Il n’y a pas de vérité pour les pointures

Cela fait des années que je tente avec complications et moult argent de trouver le bon chausseur et surtout la bonne chaussure.

J’ai déjà relaté la complexité à trouver des chaussures confortables à prix raisonnable. Pendant longtemps j’ai considéré que le 42 était ma pointure, car en baskets, c’est ce que je porte et que le chiffre m’est familier depuis mon adolescence.

Chez Bexley il y a fort longtemps, cela m’allait bien. Puis j’ai essayé Markowski, en pointure 8. C’était bien.

J’ai aussi tenté 7ème largeur, où j’ai acheté deux paires, qui m’ont été vendues presque de force en pointure 7. « Si si, c’est mieux ainsi, votre chaussure ne se déformera pas, elle gardera de l’allure« . Certes. Mais c’est mon pied qui s’est déformé. La paire de richelieu est partie à la poubelle au bout d’un mois après un refus d’échange, c’était trop pénible. Quant aux mocassins, curieusement, ils sont confortables encore maintenant. D’où cette première intuition que peut-être, les pointures n’étaient pas grand chose…

D’autant plus qu’avec le temps, j’ai détecté une demi pointure de différence entre les deux pieds. C’est assez normal a priori mais en Nike ou Le Coq Sportif, peu important. Mais lorsque l’on commence à porter des chaussures de qualité supérieur, cette question devient prégnante. Chez Bowen, le vendeur m’avait fait prendre du 8, même en ayant remarqué la différence de pointure. Et pas du 81/2. Pour ne pas avoir de chaussure déformée après quelques ports. J’avais écouté, je n’aurais pas du. Trop serré dans le temps.

Puis j’ai commencé à acheté Alden par l’intermédiaire d’un ami aux USA. J’ai naturellement pris du 8. Deux paires! Sans me rendre compte que les américains ajoutent une pointure. Donc le 8 USA est en fait un 7 UK. Les chaussures étaient trop serrées, je m’en suis hélas rendu compte très vite. Mais en même temps vaguement confortable, grâce à un soulier bien rond et à une forme au confort de Cadillac. Donc pour la suite, j’ai pris des paires en 9.

Lors de mon voyage au printemps dernier à Washington, après une journée de marche dans ma paire préférée en taille 9, habituellement très confortable, mes pieds me faisaient affreusement souffrir. D’où un constat : ce qui est confortable dans ma boutique au long de journées relativement tranquilles, ne l’est plus lorsqu’il faut faire grand usage de ses jambes. A noter intérieurement.

ILLUS181

Puis, le lendemain, j’ai pointé mon nez dans la boutique Alden. Là, le vendeur, à l’américaine, très entreprenant et professionnel, m’a fait poser les pieds sur le pédimètre. Verdict direct : « monsieur, vous faites du 10 (donc 9 UK ndlr) et plutôt en largeur étroite, pas standard« . Ah bon…?

J’ai donc pris une paire ainsi. Puis une seconde. Au quotidien, c’est très plaisant. En revanche, à l’usage, je note tout de même deux choses. 1- J’ai l’impression d’avoir des bateaux aux pieds. 2- Des plis se forment au dessus de la chaussure, de manière bien plus marquée que sur mes souliers en taille 9.

Toutefois, je me souviens que le vendeur d’Alden portait lui-même des mocassins visiblement très confortables, un peu large. Avec le temps, je pense qu’il est probable qu’outre-atlantique il soit concevable d’acheter un peu grand, alors qu’en Europe, on préfère peut-être la vanité d’un pied petit…? Il n’y a pas une grande vérité, l’aisance est une notion qui varie d’un pays à l’autre, d’une personne à l’autre.

Pour la suite, j’ai commandé une paire en 91/2. On verra bien. Je me ferais un avis.

Finalement, avec mon collaborateur Raphaël m’est venu une intuition. Car lui chausse du 5. Dans lequel il a un peu mal à la fin de la journée. Et le 6 est un peu trop grand. Mais qui lui serait peut-être conseillé outre-atlantique…?

Peut-être que la bonne solution est d’avoir différentes pointures, pour différents moments. Lorsque je sais que la journée est calme à la boutique, sans une soirée après, je peux porter la pointure 9, idéale et très élégante, car faisant un pied de bonnes proportions. Si jamais je dois aller à un diner le soir ou à l’Opéra, je chausse le matin du 10, à peine ample, mais préférable pour endurer l’effort.

