L’article de la semaine est consacré à deux films qui sortent bientôt sur les écrans, mettant en scène Leonardo DiCaprio comme acteur principal. S’il a récemment annoncé sa mise en retraite temporaire, exprimant par là son mécontentement à l’encontre de l’Académie qui ne lui a toujours pas remis d’Oscar, force est d’admettre qu’il a beaucoup tourné ! Du bon et du moins bon, mais à mes yeux, c’est un immense acteur, plus ou moins bien dirigé. En vieillissant, je lui trouve un chic très années 50 qui lui va très bien. Acteur intéressant à ses débuts (Rimbaud Verlaine, Titanic), il s’est essayé à beaucoup de genres.
Dans ses films, le costume occupe bien souvent une place importante. Je reviendrai sur les habits dans Titanic un jour prochain (quand?). Il y a eu Gangs of New-York, un peu violent, mais à l’esthétique 1850 intéressante; l’Homme Au Masque de Fer, ancien régime; Aviator ou J.Edgar. Notons aussi le délicieux Attrape Moi Si Tu Peux, génialement 60’s. Bref, un acteur à habiller. Et un acteur qui dans le civil ne s’habille pas trop mal, ayant recours aux bons offices de Tom Ford.
Cette année, avant son black-out temporaire, Leonardo DiCaprio est à l’affiche de deux films assez différents et costumés : Gatsby et Le Loup de Wall Street. Deux films d’époque. Premièrement Gatsby Le Magnifique, réalisé par Baz Luhrmann, est l’adaptation du roman de Scott Fitzgerald. L’action se déroule à New-York et sur la côte de Long Island dans les années 20, délicieusement folles, en particulier sous l’effet de la prohibition. Si vous n’avez pas vu la première adaptation, de 1974 avec Robert Redford par Jack Clayton, je vous enjoins fortement à le faire. Une merveille surannée, pleine d’émotions étouffées, emplie d’une humeur suffocante. Pas trop d’effet et un film plutôt lent, mais une langueur parfaitement adaptée à un New York écrasé par l’été. Et des costumes au plus haut niveau ! Bien sûr un peu daté par les années 70. Mais le costumier n’était pas n’importe qui : Ralph Lauren lui-même. Si bien que le goût des vêtements transparait parfaitement à l’image. La scène de la pagaille dans les chemises aux tonalités acidulées et pastels est merveilleuse.
En revanche, la nouvelle adaptation me parait à mille lieux de cela. De notoriété publique, des moyens colossaux ont été mis dans ce nouveau film. Notamment pour la reconstitution de décors et de scènes de fêtes (et pour la pub). Mais débauche de moyen ne signifie pas réussite. Et depuis plus d’un an que des images du tournage filtrent, je n’ai eu de cesse de voir mes craintes grandir. La bande annonce me les confirme. Voilà une adaptation très très grand public shootée aux amphétamines et anabolisants. Que d’effets spéciaux ! Tout brille, tout impressionne ! Mais cela ne me convint pas, en particulier les costumes. DiCaprio est recouvert de poncifs, des pieds à la tête, le summum du grotesque étant cette canne qu’il a l’air de tenir comme un petit voyou qui aurait gagné le loto. Le personnage lui-même m’apparait peu sympathique. Les costumes trois pièces sont quant à eux étriqués, avec des revers ridiculement petits, et surtout réalisés dans des étoffes bien trop fines. Le tombé n’est pas typique des années 20. La série de HBO Boardwalk Empire est bien plus intéressante à ce niveau. Quant aux souliers… Bref, si j’irai peut-être le voir, ce ne sera pas avec envie.
Second film de l’année pour DiCaprio, Le Loup de Wall-Street me parait en revanche bien plus intéressant. Premièrement car Martin Scorsese est aux manettes. Et secondo, car le sujet – la finance de New-York – permet régulièrement de chatouiller les élites et ses rouages … et habits. Nous avions déjà eu le mémorable Wall Street d’Oliver Stone avec Michael Douglas (et sa suite bien médiocre). A l’instar de cette production, Le Loup de Wall Street se déroule dans les années 80/90. Décors et costumes sont donc d’époque. L’occasion de découvrir l’acteur vêtu des ces fameux croisés un peu trop amples qui firent toute l’esthétique de ces années là. Et j’ai été emballé par une des rares images que j’ai pu trouvée. Tout à l’air d’y être. Tellement bien que j’irai presque jusqu’à dire que ces croisés vont revenir à la mode d’ici quelques mois… J’y trouve une certaine allure. Je dois être à peu près le seul. Seulement, il n’est jamais inutile de tourner un peu la tête en arrière, surtout dans la mode. Bref, un deuxième film que j’irai voir, bien volontiers ! Et vous ?
