée que la laine, c’est un peu l’alpha et l’oméga. Ce matin, un autre client regardait du lin pour cet été. Et il me prenait l’envie d’un pantalon de lin aussi pour l’été… Quel dur métier que de vouloir à chaque instant comme le client. Et puis finalement me dis-je, la laine super 150’s de Loro Piana qui pèse 220grs est un tel poème de légèreté, que c’est plutôt dedans que je me ferais un ou deux pantalons pour l’été. La légèreté d’une plume, la souplesse d’un voile. Ne rien porter ou porter un tel pantalon, c’est pareil. Ah quelle belle idée. Alors finalement je ne commanderais pas ce lin. Mais cette laine.

Oui, finalement une laine ultra fine l’été pour la souplesse, et une laine épaisse pour la chaleur l’hiver, c’est ce qu’il faut. Un plaisir. Merci le mouton pour ce don époustouflant. De quoi être toujours confortable. Et toujours élégant !

Belle semaine de réflexion. Julien Scavini

Ce soir, un peu de Fauré. Masques & bergamasques. Puis un bout du Requiem.

10 réflexions sur “L’hiver en laine

  1. Avatar de MARX Stéphane MARX Stéphane 5 décembre 2023 / 07:42

    Bonjour à vous ,
    La laine , comme vous l’écrivez , un poème , je regrette ces étoffes lourdes d hiver que l on ne trouve plus , ces costumes étaient inusables et tellement chauds , aujourd’hui tout le monde se promène en super 110’s ou super 120’s par des froids quasi polaires .
    Revenons aux vieilles habitudes , laines épaisses en hiver , laines légères en été . Tellement simple et efficace avec cette élégance qui nous caractérise .
    Bonne semaine à tous .

  2. Avatar de VincentL. VincentL. 21 décembre 2023 / 14:51

    Bonjour Julien

    Qu’est-ce que vous pensez de l’Escorial pour une veste ?
    Je viens d’acheter une écharpe en Escorial et je trouve ça bien meilleur que le cachemire pour l’hiver mais pour une veste ou un pantalon je me demande si c’est adapté.

    Pour l’été, il me semble qu’il est difficile de trouver son bonheur; le 4-ply de Drapers tient trop chaud. Le Fresco est un bon compromis mais face aux grandes chaleurs, on sort sans la veste.

    • Avatar de Julien Scavini Julien Scavini 9 janvier 2024 / 09:21

      J’ai adopté le 220grs de Loro Piana « Australis Natural Stretch ». Un vrai chiffon, mais un chiffon chic et d’une légèreté que l’on ne sent pas 🙂

  3. Avatar de DdeR DdeR 24 décembre 2023 / 11:35

    Matière si supérieure !
    Avec seulement une honnie faiblesse : la mite infernale…

    • Avatar de Julien Scavini Julien Scavini 9 janvier 2024 / 09:20

      Infernale… ! OUI

  4. Avatar de COLANT Julien COLANT Julien 27 décembre 2023 / 18:08

    Bonjour M. Scavini,



    Je m’autorise une intervention sur votre blog pour vous adresser quelques remerciements.



    Voila environ 2 années que j’ai entrepris de m’auto-former à cet art exigeant qu’est l’art tailleur, en y consacrant 3 jours complets par semaine.

    Tracé de patrons à partir de patron de base et assemblage.

    

Avec l’assistances de quelques ouvrages tantôt dans la langue de Molière, tantôt, celle de shakespeare.



    J’ai également vu et re-vu vos cours pantalon, gilets et veste sur Artesane. Elles ont été , et sont encore ponctuellement ce qui accompagne mes longues séances d’assemblage.

    

J’apprécie particulièrement votre pédagogie et votre approche pragmatique. Respectueuse d’une tradition, mais ne s’interdisant pas certaines facilités modernes lorsqu’elle ne nuisent pas au résultat final (thermocollant a quelques endroits choisis en lieu et place du bougran par exemple).



    Vos partages via ce blog, vos cours, vos billets dans le Figaro ou vos échanges avec Hugo Jacomet sont une mine d’or. 



    Après avoir rempli quelques poubelles, j’arrive aujourd’hui à produire des pieces que je considère, portables (et je les porte). Jamais rien de 100% satisfaisant, la courbe d’apprentissage est encore raide. Le niveau d’exigence augmentant en même temps que ma technique.

    

Je garde volontairement de la distances vis-à-vis des forums consacrés à l’art sartorial. Et n’y participe plus. Ne les consulte même plus. Entre autre pour me protéger de leurs lubies obsessionnelles du détail.



