Une (grosse) production d’une année de cours à l’AFT

Ce soir, nous allons faire un petit tour en photos de ma production de vestes et autres devants. Car au cours d’une année à l’Assocation de Formation Tailleurs, l’art des poches -nombreuses- nous est enseigné, mais pas seulement. Lorsque nous commençons à maitriser certains détails, la suite logique est de les assembler, sous forme de devants gauche simple (demi-veste en somme) et encore plus avant, sous forme de veste. Évidemment, la formation d’apiéceur en dix mois ne recouvre pas le montage de manches ou du col. Mais, une professeur admirable et un peu d’obstination m’ont permis d’arriver à cette fin. J’ai d’ors et déjà fini trois vestes, ce qui n’est pas si mal, sachant que je suis parti de zéro: sans savoir coudre!

Commençons par les devants, simplement:

  • le premier des meilleurs est ce devant de veste trois boutons, en lainage motif glencheck plaid. 400gr environs. Doublure bemberg rabattue à la soie. Petite erreur de positionnement de la poche intérieure haute, mais ce n’est pas bien grave. Le patron est le mien, sur une coupe à mon idée.
  • le second, ce devant de smoking croisé en lainage bleu nuit, 260gr, avec garniture de satin lourd. Bel essai, mais la garniture est piquée machine, et non rabattue à la main comme c’est l’usage en grande mesure:
  • le troisième enfin, non doublé, sur un lainage fin à rayures 220gr. Revers en pointe très marqué et très haut. Vous découvrez donc l’intérieur de la veste, comme illustré sur les croquis de toiles tailleurs.
  • les vestes maintenant, avec cette première ébauche, dans un joli pied de poule multicolore, en fini cachemire, 320gr. Toujours sur une coupe personnelle, à ma taille. Poches en biais, poche à ticket, revers à cran aigu haut, veste trois boutons et une fente milieu dos très profonde (j’avais l’idée de pouvoir l’utiliser au cheval). Le couvre-col n’est pas posé et les manches non finies, mais je reste content du raccord de la poche poitrine:
  • je me suis ensuite attaqué à une veste qui me tenait à cœur, pour la chasse. Dans un drap moyen (350gr) à chevrons fenêtrés, peut-être Harrisons, elle arbore deux grandes poches à soufflets à rabats et deux poches ventrales passepoilées. Je dispose toujours le cran de col assez haut, peut-être trop? Le dos possède une martingale (le plus sympathique détail pour une veste) et une fente milieu. Les bas de manches sont à quatre boutons, dont un dissimulé (à la Saint Laurent). La doublure intérieure est une moire d’acétate, très résistante et imperméable:
  • ensuite, petit travail pour ma sœur qui devenait jalouse 🙂 Une petite veste en serge de laine (qui ressemble à du jean), dans une coupe près du corps avec un revers rond années 30. Surpiqure évidemment main en blanc pour rehausser et doublure demi-dos:
  • j’ai ensuite essayé un petit gilet dans un tartan de chez Harrisons. Je devais avoir le pantalon, mais le culottier l’a raté, ce qui arrive, dans une école:
  • d’ailleurs en parlant de ratage, voyons cette veste en prince de galles en lin/laine, que je n’arrive pas à finir, à cause des manches, de leur raccord et de leur embu principalement! J’avais essayé un revers extra-large, pour tester, et imiter les dernières collections polo RL:
  • puis, j’ai enchainé sur mon stroller, vous savez, je vous en ai déjà parlé ici. J’ai réalisé la veste deux boutons à cran aigu et le gilet croisé à cran aigu dans une toile anthracite (350gr). Le résultat porté n’est pas si mal, même si les manches grignent un peu par endroit. Quant au pantalon à deux plis, il m’a couté 105€ en mesure chez Gambler, ce qui reste le meilleur rapport qualité/prix de Paris! Et fabriqué en France qui plus est. La boutonnière de revers à la milanaise est toujours faite maison:
  • enfin, la dernière veste en date, ma préférée et ma plus réussie (même si le col une fois porté tombe un peu bas). Dans un beau tissu Wain Shield en 300gr, j’ai réalisé ce petit blazer à poches plaquées (bordées en haut), semi-doublé. Le bords sont entourés d’un biais de coton bleu et les fonds de poches réalisés en coton de chemise blanc rayé bleu.  Les boutons sont recouverts et mes initiales en feutre cousues sous le col. Toutes les coutures y sont couchées ( et non ouvertes) y compris pinces et épaules:

Voilà pour ce long tour à travers une année de création, quasiment une année pour ce blog aussi. Il n’est évidemment pas conseillé de réaliser autant de travaux en si peu de temps. Je n’ai en tout cas jamais vécu d’année si brève et n’ai pas arreté une seconde de travailler, pour produire toujours et encore. Que voulez-vous, quand on aime, on ne compte vraiment pas. Mais je suis assez heureux du résultat et de l’expérience accumulée, ce qui sera fort utile pour la suite! Julien Scavini

15 réflexions sur “Une (grosse) production d’une année de cours à l’AFT

  1. Traztaroot 16 juin 2010 / 13:04

    Félicitations!

  2. sifran 16 juin 2010 / 16:53

    En effet, trois vestes ce n’est pas si mal.
    Comme je vous imagine plutôt diplomate, j’ai apprécié le : « Évidemment, la formation d’apiéceur en dix mois ne recouvre pas le montage de manches ou du col. Mais, une professeur admirable et un peu d’obstination m’ont permis d’arriver à cette fin ». Bravo pour votre « obstination » il en faut dans ce métier…
    s.

