Stiff Collar se parfume

Aujourd’hui et à l’approche des fêtes, je vais faire un petit tour des parfums élégants et raffinés que j’ai eu le plaisir d’essayer ou dont on m’a dit beaucoup de bien. Parisian Gentleman avait déjà fait un article sur le sujet, qui sur le moment m’avait paru décalé, mais qui au fond avait été très utile, j’avais par exemple découvert Grey Flannel de Geoffrey Beene. Curieux parfum du reste. Bref à moi de vous présenter ma petite sélection, à découvrir. Difficile de vous les décrire, je ne suis pas très doué pour parler d’odeurs. Une caractéristique à l’ensemble : la note de cœur y est caractéristique d’une plante, le parfum ‘presque simple’, a l’instar des essences de fleurs ou de fruits, directement utilisées. J’accroche en effet moins aux parfums dont on ne sait vraiment ce qu’ils contiennent.

parfum 1

Le premier est GREEN IRISH TWEED de la célèbre maison franco-anglaise Creed. Cette fragrance aurait été créée en 1985, ce n’est donc pas un grand classique historique. Odeurs : Verveine, Iris, feuilles de Violette.

Le second est VETIVER ORIENTAL de Serge Lutens. Le meilleur Vétiver qui soit d’après l’un de mes clients. Le flacon est élégant du reste. La maison Lutens est jeune (l’an 2000) mais le créateur expérimenté.

Le troisième, un classique parmi les Eaux de Cologne, unisexe qui plus est : GENTIANE BLANCHE de chez Hermès. Un classique très simple, qui reste. Discrétion et raffinement pour cette essence, l’une de mes préférées. Bien mieux que Terre d’Hermès ! Dans la même série, Eau d’Orange Verte, mais un cran en dessous.

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Le premier de cette deuxième série, un flacon que je finis et avec lequel j’ai eu énormément de plaisir : ABSINTHE VERTE de la jeune maison Kilian. Kilian Hennessy, comme son nom l’indique est l’héritier de la famille des spiritueux du même nom et pour une fois dans ce genre de cas, il a du talent ! Absinthe Verte est composée en grande partie de Lavande. Et c’est l’un des rares parfums où cette essence, subtile tient ! Un must have.

Deux, DOURO, EAU DE PORTUGAL de chez Penhaligon’s. Un délice frais mais pas si simple à décomposer car complexe : Neroli, Bergamote, mousse de Chêne etc… Un archi-classique méconnu d’une maison célèbre ! Loin des sentiers battus.

Enfin, EXTRACT OF LIMES de Geo. F. Trumper. Maison plutôt londonienne et difficile à trouver sur Paris mais enfin sur internet on y arrive. L’une des meilleures essences de Citron que j’ai eu l’occasion de tester. Il reste et dure sur la peau.

Voilà. J’espère vous avoir fait découvrir quelques essences que vous ne connaissiez pas. Essayez les si vous croisez une parfumerie… A voir et à sentir. Bonnes fêtes ! Julien Scavini

La cravate 7 plis

Snobisme ou effet de mode, telles sont les deux premières idées qui me venaient à l’esprit lorsque j’entendais parler de cravates 7 plis. Je trouvais bien celles d’Arnys magnifiques, mais cela tenait plus aux matières et couleurs qu’au montage. Et puis je m’y suis intéressé. Car après avoir réalisé une première cravate – une 3 plis non-doublée – simplement pour le plaisir, un client en l’a voyant m’a dit : c’est superbe, mais je la prendrai seulement si elle était 7 plis. Piqué au vif j’ai été. Je me suis donc remis à l’ouvrage. Et cela n’a pas été si simple.

