Lors d’une prise de mesure par le tailleur, beaucoup de questions sont posées. Quelles sont les formes de poches, la largeur du revers appréciée, le niveau d’aisance général, et plus encore. Le novice est totalement enseveli sous cette myriade d’interrogations, et pour chaque point, il faut fournir une réponse visuelle et indiquer ce qui se fait, ne se fait pas, où est la mode, etc. Une vraie exégèse. Qui généralement tend au normatif. Le tailleur fait alors ce qui est dans l’air du temps. Veste courte, petits revers, pantalon fuselé, tel est le quotidien du tailleur qui veut faire plaisir, sans brusquer les habitudes.
Et puis il y a les clients plus experts. Eux savent répondre précisément sur toutes ces questions. De style d’abord. Poches. Fentes dos. Épaule classique et montée, ou napolitaine. Ajusteurs latéraux ou passants de ceinture. Etc. Une promenade élégante, même si bien sûr, toutes les réponses ne sortent pas spontanément. Cela dépend de chacun.
Ces éléments de style sont facilement appréciables et de nombreux clients, novices ou plus confirmés ont les réponses, avec plus ou moins de célérité. Parce qu’ils sont visuels. Et confrontables à des exemples en vrai, que ce soit une photo sur un téléphone : « ah oui Sylvain avait des poches comme ça aussi sur son costume », ou parcequ’une veste présente cette caractéristique dans l’atelier du tailleur.
Et puis au-delà de la notion de style, il y a les mesures. Alors là, il faut être de niveau plus expert pour avoir des notions. Les mesures sont la partie du tailleur penserez-vous. C’est vrai. Sauf pour trois en particulier, facilement saisissables par le client, car renvoyant directement à un style.
Première question : quelle ouverture du bas de pantalon ?
Deuxième question : quelle largeur de revers de la veste ?
Troisième question : quelle longueur de veste ?
Avec le temps, je remarque que les clients avec un niveaux « senior » ou « confirmé » comme on dit en entreprise, ont souvent des réponses assez précises sur ces points.
- 19cm
- 8,5cm pour un col classique, 11cm pour un col de croisé
- 74cm
Évidemment, ces trois réponses sont données purement à titre indicatif. Il n’est pas si facile de retenir des chiffres, là où des notions de formes sont plus assimilables.
Cela dit, bien sûr que tous les passionnés n’ont pas ces notions en tête. Ils s’en remettent au professionnel et font confiance. Et n’occupent pas leur esprit avec de telles balivernes inutiles. Quelques uns toutefois s’amusent à distiller ces trois mesures au tailleur. Ils sont chef d’orchestre, et conduisent la partition. Le tailleur note et acquiesce, satisfait le plus souvent de lire la même musique !
Bonne semaine, Julien Scavini
J’aurais ajouté une quatrième mesure importante. La longueur des manches de la veste. Veut-on que les poignets de chemises dépassent de la veste et à quel point ?
Bonsoir, j’espère que les tailleurs de costumes, ne font plus les pantalons à taille basse?
Ils font ce qu’on leur demande 🙂
Après lorsqu’on est dans la demi-mesure, je crois qu’il est important de ne pas trop dévier de ce qu’on fait habituellement. Le client est certes le roi mais s’il demande une largeur de revers énorme ça ne convaincra pas ses amis, ses collègues, ou sa famille à acheter la même chose que lui; et comme on le sait en marketing, le bouche à oreille et le meilleur moyen de pousser à l’achat !
A chaque fois les tailleurs m’ont dit d’être entre 8 et 9 cm pour le cran, et je pense qu’ils ont raison. Quand on débute, il faut savoir être raisonnable, sinon on ne portera que quelques fois la veste par peur d’être trop habillé et c’est la même chose pour les chemises, un juste milieu un peu différent de ce qui se fait en prêt-à-porter et puis on évolue au fur et à mesure.
Bonjour Julien Scavini – et internautes
Avez-vous visité l’exposition sur la mode, qui se termine ( jusqu’au 6 mars ) au Musée ds Arts de Nantes, ensuite, à partir de mai, au Musée des Beaux-Arts de Dijon ?
Mode féminine et masculine au 18 ème siècle- une splendeur, malgré la censure ( pas de mention des Frères Goncourt, connaisseurs de ce siècle si raffiné.
Pour avoir une idée précise de ce que l’on veut, l faut déjà bien se connaître…
C’est toujours étonnant de voir à quel point les hommes modernes connaissent mal leur propre anatomie (tour de taille, poids, longueur des bras, des jambes…)
L’anatomie de l’homme de Vitruve était pourtant à la base de toute mesure avant le système métrique (pouce/inch, foot, yard…)
Et le plus étonnant c’est de voir qu’on utilise toujours ces unités de mesure très imprécises dans des domaines… de précision (aeronautique, médecine…)