  3. Le Chouan 16 juin 2010 / 18:20

    Une ligne se dessine : revers très, très hauts; boutonnage de veste idem.
    Pouvez-vous parler de la difficulté de raccorder les carreaux et les rayures ?
    A ce propos, j’ai qqs vestes dont les rayures du col ne se raccordent pas avec celles du dos. Mon tailleur m’a expliqué que ce n’était pas un défaut, le col étant une pièce rapportée. Qu’en dites-vous ? Merci.

    • Julien Scavini 16 juin 2010 / 19:54

      Ah oui, revers très haut, trop du goût de M. Guilson, maitre tailleur 🙂

      Alors, il existe plusieurs difficultés à raccorder les motifs: d’abord la coupe, la futur pièce doit être coupée avec ses relarges/coutures etc dans sa position finale, ce qui oblige un bon placement des éléments lors de la coupe générale de la veste. Et plus le motif est grand, plus il faut de tissu pour raccorder.

      Ensuite, il faut coudre la pièce au bon endroit, ce qui à un demi milimètre près, et à la main, n’est pas évident. Quelques fois même, le tissu se détend/bouge sous la machine et décale les motifs.

      Les rayures sont un premier stade de difficulté, les carreaux encore plus, évidemment, car dans deux dimensions. Les princes de galles représentent l’absolue complication, étant à carreaux, et avec des motifs très petits, donc très difficiles à raccorder, surtout dans une poche poitrine, qui elle, est penchée!

      Pour le col, effectivement, il ne faut pas chercher le raccord. Le seul objectif est la symétrie, sauf dans le cas d’une dissymétrie de la personne (épaule plus basse etc). Les rayures (ou carreaux) doivent donc se ‘regarder’ au raccord avec le revers. Mais point de raccord de motif à l’endroit des anglaises non plus.

      Le col est une pièce particulière dans la pratique tailleur. Elle n’est absolument pas produite par la coupe à plat, mais par le moulage, ce qui en fait une étape particulière, empruntée aux couturières. Et le couvre-col (posé sur la toile de lin solidaire du feutre) est obtenu par une approche presque empirique, avec une bonne part de triche et de bidouille.

      Je finirai en rajoutant une difficulté supplémentaire: le tissu du couvre col doit être déformé sous le fer chaud, pour lui faire épouser la courbure et surtout la contre courbure (retombée intérieure de la veste, quelques fois réalisée avec une couture, dite ‘banane’).

  4. Nishijin 19 juin 2010 / 12:21

    Que de vestes et demi-vestes en si peu de temps, que d’ambition et de courage. Beaucoup de ces projets étaient très ambitieux pour quelqu’un qui ne savait pas coudre il y a un an.
    Bonne chance pour la suite, maintenant que cette formation est finie.

  5. amator 20 juin 2010 / 19:34

    Quel travail Julien en quelques mois seulement.
    Une production importante avec de très belles pièces dignes de ce stakhanovisme de l’aiguille …tard le soir sans doute qui témoigne de vote passion

    Bravo

  6. Le Chouan 24 juin 2010 / 11:51

    Merci de votre réponse, claire et précise.
    Je m’en permets une autre : combien de mètres supplémentaires pour un costume à carreaux ?

    • Julien Scavini 24 juin 2010 / 16:41

      Peut-être 50cm de plus? c’est juste pour placer avec efficience les gabarits. Un peu en dessous de 2m pour une veste, un tout petit peu au dessus avec des carreaux…

  7. Le Chouan 26 juin 2010 / 18:29

    Voici ce que dit Chenoune dans « Des modes et des hommes » : « Afin de parer à tout défaut de tissage ou faute de coupe, on prévoit jusqu’à trois mètres cinquante de drap là où trois suffisent pour faire un complet uni. »

    • Julien Scavini 26 juin 2010 / 20:48

      Chenoune a bien raison. Disons que si votre veste (unie) fait 75cm de long, comptez 85 et doublez, ce qui fait 170cm pour une veste. Le pantalon, avec 130cm, c’est bon. Un peu plus donc pour le carreau.
      En revanche, un industriel ‘à la mesure’ a besoin de plus de tissu.

  8. A5M 1 juillet 2010 / 20:52

    Félicitation, très beau travail!

    Quelle est la suite de l’aventure pour toi?

    A5M

    • Julien Scavini 7 juillet 2010 / 09:56

      Quelques projets, mais pas de plan sur la comète pour l’instant. Nous verrons.

  9. s3cr 12 juillet 2010 / 10:47

    Félicitations pour toutes ces réalisations et pour la rédaction de ce blog aux illustrations superbes, aux contenus toujours intéressant que je parcours inlassablement ! Très bonne continuation.

  10. calvin le mazo 4 octobre 2013 / 22:49

    cest tres cool

  11. Namar Salif B. Ustache 28 mars 2016 / 04:54

    magnifique veste !!! surtout la dernière le col est sublime ,pour moi une veste doit toujours pouvoir se refermer intégralement ( la faute a corto maltese en plus d’être quelqu’un de frileux ) d’où ma préférence pour les trois voir quatre bouton . pourquoi l’appellation de blazer et non veste sport ? et pour le cran de col placer haut , cela convient mieux au de petite taille ?
    une dernière question risquant de faire frôler la crise cardiaque … un gilet peut il se porter avec un cardigan( style pull) voir un beau t-shirt manche long ?

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