Insaisissable style français, partie III

Difficile question que de mettre au jour une élégance française ou un style national. Nous l’avons vu au cours des deux dernières semaines. En France, l’une des rares pièces très répandue sur le territoire est la veste à collet montant, ou veste à col de chemise. Mais c’est un vêtement de labeur, car comme évoqué la semaine dernière, la mode de la haute société a beaucoup évolué et ne propose pas d’archétype.

Cette petite veste des campagnes semble en revanche être un classique, au moins depuis les année 1880 jusqu’aux années 60. Boutonnée jusqu’au cou pour une question de chaleur, mais ample et peu ajustée pour l’aisance au travail, elle arbore la plupart du temps un col retombant. Voyez sur cette photographie le nombre de vestes de ce genre. Croisée ou droite du reste. Vêtement du mécanicien, de l’ouvrier agricole, du gendarme même (dans une version plus stricte), du postier et d’autres agents publics, elle pourrait constituer une sorte de vêtement français. Mais un vêtement populaire, presque un signe de classe, au moins un signe d’appartenance sociale.

A l’inverse, comme évoqué au travers de l’article sur Old England, l’élite trouva sous le Second Empire une nouvelle élégance importée d’outre-manche, que l’on appela bientôt l’Anglomanie. Le frac de drap noir envahit bientôt les rues de Paris, comme celles d’autres villes européennes. Et dès lors, le style ‘à l’anglaise’ donna le ‘la’ des modes continentales.

Ce style se répandit comme une trainée de poudre. Il était pratique (une allure près du corps mais pas étriquée), rapide à confectionner (les manuels de coupe se répandait rapidement) et les étoffes faciles à dénicher (d’autant que la révolution industrielle anglaise abreuvait les comptoirs du monde en draps peu onéreux). On pourrait dire que jusqu’aux années 50, il est difficile de découvrir des lectures particulièrement nationales. Et même un peu après.

Pourrait-on par exemple dire que les croisés de Jean Gabin sont très français ?  Ou que M. de la Cheyniest interprété par Dalio dans La Règle Du Jeu n’est pas ‘à l’anglaise’ jusqu’au bout des ongles ? Il y a bien eu des tentatives de divers tailleurs pour créer des allures, mais cela tient plus des tics de langage que d’expériences sérieuses. Bien sûr de nos jours, il existe le cran parisien, que certains italiens appellent même comme cela.

En revanche, il perdure dans certaines couches de la société française des rites très à l’anglaise, d’un style si clair qu’il en devient presque plus anglais que l’original. C’est ce que j’appellerai le style Vieille France. Péjoratif pour beaucoup, il possède un vif intérêt à mes yeux. Très conservateurs, les tenanciers de ce goût poussent les codes du chic anglais dans ses derniers retranchements, avec un naturel qui fait envie. Cette notion de naturel est très important.

Évidemment, il y a quelques moyens derrière. Des moyens souvent transmis de père en fils comme le goût : souliers Crockett et Jones ou Bowen et vêtements de tailleur pour la ville (croisés sombres ou vestons droits trois boutons) et pour la campagne (pantalons de velours et vestons de tweed). Ces classiques ont même le bon goût de ne pas mélanger blazer et souliers noirs, conscients du décalage que cela produit. Car à ce moment là on est plus dans le Vieille France de mon point de vue, mais dans le petit bourgeois. On est passé d’une lecture éclairée à une lecture étriquée. Car plus qu’un style, il s’agit là d’une lecture à la française de la manière anglaise de se vêtir. Et la lecture interprète.

Y aurait-il plus avant des spécificités Vielle France ? Premièrement une attention à la coupe. Les vestons sont près du corps. Ils peuvent être défraichis ou avachis, avoir pris les galbes du corps, mais c’est une patine avant tout. Avoir une veste bien trop grande signe de toute évidence un attachement au confort petit-bourgeois (désolé de ces catégorisations à la James Darwen, mais elles clarifient les idées). Ceci n’étant pas vrai pour les grands manteaux type capotes.

Si la laine reste la matière par excellence, les coloris restent sobres. A la différence des anglais aimant taquiner le ridicule par l’usage de carreaux colorés et rayures pimpantes, l’homme Vieille France se contentera de fils à fils et autres discrets motifs, dans des bases plutôt sombres ou alors très claires pour l’été. De même pour ses tweeds, il prendra préférentiellement des unis, petits chevrons marron ou tabac, avec peu de fioritures, mais les rehaussera de velours à côtes dans des coloris réveillés !