« N’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi » écrivait Cioran. C’est très vrai. Alors je relativise cette question de la pointure. Rien n’est tout à fait parfait en ce bas monde, il faut s’adapter aux conditions du moment.

Belle semaine, Julien Scavini

11 réflexions sur “Il n’y a pas de vérité pour les pointures

  1. Samuel 3 décembre 2018 / 21:28

    Paraboot propose des demi tailles et même des tiers de taille et présente l’avantage d’être une fabrication française, certes coûteuse mais de grande qualité.

  2. Noisequik 3 décembre 2018 / 21:45

    C’est comme le coiffeur : au début trop court et après trop long, il n’y a qu’un court instant où la coupe sied parfaitement.

  3. PERROT 4 décembre 2018 / 00:50

    Bonsoir cher Julien,

    Avant toute chose, un grand merci pour vos chroniques pour lesquelles j’ai une réelle addiction, dans le Figaro d’abord puis maintenant sur le journal du web.
    Je sais que vous entretenez de bonnes relations avec l’équipe du blog « Bonne Gueule » aussi je vous recommande chaleureusement la série de 6 articles récemment écrits par Jordan Maurin qui est une approche claire et pédagogique du milieu de la chaussure, lui-même ayant été dans ce milieu pendant quelques années.Vous y trouverez matière à réflexion et j’en suis persuadé « chaussures à vos pieds » car rien n’est plus désagréable que des chaussures qui ne vont pas aux pieds, trop petites, trop grande, trop étroites ou trop larges c’est une mauvaise journée qui commence.
    Bonne lecture et bon choix.
    JP

  4. Jpg 4 décembre 2018 / 09:32

    Les affres des pieds qui gonflent….
    Pour une longue journée, un derby sera plus judicieux qu un mocassin ou un Richelieu.
    Et certaines marques, avec leur multiples formes permettent de trouver chaussure à son pied.
    J’ai un pied difficile -large, court avec une voute fort marquée. J ai réussi néanmoins à trouver très confortable des Richelieu de chez Loding.
    Je trouve mon bonheur et mon confort chez Crockett – beaucoup de choix, excellent rapport Q/P, je le recommande – Weston et ses multiples largeurs et demi-pointures, et pour le rustique, Paraboot.
    Vivant au fin fond des Pyrénées , acheter des chaussures de qualité est assez onéreux car nécessitant un petit voyage à Paris….
    Bonne journée.

  5. Clément 4 décembre 2018 / 13:00

    Julien,
    avez-vous essayé de glisser une semelle (ou une demi-semelle) à l’intérieur de vos souliers une peu larges? Celles-ci permettent de rattraper une forme un peu généreuse, tout en étant confortable en longueur et en largeur, puisque c’est sur la hauteur du chaussant que l’on joue.
    En remplissant ainsi mieux la chaussure, on est plus confortable car mieux tenu (sans l’inconfort d’être trop serré) et on limite la formation des plis de marche (pas très esthétiques s’ils sont vraiment marqués).
    Et puis ainsi, il est toujours possible de retirer les semelles en fin de journée si – la gravité et le piétinement faisant leur oeuvre – les pieds ont un peu gonflé….
    Bonne journée,
    Clément

  6. Matthieu 4 décembre 2018 / 16:52

    Je suis d’accord avec vous : l’idéal est de pouvoir choisir plusieurs pointures, en fonction de l’usage.

    Lorsqu’ils sont beaucoup sollicités, les pieds gonflent, parfois considérablement. Je l’ai appris, douloureusement, à l’armée. J’avais fait l’erreur de prendre lors de la perception du paquetage des chaussures correspondant à ma pointure de ville (il s’agissait en plus des types Meindl, avec une étanchéité à toute épreuve : la transpiration ne s’évacue jamais). Lors des premières marches de nuit, j’ai vite mesuré mon erreur !

    Les saisons jouent aussi leurs rôles. En été, des souliers un peu étroits ont vite fait de devenir invivables.

    L’idéal, donc, est de prendre une pointure au dessus pour les chaussures avec lesquelles vous allez longuement marcher. Une autre solution, que les randonneurs connaissent bien, est de prendre un modèle qui permette de facilement serrer ou desserrer le laçage en fonction du besoin. A ce titre, les derbies me semblent plus adaptés que les richelieux.

