Un lecteur me demandait récemment de traiter la cape. Il faut bien avouer que je m’étonne moi-même, en onze ans de blog, de n’avoir jamais traité des capes ! Pourtant, sur ce journal résolument suranné pour ne pas dire totalement dépassé dans le monde actuel hi-tech, la cape a toute sa place.
Elle est devenue très rare aujourd’hui. Seuls quelques rares académiciens élégants la sorte encore pour les cérémonies extérieures. Souvent des enterrements. Je me souviens de l’hommage à Jean d’Ormesson, des capes de ce rang d’académicien que le vent froid de la cour des Invalides faisait virevolter. Il faut dire d’ailleurs qu’avec l’habit, la cape est la meilleure option, le manteau long étant un peu moins habillé. Sur cette photo amusante, on voit également à quoi sert la cape ; à faire couverture ! L’honorable académicienne au bout du rang n’a rien d’autre que ce caban gris digne d’une ouvrière de l’usine Solex ? Mais l’époque n’est plus à ce genre de concepts me direz-vous.
C’est peut-être le vêtement le plus primitif qui soit. La simplicité même d’un coupon de tissu jeté sur les épaules. Mais à la différence d’une étole ou d’une toge, la cape est coupée et cousue. Elle répond à une géométrie précise. Il y a des règles, même si l’approximation sied bien quand même à cette forme, vague par essence. Il existe plusieurs sortes de capes et demi-capes.
Commençons par la plus petite, la moins opulente, la pèlerine. C’est une petite cape, qui se coud généralement sur le haut d’un manteau. Les femmes peuvent porter la pèlerine seule sur une robe du soir, qui s’arrête au bout des bras. Mais sur un homme ce n’est pas une pratique courante. La pèlerine permet de créer une couche de tissu supplémentaire pour protéger les épaules de la pluie, avant l’invention des draps caoutchouté étanches. En la retournant, elle peut aussi protéger la tête ci-besoin.
Il est possible d’additionner plusieurs pèlerines à la manière des poupées gigognes. Le but est logique, plus il y a de couches, moins l’eau pénètrera, et le froid. C’est pourquoi les manteaux de cochers avaient souvent beaucoup de pèlerines. Ou Sherlock Holmes. Voici un manteau à multiples pèlerines d’époque Régence Anglaise, l’époque du Beau Brummel. Que de couches !
Le tracé de la pèlerine se base sur le devant et le dos. Le tracé primaire suit les épaules. Il existe deux types de pèlerines : la pèlerine à empiècement ou à la pèlerine trois-quarts. De quoi moduler le volume recherché.
Pour la première version, moins généreuse, devant et dos du vêtement doivent être positionnés d’équerre à 90°. Il faut conserver les lignes d’épaules, puis donner de l’ampleur à partir des bras. Une couture permet de moduler l’ampleur. Cette pèlerine est donc en quatre morceaux. Petit volume, peu de godets.
La seconde version est plus généreuse. Devant et dos s’alignent par les épaules, ils s’opposent donc à plus de 90°. Et la pèlerine suit alors un tracé simple en arc de cercle sans couture. Cette pèlerine est donc en deux morceaux. A couper dans le biais idéalement. Volume important, beaucoup de godets. Les deux dessins dessous expliquent cette nuance :
Ces pèlerines s’ajoutent à des manteaux. Ce type alors, en France, nous l’appelons mac farlane. Les anglo-saxons inverness-cape. A la fin du XIXème siècle, les manches disparaissent curieusement. L’avantage pour le tailleur est de faciliter de travail. Pas de manche à faire, ça c’est le pied. Et le client fait une économie de main-d’œuvre. Mais pas de tissus ! Sur cette photo du futur (ou déjà?) roi Édouard VII, son mac farlane en prince-de-galles (on y revient toujours!) est une démonstration de style. Cette pèlerine semble du type 1 :
Avec le XXème siècle qui approche, ces manteaux à capelines n’était plus portés que le soir par les élégants. Les manches ont n’auraient alors plus aucune utilité de toute manière. La pèlerine arrive jusqu’au poignet. Le manteau dessous est une sorte de grand gilet. Sur cette gravure ancienne des années 1900, la manche du gentleman est clairement celle de son habit. Et l’autre de dos présente une variante à demi-pèlerine, seulement sur l’avant :
Le col avec une pèlerine est souvent rabattu et en velours, mais quelques variations à revers de soie existent, surtout à partir des années 30 je dirais. C’est une sorte de forme plus aboutie, plus select, à une époque où toutefois, ces modèles marquaient sévèrement le pas ! Et encore à demi-pèlerine avant à droite de l’image.
Toutefois, les manches ont longtemps existé sur les manteaux à pèlerine aussi. C’est tout de même plus chaud. Cet exemple d’un manteau de régiment français de 1885 est intéressante à ce titre, avec sa pèlerine du second type :
La semaine prochaine, pour le dernier article de l’année, nous étudierons la cape proprement dîtes !
Bonne semaine, Julien Scavini
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merci 🙂