Nous entendons parler de plus en plus souvent pour décrire les costumes de l’épaisseur de leur lainage, appelée super quelque chose… Mais que signifie exactement ce terme?
La laine, après avoir été tondue sur le dos des moutons, est envoyée au lavage pour en retirer les saletés puis dans des sortes de rouleaux pour être cardée, c’est-à-dire être transformée en fibres longues de laine. Après cette opération, elle est relavée, apprêtée, et enroulée par plusieurs brins. Ensuite, si les fibres sont trop courtes, on s’arrêtera là, ce qui donne la laine cardée (le tweed par exemple), et si les fibres sont de bonnes qualités, on les peignera. Le fil primaire s’appelle le retor. Il peut de nouveau être enroulé pour former un fil double retor.
La finesse de fil ainsi obtenu se distingue sur les normalisations oko tex suivant les termes super 60, super 70, super 100, super 180, super 200 etc. Il s’agit en fait du nombre de fil que l’on peut disposer les uns à cotés des autres sur une longueur d’un pouce. Cela donne donc une indication sur la finesse du fil utilisé pour tisser le lainage.
Car vous pouvez très bien obtenir un tissus lâche et estival avec un super 110’s, il suffira de tisser les fibres de manière aérée. Il n’y aura pas 110 fils sur un pouce mais il aura été tissé avec un fil super 110… Cela ne préfigure donc en rien la qualité finale du tissus.

Deux grands types de tissage sont utilisés en mode masculine, l’armure toile et l’armure sergé, dont est dérivé le chevron. La flanelle par exemple est une armure toile en laine cardée, qui peut se présenter en super 110’s ou super 180’s. Le lainage grain de poudre (vu dans l’article sur les smoking) est à l’inverse une armure toile en laine peignée, qui peut se présenter.. idem.
Alors attention, cette mode actuelle pour la finesse du tissus ne veut rien dire en revanche. Se prévaloir d’un costume en super 150’s ne veut pas dire grand chose. Les lainages fins (super 130, 140, 170 etc…) ont été développé grâce au perfectionnement des outils de production, dans le même temps que l’industrialisation du prêt à porter. Un maître tailleur ne se risquera que rarement sur des lainages supérieurs à super 130’s. Les tissages d’une finesse supérieure sont plutôt destinés à être travaillé par des robots automatisés. Ils demandent une extrême précision dans leur mise en œuvre, car ils frisent vite (effet de vague aux coutures) et demandent des fils extrêmement fins ne se tordant pas (donc plutôt en 100% polyester). Ils sont donc d’une grande difficulté à travailler, et ne sont pas appropriés au travail à la main. De plus, les industriels vantant ces produits en super 160’s ont souvent recours aux toiles thermocollantes pour les plastrons, thermocollants qui marquent assez vite sur ces fins lainages…
La norme acceptable pour un tailleur se situe aux alentours du super 110’s, voire maximum super 130’s. Au delà, des techniques industrielles (notamment le picotage des revers au fil de nylon sur une machine à aiguille courbe) s’imposent plus ouvertement.