Les chemises seront discrètes, unies ou avec de fines rayures ; des rayures ‘à la Charvet’ par exemple (assemblage d’une ou deux rayures de couleurs ou de ton différents, de largeurs et d’espacement différents, sur un fond de blanc dominant). Notons du reste dans cet article sur le style français que Charvet est le premier chemisier du monde a avoir ouvert ses portes et l’inventeur de la chemise moderne, et que les anglais chics disaient jusqu’à encore récemment non pas ‘a shirmaker’ mais ‘a chemisier’. A l’instar des américains, il me semble discerner dans les images publicitaires d’archives un intérêt français pour le col blanc, provenant d’une époque où les cols étaient durs. Et cela donne immédiatement un côté plus affecté à la mise, précisément un adjectif qui pourrait nous convenir. Nous sommes en effet à mi-chemin de l’Italie, et le côté latin transpire quelque fois sous la sobriété nordique.

Cravate enfin. L’homme Vieille France ne se passionne pas pour les modèles italiens, unis dans le bleu marine. Au contraire, il ose les rouges ternis, les oranges atténués, les verts altérés, parfois rehaussés de points et de palmettes. Il considère les imprimés comme plus raffinés que les tissés et évite les cravates clubs, sauf quand il s’y rend (Automobile Club, Traveller’s ou Jockey par exemple). La cravate Hermès avec ses myriades de petites souris ou d’éléphants constitue l’une des rares occasions d’amuser la galerie, mais uniquement à 50cm de l’objet, donc faut-il encore être du cercle rapproché pour s’en apercevoir.

Voilà pour ces quelques bribes de réponses. Il me faudra encore au moins cinquante ans de réflexion pour répondre définitivement à la question, mais alors les bouleversements auront été certainement si profonds qu’il faudra revoir l’histoire encore une fois. Que pensez-vous de cette approche finale ? J’aimerai votre avis sur cet homme ‘Vieille France’, dont le style serait savamment confis dans la marmite anglaise.

L’idée pourrait être de dessiner quelques figurines différentes des miennes, qui éclaireraient le débat. Des figurines qui ne serait ni italiennes, ni anglaises. A vous de jouer ! Faites moi passer en commentaire des liens vers des images, des matières, des tenues que je réorganiserais suivant vos directives…

Nota bene : il va s’en dire que les présentes hypothèses ne constituent que des éléments de débat. L’idée était de simplement touché du doigt l’idée d’un style vieille France revendiquée, en continuité d’un style Old England que nous admirons. Mais avec des spécificités qui seraient les nôtres…

Julien Scavini

17 réflexions sur “Insaisissable style français, partie III

  1. Ramius 22 octobre 2012 / 17:56

    Je suis pour une fois assez dubitatif vis à vis de cet article.

    Etant également un adepte du code anglais, je n’ai pas du tout la même vision du « style » vieille France. Les rares personnes que je connais qui porte ce style sont également issu de ce milieu, comme vous le dites, il s’agit ici d’un gout transmis.

    Le problème réside dans le fait qu’à partir de ce moment là, il n’y a presque plus aucune réflexion autour du gout, mais simplement l’adoption d’un code étroit et fermé. Si le code anglais est également très conservateur et austère, il se permet, comme vous le soulignez également, quelques folie dans les motifs.

    Quitte a ce que l’on aligne les clichés sur le style vieille France, n’oublions pas l’usage excessif des mocassins et des cols roulés.

    Respectueusement (même si un brin cynique sur ce commentaire),
    Alexandre Khanoyan

    • Julien Scavini 22 octobre 2012 / 18:04

      Ah j’ai du mal me faire comprendre. Je pense au contraire qu’un admirable style ‘vieille France’ lit, donc interprète le code: comme je l’écris : pour y apporter une lecture éclairée et non une lecture étriquée… Je pense que le jeux des motifs et des matières, dans un goût légèrement confis, un peu vieilli apporte beaucoup au code anglais.

  2. Vincent (@DrFolamour_VS) 22 octobre 2012 / 18:18

    Tout d’abord, merci pour cet article, que j’attendais depuis quelques semaines.

    A mon avis, ce qui pourrait caractériser les français, c’est la couleur bleu, notamment avec les chemises bleues ciel, les blazers et cabans, la marinière (cf une Une récente du Parisien)… D’ailleurs, le blazer est une pièce récurrente du vestiaire français, soit associé à un pantalon de flanelle, ou à un chino. Le chino, beige le plus souvent, mais aussi rouge, fait aussi partie de ces incontournables.
    Enfin, un dernier élément, c’est le pull col V que je vois très fréquemment.

    Finalement, j’ai l’impression que les tenues de cette vieille France, est assez proche du Ivy League, mais sans la restriction d’age. C’est à mi chemin entre la « rigueur » anglaise, et le petit brin de folie italien.

