C’est sur cette rengaine commerciale que je vais vous faire part de la tenue que je portais aujourd’hui, pour répondre à un discussion que j’ai entretenu sur un autre blog à propos du coût et de la relation à la classe sociale que peut représenter l’habillement. Si l’on sait que les dépenses d’habillement des ménages français ont baissé de moitié en 45 ans, passant de 11,8 à 4,7% du budget annuel, la perte qualitative fut aussi très grande. (CF cet article captivant de La Dépêche). Ainsi, ce jour pour aller en cours à l’AFT, j’avais sorti ma panoplie méga-brand pas chers, dans une tonalité très automnale:
- La veste en velours côtelé marron, 3 Suisses de l’année dernière, 78€ (+boutons changés pour des modèles en cuirs, chez Ultramode mercerie, 5€)
- Le pantalon en velours côtelé moutarde, Celio d’il y a trois ans, une cinquantaine d’euros, de bonne coupe.
- Une chemise Le Grand Comptoir (une sorte de bazar de meubles) blanche rayée marron, 29€
- Un nœud papillon Polo Ralph Lauren bleu rayé club rouge avec des têtes de chiens de chasse, 9€ à La Vallée Village
- Une ceinture en veaux-velours, à boucle dorée, Bexley, 29€
- Une paire de souliers à bouts droits en veaux-velours, amoureusement entretenus, Bexley, 129€
- Une paire de boutons de manchette ronds dorés, aux puces de Vanves, 15€
- Un petit mouchoir de pochette beige à pois blancs découpé dans un échantillon de tissus, O€
Voilà pour ce petit tour d’horizon, qui ne manquait pas de panache, pour une prix total franchement raisonnable, avec des classiques réutilisables. Comme quoi aussi, dans les sous-marques, on peut trouver de quoi se fagoter convenablement, à ma grande surprise aussi.
MàJ: Ceci dit, nous sommes tous d’accord que l’Art ne nait pas dans le médiocre ou même le moyen. Mais avec un peu de goût, sans trop de moyen et un grand respect des codes, on peut être correctement ‘mis’. Mais en aucun cas cela ne peut dépasser ou remplacer l’Art, le bien fait et le vrai savoir-faire…
Bonsoir Julien !
Encore un article aussi interessant que précis ! Et c’est vrai qu’aujourd’hui bien peu de gens peuvent se vanter de n’avoir dans leurs penderies que des costumes sur mesure, des Berlutti ou des chemises Charvet ! Bien sur tout cela nous fait rêver mais pour la plupart d’entre nous je pense (moi compris le premier) cette haute couture là si je peux l’appeler comme ça, resteras pour un moment encore un objet de fantasmes. Et donc comme beaucoup je me tourne vers des mega brands qui sommes toutes arrivent a nous faire des pièces basiques pour le quotidien qui permettent de s’habiller plus que convenablement ! Le bonus c’est que quand on paye un article moins cher dans une enseigne comme Zara pour ne pas la citer, on peut se permettre de le prendre en plusieurs coloris…. Ce que je ne me permet pas de faire ailleurs, car avant de rentrer son code de CB chez bompard et consorts, on réfléchi a deux fois a la coupe couleur ect…
En quelque sorte merci de briser ce tabou de la mode luxueuse cher et merveilleuse en affirmant haut et fort que OUI on peut se faire plaisir simplement et etre plutot content du résultat obtenu avec des moyens raisonnables !
Comme quoi au final seul le style compte et juste le style. C’est un petit peu ce qui fait parti de l’éducation, sans vouloir relancer le débat du carreau …. 🙂
Scarbo, il me semble que vous prêtez à JS dès propos qu’il n’a pas tenu. Je pense qu’il s’agissait juste de montrer qu’il est possible de s’habiller décemment avec des articles issus des grandes chaines de PAP; mais absolument pas d’en chanter des louanges irraisonnées.
Si je continue moi aussi à acheter quelques articles dans ces magasins, cela devient de plus en plus rare. J’ai choisi d’acheter moins, pour acheter mieux. Ainsi, je n’achète plus que trois ou quatre nouvelles chemises par an, mais en mesure; une à deux paires de chaussures, mais de qualité….
Car si, comme vous dites, on peut acheter 3 coloris chez Zara pour le prix d’un chez d’autres, cela cache une autre vérité: on risque fort d’acheter pour remplacer un article (usé, déformé, décoloré), et non pour compléter sa garde-robe.
Et l’équation 1 + 1 (un an plus tard) = 1 ne me parait pas rentable sur le long terme…
Enfin, cette phrase « Comme quoi au final seul le style compte et juste le style. » me fait dresser les cheveux sur la tête, et je pense que je ne serait pas le seul. C’est faire bien peu de cas du savoir-faire des artisans tailleurs, chemisiers, bottiers; c’est occulter le plaisir de porter un vêtement cousu main, dont on a pu rencontrer et discuter avec le créateur; c’est aussi ignorer le plaisir que savoir qu’un mouvement bat près de son poignet, tel un petit cœur, dans le domaine horloger…
Bref c’est un raisonnement à l’exact opposé de la philosophie qui est désormais la mienne!
Cent fois bravo ! J’avais déjà apprécié sur PG un de vos commentaires (sur Bexley) allant dans ce sens… même si, par la suite vous aviez semblé – au moins en partie – vous dédire.
Avec du goût et de la culture, on peut beaucoup. Les détails sont essentiels – vous le savez bien.
Vous avez millle fois raison. Cela suppose d’avoir du gout, donc l’oeil formé pour faire la difference entre une bonne coupe et une moins bonne.
Attention, la baisse de la part des dépenses en vêtements des Français ne signifie pas qu’ils dépensent moins dans ce domaine, mais que proportionnellement ils dépensent moins.
Cela peut aussi signifier qu’ils se sont enrichis, et qu’ils ont favorisé cette augmentation pour faire d’autres achats, tels le logement ou la voiture. C’est d’ailleurs ce qui est communément accepté.
Statistiquement, les dépenses essentielles sont toujours les premières à baisser. Ainsi, des dépenses en nourriture, cela ne veut pas dire que nous mangeons moins, loin de là.
Eh bien cher JS, je ne peux qu’adhérer à ces propos, qui sont aussi miens comme vous savez, même si de plus en plus mes « pratiques » (puisque l’on parle sociologie) se rapproche de celles du Prince. Ce que je ferais remarquer surtout, pour préciser la possibilité donnée de s’habiller bien pour un cout raisonnable, c’est la qualité des adresses, que des sites comme le vôtre, mon cher JS, permettent de découvrir.
Car en allant aux puces par exemple, ou comme nous le fîmes au Salon du Vintage, il est possible de s’offrir des pièces issues de maison de qualité, de savoir-faire qui ne sont peut être pas « griffés », mais qui s’inscrivent largement dans les règles de l’art.
Ce qui est le cas de vos boutons de manchette, de nombre de mes vestes, et que les ventes privées qui se sont multipliées ce mois permettent.
Le style ne remplace donc pas tout, mais le goût permet, à mon humble avis, de dénicher même dans les marques de masse un accessoire, une pièce qui soient de bonne facture, et de pouvoir ainsi assembler et marier haute couture et pap, pièces neuves et anciennes, pour bâtir peu à peu un style propre à soi.
Cette discussion me rappel une anecdote sur Oscar Wilde (vrais ou fausse peut importe le fond reste juste…) On lui demandait pourquoi il n’achetait que des vêtements sur mesure et pas dans de pap… réponse: »Je suis trop pauvre pour changer de garde robe tous les ans »