Il existe quatre grandes catégories de motifs pour les chemises : l’uni, le rayé, le semé (une nouveauté du reste) et le carreau. Si l’uni et le rayé sont souvent synonymes de chemises habillées et plus formelles, le carreau est plus connoté ‘décontracté’. Etudions ce jour les divers carreaux possibles avec une tenue dépareillée comme du tweed ou même un costume.
Lorsque je décide de porter une tenue dépareillée, comme un pantalon marron avec une veste de tweed, j’aime bien mettre une chemise à carreaux, car l’effet est immédiat. Du moins pour ceux qui sont au fait des règles de la garde robe. Ces règles hiérarchiques sont changeantes suivant les époques mais demeurent dans leur grands principes assez homogènes. Ainsi l’uni est le plus formel, suivi de la rayure parfois à égalité. Viennent ensuite les carreaux puis les nouveaux petits motifs semés s’ajoutent en queue de peloton. La chemise à carreaux est donc le complément de la tenue sport dépareillée.
Ceci dit une chemise à carreaux peut aussi se porter avec un costume. Cet assemblage est porteur de sens également. Si vous travaillez dans une institution très à cheval sur le port du costume, une banque ou un ministère par exemple, s’amuser à porter une chemise à carreaux est en quelque sorte un doux pied de nez aux convenances. Que peu de vos collègues ou supérieurs remarqueront.
On sait – Le Chouan Des Villes n’a cessé de le répéter – que la chemise blanche apparait de nos jours comme un peu trop formelle avec du tweed. Quand à la chemise ivoire, je la décommande, on dirait que vous avez sorti une très vieille chemise. L’effet n’est pas heureux.
Ainsi le carreau se prête mieux aux tenues de tweed que la rayure, surtout lorsque le tweed expose un motif ; et le tweed est souvent à carreaux. Or on le sait tous, chemise rayée et veste à carreaux font mauvais ménage à moins d’être le duc de Windsor ou Dirnelli !
Un carreau avec du tweed, c’est le nec plus ultra. Le carreau apporte une touche de couleur souvent utile pour égayer des couleurs de mousse trop discrètes. Ou alors pour faire un rappel bienvenu d’une couleur du tweed, comme le carreau de la veste par exemple.
Il existe plusieurs sortes de carreaux. Auparavant, j’encensais beaucoup le carreau tattersall. Ces chemises, souvent un ivoire sont couvertes de raies de diverses couleur, en général deux ou trois, par exemple vert, noir et marron. Cela crée de la profondeur visuel et des rappels multiples sur les autres couleurs de la tenue. Mais pour avoir testé de nombreux modèles, la chemise tattersall vieillit énormément celui qui la porte. Non pas qu’elle soit à bannir, mais je pense qu’il y a plus actuel.
Si l’on blanchit un peu le tattersall et qu’on diminue le nombre de couleur, le motif s’actualise. Vous allez me dire, cela n’a plus rien à voir. Certes. Je pense toutefois que c’est d’un goût plus sobre et souvent plus percutant. De la même dimension, un simple carreau violet éveille bien une tenue sportive.
Ces carreaux simples ont ensuite plusieurs dimensions. Le carreau classique fait 1cm de côté environ. Le trait peut être plus ou moins gras. On retombe alors sur la hiérarchie en vigueur pour les chemises rayées. Plus le trait est gras, plus la chemise est décontractée. Ainsi, les carreaux ‘bâtons’ sont moins formels que les carreaux fins. Tous les carreaux ne se prêtent pas à toutes les situations.
De là découlent un classement important des possibles. Le hic est que les coton à carreaux ne sont hélas pas légions dans les classeurs des tisserands. Un vrai regret pour moi. J’apprécie particulièrement les carreaux fin, qui de loin font passer la chemise pour presque blanche. C’est le plus doux et le plus passe-partout. Une simple touche de couleur discrète permet une association intéressante avec les autres tweeds alentours.
Quoiqu’il en soit, l’assemblage veste de tweed avec carreaux simples est idéal. Votre tenue apparaitra ainsi plus urbaine et plus habillée. Un tattersall marqué avec du tweed à l’inverse est très ‘campagne’.
Un carreau un peu marqué en bleu par exemple est aussi idéal avec un blazer ou un costume. Ici le raisonnement est inverse. Ces tenues plus habillées acquièrent immédiatement un aspect plus décontracté par la simple présence de cette touche soutenue. Vous me suivez ?
Les carreaux peuvent être petits ou bien plus grands, il est conseillé de les choisir plutôt discrets. Feu Arnys avait l’habitude de présenter des chemises à grands carreaux. L’effet était à la fois vif mais l’impression de loin était plutôt claire voire blanche. J’aimais ces modèles. Hélas, il est très difficile d’en trouver des exemples de nos jours.
Enfin, les chemises vichy (ci dessous) ou tartan sont très difficiles à mettre, sauf si elles sont seules ou accompagnées d’un pull.
Voilà de quoi vous donner des idées pour cet hiver !
Belle semaine (si j’ose dire!) Julien Scavini
Merci pour cet article synthétique et très instructif dont je partage les grandes lignes. Connaîtriez-vous des marques de PAP proposant des chemises tattersall (coupe un minimum cintrée) ? J’en cherche désespérément et n’en ai trouvé que chez Wicket (ma taille est épuisée) et chez Mettez (coupe et taille trop amples)…
Fan de chemises à carreaux dans un univers formel, j’ai trouvé un très bel oxford ci-dessous que je mets souvent au bureau avec un costume bleu marine:
http://www.office-artist.com/fr/accueil/71-chemise-oxf.html
Un avis?
Top avec un costume. Superbe même le week end avec un chino.
Bonjour monsieur Scavini,
Y a t’il un terme pour désigner le tissu avec des carreaux de différentes tailles ?
Hélas je n’en connais pas !
Un bon article comme on les aime, avec des exemples et mises en perspective dans lesquels j’imagine qu’on se retrouve tous (peut-être moins « orienté tailleur » que certaines fois) ! Comme d’habitude, un plaisir à lire !
J’essaye de varier la profondeur du propos 🙂
On trouve aussi de très chouettes chemises avec un effet « prince de galles », qui de loin paraissent bleu unies, et qui peuvent bien dynamiser une mise « business »