Le mariage (MàJ 1)

Ce soir, je vous retranscris un article d’un vieux numéro d’Adam des années 60. La partie I ce soir, l’habit. Par Jean Laury.

« Non! Non! Il ne s’agit pas ici de guider le choix de votre coeur : fut-il désastreux, c’est votre affaire. Mais de vous conseiller vestimentairement, ce qui nous regarde. ‘Adam’ maintient avec ses lecteurs – et avec plaisir – un contact épistolaire permanent. Il reçoit presque chaque jour des lettres anxieuses concernant la tenue dans laquelle on doit se présenter devant le maire et le curé. Ces lettres témoignent parfois d’un tel embarras qu’elles laissent à penser que l’amour et les usages sont incompatibles pour les uns – que les autres ayant organisé leurs finances pour prendre femme en sont, de ce fait, réduits à ne plus pouvoir s’acheter une paire de souliers, ni de gants !

Dès 1950, nous avons édité un petit livre – précisément intitulé Mariages et toujours en vente 4, rue de la Paix – où nous nous sommes efforcés de résoudre a plupart des problèmes ‘des fiançailles au voyage de noces’. Aujourd’hui, nous allons d’abord passer le marié en revue, de la tête aux pieds, avant de le laisser monter en voiture pour s’aller mettre l’anneau au doigt … et la corde au cou !

L’habit

A la belle époque, et même après, tout grand mariage comportait un long cortège d’habits : époux, parents, témoins et proches. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de cortège, mais encore des gens qui se marient en habit : c’est exactement la tenue de soirée de gala, adoptée quelquefois par les deux pères et témoins. Ou alors il faut renoncer à la formule.

  • L’habit s’accompagne du chapeau haut-de-forme, mais dût-il claquer des dents, par -10°c, le marié sort de l’église sans endosser son manteau.
  • La boutonnière d’habit du marié s’orne obligatoirement d’une fleur blanche. Précisons :  le gardénia. Mais cette fleur étant – presque – introuvable entre janvier et septembre, on la remplacera alors par un œillet blanc. Les parents, les témoins arborent un œillet blanc pas trop volumineux type ‘œillet de Paris’.
  • Les décorations sont absolument incompatibles avec une fleur. Choisissez. Elles sont exactement les mêmes sur l’habit que celles portées à la ville : rubans et rosettes. A moins qu’il ne s’agisse d’un mariage officiel, où figurent des personnes de marques : on fixe alors au revers, la barrette des réductions.
  • La chemise du marié, dont il n’aura pas le temps de changer, entre la cérémonie et la réception, doit, avec confort, résister à la cassure, hâtée par les agenouillements de la messe. On fait, pour éviter ce petit drame, des chemises d’habit demi-souples, qui demeurent impeccables jusqu’à ‘l’ouf, enfin seuls‘…
  • Les souliers du marié en habit sont tout simplement les classiques vernis à lacets. Ses gants sont blancs : agneau glacé ou peau chamoisée.

Par ailleurs, aucune fantaisie n’est admise dans la coupe du vêtement d’apparat. Pour cette cérémonie, il reste conforme à sa ligne classique : revers pointus recouverts de soie. Les parents et les témoins pourront être soit en habit, soit en jaquette, à la condition de s’entendre préalablement pour donner une unité au cortège.

  • Le pantalon est assez étroit et tombe droit sur la chaussure, en veau verni.
  • La chemise est à plastron empesé nid d’abeille ou unie, à col cassé et manchettes empesées, cravate papillon blanche en fine batiste ou nid d’abeille, de forme classique ou à bouts pointus.
  • Le gilet est blanc en piqué de coton nid d’abeille.
  • Chapeau haut de forme brillant (alors qu’il est mat pour accompagner l’habit le soir).
  • Les gants sont blancs, en chevreau glacé ou suède.
  • Pochette blanche en fil de main.
  • Chaussettes en soie noire.

