Comment repérer une bonne chemise? Ou encore quels détails mettre sur un modèle sur mesure? Autant de questions que nous pouvons nous poser, tant les possibilités sont importantes, et les trouvailles des stylistes inénarrables. Il existe quelques caractères classiques que nous allons ce soir expliquer.
Outre les cols à propos desquels un autre article a été publié ici, le reste de la chemise est à décrire:
- En 2, la couture des boutons peut-être en X ou en patte d’oie (des flopées partent d’un trou vers les trois autres). A l’inverse, les boutons de veste sont cousus avec des flopées parallèles. Les boutons sont préférentiellement en nacre.
- En 3, la dernière boutonnière doit être cousu à 90° des autres (qui sont verticales). Celle-ci est donc horizontale.
- En 4, la gorge de boutonnage peut se présenter sous trois aspects: simple, surpiquée ou cachée. La gorge simple est ma préférée, elle est plutôt minimaliste, ne présentant aucune couture et tient seulement grâce aux boutonnières. La gorge surpiquée (quelque fois appelée à l’américaine) est la plus courante et présente un repli de tissu pour conférer un aspect symétrique au système de fermeture. Enfin la gorge caché est une trouvaille moderne pour dissimuler les boutons, surtout pour les chemises de smoking.
- En 5, l’hirondelle est très importante. Dans le cas d’un bas de chemise classique (plutôt long avec une échancrure aux hanches), ce petit renfort de tissu est important.
- En 7, les pinces aux bas de manches. Classiquement, on en trouve deux. Mais certaines maisons de qualité revendiquent cinq à sept petites pinces. Elles permettent de résorber l’aisance de la manche.
NB: D’ailleurs, un poignet de manche ne doit jamais être trop long, il ne doit sous aucun prétexte toucher la main, même si le vendeur vous le soutient. J’ai l’habitude de faire arrêter mes poignets après le petit os qui ressort au niveau du poignet, du côté petit doigt de la main. La veste quant à elle s’interrompt avant l’os, si bien qu’un sympathique centimètre apparait. Le fait est que l’on est plus à l’aise avec des manches courtes qu’avec des manches longues.
En 6, le poignet peut présenter diverses formes, poignet simple, poignet (double) mousquetaire, poignet napolitain ou poignet (simple) à boutons de manchette.
- En 8 ou 9, la présence ou non d’un capucin. Ce petit bouton de rappel sert à fermer la longue fente qui descend au poignet. Il est assez chic de ne pas en avoir sur les belles chemises, particulièrement celles de smoking.
- En 1, une couture milieu dos doit être présente, car cet empiècement haut est extrêmement important. De plus, cette couture doit raccorder les motifs avec précision. D’ailleurs, les motifs doivent aussi se raccorder entre cet empiècement et le haut de la manche.
- En 10, le dos présente deux plis, ce qui est une bonne solution pour les chemises formelles et celles de travail, bref les belles chemises.
- En 11, le dos présente un pli milieu dos, ce qui est la solution par excellence pour les chemises sport, celles qui ont notamment le col rabattu et boutonné.
- Et donc en 12, le col boutonné doit présenter trois petits boutons, deux en pointe de col et un derrière, pour bien le maintenir (et empêcher de porter une cravate avec!).
Julien Scavini
Deux remarques:
-la couture patte d’oie des boutons n’est pas la classique couture en X, mais une couture qui part d’un des trous vers les trois autres (formant un dessin de patte d’oie). C’est un détail esthétique particulièrement apprécié des chemisiers italiens.
-êtes-vous sûr que l’empiècement en chevron du dos tel qu’illustré soit compatible avec un raccord correct des motifs à l’épaule? Car le raccord de biais que cela impose risque justement de créer un décalage dans le motif avec la manche.
C’est gentil de me préciser ce point de détail à propos de la patte d’oie, que je n’avais pas vraiment saisi! Je corrige.
Ensuite, le dessin n’est qu’une illustration, j’ai eu du mal à imaginer cela à plat…
Merci Julien. Très utile cet article sur la chemise. Je retiens le « truc » de l’os du poignet pour calibrer la longueur. Vous ne parlez pas de la poche poitrine, à juste titre à mon avis car c’est réservé à la chemise sport col boutonné. Pour ma part, j’aime bien aussi les pinces latérales qui partent du bas de la chemise. Je leur trouve le mérite de contribuer au cintrage qui est un détail auquel j’attache de l importance. Je termine en donnant un « feed back » pour ceux que cela intéresse. Je possède une dizaine de chemises faites avec Saint Sens ( chemises en mesure industrielle sur le net), et j’ai toujours été satisfait de la belle qualité des tissus, qui ne bougent pas.
Amitiés
Nicolas
Et bien quant à moi ma première expérience avec eux sera aussi ma dernière : 2 mois de délais et, pour toute compensation, les frais de livraison de la prochaine (sic!) commande offerts… des dimensions parachutesques (aucune erreurs de prises de mesure de ma part, juste des indications sibyllines et fallacieuses sur le site), un service après-vent qui n’en a rien à c… de mes problèmes et, last but not least, pas de décalage à l’emmanchure et une hauteur d’emmanchure suffisante pour l’enfiler sur Babar… Avec un peu de chance mon chemisier préféré réussira à me récupérer le coup… QUoiqu’à l’impossible nul n’est tenu.
