Ce court article pour rappeler les différences qui peuvent exister dans les coupes des revers de vestes. Loin de parler d’un très grand nombre de modèles, je me limiterai aux quatre les plus représentés. L’illustration sus-visée synthétise ces différences:
Le revers A est le plus courant maintenant. Sa simplicité lui a permis de conquérir la quasi totalité des coupes, surtout en prêt à porter. Ce cran est appelé Cran simple ou Cran sport, car il tire son origine des vestes de cavaliers. C’est donc un col peu formel. Il arbore parfois une patte sur le cran droit, permettant de boutonner le col lors des jours de froid, une tradition qu’il a hérité de ses origines campagnarde.
Le revers B est historique et toujours employé pour les smokings et autres morning suit. Il est possible de le trouver sur des costumes, mais cela passe souvent pour des coupes vaniteuses ou voyante, ce qui est faux, s’il est bien porté. Il se nomme Cran aigu du fait de sa forme aiguisée. Il est aussi quasi-exclusif aux vestes croisées.
Le revers C est appelé col châle. Il n’est plus beaucoup utilisé excepté pour certains smokings. Ceci dit, il a eu une belle carrière avec les vestes d’intérieurs à brandebourg, les habits, les gilets ou encore les robe de chambre.
Le revers D est une particularité française que l’on trouve principalement dans le grande mesure tailleur ou chez certains prêt à porter de luxe. Ce modèle est appelé cran Camps, car il fut créé à l’origine chez le tailleur Camps de Luca de la Madeleine. Mais il serait plus opportun de nommer cette coupe cran Smalto, car c’est bien Francesco Smalto qui l’inventa lorsqu’il était coupeur chez Camps. On le nomme aussi cran parisien ou cran tailleur par extension. Il s’agit dans la coupe d’un mixte réussi entre le cran sport et le cran aigu.
MàJ: un nouvel article développe le sujet: https://stiffcollar.wordpress.com/2010/05/24/quelques-crans-de-revers/
Bonjour,
Il est toujours très agréable de voir apparaître de nouveaux blogs. Tout mes encouragements pour le vôtre dont les illustrations permettent de mieux comprendre le propos.
Bonjour,
Bravo pour votre blog et surtout pour les dessins qui l’illustrent (c’est peut-être le premier site que je rencontre où les dessins ne sont pas ceux d’Esquire…)
Ceci dit, j’aurais 2 remarques à faire sur ce billet-ci. Premièrement sur la forme, sauf erreur de ma part, cran est masculin, l’adjectif devrait alors être aigu et non aiguë.
Deuxièment, vous dessinez une boutonnière sur le col châle, mais il me semble (c’est à reverifier) que c’est un contre-sens, celui-ci n’ayant aucune vocation à être boutonné de près ou de loin. Qu’en pensez-vous ?
Cordialement,
Bonjour,
juste une précision, le mot boutonnière peu induire une confusion dans le sens où ces ouvertures dans les revers n’ont aucunment vocation à être boutonnées, d’ailleurs, il faudrait pour cela avoir un bouton en vis à vis.
Il faudrait mieux la nommer par son nom complet ’boutonnière à la Milanaise’ ou son nom usuel ‘Milanaise’, sa fonction étant juste de permettre le passage d’une tige d’oeillet elle même maintenue par un fil de soutien cousu dans la partie masquée du revers.
On ne devrait parler que de ’boutonnière sous patte’, amovible ou fixe, présente uniquement sur des vestes très sport (tweeds notamment) afin de pouvoir fermer complètement le col avec un bouton placé sous partie de col opposée.
Tout ça pour dire qu’un col châle devrait toujours avoir sa Milainaise et jamais de boutonnière of course !
Bonne journée.
Leuck
Merci pour vos encouragements, cela fait plaisir!
Alors en ce qui concerne l’orthographe de aigu, c’est tout à fait vrai! C’est le genre de mots énervants dont on a toujours un doute sur la fin…
Pour le revers châle, il est vrai qu’il n’arbore normalement pas de boutonnière, sauf me semble t il dans le cas des smokings. Enfin j’en ai déjà vu, et il me semble que M. Fan en parle à propos de son smoking châle. Tom Ford en place aussi. A vrai dire, cela a un petit côté curieux que je ne déteste pas…
Que penses-tu des costumes Smalto PAP (ligne « couture », pas « samlto by ») ?
