Le bouton, partie première

Pour fermer vestes, manteaux et pantalons, il faut des boutons. Si la fermeture à glissière a bien révolutionné l’industrie textile, le bon vieux bouton, dispositif millénaire, a encore de beaux jours devant lui. Archi simple à mettre en œuvre et très facile à réparer, ce petit dispositif rond est plein de poésie.

Commençons par le décrire. Généralement, un bouton d’homme a quatre trous. Deux est plus fragile et un peu plus féminin mais à Savile Row, c’est un classique. Je n’en ai jamais vu à trois, ce serait pourtant une riche et élégante idée, la couture en triangle ! Pour être élégant, ce bouton n’est pas plat, mais dispose d’une lèvre à son pourtour, plus ou moins bombée. A Savile Row toujours, les tailleurs utilisent un bouton spécial, incurvé vers l’intérieur, en forme de ménisque. C’est une élégante spécificité, comme vous le voyez ci-dessous :

https://i.ebayimg.com/images/g/YHoAAOSwsGhaelKI/s-l300.jpg

Pour les vestes, le diamètre habituel du bouton devant est 18/19mm et aux manches 14/15mm. Dans les années 50, ces mêmes boutons étaient 2mm plus larges environ, surtout devant. C’est dire qu’avec le temps, les boutons ont légèrement diminué de taille.

Pour un manteau, le bouton est plutôt de 25mm devant, et 16/17mm aux manches. Mais la tendance actuelle pour les manteaux est de mettre aux manches, les mêmes boutons qu’aux manches d’une veste, soit 14/15mm. C’est un peu dommage, mais cela réduit les coûts probablement.

Dans ma boutique, je présente les boutons sur cette petite planche. A gauche, le 25mm à manteau, au centre, le 19mm à veste, à droite le 15mm pour manches de veste. Manque donc le modèle manche de manteau. Le gilet se contente du plus petit modèle à droite, comme le pantalon :

Pour une chemise, le bouton principal est de 11mm et celui de la gorge de poignet de 9mm. L’épaisseur est d’environ un millimètre et demi en nacre, deux millimètres en plastique, et parfois 5mm pour des nacres italiennes. Ces boutons sont plus ostentatoires. Sur la photo ci-dessous, voyez la présence d’un cercle gravé en creux au pourtour du bouton, signe d’excellence par rapport à des boutons plus simples :

https://www.acornfabrics.com/wp-content/uploads/2019/07/button201820mop20mass20shot.jpg

Comment coudre un bouton maintenant ? En tailleur, les deux écoles se battent continuellement. Certains prétendent que le X est mieux que le = . En industrie, le X prédomine et je crois me souvenir que quand j’étais stagiaire chez Camps de Luca, on faisait des = . Donc, je ne crois pas du tout à une supériorité de l’un sur l’autre. En chemiserie, depuis quelques années, les italiens ont donné le goût de la couture en patte d’oie (zampa di gallina en italien), ou en fleur de lys comme on dit en France, comme ça : \|/ . Je dois dire qu’il est possible de coudre les boutons de cette manière, même sur un costume. Je n’y vois pas d’inconvénient en tout cas. Regardez sur une chemise ce que cela donne :

https://i.pinimg.com/originals/54/a9/c3/54a9c38495028fbfd6c676f6cfdbefd4.jpg

Normalement, le bouton présente une petite queue à sa base. Elle est réalisée en laissant du « mou » lors de la couture du bouton, puis ce « mou » est entouré de fil, comme un ressort, ce qui donne comme un pied. Le bouton est plus facile ainsi à passer dans les boutonnières. Y compris sur les belles chemises. Les machines à coudre bas de gamme des industriels bas de gamme cousent les boutons sans queue. Le coup de l’allumette pour être sûr de laisser le bon « mou » est super, mais il prendre beaucoup trop de temps!

La semaine prochaine, nous regarderons de plus près les matières à notre disposition ! Bonne semaine, Julien Scavini

5 réflexions sur “Le bouton, partie première

  1. Francoise W. 25 janvier 2021 / 20:24

    L’article n’aborde pas le bouton à queue comme on en voit (voyait?) sur les bazers sport, les uniformes (en métal pour ces deux premiers), ou encore les manteaux (en cuir ou en métal). Serait-ce passé de mode chez les messieurs ?
    Je ne connaissais pas la couture en fleur de lys, c’est très fin et original. On apprend toujours des choses intéressantes chez Stiff Colar, merci encore et bonne semaine !

    • Julien Scavini 26 janvier 2021 / 13:47

      Oui, la semaine prochaine avec les boutons de blazer 🙂

  2. Philippe Muller 25 janvier 2021 / 23:08

    « Je n’en ai jamais vu à trois, ce serait pourtant une riche et élégante idée, la couture en triangle ! » Un bouton à trois trous ? C’est la signature des chemises van Laack depuis des décennies. Mmm… Franchement pas à mon goût mais ça peut se discuter. Je préfère de loin un brave point de croix sur un bouton à quatre trous. Merci en tout cas pour ce nouvel article, cher Julien.

    • Julien Scavini 26 janvier 2021 / 13:47

      Ah je vais regarder sur internet s’il y a des photos. Merci du tuyaux. Et merci pour votre aimable retour.

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