Si les poches en biais sont à la mode, elles ne sont pas pour autant un classique du répertoire, leur rôle étant restreint. Il est en effet assez courant de trouver de nos jours des costumes dont les deux poches côtés à rabat sont placées en biais. L’effet stylistique est plutôt intéressant, en particulier sur les personnes sveltes, la pente accentuant le cintrage du veston. Ceci dit, il y a pente et pente. Si dans la majorité des cas le résultat est heureux comme chez Hackett, l’effet est du dernier ridicule chez Samson. Passons.
Il est donc possible d’arborer des poches en biais sur ses costumes de ville. On peut même en apprécier le style. Pour autant, ce n’est pas une manière classique de disposer les passepoils (le deux bouts de tissus entourant le rabat). Celle-ci était réservée à un usage bien spécifique, l’équitation. Et donc par extension, les vestes plutôt campagnardes. A la ville, en particulier sur un croisé, les poches sont horizontales.
A cheval donc, où il est nécessaire, pour garder un bel équilibre dans la coupe, de rehausser la taille du veston – celui-ci est alors coupé à ‘taille haute’ – et de modifier l’implantation des boutons. C’est tout un art. C’est pour cela que l’on disposait dans les ateliers de tailleur des chevaux d’arçons en bois, permettant de tester le bien aller de la pièce, ainsi que du pantalon, le plus souvent, une culotte de cheval (que je n’ai pas représentée sur le dessin). Les poches en biais permettent de suivre le dessin des hanches et d’accentuer le dessin général de la silhouette. L’accès y est aussi plus aisé. Pour une même question de confort, on réalise aussi des poches dîtes ‘cavalières’ dans le pantalon, dans lesquelles on ‘entre’ par le haut et non par l’arrière.
Normalement, par rapport à une poche en biais sur un costume droit traditionnel, la position de la poche ne change pas. Elle se trouve à la même hauteur par rapport au bas du veston. C’est en revanche les boutons qui s’élèvent et se rapprochent. Cela donne une ligne caractéristique, typique des vestes d’équitation. Il convient en effet de pouvoir être assis avec le bouton toujours fermé. La basque (c-à-d le bas de la veste) est très long (en apparence seulement) et sa courbe très accentuée.
Je trouve l’effet assez élégant du reste. Les boutons sont très rapprochés. Notons également que les modèles classiques sont à trois ou quatre boutons et que la poche poitrine est assez souvent à rabat. Peut-être pour éviter de perdre des accessoires durant les galops… ?
Julien Scavini
Super article. Merci pour ce petit cours d’histoire
La veste d’équitation conviendrait donc parfaitement aux cyclistes urbains !
Absolument !
étonnement, j’ai croisé une personne vêtue de la même manière (que le mannequin du dessin) ce matin en me rendant au travail excepté les bottes qu’il les avait remplacées par une paire de richelieus et s’était armé d’un brigg poignée « whangee »…
l’élégance est rare mais flatte l’œil.
Trés bon article, j’adore l’idée d’adapter les vêtements d’équitation au vélo, ca part directement sur ma liste de shopping. Une question hors sujet (désolé Mr Webmaster & Tailormaster): Je m’en viens à la capitale pour un entretien d’embauche important. Je me dois bien sûr de soigner mon apparence. Je voudrais porter un trois piéce marine (clair) d’été dont j’avais l’idée. Malheureusement, étant en transition au niveau de ma taille (traduction, au régime) et préssé par le temps je n’ai pas vraiment le choix de faire faire.
Donc, l’un des lecteurs connait-il un services de location de costumes de ville sur Paris? Les seuls services que j’ai trouvé sont pour des smokings, costumes de mariage etc… mais pas de vêtements « normaux ».
Merçi, désolé pour le détournement,
Wo.
Les vêtements d’équitation continuent encore d’inspirer beaucoup de collections de ville, c’est le cas chez Hermès forcément, mais j’ai eu l’occasion de lire de nombreux articles traitant d’autres couturiers qui s’étaient inspirés de l’univers équestre pour leur collection.