    J’essaierai de faire quelques croquis dans la semaine, et je les posterai

  3. Ramius 22 octobre 2012 / 18:37

    Oh, je vous ait bien compris, je ne suis simplement pas d’accord. Peut être est ce vrai des élégants que l’on retrouve dans ce style. Mais ces derniers sont plus que rare.

    Mon propos est que même dans des milieux conservateurs, on ne transmet que trop rarement la capacité de « lire » un code. Au contraire, la plupart du temps, les gens appliquent bêtement une règle que l’on leur a énoncé comme vérité suprême. Et Dieu sait que d’une source a l’autre, on découvre des règles différentes.

    L’élégance n’est pas un patrimoine à léguer, c’est avant tout une histoire d’éducation ou de volonté personnelle.

    Je n’ai encore jamais à ce jour rencontré quelqu’un de style vieille France dont l’élégance m’ait frappé. Au contraire, j’y ai vu une conformité ennuyante.

    Mais évidemment, c’est surement un histoire de point de vue. Il ne me viendrai jamais a l’idée d’attacher mes stiff collars sur une chemise a rayure verticale et je n’abandonnerai pas mes sport coats à carreaux, pourtant certains élégants pourraient surement considérer ces pratiques comme des hérésies.

  4. Le Chiffre 22 octobre 2012 / 22:18

    Cher M. Scavini,

    Je suis moi aussi assez étonné. Je partage en effet l’opinion inverse : pour moi, il y a eu un certain style français, des années 30 jusqu’à 60. Caractérisé par différentes tailleurs de l’époque qui avaient une coupe bien à eux : Opelka, Cristiani, Rousseau, le groupe des 5… Le style vieille France actuel que vous décrivez me paraît plutôt être la description de la caricature du style anglais adoptée par des messieurs âgés ou non, mais certainement conservateurs et BCBG.
    Entièrement d’accord, par contre, au sujet des vêtements paysans, de travail (ah les films de Pagnol…) qui eux font partie constituante du style français. Une contribution bien plus positive que quoi que ce soit d’autre ; si j’étais étranger, je dirais que le style français aujourd’hui, est le mieux représenté par Arnys, ce que je trouve très peu flatteur d’ailleurs, considèrant cette marque comme un endroit pour vieux beaux (car tout est hors de prix, il faut déjà avoir un certain âge…) maniérés. Aussi maniérés que les costumes d’Arnys d’ailleurs… De plus, si avoir des vêtements bien amples, c’est être petit-bourgeois, alors le duc de Windsor en est un de caché, non (cf. une photo de lui dans un manteau très long et très ample dans un article du Chouan) ? 🙂

    Pour ce qui est des croisés de Gabin (encore faut-il savoir de quelle période parle-t-on en particulier, je pars du principe que vous parlez des années 50 et après), il est vraie que leur coupe n’est qu’une relecture française de la drape cut, si je ne m’abuse. Avec, pour changer un peu, des épaules très larges ET TOMBANTES ! Je me suis toujours demandé l’intérêt de ces épaules, qui pour moi ne font que tasser et donc grossir Gabin un peu plus, ce dont il n’avait pas vraiment besoin.
    Enfin, pour finir sur une note positive, il faut tout de même avouer que les tenues de La Chesnaye, tout anglaises qu’elles soient, sont toutes superbes dans ce film. Un smoking croisé 4×1 -j’adore quand Carette refait son noeud pap à « M’sieur le marquis, ça va pas fort vous non plus ? » 🙂 -, un croisé marine rayé avec cravate club, une tenue de chasse avec chapeau de style tyrolien (en hommage à sa femme sûrement) ,guêtres et une sorte de polo coat plutôt court, un ensemble dépareillé avec un gilet, un habit bien sûr, une robe de chambre à larges rayures club… Il y en a pour tous les goûts et pour tous les registres !

    Bien cordialement.

    NB : je proposerai sûrement des figurines, mais mon commentaire me paraît déjà assez long pour l’instant 😉

    • Julien Scavini 23 octobre 2012 / 10:36

      Bonjour,

      j’ai lu avec intérêt votre message. Donner une réponse à la question initiale est comme je l’ai dit assez difficile. Et je n’ai pas voulu encore une fois parler d’Arnys, cela ferait un peu bis.

      En effet, j’ai peut-être une vision trop teinté anglo-saxonne. Je me suis simplement questionné sur la possibilité d’avoir un style vieille france comme il existe un style ‘vieille angleterre’ ou ‘old england’ qui nous est cher. Tentative compliquée, on le voit aux réactions.

