La veste Maubourg

Ce nom ne vous dit encore rien? Attendez un peu…

Petit retour en arrière.

La veste d’homme est une création de la fin du XIXème siècle, que l’on appelait veste courte à l’époque par opposition aux fracs et autres jaquettes alors en vigueur. Arrondie dans le bas et avec des revers découvrant le haut du buste, elle est symbole de l’english-man. Son adoption pour la pratique des sports anciens et nouveaux, équitation et vélo, golf et automobile, fut rapide. Elle passe à la ville dans les années 10. La première guerre mondiale met définitivement au placard les longs habits empesés.

La veste anglaise, avec ses revers débarque sur le continent où elle ne jouit pas immédiatement d’une grand notoriété. Les hautes sphères, gagnées par l’anglomanie depuis le second empire, l’affectionnent bien sûr. Mais dans les campagnes et dans les usines, on porte jusqu’aux années 70 un autre type de veste, à bas carré et à encolure cheminée ou chemisière. Les photos en noir et blanc des campagnes françaises montrent assez souvent des sortes de vestes tuniques, parfois assez proches des vestes autrichiennes modernes.

Ces dernières années, ce vestiaire renommé ‘workwear’ pour le rendre plus bourgeois que le simple ‘vêtement de travail’ connait un incroyable essor. Caterpillar, Carhartt, Belstaff ou même Barbour jouent sur cette fibre qui plait bien, synonyme de vêtement pratique et robuste.

C’est une réponse à un besoin du marché, pour plus de décontraction que les vestes anglaises et pour autre chose que le blouson et la parka. Parfois la veste classique peut paraître inadaptée car trop habillée ou trop apprêtée. L’ouverture devant, ménagé par l’évasement des revers peut apparaître curieuse si aucune cravate n’habille la chemise. Prendre l’avion, partir en voiture ou faire une balade en forêt sont autant de moments où une solution intermédiaire est possible.

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D’où un regard en arrière vers ces anciennes tuniques carrées à col de chemise ou officier, souvent faites de gros velours. Praticité rimait avec solidité. Arnys a bien vu cet héritage et créa la veste forestière dès 1947. Elle était inspirée des vestes de gardes-chasses de Sologne malgré une coupe kimono radicalement différente et très ample. Bien d’autres marchands ont senti cet esprit. C’est le cas de Franck Namani qui propose aussi depuis longtemps des modèles hybrides, mi-blouson mi-veste. Les petits détails en matières contrastantes, les poches aux formes variées, les matières techniques ou luxueuses sont autant de réponses qui enjolivent l’aspect utilitaire. Sans oublier bien sûr la réponse d’Hollington, qui développa avec son ami couturier Michel Schreiber des vestes de peintre ou de menuisier adaptées à la très chic clientèle du quartier latin. Des symboles des architectes et penseurs des années 70.

Et il est vrai que j’éprouve également depuis longtemps un goût pour cette veste hybride, permettant une élégante décontraction, association de mots facilement opposables. Un pari difficile, qui depuis longtemps me trotte dans la tête. C’est ainsi que j’ai fait développer par un ami qui possède son petit atelier dans le sud de la France un modèle, basé sur un corps de veste, mais totalement dénué d’entoilage. Une veste foulard très souple et légère, avec un col à patte prolongée et de belles poches plaquées très expressives. Cette veste, je l’ai appelé Maubourg, du nom de la rue où j’ai installé mon commerce. Un joli nom qui sonne bien français, en fait un titre de courtoisie trouvant ses racines dans le Massif Central.

Voici donc la veste Maubourg. Avec le prix le plus serré possible pour une fabrication française. Le volume est minuscule, donc les quelques pièces fabriquées partiront vite. Ne vous inquiétez pas, d’autres sont dans les tuyaux, en flanelles lourdes, dans des coloris plus variés et plus campagnards aussi. Les tailles sont assez juste, je fais un 48/50 et la M est parfait en aisance.

Faites lui bon accueil !

www.la-maubourg.fr

Belle semaine, Julien Scavini

 

8 réflexions sur “La veste Maubourg

  1. marcel clémence 10 décembre 2018 / 21:11

    Cher Julien, Je tenais à vous féliciter pour cette merveilleuse création. Je me réjouis de la porter très vite. Amitiés. Marcel

    Envoyé de mon iPhone Meilleures Salutations Marcel Clémence

    >

  2. Leturcq 11 décembre 2018 / 00:49

    Elle est superbe…!!! je l’ai essayée et espère l’adopter bientôt. Entre veste et surchemise. L’aisance d’un vêtement de travail dans une étoffe raffinée. Un entre-deux (ou plus) subtil.
    Je suis intrigué par les tissus à venir.

  3. grisou 11 décembre 2018 / 06:30

    Elle est superbe ….j’adore ….

  4. Stéphane Mettetal 11 décembre 2018 / 06:40

    Monsieur,
    Merci pour ces rappels historiques montrant l’évolution du vêtement masculin, et pour tous vos articles.
    Bonnes fêtes de fin d’année à vous, à vos lecteurs et – déjà – bonne et heureuse année 2019 !

  5. chiffon 11 décembre 2018 / 10:02

    C’est une bien belle création, et en plus c’est produit localement (sauf le tissu, mais c’est chez nos voisins italiens donc ça reste proche). Merci pour cette initiative !

  6. @d@v 11 décembre 2018 / 16:06

    Très jolie pièce. Peut-être une petite réserve quant aux boutonnières passepoilées qui alourdissent un peu la ligne à mon goût mais je vais quand même essayer.

  7. Jules 13 décembre 2018 / 19:35

    Bravo cher monsieur pour cette belle création, vraiment réussie.

    Si vous deviez développer des variantes autour de cette idée de veste décontractée inspirée du registre « vêtement de travail ancien » ou « vêtement populaire de campagne », je verrai bien une version en 100% coton lourd (et solidement doublé), toujours en bleu marine (mais aussi en vert profond et en marron), cette fois-ci agrémentée d’un col chemisier en velours marron. Coupe droite, deux poches passepoilées, pas de poche poitrine. Assez ample et longue, pour pouvoir aussi enfiler sur une veste de tweed par exemple. Bref, quelque chose d’une « field jacket » à la française, non huilée. Et non sans quelque parenté avec la « forestière » de la célèbre et défunte maison de la rive gauche.

    Si je me permets cette suggestion, c’est que je possède un tel vêtement vieux de vingt ans, acheté à l’époque l’équivalent de 80 euros… Bien sur, après tant d’années de bons et loyaux services, ma veste préférée a aujourd’hui toute la patine qui convient ! Mais aussi les points d’usure qui annoncent les fins de vie. Et je ne parviens pas à trouver un équivalent en prêt-à-porter…

    Bien sincèrement à vous,

    J.

  8. Mistral 18 décembre 2018 / 12:32

    Une fort jolie création, qui permet un intermédiaire bienvenu entre le formel et l’informel, je pense qu’une photo avec cravate serait judicieuse.

    Bien sûre sa parenté avec la Forestière est évidente, peut-être aussi, dans un registre un peu différent (plus chasse) avec la Teba espagnole.

    Nous en avions parlé ici:

    http://depiedencap.leforum.eu/t20922-La-Teba-une-veste-part.htm

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