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La jaquette

C’est actuellement (toujours dans les années 60 ; article extrait d’Adam, note de Stiff Collar : *) la formule préférée, bien qu’elle pose, pour certains, un problème pécuniaire.

  •  Sur la jaquette, le Président de la République fut-il présent, on ne porte ses décorations qu’en rubans et rosettes. Si l’on n’a pas – ou que l’on ne porte pas – de décorations, le gardénia est remplacé par l’œillet blanc pour le marié, rouge pour les autres, à l’exclusion de toute autre fleur.
  • La chemise chemise, à col cassé (* non représenté dans le dessin, où j’ai préféré le col turn-down) à poignets empesés (* plutôt single cuff je pense), peut être à plastron souple, si la cravate est également plastron : ce qui cache cette mollesse. C’est la formule que nous conseillons, pour son élégance et sa commodité. La cravate plastron (* ce que l’on appelle à tord maintenant la lavallière (la lavallière étant autre chose))  est obligatoirement grise. Le choix du tissu, limité, se porte sur de fins motifs ton sur ton ou noirs, des diagonales, des chevrons. La régate (* la cravate moderne, celle de tous les jours), toujours grise, unie, bien sûr, s’étale sur le plastron de chemise dur.
  • Le marié en jaquette se coiffe d’un tube. Ses gants sont de peau chamoisée grise. Ses chaussures basses, noires, cirées, comportent un empeigne rigoureusement unie. A la campagne (grands mariages hors-Paris) on note une certaine faveur pour la jaquette claire et – gaieté – le haut de forme gris.

Aucune erreur n’est tolérée dans cet ensemble. Il obéit à la loi stricte de la tradition, résumée ci-dessous :

  • La jaquette est gris marengo, légèrement pincée à la taille, les basques s’arrêtant au-dessus de la pliure du genoux. Les revers sont à cran pointus.
  • Le pantalon peut être uni ou à petits chevrons ou à rayures sur fond gris. Il tombe droit sur la chaussure sans cassure et sans être relevé, bien entendu.
  • Le gilet est croisé de préférence, est en toile bis ou en lainage gris clair ou beige.
  • La chemise est blanche et comporte, pour le marié, un col cassé et manchettes empesées (* pour le col, c’est à voir).
  • Tous les membres du cortège doivent avoir un chapeau haut de forme brillant.
  • Pochette en fil de main.
  • Gants gris clair en agneau velours ou en chevreau
  • Chaussettes en soie noire.
  • Chaussures noires cirées, unies.

* PS: j’ai dessiné la lavallière portée avec un col de chemise classique. Hérésie ou pas ? Je m’interroge encore. De toute manière, le col cassé n’est beau que lorsqu’il est véritable, c’est à dire faux et rattaché. Donc introuvable.

La tenue militaire

J’ai ouï dire qu’un officier de dragons, avant 1914, avait eu maille à partir avec les Suisses de la Madeleine : il entendait gardait sur la tête son casque à crinière pour monter à l’autel ! (* tiens, qui sait quand et pourquoi les gardes Suisses de la Madeleine ont disparu ?) Aujourd’hui, les gens d’armes revêtent ce que l’on pourrait appeler la petite tenue. Mais parcequ’ils portent le sabre, ils entrent et se tiennent durant la cérémonie, du côté de l’Évangile, contrairement aux civils auxquels est dévolu le côté de l’Épitre. Ceci vaut pour la famille et les amis. Et c’est le bras droit que l’époux, pour sortir, offre à son épouse.

* intéressant détail n’est-il pas? Bonnes vacances pour les chanceux qui y sont déjà. A la semaine prochaine pour le dernier épisode.

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Dernier épisode aujourd’hui, toujours la retranscription d’un article d’Adam des années 60, par Jean Laury. Note de Stiff Collar, avec une * .

