Un pull à col rond, un pull à col en V ou un pull camionneur (dit aussi à col zippé) imposent de mon point de vue une chemise. C’est incontournable dans mon esprit. Même le week-end. Si si… Leur encolure est un espace laissé libre pour que le col de chemise s’exprime et se montre. Cela dit, c’est une vision bon chic bon genre, je le concède.
Pour moi, les pulls évoqués, portés sur des t-shirt ou les pulls à même la peau, je passe. Cette esthétique ne m’intéresse pas. Parce que le cou n’est pas habillé et qu’il fait girafe sur la plupart des hommes. Parce qu’aussi les poils du torse qui dépassent en haut du pull sont une horreur. Et parce qu’enfin, on a vingt ans qu’une seule fois. Sous un pull donc, une chemise est incontournable.
Seulement voilà, les chemises ne sont pas toujours propres, pas toujours repassées. Et puis le week-end, pris d’une forme d’ennui, on a la flemme de sortir une belle popeline ou un gros oxford. La vie des élégants aussi est difficile vous savez. Alors, heureusement, il reste toujours un polo à manches longues un peu vintage qu’on a gardé de la fac pour mettre sur le t-shirt et aller à la boulangerie.
Et puis, il y a le pull à col roulé. Celui que je n’ai pas et que je n’ai jamais eu du reste.
Dans les années 2000, je me souviens que le col roulé était jugé dépassé. Ringard. Il n’y avait que le Docteur Sylvestre pour en porter. Et des marques d’outerwear surf et montagne pour en sortir. J’étais resté sur cette idée. Force est de constater qu’il est partout ces temps-ci. Rien qu’autour de moi, trois collaborateurs le portent quasi-quotidiennement avec élégance me semble-t-il. Parfois sous une veste, façon riche milliardaire. Parfois sous une chemise, façon bucheron du boulevard Beaumarchais.
A regarder beaucoup d’exemples sur Google Images, il me semble qu’aujourd’hui, le col roulé est plus à l’aise et plus à la mode sous quelque chose. Le col roulé épais façon marin pêcheur existe bien sûr, comme une importante pièce de dessus à porter avec un important caban ou un balmacaan. Empilage de pièces robustes. Mais il n’est pas majoritaire. A l’inverse, le col roulé fin, il épouse le corps et enveloppe le cou en restant en position seconde, derrière quelque chose, sur-chemise, veste ou blouson léger. Le fameux concept du « layering » des blogs spécialisés.
Il a plus d’allure en étant second plutôt que principal. D’autant qu’avec l’âge, il me semble que les mailles sont traitresses. Elles ne mettent pas tellement le corps en valeur. Elles en montrent au contraire les excès et les rondeurs. La maille est dangereuse. Mais le pull à col roulé évite cet écueil lorsqu’il s’associe à une autre pièce le recouvrant.
Ce faisant, ce col roulé fin, porté « sous », se rentre facilement dans le pantalon. Il se paye ce luxe ! Fait assez notable. Il occupe en fait la place de la chemise, qu’il remplace. Ce qui est très commode. Il a donc le droit de présenter des lignes tendues et maintenues dans la ceinture du pantalon.
L’avantage du col roulé, c’est qu’il permet à la chemise de rester au placard. Dès lors aussi, le gentleman peut triompher de sa flemme. Il peut se contenter d’un t-shirt ou d’un marcel dessous. Point d’effort, c’est la révolution de la maille, dessus et dessous ! Maille d’ailleurs qui peut se présenter comme une troisième couche, sous la forme d’un cardigan. T-shirt, col roulé puis cardigan. Voilà un trio tout en confort et en décontraction. Une élégance à la Jeremy Irons. Point de méprise donc, le col roulé n’est pas qu’une simplicité. C’est aussi une élégance. Une allure.
Comme toutes les mailles, le col roulé est du genre solide. Et il n’est je pense pas très utile d’en posséder une grande variété. Cette pièce a tellement de caractère et de noblesse – si si, j’ai lu cet épithète sur BonneGueule, alors je le réutilise volontiers – qu’il est peut-être heureux d’en posséder un très beau. En cachemire écossais par exemple, qui durera des années et ne perdra pas trois tailles au premier lavage. Un peu comme on a besoin d’un seul service à thé, autant qu’il soit d’un pédigrée très distingué. Je ne sais pas où je vais trouver le mien ?
Le col roulé allonge la silhouette … il suffit de bien choisir la couleur. Pour moi, qui suis une femme aimant le style un peu masculin-féminin, je le préfère sous une longue veste-chemise, en blanc sous du gris; ou une couleur vive sous une veste-cardigan. Excellente tenue pour temps froids.
Amicalement
Ha voilà la question que j’attendais depuis longtemps. Quid de la chemise avec le pull a col roulé ? Les deux ne vont pas ensemble sauf … si on porte une chemise à col officier. Avec un col cheminée on peut voir apparaître un léger liseret entre le col et le cou et au bout des bras on peut aussi entrevoir les manchettes de la chemise. Bon dimanche.