Retour aux séries de références cette semaine, avec un choix qui en surprendra plus d’un. Car il est de notoriété publique que le héros est l’homme le plus mal habillé du monde, souvent comparé du reste à un célèbre homme politique français. Mais si le dernier affectionne la bouteille, le premier lui aime le cigare. Enfin lorsque l’on dit cigare, il vaut mieux entendre morceau de tabac mouillé. Reconnaissable entre mille à son imperméable défraichi et à sa Peugeot 403, je veux bien sûr vous parler de l’inspecteur Columbo, interprété par Peter Falk.
Et oui, choix surprenant n’est-il pas ? Je me suis en effet lancé depuis quelques semaines dans une intégrale des épisodes de la série, qui je le rappelle, a débuté en 1968, c’est dire l’ancienneté ! (cela fera plaisir à mes lecteurs les moins jeunes :)) Un premier épisode pilote où Columbo était déjà mal fagoté : imperméable beige froissé, costume de type sack-suit beige/rose sans grande forme et rarement fermé, souliers marrons et ceinture noire, cravate de grenadine verte.
J’ai débuté cette intégrale avec l’idée de pouvoir comparer, non pas les tenues de l’inspecteur, mais celles des méchants et personnages secondaires. Car les derniers épisodes datent de 2003. Cela en fait donc l’une des séries avec le plus de longévité (même s’il y eut une interruption d’une décennie 1978-1989).
Et les méchants justement, dans la première partie que j’ai regardé (1968 à 1973), sont géniaux ! Le travail des costumiers(ères) est notable à plus d’un titre. D’une part, ils sont tellement typiques de l’époque que c’en est une source d’inspiration extrêmement importante : revers très généreux, grands cols de chemises que ne renierait pas Marc Guyot, nœuds de cravate généreux. Typique ! Et puis les accords sont souvent osés : princes de galles, carreaux, rayures ou laine/tweed/soie etc… Bref, les méchants ressemblent à des méchants avec beaucoup d’allure, de la même manière que chez James Bond, sauf qu’ici, le fin limier à la petite question fait effet de contraste par rapport à eux.
Qui sont les tueurs ? Des grands bourgeois : le grand psychanalyste, le général, le fils de bonne famille, l’architecte, le chef d’orchestre… Bref, pas n’importe qui. Et justement, la garde-robe souvent va avec le personnage. Ça et les automobiles.
Les décors ne sont pas en reste non plus. A la manière d’Arabesque, les meurtres ont toujours lieu dans la haute société (les assassinats chez les pauvres sont ils sans mobile dissimulable? Il faudrait demander à Julie Lescaut). Dès lors, les visites dans les grandes propriétés de Los Angeles et de ses alentours recèlent bien des surprises architecturales : maison d’architecte ici, panorama touristique là etc..
Bref, Columbo, malgré l’apparence rebutante du héros est une référence en terme d’élégance masculine, car les recherches menées par les habilleurs(euses) sont de très haut niveau et marquées par leur époque, ce qui permet, au fil des épisodes, de tracer presque une histoire du vêtement masculin contemporain. Il y aurait un thèse à faire sur le sujet… A bon entendeur.
Julien Scavini
Je me permet de vous recommandez une autre série antédiluvienne dont les costumes sont trés réussit: Arsène Lupin avec Georges Descrières (début des années 70), qui nous replonge à la Belle Epoque. Et là, c’est sans doute le personnage principal qui l’emporte.
Ah les premières saisons de Columbo! Quel charme. (Les épisodes des années 1980 sont en revanche atroces).
Remarquez que, nonobstant leur état de délabrement et l’absence totale de souci du détail qui les caractérise, les tenues du lieutenant (sack suit, cravate fine, trench) sont plus intemporelles et, en ce moment, plus à la mode que celles des méchants qui, bien que de grande qualité, sont souvent très « années 1970 ».
Don Draper n’est pas si loin, mais le salaire du petit officier de police ne lui permet pas d’avoir des chemises propres dans le tiroir de son bureau, ni de faire porter son complet au pressing par une secrétaire. Bien sûr, on pourrait lui reprocher de ne pas au moins prendre sur son dimanche après-midi le temps de cirer ses godillots, mais c’est que, voyez-vous, il y a son petit neveu…
😉
Oui ou le chien à sortir ou sa femme qui lui raconte des tas de trucs 🙂
D’accord avec vous, cher Julien ! Si le goût laisse souvent à désirer (gare aux modes !), les coupes sont souvent de grande qualité.
C’est amusant, la tenue du méchant que vous avez dessiné (très réussie d’ailleurs) a tout l’air de sortir d’un catalogue de chez Tom Ford !
Amusant oui. Seules les coloris varient en fait. Mais le grand col pointu, la grosse cravate large et le grand col de chemise sont authentiques 🙂
Dans le même sens, l’incontournable série Hercule Poirot et son génial interprète David Suchet apparaissent également très intéressants en la matière.
J’en profite à travers ce premier commentaire, pour vous féliciter pour votre blog toujours aussi intéressant et agréable à parcourir, vos illustrations n’y étant pas innocentes !