Premièrement car l’on trouve excessivement peu d’informations techniques sur le sujet. La cravate 7 plis semble être une invention récente, et absolument pas un modèle historique. Un ami collectionneur de mode vintage me dit n’avoir jamais vu une cravate 7 plis dans les modèles anciens. Je rappelle que les cravates existent réellement depuis le début du 20ème siècle. Et deuxièmement, car personne sur les forums et blogs divers ne semble réellement comprendre le fonctionnement des pliures. Car parle-t-on du nombre de plis ou de pans ? Il y a déjà là une différence. Ensuite, celles-ci peuvent être doublées ou non-doublées, cela influe sur le nombre total de plis, car un petit dernier (pour la propreté) n’est pas nécessaire dans le premier cas. En plus d’être doublées, elles peuvent être triplées, c’est à dire posséder une toile (de laine ou de coton ou de soie) pour alourdir l’ensemble.

Plusieurs marques en font. Les plus connues sont celles de Marinella, mais toujours en version triplées et doublées. Alain Figaret en propose aussi. Et Arnys évidemment, en non-doublées et non-triplées, version atelier avec son gros fil blanc. Drakes par ailleurs propose des cravates 3 plis non-doublées, mais entoilées à partir de la bride pour assurer un meilleur tombé de la soie imprimée, très fine. Je dois la raccourcir pour un client, j’en saurais plus sur la qualité interne mais elle est superbe.

Je me suis donc essayé au patronage de la cravate 7 plis. Et ce ne fut pas si facile. Car il y a toute une petite gymnastique d’esprit à mettre en place, entre ce qui est vu, les premiers plis, et ce qui sera à l’intérieur, pour rigidifier l’ensemble. Le résultat est très satisfaisant. Testé dans deux matières (une en laine et soie, et l’autre en soie), le tombé est superbe, et le petit point de rabattement le long des bords est amusant à faire. Mais pas de roulotté main, car je n’y arrive pas, trop technique. Un petit repli propre suffit je pense. Mais pas de réelle production encore, juste des tests. Une photo ? ICI.

Je finis avec ce schéma que j’ai réalisé pour vous aider à comprendre la différence. J’ai tâtonné pour trouver le patronage, aussi il ne peut représenter une réponse technique et définitive, juste une aide à la compréhension. Ainsi, entre une 3 plis simple et une 7 plis, vous comprendrez mieux. Et dans mon patron, la 7 plis en est vraiment une :

Vous constatez dans le modèle 7 plis la consommation beaucoup plus important de matière. Tous les petits plis, bien repliés, constituent la triplure de la cravate, lui conférant un tombé idéal et un peu d’épaisseur. La 3 plis, pour le même résultat sera triplée. Enfin en ce qui concerne l’appellation réelle, il semblerait plutôt, surtout dans le sens anglais, que le terme ‘cravate 7 plis’ désigne surtout une cravate avec de nombreux replis, que ce soit 6 (version assez courante apparemment) ou 12… A voir. Quant à moi, je m’interroge toujours sur ce que je dois produire, 3 ou 7 plis, doublées ou pas …? That’s the question. Une chose est sûre, la 7 plis recherche une certaine finesse d’esprit, l’art du pliage de la cravate au plus haut degré. Et ça, c’est très satisfaisant.

En marge de l’article, je voudrais vous donner le lien vers un documentaire d’Arte sur un des whisky d’Islay : Bruichladdich. C’est ici et pour une semaine encore.

Julien Scavini

Les gants

Un client me demandait récemment si je pouvais l’éclairer sur les diverses qualités de gants et lui donner quelques conseils. Je fus bien dépourvu car la bise était déjà venue. Et je n’avais hélas pas de réponse immédiate. J’ai creusé un peu la question, je vais tâcher d’amener quelques éléments de réponse ici, vous incitant à continuer le débat après.