    Je préfère quelques sources, peu nombreuses mais bien choisies. Vous même, Hugo Jacomet et quelques partages Youtube de tailleurs anglophones.



    Je me contente pour le moment de créer des pièces classiques, souvent par le jeu de la reproduction de pièces inspirantes. Plus simple à auto-critiquer.



    Mais à mesure que je suis de plus en plus à l’aise, l’envie de faire des choses plus audacieuse se fait sentir 😀 C’est un formidable espace d’expression et de liberté qui s’ouvre.



    Je m’arrête ici, en vous renouvelant mes remerciements.


    Julien (encore un :p)

    • Avatar de Julien Scavini Julien Scavini 9 janvier 2024 / 09:20

      Bonjour et merci cher Julien. Vos grands et longs remerciements me vont droit au cœur. C’est très agréable à lire et je vous en remercie. Les temps ne sont pas faciles, et les éloges sont d’autant plus agréables à recevoir. Quel courage vous avez d’apprendre seul ce métier, si dur, si exigeant. Surtout que lorsque l’on fait pour soit, on est jamais vraiment satisfait je crois. Il est d’autant plus dur de porter sereinement sans penser à toutes les imperfections. Merci d’être fidèle à mon humble travail. Merci pour vos encouragements.

      • Avatar de Jlien Colant Jlien Colant 9 janvier 2024 / 13:53

        « Surtout que lorsque l’on fait pour soit, on est jamais vraiment satisfait je crois. Il est d’autant plus dur de porter sereinement sans penser à toutes les imperfections. »



        Rohh, oui, ça c’est vraiment un problème infernal ^^

        Il y a quelques pièces que j’étais assez fier de porter jute après les avoir terminées, mais avec quelques mois de recul supplémentaires, j’hésite à les porter. J’en ai même recommencer certaines.

        A mesure que je progresse je mesure l’étendue de l’exigence que requiert ce travail. La difficulté ne me fait pas peur. Je trouve du plaisir à être en situation permanente d’apprentissage et de progression. Il y a un subtil équilibre a trouver pour ne pas que cette difficulté alimente du découragement.



        J’habite en région parisienne, j’ai plusieurs fois songer a venir pousser la porte de votre boutique pour vous remercier de vive voix. Si le coeur vous en dit, je serai très honoré de pouvoir échanger quelques mots avec vous, autrement que par écran et clavier interposé 😉

  5. Avatar de Nicolas Ponroy Nicolas Ponroy 16 janvier 2024 / 15:00

    Bonjour Julien,
    J’ai eu la bonne surprise de trouver un pantalon droit en laine épaisse en prêt-à-porter, un peu par hasard, lors d’un court passage par Paris en octobre dernier (je n’ai malheureusement toujours pas réussit à venir voir votre magasin et vos pantalons, n’étant jamais du bon coté de Paris…).
    Je suis frileux et par ces températures négatives c’est un vrai plaisir! C’est à la fois comfortable et ça tombe bien.
    Par contre, je ne sais trop comment l’entretenir. Il retourne sur son cintre tous les soirs et j’alterne son utilisation avec un second pantalon en laine (malheureusement pas aussi chaud).
    L’étiquette recommande le nettoyage à sec. Est-ce la seule solution, sinon la bonne?

    Merci beaucoup,
    (ps: votre dernier article m’a fait réaliser que j’ai oublié le concert du Nouvel An, aussi un souvenir d’enfance)

  6. Avatar de Nicolas Ponroy Nicolas Ponroy 17 janvier 2024 / 15:43

    Bonjour Julien,
    J’ai eu la bonne surprise de trouver un joli droit pantalon en laine épaisse, avec beaucoup d’aissance dans la coupe, lors d’un passage rapide par Paris.
    Par les températures négatives actuelles, c’est un vrai bonheur avec une paire de bottines à semelle commando et un beau pull écossais en laine d’agneau.

    Par contre je ne suis pas sur de connaitre les bon réflex pour l’entretien?
    Il repose sur un cintre tout les soirs, afin de laisser s’aérer et de bien garder les plits.

    Auriez-vous d’autre conseils? concernant le lavage par exemple, y-a t’il une alternative au lavage à sec tel que noté sur l’étiquette?

    Merci,
    PS: votre dernier billet m’a rappelé le concert du Nouvel an que j’ai raté cette année. Egelemt un souvenir de chez mes grand parents!

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