Le costume de ville

Si l’on choisit cette formule, la plus simple, du moins faut-il la soigner d’autant mieux : complet foncé, bleu marine de préférence, chemise blanche, régate grise (* cravate grise, mais un peu de couleur est accepté maintenant), gants chamoisés de même ton – jamais de beige – chaussures cirées, nues au possible et à lacets, chapeau mou et fendu : chapeau rond interdit. Bref le comble de la sobriété : presque l’effacement !

Enfin, quelle que soit la tenue, la pochette à laquelle le marié a droit, doit dépasser à peine – et non plus en pointe, mais horizontalement. Et en habit, en jaquette, en tenue militaire, en veston, il portera invariablement des chaussettes en soie noire.

Erreurs et vérités

Quant à vous marier en smoking, c’est l’hérésie même du point de vue vestimentaire. En ce qui nous concerne, nous ne serions pas plus choqués par un marié en tenue de chasse, de golf, de ski, que par un marié en smoking ! A moins qu’il ne s’agisse d’un enlèvement au sortir d’un petit dîner en ville. (* du même genre, je rajoute les souliers marrons … se marier en souliers marrons… et puis quoi encore…)

Baiser la main. Doit-on le faire, à la sacristie, pour la mariée ? Bien sûr : ce geste, avec l’appelation de Madame, fait partie de ses nouvelles prérogatives. A tant faire que de salir les gants qu’elle porte, mieux vaut s’y livrer en s’inclinant sur sa main qu’en la lui serrant.

Les chapeaux. On nous pose parfois cette question : soit chez elle, soit dans un local loué, la mère de la mariée doit-elle garder son chapeau ? Sûrement. D’abord parce que le temps lui manque pour remettre sa coiffure en ordre. Ensuite, parce que cela se fait. Si elle porte un immense chapeau qui se cogne à la foule, elle peut tourner la difficulté comme le fit récemment une femme très élégante. En rentrant de la messe, elle avait hâtivement troqué de larges bords contre une étroite coiffure de fleurs, très habillée, qui s’harmonisait avec sa robe et lui permettait de circuler librement, sans collision !

La cadeaux

Ah ! Ces cadeaux ! Les temps ont bien changé, les portefeuilles sont encore plus plats. Mais la coutume admise, chez les gens les plus traditionalistes, c’est le dépôt d’une liste, établie par les fiancés, dans plusieurs magasins, dont les donataires éventuels se communiquent les noms. Cette liste va des porte-couteaux en cristal au plat en argent pour la dinde de Noël et au réfrigérateur. On peut compléter par un service de verrerie, de vaisselle, se décider pour un plateau, des cendriers de table, des tasses à déjeuner, un aspirateur – toutes choses qu’on n’eut jamais osé d’offrir au temps de nos grand-mères. Le tout, c’est d’arriver, pour le choix, parmi les bons premiers : de ne pas se trouver, précisément, devant une liste close, à l’exception de ses deux extrêmes : la vendeuse suggère, alors, tout autre chose, au hasard, lequel  – c’est bien connu – ne vous sert jamais.

Fleur ou décorations

Lors d’un grand mariage parisien, la nationalité suisse du marié posait un problème à la famille française de la jeune fille : le père, grand-pères, frères et oncles de la mariée pouvaient tous arborer une imposante brochette de décorations civiles et militaires. Par déférence vis-à-vis de leurs amis et invités, des beaux-parents suisses, originaires d’un pays ne décernant aucune décoration, tous les français avaient décidé de remplacer rubans et rosettes par une simple fleur à la boutonnière. C’était là un geste de bonne éducation.

Sortie de l’église

Rien n’est plus charmant que la coutume de la haie d’honneur accueillant le jeune couple entouré de son cortège de garçonnets et de fillettes. Cette haie évoquera l’activité sportive de l’un des époux : trompes de chasse, pour les veneurs et chasseurs, avirons, skis, épées, dressés en voûte, composeront un tableau que le photographe immortalisera pour l’album de famille.