Premièrement, il est nécessaire de porter des gants d’un cuir similaire à celui des souliers : gants noirs avec souliers noirs, gants marrons avec souliers marrons. Dans cette catégorie, on pourrait dissocier gants de cuir lisse et gants de croute de cuir (veaux-velours), à associer chacun avec le même type de cuir de souliers, mais c’est déjà un raffinement. Pour pousser plus loin le bouchon, il serait également élégant d’avoir la même couleur de peau pour la ceinture et le bracelet montre, histoire d’être logique jusqu’au bout. Bon, mais je vous l’accorde, en dehors de l’association de cuirs noirs, indispensable selon moi, il est tout à fait possible de croiser les types de marrons.

Les peausseries ensuite. Le plus courant est le cuir de veau ‘pleine fleur’, c’est-à-dire un cuir non poncé, directement coupé car exempt de défauts. Le veau, car son cuir est fin, ce qui est appréciable pour des gants souples. Il y a également le chevreau ou l’agneau dont les cuirs sont très recherchés. Sinon, la grande masse de production provient de la vache ou vachette, souvent dans des cuirs corrigés, c’est-à-dire recoupés dans l’épaisseur. Enfin, notons le cuir de porc pour des gants de piètre qualité. A l’opposé, le cuir de pécari, sorte de petit sanglier d’Amérique du sud, est très recherché pour ses effets piquetés. Quant à la catégorie des cuirs-velours, ou veaux-velours, elle est vaste. Parfois appelée suédine, ou cuir-suède, ou encore nubuck, elle est suivant les qualités issue d’un traitement par ponçage de l’envers du cuir (la peau côté chair). La profondeur de cette matière, souvent comparée aux flanelles pour les costumes est très appréciable mais vieilli un peu moins bien qu’un cuir lisse.

La façon ensuite. Permettez-moi d’émettre un avis à propos des procédés actuels de fabrication. Je n’en peux plus de voir à longueur de rayons de grands magasins des gants cousus par l’extérieur. Ces modèles sont reconnaissables à leur cousu petit-point sur les bords et une fin de doigt en X. En effet, les coutures sont inversées et se trouvent donc à l’extérieur. Et c’est une fadaise ! Ah mais quelle idée de mettre des coutures à l’extérieur. C’est une simplification des fabricants. Car normalement, cette méthode est réalisée uniquement dans le cas de gants non-doublés, pour que la couture ne soit pas désagréable contre les doigts. A ce moment là c’est chic. Le piqué-bord peut être joli, je le concède, mais il faut qu’il soit logique. Car finalement, il n’existe plus aucune différence entre un gant pas cher et un gant de prix, les deux sont doublés, les deux sont cousus par l’extérieur. Et cela fait des grosses mains. Non, nous voulons de la finesse, de la délicatesse.

Car le raffinement voudrait que l’on recherche la façon la plus délicate, celle où les coutures sont soigneusement dissimulées à l’intérieur sous la doublure, de soie le plus souvent. Cette dissimulation, c’est un art ! J’en veux pour preuve que l’armée de l’air, pour ses pilotes de chasse, se fournie encore à Millau, la ville incontournable pour ce métier (et pour la mégisserie) de gants à la finesse extrême, facilitant la tenue minutieuse du manche.

Et pour finir, quatre liens vers Millau :

Que pensez-vous de cette idée de finesse alors ? Je sais que je ne vais pas être très populaire à dire cela, mais c’est mon crédo : raffinement et délicatesse.

L’illustration de la semaine : jaquette de mariage noire gansée, pantalon de pied de poule (pour un style très 30’s), cravate club comme cela se faisait (et oui) et chemise blanche.

Julien Scavini

Cravaterie!

Si j’ai pour habitude de porter des nœuds papillons, je reste néanmoins extrêmement attentif aux cravates, leurs matières, leurs couleurs, leurs formes et leurs montages. Il existe une multitude de maisons qui en vendent, et toutes ont des différences. Le foisonnement d’inventivité pour un ‘simple’ bout de tissu sans utilité – a priori – est fascinant et défie la science ! Peut-être qu’un jour aurons-nous droit à un prix Nobel de la cravate ?