Merci pour ce commentaire. Permettez-moi néanmoins une remarque au sujet des boutons. La dernière boutonnière n’est pas toujours horizontale (par exemple chez T&A) mais la première boutonnière devrais toujours l’être pour donner plus de stabilité au niveau du col où les forces exercées sur le bouton sont différentes que sur les autres boutons.
Super article. Et les illustrations. sont toujours aussi jolies. Maintenant, j’attends de savoir où les trouver, ces chemises parfaites !?
J’essaye de ne pas trop donner d’adresses pour ne pas devenir trop commercial. Vous avez les critères pour choisir, faites votre chemin. Dans les favoris, vous trouverez quelques maisons intéressantes…
» (…) la dernière boutonnière doit être cousu à 90° des autres (qui sont verticales). Celle-ci est donc horizontale » : d’où vient ce détail ? N’a-t-il pas été récemment introduit ? Est-ce vraiment un critère pour juger de la qualité d’une chemise ?
Cette question m’intéresse également.
Est-ce pour donner plus de « jeu » à la fermeture?
En permettant au bouton de se déplacer horizontalement?
Je ne sais si c’est réellement un critère, mais toutes les bonnes chemises que je connais en comportent. Et Bernard Roetzel cite aussi ce détail…
Après pour l’usage, effectivement, je ne sais. Il faudrait voir sur DPEC.. ?
J’apprécie beaucoup les informations précises fournies mais je suis toujours gournand d’en savoir plus. La mesure d’une manche se fait bras plié à 90° ou droit, à l’horizontal ou bras ballants ?
Bonne question. En chemiserie, je ne saurais trop répondre, mais en tailleur, on prend la mesure dans une position intermédiaire: ni bras ballant, ni bras coudé. Il faut légèrement couder le bras, et le relever à 35° de la verticale.
Bras ballant – Rehausser votre avant bras à 35° – Décoller tout le bras du corps, à 35° aussi – Prenez la mesure dans le dos depuis la colonne vertébrale. Trois mesures: demi-dos, coude, poignet.
Est-ce que les propriétaires de chemises des marques suivantes pourraient nous confirmer qu’elles répondent à tous ces critères ( j’y ajouterais : décalage à l’emmanchure, coutures anglaises et col monté en libre) ? Merci !
Turnbull & Asser
Hidlitch & Key
TM Lewin
New & Lingwood
Luigi Borrelli
Cesare Attolini
Van Laack
Udeshi
Bonjour,
Votre article est très intéressant, mais il conforte des mythes un peu farfelus concernant ce qui doit – ou ne doit pas – être fait en terme de finition, par exemple sur la façon de coudre les boutons ou sur les hirondelles. Ainsi en Grande Mesure. pour les hirondelles, selon le modèle de la chemise ou la nature du tissu, elles n’auront pas la même utilité et ne seront pas systématiquement réalisées. De la même manière, chaque tailleur ne travaillant pas seul, la couture des boutons pourra être faite, d’une chemise à l’autre, par des personnes différentes… donc différer (il est ainsi courant en Grande Mesure de trouver des coutures en parallèle). En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’une chemise est dotée d’hirondelles et de boutons cousus en croisé qu’il s’agit forcément d’une pièce de qualité… et réciproquement.
Tout à fait. Il s’agit là d’un vieil article que je devrais ré-écrire 😉
Bonjour,
Petite question que je n’ai jamais soldé’ ni avec Roetzel, ni avec Flusser concernant la longueur de la manche de chemise.
Est-ce qu’elle doit s’arrêter parce que la manchette est suffisamment étroite pour l’empêcher de glisser plus bas ou est-ce la seule longueur de tissu qui la fait s’arrêter ?
Dans un cas cela veut dire que je dois déplacer le bouton de manchette (et quid des poignets mousquetaires ?), dans l’autre que la manche doit être raccourcie.
Qu’en pensez-vous ?
Plusieurs réponses.
1- Avec un poignet à bouton, la manchette bute sur le haut du poignet, avant la main. Et la manche peut conserver de l’aisance en longueur quand on tend le bras.
2- Avec un poignet à boutons de manchette, la manchette assez large peut descendre plus loin sur la main, sauf si la manche est coupée courte. Alors on a pas de réserve quand on tend le bras. L’un ou l’autre, il faut choisir.
Le problème est particulièrement difficile quand il y a une montre. Car il faut faire une manchette large. Alors, la manche tombe plus bas, elle n’est pas arrêtée. Sauf à la couper plus court.
pour moi une bonne chemise doit :
-avoir des boutons en nacre
-le motif doit être raccord au niveau des épaules et des manches
-avoir un empiècement dans le dos
-point de couture le moins espacé possible
-des baleines
-deux pièces de tissu dans le bas pour raccorder l’avant et l’arrière de la chemise
Question sûrement naïve, mais qu’apporte la couture au milieu de la pièce en haut du dos (les chemises de prêt à porter n’en ayant jamais si je ne m’abuse – d’ailleurs je n’avait donc jamais vu cette couture avant de lire cet article) ?
La plupart des chemises du PàP ont cette couture. Au moins dans le bon PàP. C’est un détail des chemisiers. Cela permet dans une certaine mesure d’économiser un peu de tissu. En encore. C’est aussi une prouesse pour raccorder les motifs. Un effort supplémentaire donc.
Un détail qui n’a pas une très grande importance en fait…