J’avais il y a quelques mois écrit un article sur les caractéristiques d’une bonne chemise. Cet article, figure parmi les références du blog. Seulement il contient plusieurs approximations et contre-vérités. Essayons de (re)passer en revue ce qui fait une bonne chemise.
D’abord et avant tout, le tissu compte pour une très grande part de la qualité globale d’une chemise. Il faut éviter absolument le polyester, même en quantité moyenne. Seul le coton (et dans une moindre mesure le lin ou la soie) doit être utilisé. Quand on pense que même Yves Dorsay propose des 100% coton à 16€, ce serait vraiment exagérer pour une marque de ne pas faire de même. La qualité du coton importe aussi, mais joue un peu moins, le niveau général en boutique étant plutôt bon. Seules une ou deux de mes vieilles chemises se sont mis très vite à boulocher, ce qui est absolument désagréable sur la peau, mais elles venaient de chez E. Leclerc (des tartans pour le week-end).
Un tissu de chemise fait généralement un poids de 110 à 120grs. Plus fin, il sera été, mais aussi plus transparent, comme les voiles suisses. Vers 140 et 160grs, nous trouverons de grosses cotonnades, comme les oxfords et les tattersalls anglais. Les tissus pour chemises se caractérisent aussi par leur titrage. Le titrage est analogue au terme super 120’s des costumes.
Disons que les belles qualités commencent avec les doubles retors (deux fils torsadés ensembles, donnant plus de solidité), 80 à 2, puis l’échelonnent jusqu’à 120, 140 à 2 etc. Il existe des chemises en 300 à 2, mais cela frise le ridicule et est plutôt un argument purement commercial. Une bonne chemise, c’est un tissu classique et une bonne coupe ; pas un tissu de compétition sur un façon moyenne.
Certains tissus de chemise sont proposés ‘easy to iron’ ou ‘non-iron’. Plusieurs techniques existent pour arriver à ces textiles surprenants et pratiques. Une première technique consiste à merceriser le coton – du nom de monsieur Mercer – sous l’effet d’acides ou de bases, à l’instar de la technique utilisée pour faire le fil d’écosse de nos chaussettes. D’autres techniques plus mécaniques s’intéressent à la torsade des fils, comme la chiralité en chimie organique. Cela permet d’obtenir des propriété d’aération ou de non froissage.
En ce qui concerne les mesures et la coupe générale, la chemiserie encore plus que le tailleur est délicate tant les modes et les goûts des clients sont variés. La première des mesures est le tour de poitrine, par exemple 100cm pour un client standard. De cette mesure, il est possible de déduire trois chemises : la coupe classique avec mesure finale du tour de poitrine de 122cm (aisance 20 à 24cm en plus), la coupe ajustée, avec une mesure finale de 112cm, et la coupe très ajustée, avec une mesure finale autour des 106cm. Ce n’est qu’une question de goût et de ressenti. Pour avoir testé les deux premières, je peux affirmer que je préfère la plus large et je me fous du plis qui se présente ça et là. D’autres penseront tout l’inverse. Il en va de même pour l’aisance à la ceinture ou l’aisance du biceps.
Au niveau de la manche, il est impératif que le chemisier prenne une mesure de votre tour de poignet pour faire des manchettes ajustées et non des trucs gigantesques qui flottent. Je dois confesser qu’à mes débuts j’ai voulu trop bien faire en ajustant un peu trop (environ 1cm de marge) les poignets. Maintenant et suivant les clients, j’ajoute plutôt 2 à 3cm, et plus si il y a une montre.
Mesures toujours, dans le dos, si le client est très cambré ou s’il veut une chemise très près du corps, deux pinces peuvent être exécutée. Elles sont tout à fait courantes maintenant et ne constituent pas une hérésie comme j’ai pu le lire ici ou là.
Cette première partie sur la bonne chemise est terminée. La semaine prochaine, nous étudierons les détails.
Bonne semaine, Julien Scavini
Voici un entretien très intéressant de Jean-Claude Colban qui dirige la maison Charvet, chemisier depuis 1838/
http://www.franceculture.fr/emission-secret-professionnel-le-secret-professionnel-de-la-chemise-sur-mesure-et-des-ecrivains-bien
Bonsoir,
Auriez-vous l’amabilité de m’expliquer cette partie « La première des mesures est le tour de poitrine, par exemple 100cm pour un client standard. De cette mesure, il est possible de déduire trois chemises : la coupe classique avec mesure finale du tour de poitrine de 122cm (aisance 20 à 24cm en plus), la coupe ajustée, avec une mesure finale de 112cm, et la coupe très ajustée, avec une mesure finale autour des 106cm. » ?
Et bien, le tour de poitrine du client est fixe, 100cm. Par contre, si vous mesurez une chemise, de la couture milieu devant à l’autre couture milieu devant, à la poitrine, vous pourrez trouver trois mesures différentes, suivant l’aisance.
JS
Merci beaucoup !
« Il faut éviter absolument le polyester, même en quantité moyenne. »
Oui. Cela fait transpirer plus. Désagréable à la fin de la journée.
Je me débarasse des dernières chemises avec du polyester en priorité.
NicK.
Le polyester est-il aussi condamnable qu’affirmé plus haut ? Je sais bien que tout amateur ne considère sérieusement une chemise que si celle-ci est 100 % coton, ou lin.
Je possède deux chemises contenant 30 % de polyester, le reste en coton. Très septique au début à l’idée de porter du « chimique » sur la peau, je dois avouer que le retour d’expérience n’est pas mauvais:
– à un tel dosage de polyester, je n’observe pas de différence visuelle avec du 100 % coton.
– Je n’ai absolument pas constaté que cela ferait transpirer davantage
– Repassage beaucoup plus facile et efficace.
– Il me semble enfin, (mais ce n’est pas une certitude) que l’usure des cols et poignets est plus lente qu’en 100 % coton
Quant à la chemise en soie, elle me semble plus que contestable, sauf si vous voulez ressembler à un gigolo latino-américain.