Bref, je m’interroge, et c’est l’occasion ce soir de nous questionner mutuellement. Plusieurs choses sont sûres dont la plus importante : la cravate est un reliquat ornemental, à porter par essence avec détachement. Ce n’est pas une corde que l’on se passe autour du cou pour aller se pendre (2). Pour une fois, la décontraction pourrait presque guider cette tâche du matin. Presque, car il reste à faire preuve de bon sens et d’un peu de goût dans les associations. C’est par ce biais que l’on exprime un peu de soi par dépassement de l’uniforme-costume. Cela tient chaud au cou et c’est aussi un moyen de ne pas tâcher sa chemise comme le rapporte James Darwen dans Le Chic Anglais. Je conseille d’ailleurs la relecture du chapitre qui nous concerne.

En France, il me semble que l’on affectionne les faux unis. Cela tombe bien, je n’aime guère les unis qui donnent l’impression de porter une pagaie en travers du corps (3). Mais quels faux unis? De nos jours, les mélanges soie-laine apportent des réponses intéressantes. Sinon, des hybridations de couleurs poudrées et de tissages chevrons peuvent apporter un peu de variété. Les pois n’ont plus tellement la côte à vrai dire et les rayures Club font très anglo-saxon. Les petits effets à motifs blancs sont également intelligents mais les cravates peintes sont à proscrire. Je ne suis pas un fan des cravates imprimés, même si elles peuvent se révéler très fines et raffinées, faut-il encore savoir les porter.

Pour le nœud, plusieurs options mais un gros non : le double Windsor symétrique (1- quand je parlais de pagaie…). En revanche le demi-windsor (4) est intéressant et au fond, le nœud simple (si la triplure est épaisse) reste le plus … simple (5).

Le montage après. Beaucoup de propositions, même si l’on trouve principalement des cravates de soie alourdies par des triplures de laines. Celles-ci confèrent un beau tombé à l’ensemble, quelque fois appelé 3 plis, mais peuvent vite devenir compliquées avec des triplures multiples et épaisses. C’est ce que je reproche à ma Breuer. Très en vogue actuellement aussi, les 7 ou 9 plis. Elles peuvent être doublées comme les Marinella ou juste roulottées comme les Arnys ou Ralph Lauren. Et là je ne sais que choisir. Les premières sont traditionnelles, les secondes plus inventives, plus techniques… Et vous? Une chose est sûre, 8 cm de large, c’est parfait!

Enfin, le modèle que j’affectionne le plus date des années 80. Sauvée de la corbeille du père d’un ami, c’est une cravate fine des années 80, qui permet un petit nœud, comme j’aime et un beau volume juste en dessous, avec de nombreuses ‘gouttes d’eau’ (6). A la manière de la cravate de Blake, comme illustré ci-dessous. La finesse et la souplesse, telles sont les caractéristiques importantes à mon idée… ?

Julien Scavini

Cravate croate?

Le terme cravate viendrait d’une invention des mercenaires croates embauchés pour guerroyer par nos bons rois? Il semble que cela soit communément admis par les encyclopédies. Mais au delà de l’étymologie, nous pouvons constater sur les gravures qu’au travers des âges, le col, ou collet fut bien souvent fermé par un ruban de tissu, voire même quelques montages complexes comme les fraises. Celui-ci clôture l’encolure (les sens se télescopent), pour à la fois tenir les pans gauche et droit du vêtement et/ou tenir le cou au chaud et/ou soutenir une décoration et/ou servir d’objet d’apparat. Et c’est bien cette dernière fonction qui de nos jours prend le pas sur les autres, dernier bastion d’ornement pour l’ornement, d’inutile plaisir.L’ancêtre évident de la cravate, peu importe l’étymologie ici, est la lavallière (A). L’ancienne – pas l’actuelle qui tient plus de l’ascot – formée par un long ruban que l’on nouait sur le principe du nœud papillon – ou des lacets de chaussure – et dont les deux pans retombaient longuement de part et d’autre. Ce fin ruban entourait plusieurs fois le col avant d’être noué, parfois même sur le côté, et terminait parfaitement toutes tenues ‘ancien régime’. Il est souvent blanc, et a probablement conduit au nœud papillon blanc en coton marcella que l’on porte avec la queue de pie. C’est aux alentours du début du siècle que l’on inventa la ‘régate’ (B), ancien nom de la cravate actuelle. Cette proposition était elle-même issue des foulards que l’on se nouait négligemment autour du cou. La ‘régate’ était vendue nouée, enfin cousue, et se clipsait directement au bouton de col.