Aucune idée!
Bonjour,
Une question qui me taraude : à part être un atavisme d’une époque à laquelle on ne manquait sans doute pas de le rabattre pour se protéger des éléments, ou même une coquetterie, à quoi le revers sert-il aujourd’hui ?
Est-il physiquement indispensable à la confection d’une veste ? Serait-il possible de construire une veste sans revers (un peu comme celle disséquée à ce lien : http://www.depiedencap.eu/spip.php?article129), mais avec un col remontant légèrement sur l’arrière, comme sur une veste classique ?
Cette question vous paraîtra bien possiblement saugrenue… mais, le saugrenu, c’est l’effet que me proccure l’apparence même des revers, en tant que tels. Au mieux, ils m’évoquent la retenue d’une parade de paon (j’aime le minimalisme, sur moi, au moins) ; au pire (enfin, façon de parler), en espérant n’offenser personne, une vulve (en 69 : grandes lèvres pour les revers de la veste, petites pour la chemise, la tête du porteur sortant du fourreau imaginaire ; quant à la cravate… « what has been seen cannot be unseen ») ; si-si, regardez bi… enfin, bref, oui, je devrais sans doute avoir des choses à dire sur un divan (je tiens à vous rassurer tout de suite : si je rêve d’un costume excisé, j’aime bien trop les femmes pour fantasmer sur l’analogie inverse ; je ne suis pas un psychopate en goguette, en quête d’une soupape de sécurité)…
… ce qu’il y a, c’est que, psychologiquement, je n’arrive pas à porter une veste à revers en conservant une once de mon sérieux. Ce qui est un peu gênant, de ceci, j’imagine que vous conviendrez.
Je rêve donc d’une veste droite, mais fermant relativement haut (sans ne serait-ce que s’approcher de la veste Mao/Neru), d’apparence globalement classique, mais sans revers, et avec un col remontant légèrement sur l’arrière d’une chemise (à col Mao, elle), portée sans cravate. Voire, soyons fous, de la même chose, assortie d’un gilet à col rond, raz de chemise (comme j’en ai vu sur des vêtements d’il y a au moins deux siècles ; ah, et bien sûr, sans revers, lui non plus).
Je sais l’informel, l’excentrique résolu, de ce genre de rêve, mais puisqu’il me permettrait enfin de me faire confectionner de beaux vêtements, dans lesquels je me sentirais bien, de prendre plus de plaisir à m’habiller, de m’habiller plus soigneusement, pourriez-vous me préciser s’il serait réalisable, au moins techniquement ? Et, quelle que soit la réponse, pourquoi ?
Bonjour,
message un peu curieux, vous en conviendrez 😉 Bref, au delà de la curiosité que m’inspire votre dégoût – argumenté – des revers, il est tout à fait possible de faire une telle veste. A vrai dire, c’est même plus simple. C’était à la mode dans les années 90, avec le revival 30’s.
Cherchez aussi quelques gravures des 17 et 18ème siècle, sur les tenues de d’apparat, le pourpoint (que l’on appellerait jaquette) recouvre un gilet, les deux sont souvent sans cols, juste rond, le gilet montant d’ailleurs haut. Quelques fois, l’un ou l’autre possède un col cheminé (sorte de mao)… Ainsi, on voyait très bien la cravate blanche nouée autour du cou plusieurs fois. Why not, j’aime assez cette inspiration. Sinon, la veste peut arborer un col châle. Cherchez une de mes illustrations ‘Arnys’ dans le blog. Les vestes autrichiennes reprennent parfois ce principe.
Enfin, à quoi cela sert-il? A vrai dire, pas à grand chose en effet, sauf à rabattre ceux-ci lorsqu’il fait froid. Ils sont surtout d’origine militaire et du justaucorps croisé, puis ont été placé en ‘retroussis’, puis ont été faux par un moment mais d’une couleur tranchante…
Et au final, c’est assez pénible à faire et à ajuster, alors allez savoir… nous sommes conservateur pour encore quelques temps au moins.