Si j’ai pour habitude de porter des nœuds papillons, je reste néanmoins extrêmement attentif aux cravates, leurs matières, leurs couleurs, leurs formes et leurs montages. Il existe une multitude de maisons qui en vendent, et toutes ont des différences. Le foisonnement d’inventivité pour un ‘simple’ bout de tissu sans utilité – a priori – est fascinant et défie la science ! Peut-être qu’un jour aurons-nous droit à un prix Nobel de la cravate ?
Bref, je m’interroge, et c’est l’occasion ce soir de nous questionner mutuellement. Plusieurs choses sont sûres dont la plus importante : la cravate est un reliquat ornemental, à porter par essence avec détachement. Ce n’est pas une corde que l’on se passe autour du cou pour aller se pendre (2). Pour une fois, la décontraction pourrait presque guider cette tâche du matin. Presque, car il reste à faire preuve de bon sens et d’un peu de goût dans les associations. C’est par ce biais que l’on exprime un peu de soi par dépassement de l’uniforme-costume. Cela tient chaud au cou et c’est aussi un moyen de ne pas tâcher sa chemise comme le rapporte James Darwen dans Le Chic Anglais. Je conseille d’ailleurs la relecture du chapitre qui nous concerne.
En France, il me semble que l’on affectionne les faux unis. Cela tombe bien, je n’aime guère les unis qui donnent l’impression de porter une pagaie en travers du corps (3). Mais quels faux unis? De nos jours, les mélanges soie-laine apportent des réponses intéressantes. Sinon, des hybridations de couleurs poudrées et de tissages chevrons peuvent apporter un peu de variété. Les pois n’ont plus tellement la côte à vrai dire et les rayures Club font très anglo-saxon. Les petits effets à motifs blancs sont également intelligents mais les cravates peintes sont à proscrire. Je ne suis pas un fan des cravates imprimés, même si elles peuvent se révéler très fines et raffinées, faut-il encore savoir les porter.
Pour le nœud, plusieurs options mais un gros non : le double Windsor symétrique (1- quand je parlais de pagaie…). En revanche le demi-windsor (4) est intéressant et au fond, le nœud simple (si la triplure est épaisse) reste le plus … simple (5).
Le montage après. Beaucoup de propositions, même si l’on trouve principalement des cravates de soie alourdies par des triplures de laines. Celles-ci confèrent un beau tombé à l’ensemble, quelque fois appelé 3 plis, mais peuvent vite devenir compliquées avec des triplures multiples et épaisses. C’est ce que je reproche à ma Breuer. Très en vogue actuellement aussi, les 7 ou 9 plis. Elles peuvent être doublées comme les Marinella ou juste roulottées comme les Arnys ou Ralph Lauren. Et là je ne sais que choisir. Les premières sont traditionnelles, les secondes plus inventives, plus techniques… Et vous? Une chose est sûre, 8 cm de large, c’est parfait!
Enfin, le modèle que j’affectionne le plus date des années 80. Sauvée de la corbeille du père d’un ami, c’est une cravate fine des années 80, qui permet un petit nœud, comme j’aime et un beau volume juste en dessous, avec de nombreuses ‘gouttes d’eau’ (6). A la manière de la cravate de Blake, comme illustré ci-dessous. La finesse et la souplesse, telles sont les caractéristiques importantes à mon idée… ?
Julien Scavini
Bonsoir,
C’est tout à fait ça pour Christophe Barbier ! J’ai bien ri.
J’ai moi aussi de vielles cravates qui donnent un nœud très fin, puis qui tombent à la manière d’une goutte. Ce sont mes préférées.
Entièrement d’accord avec vous concernant les cravates à noeuds fins et plus larges en dessous. Ce sont les plus élégantes 😉
Bon billet.
Ne pas oublier non plus la réalisation d’une goutte d’eau sous le nœud…
Le rendu de certaines cravates larges de « gentlemen », même de grandes maisons, nouées sans goutte d’eau sont infâmes. Enfin, s’il n’y avait que ça…
Avec un col très ouvert (italien ou cutaway), un gros nœud est plus joli.
Nicolas
Cher Julien,
ma collection de cravates depasse la centaines d’exemplaires et, le froid approchant, je regarde avec tendresse mes compagnes en laine unies (unies… comme un bon tweed), pied-de-poule, prince de galles… Pour la soie, j’affectionne des marques italiennes et discretes comme Trivellato et Altea (j’ai une bonne adresse sur Paris 15ème, au cas où…).