Jusqu’à nos jours, la cravate a bien évolué, en taille, en forme et en couleur. Étroites dans les 60’s, elle s’élargit dans les 70’s, se dilate et s’allonge dans les 80’s, se dénature dans les 90’s, sauf dans les bonnes maisons qui conservèrent leurs modèles. Aujourd’hui, une cravate classique fait 150cm de long pour 8 à 9cm au plus large. Il est possible de classer les cravates dans diverses catégories :

1- Les géométrales (tissées ou imprimées) : avec des pois, des losanges, des rayures horizontales, des petits carrés et autres petits motifs géométriques

2- Les régimentales (tissées) ou Club : inventés par les anglais, elles arborent les couleurs du club auxquelles elles correspondent. Les américains ont récupéré l’idée sous le nom Rep Tie, mais ont modifié l’orientation de rayures, pour ne pas froisser la perfide albion 🙂 Ce sont les préférées de Stiff Collar, dans les combinaisons les plus minimalistes possibles et des tons mats.

3- Les motifs (tissées ou imprimées) : avec des illustrations (Tintin, Milou, Winnie l’Ourson ou petits chiens, fer à cheval etc…), les écussonnées, les palmettes cachemires (paisley) etc…

4- Les imprimées ( donc imprimées) : souvent dans des soies fines, elles présentent plus de triplure que les régimentales qui sont en soie dure. Les motifs peuvent être peints dans l’esprit aquarelle. Les plus belles présentent d’importants motifs cachemires, souvent colorés, ou sinon des abstractions géométriques.

5- Les tricotines (donc tricotées et teintes) : sont souvent finies à l’horizontale en bas, elles sont très confortables en toutes saisons, très 60’s aussi.

Pour les bonnes maisons, il en existe une infinité. Citons Drakes of London, Brooks Brothers, Marinella, Charvet, Hermès évidemment, Hackett pour certains modèles estivaux lin et soie et Breuer qui est parait il le premier fabricant (sous-traitant) européen. Pour les amateurs de cravates en mailles, citons le travail d’un autre ami blogueur qui met en vente de beaux modèles vintages via le blog dédié Autour De Ton Cou. Et vous, quel est votre type préféré?

Enfin et d’une certaine façon, une cravate n’est pas brillante. Elle n’est pas en satin, elle n’est pas bling bling. Elle est mate car elle fuit le tape à l’œil. Elle est ornement sans être ostentation.

MàJ : le tailleur Alain Stark me signale qu’il organise le vendredi 10 juin 2011 une journée autour de la cravate. Des ouvrières spécialisées réaliseront sur demande et devant vous des cravates sur-mesure. Vous choisirez la soie ainsi que votre triplure, simple ou double épaisseur.

Julien Scavini

Les chaussettes

Porter une paire de chaussettes correcte est peut-être le plus beau signe d’amour propre qui soit. Mais ce n’est pas facile tant les soquettes (chaussettes à mi-mollet) ont envahi les rayons des magasins, même spécialisés. Nous ne le répéterons jamais assez, une belle chaussette monte jusqu’au genou, c’est un mi-bas. C’est un confort inénarrable que de ne jamais s’inquiéter de tirer sur ses chaussettes. Dans toutes les conditions, on ne verra pas vos mollets!

