Les parties de chasse étaient jusque dans les années 60 des rendez-vous privilégiés pour le monde, permettant de s’évader pour un court instant de la ville. Les chasses du président Coty à Fontainebleau ou Rambouillet étaient célèbres pour rassembler les ambassadeurs, épaulés de gens d’armes, les bien nommés.
Durant rarement plus qu’un week end, ces rencontres plutôt aristocratiques étaient l’occasion d’un déménagement important de personnel et de matériel, créant un lien entre économie de la ville et économie de la campagne. Le très intéressant livre de Mark Girouar intitulé La vie dans les châteaux français, du Moyen Age à nos jours relate avec force détails ces allées et venues.
De même, l’une des grandes figures cinématographiques qu’est Robert Altman signa à ce sujet l’excellent film Gosford Park, (2002) qui relate avec brio les mécanismes à l’œuvre pour aller tirer le pigeon (ou le tetra).
Ainsi, les grandes résidences de campagnes possédaient un personnel nombreux et hiérarchisé. Étudions la sociologie d’une maison habitée par un couple et leur fille, et conviant trois autres couples, soit neuf convives. Il fallait:
- Un majordome (qui est attaché à la gestion du personnel, butler en anglais)
- Une femme de charge appelée parfois gouvernante (qui est attachée à la gestion de la maison)
- Le valet de Monsieur
- La femme de chambre de Madame
- La première femme de chambre (attachée aux autres chambres), attachée à la fille
- Une femme de chambre, faisant le ménage, les chambres etc…
- Deux valets de pied (footmen en anglais), pour le service et l’assistance au majordome
- Une blanchisseuse
- Une cuisinière
- Quatre filles de cuisine
- Un armurier pour la gestion du râtelier
- Un garde chasse pour gérer le domaine
- Huit rabatteurs, embauchés parmi les habitants du village pour servir de gens d’armes
- Deux chauffeurs
- Cinq garçons de maison, aidant aux tâches lourdes (transport du charbon, ménage etc…) sous les ordres du majordome
- Cinq filles de maison pour aider dans toutes les tâches ménagères, sous les ordres de la femme de charge
A ce personnel de la maison s’ajoute le personnel des trois couples conviés:
- Trois chauffeurs
- Trois valet de Monsieur
- Trois femmes de chambre de Madame
Nous arrivons ainsi au chiffre vertigineux d’une cinquantaine de personnes servant neufs convives invités à chasser, ce qui faisait de ces maisons de véritables hôtelleries de campagne. Le film de La Règle du Jeu de Jean Renoir permet de comprendre les systèmes sociaux à l’œuvre. Le soir dans tous les cas, et même si le tweed est de rigueur dans l’après midi, c’est white tie!
La Règle du jeu : un chef-d’oeuvre ! Arnys y a puisé son inspiration pour créer sa Forestière.
Le queue de pie vous paraît-il adapté comme tenue de concert pour un artiste soliste, pianiste ou chanteur ?
Si non, que suggérez-vous ?
Merci.
Quoi de plus adapté? C’est tout bonnement l’idéal! Mais bien fait, avec gilet et noeud en marcella, pantalon à double galon etc… Cf article sur blog sur le sujet.
Merci !
On peut même rajouter un maître d’hôtel, non ? Pour tout le cérémonial du dîner… Histoire d’être au grand complet ^^
Par contre, dans La Règle du Jeu justement, tout le monde est en smoking le soir. Sûrement parce que c’est une réunion informelle, entre amis, sur un ton décontracté (pour l’époque :))… à opposer aux scènes du début se passant à la ville le soir (le marquis sortant avec sa femme, les trois mondains et la maîtresse du marquis jouant aux cartes) : tous les hommes sont en habit.