      Pour ce qui est du groupe des cinq et d’autres tailleurs années 50-60-70, peut-être avaient ils une marque française. Toujours est-il qu’elle a disparue. Difficile alors de l’ériger en style national. Smalto a depuis longtemps abandonné toute velléité de qualité et de style dans son prêt à porter. Quant à Cardin…

      Ceci dit, je note que certains essais de Cardin (cf. les vestes tubes, l’usage des velours côtelés) dans ces années la transpirent énormément dans certaines tenues Arnys, comme si… Il y aurait un petit article de fond à faire sur le sujet… en aurais-je le temps et le courage. ..?

      • Le Chiffre 23 octobre 2012 / 12:57

        … Comme si Arnys avait repris le flambeau d’un certain style français, voulez-vous dire ?… L’idée ne m’enchante guère… Il est vrai qu’ils ont repris à leur compte le cran parisien, et que leur forestière est vraiment très belle. Mais quand on pense que son style est d’inspiration toute campagnarde et populaire, et qu’ils la vendent à quoi, 800 €, là ça me choque. A moins qu’elle soit entoilée, intéressant en ce cas, mais j’en doute… Je préfère encore rechercher aux puces une vieille veste de garde-forestier, comme celle de Modot dans La Règle du jeu justement 😀
        Sinon, pouvez-vous, si ce n’est pas trop « hors-sujet », m’expliquer l’intérêt des épaules des croisés de Gabin, si l’on parle de la même époque ? Merci !

  5. Bigstop 23 octobre 2012 / 12:58

    Je pense voir de quel style Vieille-France vous parlez (peut-être suis-je dans l’erreur, cependant?).

    Je n’ai pas eu l’impression que vous ayez évoqué le style bourgeois XVI° arrondissement, très conformiste, BCBG. Loin de moi l’idée de le moquer, même s’il manque cruellement d’inspiration et est rarement flatteur, car on trouve tellement pire tous les jours dans la rue et dans les médias !

    Je pense que vous pensez à ces rares, très rares gentlemen farmers à la française, que l’on ne croise que fort peu souvent à Paris. Ils vivent retirés en Province, dans leur propriété de famille. Ils réinterprètent effectivement le vestiaire typiquement britannique, mais en y ajoutant une touche de raffinement qui me fait penser au côté précieux des tenues d’Ancien Régime, en totale opposition à l’esprit souvent rugueux et rustique du style britannique.

    Ils affichent ainsi un parfum hors du temps, intemporel.

    A quoi cela tient-il ? Des mises moins strictes, mois rigides, que les très austères et spartiates coupes britanniques qui vous tiennent droit malgré vous, des tons et des mariages de couleurs surtout au niveau des chemises (ivoires, roses, certains bleus), des couleurs rarement vues ailleurs (le camel?) et des cravates (des mariages de tons passés entre cravates et chemises qu’on ne trouve suggérés dans aucune boutique, aucun catalogue, aucune devanture), des souliers plus fins, plus sophistiqués que les solides et larges chaussures de la campagne britannique.

    Trouver des exemples est extrêmement difficile, car si peu de personnes en vue appartiennent à cette catégorie. Quelques mises de M. Balladur ? Quelques personnages joués par Rochefort ? C’est un style inimitable, qui n’a pas d’équivalent ailleurs, définitivement insaisissable.

  6. Muskar 25 octobre 2012 / 09:20

    Qu’on l’aime ou pas, le style « vieille France » tel que décrit par Julien Scavini existe bel et bien, et si l’on cherche à définir les contours d’un style français, je n’en vois pas d’autre.

    Pour répondre plus précisément à la question de notre hôte, ce style « vieille France » est assurément d’inspiration anglaise (« old school »), tendance Ivy League, avec des influences italiennes, ces dernières dans les limites de la discrétion inhérente à ce style, qui avant d’être une façon de s’habiller, est une façon de se comporter.

    • Julien Scavini 26 octobre 2012 / 12:54

      Merci pour cette défense 😉

  7. Bassompierre 25 octobre 2012 / 13:15

    Cher Julien,

    Je reconnais dans cette description un certain nombre de mes voisins du 7e arrondissement. N’étant pas très doué en dessin il me faudrait dégainer, discrètement, mon appareil photo. Mais je vous invite à venir vous promener le week-end du côté du boulevard Saint-Germain et de la rue du Bac; c’est, à mon avis, le quartier de Paris où l’on trouve les tenues les plus élégantes et les plus intéressantes. Moins ennuyeuses que les tenues sans prise de risque du XVIe ou du VIIIe.

