Une veste de chasse

L’heure n’est pas au repos, et malgré la récente publication de mon travail ici en page 44 de Monsieur Décembre-Janvier, mon but n’est pas le journalisme et reste toujours de confection de sympathiques vestons! Je viens de livrer à un ami une veste de chasse, prototype de coupe et de finitions de mon projet professionnel.

Le ‘client’ voulait une veste trois boutons, plus un derrière le revers, avec trois poches plaquées à pli creux, des boutons recouverts, une martingale dos et deux fentes d’aisance. Le tissu m’a été apporté, il s’agit d’un whipcord de chez Marling & Evans, plutôt clair, et la personne a préféré travailler l’envers de ce tissu, plus foncé. La serge est donc inversée par rapport à la normal, mais qu’importe. Pour la doublure et suivant mon projet, j’ai choisi un ponge de soie orangé, très fin et doux. Commençons le tour d’horizon par le devant gauche, endroit, puis envers, puis envers avec la garniture et enfin avec la garniture montée, dans laquelle se trouve une poche portefeuille et une poche stylo. Je confesse une toile réalisée machine (en bleu):

Ensuite, les doublures. A gauche également, j’ai décidé de réaliser une variante de la poche goutte d’eau pour mon plaisir, avec la forme de la craie tailleur. L’iphone rentre tranquillement dedans. Ensuite ces doublure sont posées et rapportées à la main, avec un petit empiècement en haut. Cette forme de mise en place de la poche portefeuille dans le tissu allant vers l’emmanchure est une des versions de ‘l’encadrement tailleur’:
Le col ensuite, piquoté puis travaillé au fer pour l’arrondir (par étirement du feutre et de la toile de lin), pour le quatrième et dernier essayage. Pour l’occasion et comme je tâtonne un peu, je préfère couper une fausse manche dans un autre tissu, pour déjà bien doser la coupe et ensuite le placement de l’embu. Je peux alors couper la manche définitive, en étant sûr de la longueur et du tour d’emmanchure:

Quelques vues des finitions: boutonnière milanaise au point perlé, avec œillet pour le bouton de croisure; pose de l’étiquette et de la mignonnette des manches (verte évidemment) et vue du feutre posé et du bouton en bois brulé. J’aime vraiment les boutons en bois pour les finitions intérieures, c’est très joli, surtout sur fond de soie.

Enfin, pose des boutons recouverts (merci à Marc Guyot pour cette re-trouvaille). Le port est correct. Le dos parfaitement nettoyé et les soufflets du bord du dos n’ouvrent pas (ce qui me faisait peur). Vous pouvez voir la martingale en milieu dos. Les bas de manche ont été traité à la manière tailleur, avec un petit ajout de feutre à l’intérieur (petite photo).

Au final je suis plutôt content, le projet n’était pas gagné d’avance! (en dehors d’un brin de pli qui se présente malencontreusement à l’épaule). L’idée était surtout de valider une coupe (basque arrondies, revers cranté sport placé correctement pour pouvoir refermer la veste et harmonie générale de l’ensemble, plutôt classique.

Julien Scavini

13 réflexions sur “Une veste de chasse

  1. chatolufsen 13 décembre 2010 / 22:31

    Très belle réalisation !

    Excellente idée quant à la poche goutte en forme de craie tailleur.

    Je trouve également la milanaise très réussie.

    Bonne continuation.

  2. Michel 14 décembre 2010 / 10:28

    Très beau projet et superbe réalisation.
    Vivement l’ouverture de l’atelier.

    Michel

  3. Thrd 14 décembre 2010 / 11:01

    Effectivement, une très belle veste.
    Magnifique.

    Petit conseil d’utilisateur sur ce type de veste : Les soufflets de bord de dos n’ont qu’un intérêt cosmétique si la doublure n’est pas adaptée.
    Pour qu’ils soient véritablement fonctionnels, les soufflets doivent s’accompagner d’une demi doublure articulée.
    En effet, l’aisance qu’offre les soufflets quand on épaule son fusil est bridée par la doublure ordinaire qui ne s’articule pas.

    Par ailleurs, si vous savez exécuter une telle doublure, je vous commanderais même volontiers une telle veste!

    • Julien Scavini 14 décembre 2010 / 12:36

      Oui tout à fait, il faut faire attention à la pose de la doublure… Sans faire une demi doublure mobile, j’ai simplement forcé le repli-central de la doublure, pour donner un peu de mouvement possible!

  4. Robin N. 14 décembre 2010 / 22:34

    C’est beau ! Bonne continuation !

  5. zalpano 1 janvier 2011 / 15:35

    bonne année Monsieur Julien !!!

    belle ouvrage en apparence même si la martingale est montée trop bas .. sur des modeles vintage la martingale est située un peu plus haut que le milieu du dos..et surtout pas plus bas..j’aime aussi la courbe des manches appelée aussi « manche gigot » ..

  6. Vera 29 septembre 2014 / 23:16

    Today, I went to the beach with my kids. I found a sea
    shell and gave it to my 4 year old daughter and said « You can hear the ocean if you put this to your ear. » She put the shell to her ear and screamed.
    There was a hermit crab inside and it pinched her ear. She never wants to go back!

    LoL I know this is totally off topic but I had to tell
    someone!

  7. B 26 avril 2015 / 21:45

    Bonjour cher Julien,

    Je souhaiterai m’exercer à l’art délicat de la milanaise. Néanmoins, je ne sais pas où trouver le fameux fil milanaise. Pourriez-vous me renseigner ?
    Merci par avance.

    Bien à vous,

    B

    • Julien Scavini 3 mai 2015 / 15:24

      LAFAYETTE SALTIEL DRAPIERS, milanaise GUTTERMANN qualité AGREMANN

  8. antoine 19 octobre 2020 / 10:56

    Bonjour, n’ayant pas trouvé de sujet spécifique où poser ma question, je me permets de la poser ici.
    Sur une veste de travail que je possède, fabriquée en moleskine assez lourde, et sur laquelle un pli inversé est présent sur la partie haute du dos, j’ai remarqué que ce pli, censé si je ne m’abuse, donner de l »aisance, reste la plupart du temps en position ouverte et ce même lorsque je reviens à une position où ce pli ne devrait plus jouer son rôle, ce qui n’est pas très esthétique.
    La veste est relativement près du corps, mais lorsque je me tiens normalement, le pli est bien fermé ce qui me fait penser que:
    -la moleskine lourde et donc plutôt rigide pourrait à elle seule expliquer cela?

    Quelle serait la solution? Recoudre ce pli, pour perdre un peu en aisance mais avoir un dos qui ne baille pas au moindre mouvement?

    Merci pour votre avis d’expert

    • Julien Scavini 19 octobre 2020 / 20:00

      Bonjour,
      hélas c’est un problème récurrent des plis creux milieu dos. S’ils s’ouvrent.. ils restent béants. Rien à faire pour améliorer cela, c’est ainsi. Coudre le pli pour le refermer est le plus indiqué. L’idéal est une grande ampleur du vêtement pour permettre au pli de rester stable. Mais alors, ce pli devient surtout décoratif !

      • Antoine 20 octobre 2020 / 10:57

        Bonjour, Merci pour votre confirmation. Une adresse à recommander pour faire coudre le pli, qui fasse ça bien sans me prendre un tarif exagéré (c’est une veste faite entièrement à la main en Inde, je n’ai pas trop envie qu’on saccage le travail accompli pour la fabriquer.. )

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