Il y a quelques temps, notre maître à tous, le Chouan des Villes, a donné son opinion sur les cravates Hermès.
Quel est la votre ?
Amitiés
Je n’aime pas tellement la sur-abondance de motifs chasse, pêche, nature et traditions et leur soie est trop fine…
Cher Julien,
Merci pour votre article. Il me semblait que le capitaine Blake portait la moustache.
Oui, en effet 🙂
De plus en plus, j’aime les cravates tricotées, en soie ou en laine. C’est un peu difficile de trouver celles qui permettent de faire un nœud pas trop gros, qui soient d’une belle couleur ou avec un motif, pois ou rayures, mais ça se trouve. Elles donnent une allure décontractée, en général tombent bien, n’ont pas la rigidité de certaines cravates tissées, se contentent d’un nœud simple qui ne glisse pas, et sont disponibles dans une large palette de couleurs. Sinon, je porte aussi des cravates tissées italiennes, en laine ou en soie, parfois un nœud papillon. Un col est orphelin sans cravate.
Permettez-moi d’observer que vos dessins ne sont pas concluants du tout en rapport avec vos explications. Un même noeud, fait sur telle ou telle cravate, peut avoir un rendu parfait ici, catastrophique là… Telle méchante pièce semblera impossible à nouer, alors que telle autre semblera donner d’elle-même un noeud magnifique. D’où la nécessité de les connaître tous afin d’obtenir le meilleur rendu possible.
Précisément, j’ai ajouté une petite difficulté – ce serait trop facile sinon – en modifiant délibérément le col de chemise…
Merci pour cet article.
Deux choses
Un noeud trop fin n’est pas forcément élégant, ca doit s’adapter à la morphologie de la personne et être équilibré tout simplement.
« Les cravates peintes et imprimées sont à proscrire » c’est votre avis et je ne le partage pas.
Tout comme je ne partage pas l’avis du Chouan sur les cravate Hermès (exemple parmi d’autres). Si le tissu pour le noeud est en effet sujet à discussion, les motifs ont un chic et un charme certain.
Il n’y a rien de moins à mon gout que ces innombrables personnes se baladant avec une chemise bleue à col blancs et cravate unie comme dans votre image numéro 4.
Quel manque de personnalité et de style au final.
Un costume et une chemise sobre avec une cravate à motifs auront autrement plus de chic à mes yeux.
Evidemment le « Donald » au milieu de la cravate ou le plafond de la chapelle Sixtine en cravate ne sont pas inclus, je pense uniquement aux motifs fins.
UNe cravate à motif donne une vraie personnalité à une tenue sans manquer d’élégance.
Beaucoup de jeunes ne prennent pas ce risque de la cravate à motif craignant que celà fasse vieux. Il suffit de savoir la porter.
mes 2 cents
Francois
Ah voilà un avis tranché. J’aime!
Alors soit, allons-y pour les petits motifs. C’est plein de justesse et votre analyse de ma figurine 3 est très juste. J’aime cet esprit 🙂
Ceci dit, je ne sais encore rien des goûts pour les doublures et les triplures des cravates … La fameuse 7 plis ne serait-elle qu’une ‘bulle’ internet?
Là je n’ai pas d’expérience sur la question.
Mais ca fera un futur sujet ou je serais ravi d’apprendre de votre plume 🙂
amicalement
Francois
Moi j’ai surtout hâte de voir disparaître la mode des cravates roses…
Je ne suis pas sexiste, mais je trouve ça….. vraiment moche, pour le coup.
http://bureauplaintes.wordpress.com
Bonjour
Je suis tout à fait d’accord avec vous concernant les gros nœuds de cravate qui font écharpe.
Cependant comment faire pour avoir un nœud fin tout en cachant les boutons de chemise? En effet, j’ai une cravate Charvet avec laquelle je fais un nœud simple, mais, la cravate étant fine, le nœud est fin. Cela découvre malheureusement le 2eme bouton de chemise en partant du haut.
Si vous pouvez m’aider j’en serais bien aise.
Amicalement
Willy
Excellent billet.
