La fin de la deuxième semaine de cours à l’Association Formation Tailleur est l’occasion de présenter les quelques modèles de poches en culture tailleur. Une veste arbore traditionnellement trois types de poches : côté, poitrine et garniture. Celles-ci peuvent ensuite être sous divisées en variétés, poches passepoilées simples, à rabats, plaquées, plaquées à soufflet etc…
La poche de côté passepoilée à rabat ou patte est la plus courante. Elle se compose de deux passepoils (replis de tissus permettant de dissimuler une coupe dans le lainage), d’un rabat, d’une parmenture intérieure en satin, d’une doublure de patte en satin (coupée en plein-biais), d’un morceau de bougran (coton à armure toile) pour rigidifier l’arrière des passepoils, d’un morceau de toile thermo-collante pour l’intérieur de la patte (il y a controverse sur l’usage de cet artifice) et de deux fonds de poches en percaline (autre toile de coton plus souple que le bougran). Voilà pour les pièces nécessaires à la préparation d’une poche de côté.
La réalisation de la patte démarre en premier et demande beaucoup d’attention et de dextérité. Il convient de bâtir endroit contre endroit le satin et le lainage préalablement thermo-collé, puis de piquer, de retourner, de rouler les bords du satin, de piquer en points perdus puis de presser… Réaliser une belle patte bien régulière et aux arrondis fins dont on ne puisse voir la doublure une fois positionnée est assez difficile et représente une lourde étape dans la façon d’une veste. Il faut en effet en réaliser deux parfaitement symétriques, parfaitement raccordées.
Mais la création des passepoils n’est pas plus simple. Il faut les raccorder éventuellement, les bâtir, les piquer en parallèle avec 1mm de tolérance puis cranter (couper et ouvrir la toile de la veste), rouler, piquer en points perdus, exécuter les points d’arrêts, dégarnir, coudre les demi-lunes, ajuster les sacs de poche, repiquer, presser etc…
Et il faut une heure et demi pour réaliser une poche passepoilée à rabat à un apiéceur qualifié, ce qui représente une certaine course à la vue des nombreuses opérations qu’elle nécessite (plus de 50). Du moins à l’école, nous tâchons de tenir le délai… avec succès ! Quant au raccord des passepoils sur la toile, il fait débat. La plupart des tailleurs y compris la très sérieuse maison Ciffonelli ne les raccorde jamais, les positionnant à la perpendiculaire du droit fil. En revanche, Anderson et Sheppard à Londres les raccorde. Les exemples dessinés plus haut montrent les deux exemples opposés. Le passepoil raccordé dure en revanche moins longtemps, il aura tendance à s’affaisser avec le temps…
MàJ: la demi lune étant la finition que l’on réalise au bout des passepoils, qui consiste à coudre au point perdu un arc de cercle. Celle-ci soutient les passepoils alors qu’ils se trouvent dessous, c’est une solidité supplémentaire.
Et quid de la demi-lune ?
Euhhhh : toujours pas trop compris ce qu’est la demi-lune annoncée dans le titre… ???
Difficile à décrire. Une succession de points perdus de chaque côté de passepoil, qui le renforce. Ils sont disposés en arc de cercle, la demi lune.
Alors je vois très bien ce que c’est 🙂
Merci Julien
Une reece 42 pour le passepoil ne serait pas de trop…