Je crois avoir entendu un jour que la chine produisait un milliard de paire de chaussettes par an. Bref, des petits morceaux de coton qui s’usent vites ne sont pas reprisées et qui polluent les sols de pesticides en même temps qu’ils les assèchent. Pas très durable.

Quelques marques existent qui vendent de belles chaussettes. Mais cela a un coût :/ hélas pas négligeable. La fabrication de chaussette s’appelle d’ailleurs la bonneterie. Par convention, celles-ci sont en fils d’Écosse (en fait un fil de coton mercerisé). Elles peuvent sinon être en laine pour l’hiver, ou en soie pour l’été.

Notons tout d’abord le site Mes Chaussettes Rouges.com, qui comme son nom ne l’indique plus, vend des produits de toutes les couleurs. Après, il existe la marque Gallo, spécialisée dans les motifs, mais je n’en ai pas de retour. Pour ma part, j’aime assez les produits de chez Labonal, à priori fabriqués en France.

Et vous, avez-vous d’autres tuyaux? Enfin sachez qu’il existe toujours des fixes-chaussettes, sorte de porte-jarretelles pour homme, très appréciés des américains, qui les appellent socks suspenders.

MàJ: le seul inconvénient remarqué lors du port de mi-bas est la fâcheuse tendance de ceux-ci à agripper les bas de pantalons étroits. Les modèles en laine, ou même en coton, mesurant 19/20cm en bas sont souvent retenus en position haute après une position assise, comme figés.

MàJ : on me signale donc dans les commentaires les maisons suivantes : Palatino (chez Crockett & Jones ou Arnys), http://www.archiduchesse.com/ , http://www.chaussetteonline.com/ , Falke, Pantherella, Viccel.

Julien Scavini

Galerie de chapeaux estivaux

Un court billet, tout en illustration ce jour, pour présenter quelques chapeaux d’été. Commençons par le modèle habillé, le chapeau des siciliens. Puis la casquette à protège cou (que l’on peut voir dans certains Tintin, c’est un vieux modèle); le canotier haut à bande noire; le canotier bas à bande en paille, sur le modèle de celui que dessina Dior dans les années 30; la casquette de yachtman; le panama original à rouler; et la casquette à quilles en paille.

Foison de boutons

L’un des rares bijoux qu’un homme peut porter sans passer pour un bellâtre (voire même pire ^^) est le bouton de manchette, revenu récemment à la mode, mais jamais oublié des gentlemen. Ce petit accessoire qui permet de clore avec élégance les manches d’une chemise se positionne sur le poignet.

Il existe trois grands types de poignets de chemise: les poignets mixtes qui nous viennent des USA (un poignet simple avec un bouton en nacre et une double boutonnière), les poignets à boutons, le modèle canonique (juste le poignet simple avec deux boutonnières) et enfin le poignet à mousquetaires, d’origine française mais institutionnalisé par les anglais, qui présente un repli de tissus (donc quatre boutonnières), donnant de l’épaisseur et du ‘tombé’ au poignet. Il s’est développé avec l’abandon du poignet à boutons qui avait besoin d’être fortement empesé pour être rigide.

Il existe de nombreux types de boutonnage, nous allons en faire le tour:boutons1A- les passementeries. Ce modèle simple en cordonnet d’élastomère, de coton ou de soie est le plus pratique pour aborder les boutons de manchette. Il est discret, sobre et sa grande variété de coloris permet de le coordonner avec votre tenue, des chaussettes chamarrées par exemple…

B- les boudins de passementerie. Plus évolués que les passementeries, mais plus gros aussi, ils conviennent bien aux hommes forts et aussi aux chemises à gros mousquetaires (ceux de Café Coton par exemple) dans lesquelles des passementeries seraient perdues…

C- les boutons à pivots. Il s’agit du modèle canonique actuellement, pratique grâce à son fermoir pivotant. Il ne possède qu’un seul côté ‘faste’. Il est possible de le trouver avec une variétés infinie de face.

