Si nous avons vu qu’à la ville il tout à fait admis de s’habiller de manière dépareillé, n’oublions pas que cette harmonie vient des tenues de campagne, jadis moins formelles que celle pour la cité. Dans la version dépareillée pour la ville, j’avais énoncé des pistes plutôt simples. Continuons ce jour avec un registre un tout petit peu moins urbain et plus ‘sport’ ou ‘chasse’.
La base sera ici encore -dépareillé oblige- le port de souliers marrons, richelieus et préférentiellement derbys. Par ailleurs, il serait tentant de voir dans le pantalon le pivot des tenues à partir de maintenant. Si dans les autres exemples – le costume ou le dépareillé simple avec pantalon de flanelle – aucune question ne se pose quant au pantalon et à sa couleur, dans le registre que nous étudions aujourd’hui, il est bon de mener la recherche plus loin.
Quels pantalons porter avec les tenues dépareillé ‘campagne’ ? Le velours premièrement, 1000 ou 500 raies, de couleur olive, jaune paille, ou whisky, c’est à dire orangé. Bref, des tons de feuilles mortes. Mais bien d’autres coloris peuvent être envisagés dans une optique moins classique, comme l’aubergine, le parme ou encore les bleus marines ou turquoise, pour une touche plus italienne. Il conviendra de faire attention à l’accord général des couleurs entres elles, pour développer une thématique autour d’une ou deux.
Ensuite, il possible de recourir aux pantalons de cavalry twill et autres whipcord, dans les tons olive ou beige. Ces ancêtres du chino sont agréables à porter car lourds, chaud et moins froissables que le coton. Certaines flanelles et petits tweeds chevrons se prêtent également au jeu. Attention alors aux accords de motifs entre le bas et la veste.
Bref, une fois le sort du pantalon fixé et je répète qu’il est important d’avoir quantité de bons pantalons, le choix du haut est aisé : pulls et mailles diverses ou veste. Suivant les moyens et le moment. Quelques fois les deux s’il fait froid, ou juste un pull doublé d’une parka…
Les vestes très ‘sport’ sont souvent à carreaux. Celles-ci s’éloignent des tissus trop classiques et sobres, donc très urbains pour s’approcher de ceux de la chasses, tweeds à plaids et autres tartans. C’est peut-être un peu moins dans le goût français ce genre de fantaisies. Les anglais font cela très bien, mais rarement avec discernement et bon goût, additionnant coloris de feuilles décomposées et assortiment cravate regimental/chemise bariolée. Les italiens en revanche ont su rebondir sur le sujet, nous proposant – bien loin de la forêt et de n’importe quelle chasse il faut bien l’avouer – des vestes à carreaux intéressantes, rehaussées de pantalons et pochettes assorties. Tout un art de la simplicité travaillée ! La figurine d’aujourd’hui en est inspiré, tant il est notable que cette approche a gagnée ! Ils ont aussi donner ses lettres de noblesse à la cravate en laine. Pas des plus classique, mais du plus bel effet, assurément.
Et que voyons nous comme vieux exemples dans Apparel Arts. 1- Des tenues de chasse dépareillées, d’inspiration très classique et rapidement ré-interprétable en situation moins ‘sportive’. 2- L’élégance décontractée même. Simple et efficace. Seul bémol pour la chemise à rayures avec une veste à carreaux. Comme souvent énoncé, l’opposition des motifs n’est pas le plus admirable. 3- Un costume de campagne, mais son collègue, en dépareillé, qui descend de son cheval, arborant une intéressante association de gris avec du marron. 4- Plus estival, mais dépareillé toujours. Des tonalités moins ‘feuilles mortes’, quelque chose qui se rapproche plus du dépareillé ‘urbain’. 5- Enfin deux messieurs – maitre et serviteur ?- l’un portant un cardigan sur un gilet, idée à retenir pour tester, l’autre en costume de tweed. Costume qui possède une grande facilité pour être porté dépareillé ! A la semaine prochaine 😉
Julien Scavini
Sean Connery en auto en Suisse dans Goldfinger : sublime. Un ensemble qui n’a rien à envier aux illustrations d’Apparel Arts, ce qui est bien rare !