Cette semaine, mon ami Maxime C. a écrit le texte. De mon côté, j’ai fait le dessin, un peu hors du commun. C’est l’occasion de tester!
A l’heure où paraitront ces lignes, la plupart d’entre-vous rongera son frein, ayant fait le tour des sorties Netflix et de leurs collections de BD, à bout de souffle derrière leur 28ème paquet de macaronis. Certains, en contrepoint, auront déjà relu la moitié de la Recherche ou les 3 premiers volumes des « Mémoires du duc de Saint Simon », grand bien leur fasse.
Comment faire face, donc, au confinement, sans l’aide d’une telle plongée littéraire, au demeurant salutaire ? La question est d’autant plus rude pour les messieurs parisiens qui ne pourraient pas, à l’aune d’une escapade bourguignonne, ou normande, s’adonner à l’art du jardinage.
Premier conseil, établir un programme très précis d’activés à réaliser : chaque jour du sport d’intérieur, un brin de rangement pour son home sans tomber dans les dérives de Marie Kondo, des essais décoratifs. « Et si ce beau tableau allait mieux au-dessus de la cheminée de la chambre ? ». Pour certains, c’est l’occasion de vider des placards remplis de brocantes anciennes, un jour remisées là et oubliées.
Deuxième conseil, bien s’alimenter en temps de crise ! Et puisque vos amis vous manquent, et que vous aurez une suprême envie de les retrouver autour d’un bon petit plat : entrainez-vous à parfaire les recettes qui jusqu’ici vous dépassent, du soufflé « baron de Rothschild » à la Celle de cerf à la prussienne en passant par une tarte façon « Melba », même si cette dernière était de son vivant, plus connue pour ses bijoux que pour le dessert du même nom. Chers amis lecteurs, c’est le moment d’éplucher avec passions les recettes disponibles en ligne, en y ajoutant un peu de votre imagination et de votre culture, sans oublier de ressusciter celle de vos aïeux.
Troisième conseil, et j’en viens (enfin, me direz-vous !) à la question sartoriale. A l’heure de la sortie de l’épidémie, vous aspirerez à de biens méritées bains de soleils. Et pourquoi pas en Italie du reste : le pays aura besoin du tourisme pour remonter la pente. Dès lors, il faut imaginer une garde-robe digne de l’élégance de ce nom.
En premier lieu, faites donc un état de vos atours, ressortez ce beau costume prince de galles que vous ne portez qu’une fois l’an, et voyez ce qui devra, à l’issue de la crise, être envoyé de toute urgence au nettoyage (votre pressing vous en remerciera). Mettez au rebus ce qui doit l’être, à l’instar de ce costume – un prêt-à-porter un peu moyen acquis au début de votre vie professionnelle – et prenez la mesure des manques éventuels et de l’espace dont vous disposez maintenant dans vos armoires. Rangez vos cravates, par couleur, idéalement, et retrouvez par hasard celle, de couleur parme, qui irait si bien pour un diner au bord du lac de Côme. En revanche, ne conservez pas cette fine cravate noire offerte par des collègues lors de votre pot de départ d’un stage de fin d’étude, que vous n’avez d’ailleurs jamais portée. Puisque vous avez du temps : testez de nouvelles combinaisons et voyez si cette cravate à ramages orange, un vintage de chez Hermès, n’irait pas à merveille avec un costume de tweed de chez Scavini.
Passez, chaque jour, une heure, par exemple lors d’un bon bain, à instagramer les élégants (quelques idées en commentaires, promis !), à consulter la toile à l’aune de nouvelles idées. Vous aurez besoin de nouveautés dans votre garde-robe pour vous changer les idées, et votre tailleur, comme l’ensemble de l’industrie du prêt-à-porter, aura besoin de vos subsides pour faire face à la crise. Pourquoi pas une jolie veste en lin, de couleur turquoise, si élégante en vacances, ou bien une veste verte, en lin et soie, parfaite pour affronter les soirées italiennes de fin de printemps. A défaut, un beau costume bleu, deux boutons, à larges revers en pointe, dans un bleu pétrole à léger chevron, seront parfait pour la rentrée de septembre : ne tardez pas à passer commande !
N’oubliez pas vos futures chaussures, et ne négligez pas les soins essentiels que vous pouvez enfin porter à la dizaine de paire que vous sous-entrainez en temps normal, trop pris par la vie courante. Nettoyez, brossez, nourrissez… et laissez-les une bonne semaine sur l’embauchoir.
Mais comment s’habiller en ces temps difficile, me direz-vous ? Rien de plus simple ! Une paire de mocassin en veau-velours, un léger pantalon, une chemise et, au choix, un pull de cachemire ou, pour les puristes, une veste d’intérieur. Vous pourrez, puisque vous cuisinerez, la retirer aisément pour enfiler votre tablier à l’ancienne descendant jusqu’aux genoux.
L’heure de passer à table étant venu, les vrais élégants pourront enrichir le tout d’un foulard, d’une cravate ou d’une pochette, en écoutant un bon opéra. Celui de Paris nous propose de revoir, gratuitement, ses productions. Il faudra penser, dès la rentrée, à y faire un saut pour soutenir cette auguste maison.
Portez-vous bien donc, et profitez de l’isolement pour devenir meilleurs que vous ne l’êtes, que ce soit en matière de pectoraux, de cuisine, de cravates ou d’opéra. Et n’oubliez pas, rasez-vous. Un gentleman a le visage propre. Ou alors testez la barbe à la George V, je pense qu’à priori, vous avez le temps de la laisser pousser…!
Merci à Maxime pour son article.
De mon côté, je rajoute aux activités qu’il a décrite la mise en page de contenus Wikipédia. J’ai traduit partiellement la page du château de Scone (prononcez scoune), j’ai remis en page les photos des châteaux de Drummond, de Dumfries, des Ravalet et j’ai enfin écrit la page consacrée à Wedgwood, de la faïence que je collectionne. Il faut bien s’occuper!
Reposez-vous bien, prenez soin de vous et travaillez si vous le pouvez. Bonne semaine, à la semaine prochaine Julien Scavini.
Merci pour cette bouffée d’air !
Bravo pour ce dessin, cher Julien ! son noir et blanc épais mais élégant touche en moi l’amateur de xylogravure (gravure sur bois)… Quant aux lectures recommandées dans l’article, il paraît opportun d’y ajouter le bien connu Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, mais aussi l’amusant Nouveau voyage autour de ma chambre, paru chez Gallimard en 2000, écrit par Maurice Rheims. J’ai eu la chance de croiser Maurice Rheims à cette époque, et l’ancien commissaire priseur ne manquait pas de style, dans une veine classique : costume de flanelle grise qui sentait la grande mesure parisienne à plein nez et cravate en tricot de soie noire, le tout d’une sobriété patinée qui traversait les âges.
Excellent! Merci.