L’envie et le besoin

Pour la plupart des hommes, s’habiller est un besoin. Aussi se couvrent-ils simplement, sans recherche particulière et sans envie particulière. Souvent d’ailleurs, les achats sont fait par madame et l’homme se laisse faire. Il serait d’ailleurs possible de se vêtir exclusivement chez Mistigriff et dans d’autres solderies sans difficulté aucune. Il y a tout ce qu’il faut.

Par contre, les amateurs de beaux-vêtements le savent très bien, au delà du besoin, il y a l’impérieuse nécessité de bien s’habiller. Et par là même, cela forge des besoins d’un ordre nouveau, guidés par l’élégance. Le vêtement devient une envie.

L’envie peut être de plusieurs ordres. Envie de posséder une pièce en particulier pour le week-end ou pour un gala, c’est le besoin du moment. Encore plus loin, envie de posséder une pièce pour sa simple beauté, il n’y a plus de besoin. Seule l’envie gratuite reste.

La difficulté survient lorsque le portefeuille n’aide pas. Il faut se restreindre. Tâche difficile. Il y a les besoins primaires mâtinés quand même d’une envie (avoir un nouveau costume bleu, pourquoi pas prince de galles discret) et les envies (avoir un costume très élégant avec gilet croisé difficile à mettre tous les jours). Ce n’est pas simple. Les clients me demandent souvent comment je fais avec tout ces tissus sous les yeux… Je réponds que je suis très relativiste dans la vie et que celle-ci est longue. Oui c’est beau, et alors… Tous les tissus sont beaux d’une certaine manière. Et puis j’ai le temps.

Seulement, il faut du détachement. Certaines de mes connaissances ‘sartoriales’ n’ont aucune réserve et sont parfois à la limite de la névrose concernant le vêtement. Ce n’est jamais assez, jamais assez bien, il faut toujours un nouveau costume, une nouvelle veste, une nouvelle paire de bottines…

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Ce dont j’ai envie et ce dont j’ai besoin. Pourquoi une telle dissociation? Pourquoi ne pas rapprocher les deux et les fusionner? Cela s’appellerait-il vivre raisonnablement?

Toute la difficulté réside dans la fusion des deux concepts. Il faut arriver à aimer le besoin. Contre mauvaise fortune, bon cœur dit l’adage. Certains y arrivent, d’autres pas. Appliquée à tous les aspects de la vie, cette pratique pourrait peut-être contraindre au misérabilisme ceci dit. Ce n’est donc pas une tâche facile. Il faut  définir des priorités et des aspects plus soumis à l’envie que d’autres. Je reste convaincu qu’un besoin bien intellectualisé peut devenir une envie.

Pour ma part j’essaye au maximum d’apprécier mes costumes simples qui répondent à ces besoins simples. Évidemment, je pourrais en avoir cent, tous plus extravagants. Mais les apprécierais-je vraiment? Une fois par an, je réalise quelque chose de plus osé, un costume en seersucker ou une flanelle rayée. Point trop n’en faut. Car pour conserver le goût des belles choses, celles-ci doivent rester rare. A trop fréquenter le beau, on se lasse ou on veut mieux. Mais là, il faut les moyens!

 

Belle semaine, Julien Scavini

 

3 réflexions sur “L’envie et le besoin

  1. charlesbilger 11 septembre 2017 / 20:22

    Certains fois le besoin est plus elegant que l’envie. C’est ennuiant mais il faut savoir faire avec ce qu’on a.. l’idee est d’optimiser, on n’achete pas l’histoire. J’aime les veilles chaussures qui ont bien veilli a nos pieds et auxquelles on a pri soit, pour la veste, une fois les manches epuisees un patch en cuir les rehausse. C’est plus elegant que des nouvelles chaussures tous les 6mois (a moi s d’avoir les moyens -et quand vien meme il faut se donner le temps de trouver ») et une veste achetee a la va vire pour rentrer dans le four tout de l’illusion « c’est neuf donc c’est parfait » et Dieu sait que c’est tentant.. qui n’a jamais eu l’impression d’etre devisagé le jour ou il partait un. ou eau costume, ou nimporte quel nouveau vetement?

  2. charlesbilger 11 septembre 2017 / 20:35

    Certains fois le besoin est plus elegant que l’envie. C’est ennuiant mais il faut savoir faire avec ce qu’on a.. l’idee est d’optimiser cat il n’y a rien de plus elegent que ce qui est authentique a mon avis. En fin de compte, on n’achete pas l’histoire.
    Pour ma part, j’aime par exemple les veilles paires de chaussures qui ont bien veilli a nos pieds et auxquelles on a pri soin. Un autre exemple est sur une veste, une fois les coudes epuisees on peut y apposet un patch en cuire et
    l’illusion est parfaite.
    A faire autant que possible mais desfois la raison est ailleurs: privilegier le comfort (selon les temperatures par exemple), ou un vetement trop deformé pour sortir en ville. Meme si en en ayant pri soins encore une fous ca be devrait pas arriver.. mais bon: remplacer un pantalon, un pulle ou une chemise, ce n’est pas dramatique. Un jour une copine italiene m’a dit que les « senior » se reconaissaient car ils ont des trous dans les chaussettes. C’est vrai, tant qu’ils sont propres et se comprtent bien, n’importe qui meme les plus demunis peuvent alors devenir des « senior ». J’aime bien l’idee, surtput venant de l’italie ou tout semble devoire tre flamboyant! Vs l’angleterre ou plus on ressemble a un hobbit mieux c’est.

    Enfin il doit y avoir une mesure en effet car je pense que tout le monde a deja eu l’illusion « c’est neuf donc c’est parfait ».. qui n’a jamais eu l’impression d’etre dévisagé par la foule le jour ou il portait pour la première fois un costume neuf, ou nimporte quel nouveau vetement?

  3. Pizzo 12 septembre 2017 / 07:49

    D’accord avec toi Julien, cependant toi pu peu avec discrétion choisir tes tissus, dans les liasses sublimes de Cerruti, Dormeuil, Scabal, tandis que nous, nous, avons les « tissus du Renard » et avec. beaucoup de chance « le marché Saint Pierre ».

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