    Bonne journée,
    Matthieu

  7. Marc 10 décembre 2018 / 13:07

    Bonjour Mr Scavini,
    Je rejoins l’avis de Clément, des semelles en cuir de qualité sont parfois bien utiles. Concernant les chaussures, j’ai moi même essuyé pas mal de déconvenues chez divers fournisseurs (la pointure étant à adapter au chausseur de par mon expérience). Pour finalement découvrir par l’intermédiaire d’un ami le magasin d’usine Heshung à Dettwiller (Alsace). Si l’expérience vous tente, le magasin réalise deux fois dans l’année des ventes privées (juin et novembre) ou l’on trouve pour la somme de 200€ des modèles confortables et esthétiques. Niveau confort, les semelles plastiques à picots restent mes préférées pour les longues journées. Pour les modèles plus décontractés (bateaux et mocassins) je trouve mon bonheur chez Sebago mais l’ajout d’une semelle cuir s’avère indispensable pour le confort. J’ai depuis transmis ce filon Heshung à plusieurs amis que je retourne avec plaisir lors de ventes privées annuelles.

  8. Grégory 11 décembre 2018 / 15:37

    Bonjour,

    J’ai moi-même eu la même expérience que vous : le pied déformé par la richelieu 7e Largeur, achetée il y a maintenant plus de six mois et portée deux ( 2 !) fois dehors, au prix de souffrances incalculables. Le vendeur assurait pourtant que celle-ci « s’adapterait à votre [mon] pied. » J’ai tout essayé, comme la porter à l’intérieur (tolérance maximale : 15-20 minutes). Depuis elle poireaute dans mon placard – j’ai toujours espoir, néanmoins, de la porter un jour !

    Quant aux Aldens, j’en ai deux. Toutes deux des derbies en daim sur leur forme Barrie Last, une marron claire, l’autre beige. La première achetée il y a cinq ans. Quand je l’ai essayé la première fois en boutique, c’était comme une révélation, c’était comme porter des chaussons, elles étaient incroyablement confortables, et serrées. Or quelques années plus tard elles se sont détendues, et la chaussure est trop grande. Mon pied bouge. J’ai tout essayé : les semelles, et même faire insérer par un cordonnier une épaisseur cuir dans le talon (au prix de 20 euros par chaussure), mais la taille me semble toujours pas bonne, mon pied n’arrive jamais à être bien calé. Sur un forum j’ai ensuite découvert qu’en forme Barrie Last chez Alden, il est recommandé de toujours prendre une demie-mesure plus petite ! Évidemment cette information aurait utile avant l’achat… Mais alors pourquoi Alden vendent leurs chaussures dans ce Last une demie-mesure trop grande ? Entre-temps je m’étais acheté une deuxième paire…

    • Julien Scavini 14 décembre 2018 / 12:37

      Il me semble que les américain aiment assez l’ampleur pour accepter des chaussures vaguement trop grandes. Mon mocassin Alden en 10 est vaguement trop grand, pourtant il m’a été chaudement recommandé, plutôt que le 9 1/2. C’est une philosophie similaire qui prévaut chez 7ème largeur. Inversée.

  9. Calou 14 décembre 2018 / 23:36

    Bonjour Julien,
    Il faut prendre en compte la forme de la chaussure.
    Par exemple, je possède des C&J prembroke et coniston en 8 mais des chiltern en 8.5 (chaussant plus étroit). De même pour les chukka.
    Les premieres etant plus rondes et plus larges que les dernières.
    J’ai également eu très envie d’avoir des Edward Green, mais après plusieurs essais j’ai du me rendre à l’évidence que les formes n’étaient pas adaptées à mon pied.
    Je ne porte pas de richelieu car je porte une talonnette et cela empêche un laçage identique sur les 2 pieds.
    J’adore les paraboot mais le chaussant est trop larges en 8,5 (les garants se touchent) mais le 8 est trop court.
    Je fais du 44 dans vos pantalons et du 42 chez d’autres.
    Vos chemises dans ma taille ont les manches un peu trop courtes pour mes grands bras.
    Il faut essayer, s’adapter et parfois se faire une raison.

  10. Frantz 8 septembre 2019 / 13:36

    Bonjour,
    J’ai longtemps été confronté à cet écueil.
    Une taille 8 d’une marque n’est pas identique au 8 d’une autre par exemple.
    Je ne rencontre plus de soucis depuis que je me focalise sur ma taille en centimètres (tailles utilisées notamment par les nippons).
    La plupart des marques proposent des équivalences de tailles en cm. , dans mon cas 27,5cm. Ce qui évite de se tromper, surtout lorsque j’envisage un nouveau modèle ou une nouvelle marque.

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