D- les boutons à chainette. Stiff Collar l’aime particulièrement pour son grand chic. Ce type de lien est devenu difficile à trouver. Yves Saint Laurent en propose de très élégants (deux rondelles dorées avec YSL en relief) avec ses chemises blanches. Avec trois ou quatre maillons, il est tout à fait élégant et très recherché.

bontons2

E- les boutons fixes. Modèle assez courant, il est généralement de bon goût, car de petite taille. Il faut en effet qu’il passe à travers les boutonnières, étant dépourvu de fermoir mobile. Les deux faces ne sont pas parallèles, l’angle du lien étant légèrement concave. Hermès propose de très beaux exemples, Hackett également.

F- les boutons à ressorts. Ce type de lien est tombé quelque peu en désuétude même si l’on en trouve ça et la. Ils sont très fragiles. La petite chainette qui relie les pans est fixée par un ressort qui les rapproche, et cède de temps à autres.

G- les boutons à pressions. Ce modèle est très lié au F et était très utilisé avant la guerre avec les poignet empesés, qui étaient indéformables, donc peut aptes à recevoir des liens trop gros ou trop mobiles.

H- les boutons à charnières. Cette fermeture est très pratique pour les boutons à deux faces et permet de bien rapprocher les mousquetaires.

Ces huit modèles de boutons de manchette ne sont pas les seuls, car d’autres existent aussi, mais sont les plus courants. Le retour en grâce de cet accessoire, peut-être futile, mais toujours joli permet aux bijoutiers et habilleurs de développer de nouveaux modèles et fermoirs, pour notre plus grand plaisir. Ceci dit, une règle doit semble-t-il être rappelée, tant son non respect agresse le regard de Stiff Collar: les boutons doivent être discrets! C’est à dire qu’un bouton de plus de 1,5 cm de large peut passer pour vulgaire. L’idéal du gentleman se situe aux alentours de 1,2 cm. Les modèles circulaires sont plus canoniques, en argent ou en or, sans fioritures…

L’un des bons plans pour trouver de jolis boutons pour pas trop cher est les puces. Stiff Collar a l’habitude de faire un petit tour aux puces de Vanves à Paris le samedi matin. On y trouve de beaux modèles années 30 ou 40 pour une vingtaine d’euros, voire moins, en très bon état, en pierre, cuir ou argent…

Le noeud papillon

Il est avec la cravate l’un des deux grands moyens de clore une mise, de nouer le col d’une chemise, et même s’il s’est perdu, le nœud papillon reste un incontournable, certainement très chic !

Le nœud papillon est appelé bow tie par les Anglais, ce qui est plus proche de son sens de « cravate nouée ». Très courant jusque dans les années 60, il a ensuite perdu beaucoup de son statut, jusqu’à être récupéré par les clowns comme signe burlesque ! De nos, jours peu de personnes en portent quotidiennement, la cravate l’ayant supplanté. Il faut bien reconnaître que le nœud pap’ peut faire sourire. Son port est quasi exclusif aux jeunes et hommes de lettres.

Pourtant il a ses avantages. Il était notamment portés par les médecins et les architectes qui aimaient sa tenue, la cravate ayant une tendance à frotter l’encre de chine sur la table à dessin par exemple. Hergé ou Jacobs (qui inspirent tant les dessins de Stiff Collar, illustration) portaient pour cette raison aussi des nœuds papillons.
epjacobsCela dit, il est notable qu’il revient quelque peu en grâce, porté par des marques comme Ralph Lauren qui communiquent allégrement avec lui. Il existe plusieurs sortes de nœuds papillons, faisons en le tour !

