Sur un pantalon se trouvent un certain nombre de poches : les poches côtés, les poches dos, parfois une poche gousset réalisée à la lisière de la ceinture pour placer un peu de monnaie ou une montre et parfois aussi des poches cargo, à soufflets, sur le côté de la cuisse. Si toutes ces poches présentent une ou deux variantes, la poche côté elle peut prendre jusqu’à quatre configurations.
Classiquement, les poches côtés sont réalisées dans un biais léger, qui permet plus facilement de faire entrer les mains. L’ouverture peut également être pratiquée dans la couture. La poche s’ouvre alors à la verticale, ce qui est très discret. Une option que j’ai choisi pour ma ligne de pantalon. Les tailleurs autrefois affectionnaient la poche côté passepoilée. Plus technique à réaliser et plus fragile, elle se situe plus en avant sur le flanc de la cuisse et nécessite un pantalon ample pour rester élégante. Si le pantalon serre, les passepoils s’ouvrent. Il faut vraiment que les tailleurs compliquent tout, juste pour montrer que c’est possible!
Enfin, les poches côtés peuvent être disposées de manière cavalière. Assis sur le dos d’un cheval – d’où le nom – il est plus aisé de mettre la main dans la poche par le haut. Une poche n’ouvrant que par le haut garde aussi mieux les petites choses que l’on y place, monnaie, clefs ou contremarques diverses.
Ainsi, la poche cavalière présente une ouverture largement horizontale et peu importante sur le côté. Chez les tailleurs, la poche cavalier est réalisée par une succession d’angles droits et biseautés, comme sur le dessin.
Les jeans utilisent la même poche, à la différence qu’elle est découpée en arrondie. Une forme très élégante me semble-t-il.
Pendant longtemps j’ai été très circonspect sur l’usage de cette poche. Il est vrai que la disposition ‘par le haut’ rend l’accès à la poche mal aisé. Mais a priori, on ne met pas ses mains dans les poches, donc ce n’est pas un problème.
En revanche, cette disposition a deux aspects positifs très importants : elle permet à ceux qui mettent des choses dans les poches – ce qui n’est pas mon cas, c’est très disgracieux de mettre des choses dans le pantalon, ça alourdit tout – de les garder sans risque de perte. Je pense que le jean, vêtement de travail, a été développé suivant ce principe.
Surtout, la poche cavalier règle le problème de la poche qui fait des oreilles, qui s’épanche en s’affaissant. C’est le mal des pantalons contemporains, coupés ajustés. Si le fessier est à peine fort ou si – surtout – le bas ventre appuie à peine sur la ceinture, les poches côtés verticales s’ouvrent de manière disgracieuse.
La poche cavalier, en étant coupée horizontalement améliore grandement ce point et permet au bassin d’apparaitre étroit, au plus près de la cuisse. L’allure est au plus près. Dans les années 60 et 70, les pantalons très moulants ont popularisé ce modèle, y compris chez les grands tailleurs. La réponse technique est la bonne lorsque le ventre est un peu fort et fait bailler les poches classiques. Pour ma part je n’ai pas ce problème, mais je l’applique aussi souvent que possible lorsque l’on me commande un pantalon ajusté et que je m’aperçois que sur le modèle classique les poches verticales baillent. Ainsi, le problème est réglé et le client découvre un pantalon de costume aussi ajusté qu’un jean. Les tailleurs s’adaptent à la demande.
Notons enfin que la poche côté en biais ou dans la couture, a l’avantage de faire office de soufflet, lorsque l’on s’assoie. La poche baille ce qui donne de l’aisance. Avec la poche cavalier, ce soufflet n’existe pas. Le tissu doit être un peu souple pour encaisser l’agrandissement du volume du bassin assis.
Belle semaine, Julien Scavini
Encore une fois, un article vraiment très intéressant. Merci de nous apprendre toujours de nouvelles choses, dans les moindres détails.
Bonjour monsieur Scavini,
Je partage tout à fait votre avis sur le fait de mettre des objets dans les poches de pantalons, en plus d’alourdir cela fait parfois « tourner » la jambe du pantalon, décalant le plis central vers l’extérieur, ce qui n’est pas du plus bel effet.
En revanche mon avis sur la poche cavalier est assez mitigé. Je trouve cela assez joli sur un jean mais en revanche sur un pantalon plus habillé je ne trouve pas cela harmonieux. Je n’utiliserai ce type de poche que pour des pantalons de costumes sport, peu structuré, principalement d’été, dans un coton ou un mélange à l’aspect un peu brut, ou peut-être aussi l’hiver sur un tweed… mais en revanche surtout pas avec un costume de ville en laine simple.
De plus pour les gens qui ont tendance à mettre leurs mains dans leurs poches ce n’est pas le plus pratique
Ah tout à fait. Pour mettre les mains dans les poches, c’est pas idéal.