De plus en plus, les recherches en mode masculine et les préférences d’achat des consommateurs s’orientent vers ce que l’on appelle communément le sportswear. Quasiment toutes les bonnes marques de costumes proposent maintenant des vestes de sport à tendance parka ou blouson, avec des emmanchures italiennes rabattues, des hybridations avec des parmentures zippées camouflées. Ce répertoire que je nomme ‘de la veste facile’ est vaste et de plus en plus présent, y compris dans l’environnement de travail où les vestes de costume non-doublées, non épaulées fleurissent. A vrai dire, je comprends parfaitement cette aspiration au souple, au léger, au confort. Que le veston ne nécessite plus de valet en bois pour garder son galbe est à la fois une tristesse et une chance. Nos pièces de dessus sont pour certaines de vrais foulards que l’on dépose négligeament sur le lit ou un accoudoir de fauteuil.
Nous pourrions nous attrister de cette disparition de la tenue, au sens propre et figuré. Pourtant, l’histoire étant un éternel recommencement (concept fumeux, mais je l’utilise ici), j’étais amusé de constater à la lecture Des Modes et Des Hommes de Farid Chenoune que le début du XIXème siècle vit se poser exactement les mêmes questions.
La bourgeoisie de travail commençant à se répandre dans la société, formant une crypto-classe-moyenne, les usages du vêtements changèrent. Les aristocrates de la campagne ou des salons n’avaient plus tout à fait la mise et cela se remarqua dans les attitudes. L’époque était celle des pantalons et gilets avec redingotes. Cette longue pièce à taille constituait la ‘veste’ de l’époque, à revers divers et variés, à boutonnage croisé ou droit. Elle était près du corps, tout comme les pantalons, tuyaux de poêle à sous-patte sous la chaussure. Nous avons tous en mémoire ces tableaux de romantiques dépeignant Liszt ou Byron.
L’envie de souplesse se fit jour et l’on vit apparaitre vers 1850, au grand dam des tailleurs de l’époque, le paletot. Originellement porté par les artistes de la plume ou du pinceau, il fut rapidement utilisé par une bonne partie de la population. Sa vocation démocratique s’inscrit dans ses lignes amples, généreuses et ses quelques gros fermoirs.
Le paletot était généralement fait de tweed clair ou foncé (importé à cette époque, donc la prononciation était encore incertaine ‘twine’? ‘twouid’?), avec un intérieur en flanelle. Il arbore, je cite Farid Chenoune: « des parements et collets de velours, bordé parfois d’une torsade ou d’une ganse ‘câblé’, doublée de soie noire ouatée à capitons carrés ou en losanges« .
Et le paletot me rappelle beaucoup le veston husky type Barbour matelassé. Le paletot préfigure également la future smoking jacket ou encore plus tard interior jacket.
Julien Scavini
Merci pour cette mise en perspective historique très instructive.
Je suis d’accord que les pièces souples présentent un confort et une facilité d ‘usage qui les rendent assez polyvalentes.
Je plaide aussi volontiers en faveur du cardigan, que je trouve très élégant et sous utilisé.
Nicolas
Bonjour Julien,
Qu’appellez-vous « emmanchures italiennes rabattues » ?