    Bien à vous

  8. Le Chiffre 27 octobre 2012 / 07:32

    Bonjour,
    Qu’attendez-vous exactement de vos lecteurs à propos des figurines ? Que l’on vous envoie telle image ou tel croquis, telle idée, mais concernant notre idée personnelle d’un style français ou au contraire coïncidant avec la vôtre -mais que vous avez justement décrite dans toutes ses particularités, sans parler de la figurine… Je remarque d’ailleurs que du style français, on est (insidieusment… :)) passé au style vieille France, ce qui est assez différent à mon avis !

    Cordialement

    • Julien Scavini 27 octobre 2012 / 11:10

      Oui, il est vrai.

      Non, ce serait un petit concours d’idée : décrivez en un petit paragraphe ce que serait un style français, photos éventuellement à l’appui. Je dessinerai des figurines ensuite dans un article dédié. Ce sera l’occasion de voir quels traits communs ressortent des diverses interprétations…

      Rassurez vous, c’est moi qui dessine les figurines 😉

  9. Maedhros 27 octobre 2012 / 11:25

    En lisant ces articles (I,II, III) et les commentaires accompagnant ceux-ci, je n’ai pu m’empêcher de penser aux fondations de ce style « vieille France » qui m’apparaissent provenir comme à peu près tout ce qui est caractéristique de notre belle France d’une tradition intellectuelle.
    L’homme « vieille France » me fait penser à un aristocrate provincial gérant son domaine et qui n’a pas peur (à la différence de la haute noblesse) de mettre la main à la pâte (d’où les habits de travail). Une sorte de noble rescapé de la révolution, un père (paternalisme chéri).

    On nous parle de cravates aux motifs « originaux » qui ne se remarquent que si l’on en s’approche et y fait attention, de couleurs peu habituelles finalement profondes (camel…), de tenues dépareillées. Tout cela me fait fortement penser à un principe souvent évoqué : la sprezzatura. Mais à la différence de nos amis transalpins dont les idoles (parce qu’ils sont bel et bien idolâtrés) font bien plus souvent figure de « m’as-tu-vu » que d’élégant, le français montre ses qualités intérieures par des touches extérieures qui ne sont pas évidentes et qui le rapproche au plus près de la définition de la sprezzatura donnée par Parisian Gentleman : « La Sprezzatura c’est être en quête de la perfection, tout en cultivant l’art de donner l’impression qu’on ne se prépare jamais. »

    On retrouve cette idée dans l’expression évoquée ci-dessus d’un style « confit », on a un noyau provenant d’une tradition, en l’occurrence plutôt « old england » (le fruit) autour duquel l’élégant vient cristalliser ce qu’il a appris au fil du temps, des motifs particuliers, des coupes particulières, et surtout des manières (le sucre).
    Mais cette cristallisation est longue et ne peut à mon avis se faire qu’à partir d’une intégration totale des règles énoncées habituellement en matière d’élégance, et aussi de principes qui ne sont jamais énoncés et qui pourtant existent. Une fois les principes assimilés on peut les oublier et les appliquer sans y penser et donc en paraissant original par rapport à la norme établie sans pour autant l’être réellement. En soit cette cristallisation est une sorte de transcendance : on apprend, on oublie, on vit.

    Pour revenir aux traditions françaises qui influe sur ce « style » je pense notamment à la tradition de la bienséance et de la conversation que nous tenons de La Bruyère et ses Caractères ou de Montaigne et ses Essais. Je pense aussi à ce noble campagnard réfléchissant longuement et paisiblement, et pour celui-ci tout les philosophes des Lumières conviennent.

    En conclusion, le style français pourrait peut-être bien se définir ainsi : il faut cultiver son jardin.

  10. Pierre 29 octobre 2012 / 09:51

    Merci beaucoup pour ces 3 articles
    À quand un Article sur le vestiaire ouvrier propre à la France.
    À noter le retour de ces sources d’inspiration avec des marques comme Misterfreedom ou Bleu de paname.
    Encore bravo pour votre blog.
    Cordialement Pierre

  11. Ramius 8 novembre 2012 / 18:07

    En faisant un tour chez un énième chemisier anglais, je me suis souvenu que les poignets mousquetaires s’appelaient outre-manche French Cuff.
    Certes, ces poignets sont la norme pour une chemise formelle, mais l’origine est elle française? Sinon pourquoi un tel non?

    Respectueusement,
    Alexandre Khanoyan

  12. Namar Salif B. Ustache 30 mars 2016 / 12:36

    j’aime bien l’aspect de la veste des campagnes , je la porterai bien ( après être passé chez un tailleur , centrer et ajuster ) . y aurait il des tailleurs ou marque ayant repris se modèle de veste ?

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