Bonne semaine de pleine de jours fériés ! Julien Scavini
Effectivement, les images que l’on peut voir du nouveau Gatsby ne sont pas à mon goût non plus. Trop chargé, trop cliché.. Le bling-bling de Jay-Z n’aura pas influencé que la BO apparemment.
Je suis d’accord avec le commentaire de Guillaume ainsi qu’avec vos lignes sur ce Gatsby réapproprié.
Voici un article relativement intéressant du Financial Times:
http://www.ft.com/intl/cms/s/2/c8098b7e-ace8-11e2-b27f-00144feabdc0.html#axzz2SWSfD6dy
Coup de pub joliment lucratif pour B.B. …
Au sujet du prochain Scorsese, je dois cependant vous avouer que ces mises restent pour moi totalement indigestes. Seule celle du banquier suisse joué par Jean Dujardin a pu retenir mon attention:
http://www.justjared.com/photo-gallery/2765310/leonardo-dicaprio-kerry-washington-cover-vibe-december-january-issue-06/
De la poudre aux yeux que ce Gatsby « moderne ». Cependant je fais confiance à DiCaprio pour être bon, comme à son habitude.
Renseignement pris pour GATSBY, les hommes sont habillés par Brooks Brothers, qui sort d’ailleurs une collection GATSBY, et les femmes par PRADA je crois.
Exact pour Titanic, les tenues white tie sont impeccablement reconstituées… Bien mieux que dans The Artist. Cela dit c’est un peu la seule chose intéressante que je trouve au film !…
A propos de Gatsby, c’est amusant, j’ai pensé exactement la même chose en voyant la bande-annonce… Couleurs pastels peu appropriées et surtout cran de revers très hauts, quasi touchant l’épaule, pour les costumes, ce qui combiné avec une largeur de revers anorexique transforme un costume droit à cran aigu en quelque chose de ridiculement mesquin et efféminé…
Pour l’autre film, il me paraît difficile d’atteindre l’excellence des coupes de Wall Street, dont le « costume designer » n’était autre qu’Alan Flusser, pas Ralph Lauren certes mais pas n’importe qui non plus. Wall Street justement me paraît éviter les excès des coupes des années 80-90, alors que sur l’image que vous proposez, la coupe du costume me paraît au contraire très baggy… Même moi qui aime beaucoup l’ampleur je le trouve trop large. Semblable à une publicité d’Hugo Boss de cette époque pour costumes qui se trouve dans Des modes et des hommes : deux siècles d’élégance masculine (F. Chenoune), où les coupes étaient visiblement vraiment bien trop larges. De toute façon je trouve que les croisés 6*1 -très beaux au demeurant- devraient réservés aux hommes petits/moyens et assez forts, donc pas vraiment comme Di Caprio !
Sinon pour un style années 90 réussi -coupe assez ample et épaules larges et structurées-, j’aime beaucoup les costumes (Brioni) de Goldeneye.
En effet la photo de « Le loup de Wall-Street » promet ! Hâte de voir le résultat à l’écran !
Ceci pourrait vous intéresser, les costumes de Gatsby y sont analysés:
http://www.gentlemansgazette.com/gatsby-brooks-brothers-men-fashion-clothing-movie/
Dans le fabuleux Gatsby de Jack Clayton, les chemises proviennent de Turnbull & Asser, les costumes eux sont de Ralph Lauren…
Absolument !
Je profite de mon commentaire pour vous faire part de l’enchantement que me procure, depuis déjà plusieurs années, la richesse de vos informations et l’esthétique de vos dessins…
Effectivement les costumes ne font pas si année 20 que cela.
Beaucoup de poudre aux yeux et une rapidité du rythme du film qui fait que l’ambiance année 20 est difficile à apprécier car on passe très vite d’un plan à un autre, ou d’une scène à une autre et d’une émotion à une autre. Sinon un film avec des personnages bien construits et des émotions bien retranscrites.
Ce qui m’a aussi beaucoup amusé (ayant 20 ans) c’est la musique électro que l’on a dans les scènes des fêtes de chez Gatsby. C’est un peu décalé, mais en même temps ça insiste bien sur la décadence qui pouvait régner.