Je suis bien d’accord avec vous, les cravates héritées de mon père et datant de la fin des 70’s sont d’une qualité indéniable par rapport à ce qu’on peut trouver à l’heure actuelle dans la plupart des boutiques proposant des cravates de moyenne facture (donc autres que Ralp Lauren, Hackett and co).
Si vous avez des adresses intéressantes proposant des cravates en soie/laine de qualité correcte à des prix honnêtes, je suis preneur.
Boggi Milano a l’air de proposer des articles intéressants:
http://shop.boggi.it/eshop/category/Boggi-Cravates.html/1/frmCatID/24579/
Quand est-il réellement ? Des feedbacks ?
Quand je vois certaines parures dans les métros matinaux, je me demande si certains ne feraient pas mieux de ne carrément pas porter de « cravate », au risque de passer pour encore plus négligé. Les couleurs « guimauve »/clinquantes et les rayures grossières sont à force assez éprouvantes pour les yeux.
Sans parler d’un enseignant de mon école qui ose le bolo tie !
Je me permets de vous suggérer celle qui fut ma première (et à ce jour plus pertinente) lecture en matière de cravates, « La grande histoire de la cravate » par François Chaille, chez Flammarion. Formes, matières et motifs y sont théorisés de manière ma foi assez sensée.
L’auteur tient les imprimés en parfaite estime ; ceux-ci, bien que moins « nobles » ou formels que les jacquards, permettent une élégance ne se confondant pas avec la notion de luxe, comme c’est hélas bien souvent le cas
Les motifs sont les bienvenus, l’homme élégant étant autorisé (et même encouragé) à démontrer la sûreté d’un goût qui ne se bornerait pas au respect servile d’un code par trop strict, par exemple en jouant sur leur taille et leur genre pour donner une note plus ou moins formelle à sa tenue.
Alors certes, les faux unis associés à un costume sombre font pleinement honneur à l’art des soyeux, qui les dédaignerait ? Pour autant, ils sont loin d’épuiser un sujet vaste qui mérite lui aussi défense et illustration.
De l’utilité de la cravate : certains matins, en endossant mon vieil imper à manches raglan, je me trouvais grotesque. D’autres jours, la mise était convenable. Quid? Je me suis rendu compte que la cravate venait compléter verticalement les lignes de fuite créées par les coutures des manches raglan qui, sinon, font paraître la tête trop petite. La cravate rétablit l’harmonie immédiatement. C’est étonnant.
Ah oui, cela peut avoir un gros impact!
J’aime le nœud papillon car cela ne m’allonge pas les traits, moi qui suis déjà grand!
Très bon article !
Pour ma part :
– J’aime les cravates souples, mais avec soie épaisse car j’attache de l importance au tombé. La bonne largeur c’est 7/8 cm.
– Je ne me sens pas en confiance avec les 7 plis, pas assez rigides.
– Hermès : a qques exceptions près, c’est moche. Soie pas assez épaisse, et les nœuds n’ont pas de tenue.
– Boggi : j’en ai plusieurs, excellent rapport qualité prix
– Les unies sont essentielles pour assortir une chemise a carreaux (je hais les superpositions de motifs, c’est british, donc moche. Donc je n’aime pas la figurine 5)
– Les imprimés, les poids, les animaux, sont à donner au recyclage
– le petit pan de cravate qui dépasse, bien que vanté par certain blog, est à bannir
– on manque d’offre pour la laine et le tricot.
– les clubs : oui mais on se lasse à force d’en voir
– oui aux faux unis, aux tout petits motifs, aux motifs géométriques
– faire attention aux alliances de couleurs (ex : photo 5, serait mieux avec une chemise blanche), et de motifs au risque de ressembler à un anglais, ou pire à Marc Guyot.
– Bien sur le noeud doit être adapté au col et à la morphologie.
NB : pour C Barbier, il manque l ‘écharpe rouge !
NB 2 : photo 5, je trouve que le mouchoir blanc droit c’est avec chemise blanche uniquement.
Amitiés,
Nicolas
Cher Julien,
Merci pour vos publications toujours très intéressantes.
Lorsque vous proscrivez les cravates imprimées, incluez-vous les motifs de style madder (tels que ceux Drakes) ?
En fait, non, je ne proscris plus. Certaines sont très discrètes et très raffinées 😉
Intéressant.
Pour ma part, je suis adepte du double noeud simple, dit Prince Albert, car il permet de réaliser facilement le dimple (la goutte). Mais cela ne fonctionne qu’avec des cravates qui ne sont pas trop épaisses : pour les soies lourdes, le noeud simple est à privilégier.