Le nœud papillon se présente sous la forme d’un ruban d’environ 80 à 90cm de long, de hauteur variable, en soie dur la plupart du temps, mais aussi en de nombreuses matières, de la flanelle au tweed en passant par le coton.

Il existe plusieurs formes de nœuds, ou plutôt de galbes, résumés dans le dessin suivant :
noeuds1
A-    Le premier d’entre eux est le nœud ruban, qui se présente sous la forme d’un ruban d’environ 5cm de haut, sans forme particulière. Il est le plus difficile à nouer. Son rendu est serré avec un nœud épais.
B-    Le deuxième, une évolution du premier, présente une différence de hauteur entre le ruban et la partie à nouer. Il n’est pas plus facile à nouer et présente les mêmes caractéristiques esthétiques que le premier, à la différence qu’il passe sous un col turn-down.
C-    Le nœud galbé, l’invention la plus récente, présente des formes arrondies sur la partie à nouer. Il est facile à faire, car il tombe forcément dans son nœud si je puis dire…

Il est à savoir qu’un nœud pour ne pas être ridicule ne doit pas dépasser la largeur de votre visage, même mieux, la longueur entre les extrémités de vos deux yeux. Certains modèles en velours de chez Tom Ford seront dès lors à proscrire. Ceci dit, il existe un modèle complètement désuet mais fort prisé des américains dans les années 60 (et inventé par Brooks Brothers me semble-t-il) qui est fort long, mais terriblement charmant, comme le monde le dessin. On trouve également des nœuds à fins en pointes, même si la norme va aux nœuds à fins droites.

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Pour ce qui est des modèles du prêt à porter, il existe de nombreuses variantes que l’on peut résumer comme suit :

–    les rubans à la taille suivant le tour de coup. Ils sont difficiles à trouver en prêt à porter, exceptés pour les nœuds de smoking avec col cassé, qui évidemment doivent être continus. Ils sont donc côtés suivant le tour de cou, comme les chemises.
–    les noeud à agrafes à longueur variables. Ils sont les plus courants, cela évite aux boutiques d’avoir à stocker de nombreuses références dans de nombreuses tailles. Souvent ils sont pré-noués, mais peuvent se défaire, c’est le cas chez Charvet.
–    les nœuds noués industriellement et rapportés sur un ruban ou un élastique, autant dire, la lie de la lie. Leur rendu est souvent étriqué, car le nœud papillon est collé sur son support et ne fait pas un avec. Je déconseille fortement !
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Alors évidemment, l’intérêt de porter un nœud papillon réside dans le petit snobisme qui est de savoir le nouer. Évidemment, un nœud pré-noué à agrafe est tout à fait respectable. Mais si par exemple vous devez porter un col cassé, alors vous n’aurez pas d’autres solutions que de savoir le nouer. Entraînez-vous sur votre cuisse au début, c’est plus facile pour comprendre.

L’ennui avec le nœud papillon, c’est que personne ne peut le nouer pour vous, à la différence des cravates qui coulissent. Le nœud lui est fixé une fois noué ! Une bonne après-midi me fut nécessaire avant de savoir le faire. Ce lien présente une des bonnes illustrations mode d’emploi.

Si je résume : pour un droitier : 1- posez le nœud autour de votre cou, la partie gauche un peu plus basse (5cm)    2- la partie gauche passe par dessus la partie droite    3- nouez et serrez, et prenez la partie gauche toujours entre vos dents    4- présentez la partie droite en position horizontale, position nœud finie (il faut le plisser une fois)    5- passez la partie gauche dans une sorte de petit espace qui s’est créé derrière la patte droite lors de la mise place horizontale    6- tirer sur le tout et serrez, c’est fini.

S’il est véritablement simple comme bonjour de faire ce nœud, je suis en revanche complètement démuni pour l’expliquer convenablement. Souffrez devant votre miroir avec un graphique pour l’apprendre, je ne puis en dire plus… Bons nœuds !

MàJ: cette vidéo explique bien le processus.