Guillaume
Bonsoir à toi Julien, bonsoir à vous.
La cravate est une chose, le noeud en est une autre.
Quelle que soit la cravate, il est possible de la rendre plus jolie à l’oeil, plus souple/rigide…etc par le biais du…noeud!
En effet, il existe de nombreux possibles.
Pour les fines, le double noeud croisé.
Poir les plus épaisses, le noeud retourné. Ce ne sont que des exemples.
Cette mode du windsor ou même du demi windsor est HORRIBLE.
Autant porter un bavoir. On est bien loin de l’élégance discrète qui se niche dans les détails.
G.
Bonsoir, je m’étonnais simplement simplement du rapport aux noeuds dans cet article. Le noeud « simple » n’est il pas asymétrique ? J’avoue avoir du mal avec ce type de noeud, je cherche toujours la symétrie dans mes noeuds de cravate, faisant toujours un Windsor avec mes cravates très fines ou peu épaisses (pour éviter justement un noeud trop gros, ce qui arrive rapidement avec le Windsor) et un Pratt avec les plus épaisses, ce noeud étant assez avantageux à mon sens pour son rapports taille/symétrie.
Bon, ça vient aussi du fait que je ne porte que des cravates qui font de 4,5cm à 7,5 cm mais que voulez vous, je suis jeune … :p
Difficile questions. Je ne suis jamais totalement sûr des noms des nœuds…
Changez de cravates… Et un nœud asymétrique est bien plus élégant qu’un triangle équilatéral.
Bon, un site pour vous aider à trouver ce qu’il vous faut. Vous trouverez neuf nœuds expliqués:
http://www.cravate-avenue.com/content/25-9-Noeuds-de-cravate-en-Video
Il est amusant de voir comment un accessoire, que beaucoup disent dépassé, suranné, vieillot, ou pire, peut amener de commentaires. Tant mieux. J’aime la cravate, (ou le foulard, le nœud papillon… mais non pas comme accessoire: comme éléments indispensable dans le port d’une chemise avec col. Sans cravate, c’est moche.
Je ne vois vraiment pas en quoi. Il est à la portée du premier cadre moyen venu de faire à l’arrache un four in hand asymétrique. Evidemment, le « triangle équilatéral » démesuré que vous décrivez est tout aussi abérant. C’est celà qu’à mon sens, le demi-windsor et le pratt dont des solutions convenable pour une cravate moderne lambda.
Je prend par ailleurs note que sur les dessins réalisés plus haut, la quasi-totalité des noeuds ont une apparence symétrique.
Quand au site… Outre le fait de plusieurs erreurs (je pense notamment au noeud Onassis qui réclame une pince spéciale pour être fait et qui du coup ne ressemble en rien à celà, je me suis aussi bien marré quand à leur offre de cravates…
Mais bon, chacun ses goûts, de toute façon il faut partir du principe que le noeud change selon l’épaisseur, la largeur, la matière de la cravate ainsi que du col (essayez de faire un Windsor avec une cravate en cachemire de 8cm de large dans un col anglais!).
Il ne s’agissait que de donner des exemples de noeuds.
Et je suis loin de souscrire à tous ceux du site, moi non plus.
Pour le reste…
Bonjour,
Lors d’une soirée de mariage, puis-je accompagner mon costume d’une cravate slim fit (5,5 cm de largeur) ? Sachant que ce dernier, ainsi que la chemise, est aussi en coupe slim fit, ce qui correspond bien à ma morphologie (mince, 1m83)
Aussi, dans cette configuration, un noeud simple ou demi-windsor font-ils l’affaire ?
« L’art de mettre sa cravate de mille et une manières » en lecture ici http://bit.ly/1byBSan
La réalisation de la fameuse goutte d’eau est plutôt difficile à réaliser.
Bonjour,
Question technique :
que pensez-vous du mariage costume bleu marine, chemise vichy (petits carreaux bleus) avec une cravate en grenadine de soie bordeaux ?
Je n’y vois aucun inconvénient. Voici une mise un peu sport, tout à fait James Bond (version Roger Moore) ou goût italien actuel 🙂
Merci beaucoup pour votre réponse et plus généralement pour ce blog, une grande source d’inspiration et d’information 🙂