Mariage israélite

N’oubliez pas ce tire qui veut que tout assistant à une cérémonie, dans une synagogue, ait le chef recouvert d’une coiffure. Si vous êtes un va nu-tête, on vous prêtera une calotte, mais vous serez certainement plus à votre aise en extirpant de votre garde-robe un de vos chapeaux personnels.  Jean Laury.

Julien Scavini

Le drop à l’essai !

Il est un terme a priori mystérieux auquel nous sommes souvent confrontés, sans que personne vraiment n’en connaisse la signification : le Drop. Je n’en connaissais pas non plus la signification jusqu’à récemment. Mais pour vous, je me suis renseigné. Car il est maintenant monnaie courante de rencontrer dans une même enseigne des modèles en plusieurs drop. Alors, autant le dire tout de suite, ce terme technique n’a aucun rapport avec la bonne petite-mesure, puisque précisément, la mesure n’est pas fixée…

Tout d’abord, le drop est utile pour les costumes dont le pantalon est vendu avec et que l’on ne peut pas séparer. Car certaines bonnes maisons comme Brooks Brothers ou Arthur & Fox peuvent par exemple, prendre un pantalon dans une autre taille. La veste seule n’est pas concernée par le drop.

Bien, rentrons rapidement dans le vif du sujet : le drop désigne le différentiel de taille entre la veste et le pantalon d’un costume. Par exemple, en boutique le vendeur vous prendra d’abord le tour de poitrine (en passant sous les bras). Si vous faîtes entre 99cm et 101cm, vous ferez une taille 50 (soit la valeur divisée par deux). Il vous sortira donc le costume taille 50. Si ce costume est fixé en drop 6 (conformation classique), le pantalon fera 50 – 6 = 44cm de demi-tour de taille, soit 88cm de tour de taille.

Le drop est donc le rapport entre la poitrine de la veste et la taille du pantalon, exprimée en demi-périmètre et en centimètre en France. De nos jours, alors que les hommes mincissent et surtout les jeunes, les drops courants sont 7 ou 8. Par exemple pour un drop 8, la veste fera 50 et le pantalon 42. Vous voyez donc, drop 8 sera synonyme d’allure svelte.

Poussons plus loin. Le drop aura une influence (mais pas de rapport direct à ma connaissance) sur le tour de taille de la veste (A ou B sur le schéma). A priori, une veste en drop 6 est coupée plus droite qu’une veste en drop 8, qui sera plus cintrée. Car le tour de taille du pantalon et le tour de taille de la veste sont assez proches en réalité. Ils se chevauchent. Pour que l’un emboite bien l’autre, il faut un rapport logique, mais qui dépend du goût du modéliste/styliste. Sachant qu’une veste est plus facile à cintrer que l’inverse…

De nos jours, les bonnes maisons tentent de proposer deux drops, pour des allures et des expériences différentes. Mais attention, ce ne sera pas forcément le même modèle. On pourrait imaginer qu’une même coupe est vendue en drop 6 puis en drop 8 suivant le tissu ou les détails. Et bien non. Si vous êtes sveltes, vous pourriez dire : je prends le drop 6 et je cintre la veste par exemple. Sauf qu’en général, les conformations sont très différentes. Je prends la fiche de mon propre atelier pour le prêt à porter :

  • En taille 50, le drop 6 : 1/2 tour de taille 55cm, épaule 14,4cm, 1/2 dos 23cm, manche 64,5cm, longueur veste 78cm, pantalon taille 44.
  • En taille 50, le drop 9 : 1/2 tour de taille 51cm, épaule 13,8cm, 1/2 dos 22cm, manche 64cm, longueur veste 77,3cm, pantalon taille 41.

Vous constatez donc que les changements vont bien au delà du simple cintrage, une foultitude de différences pouvant être constatée.

Pour ma part, je trouve plus simple les marques qui parlent de conformation Regular, Long ou Short. Pour une même taille, vous trouvez alors trois longueurs différentes. Il est idéal alors que cette marque travaille avec un drop classique, qu’il est possible de cintrer. Mais si vous êtes grand et svelte, alors il sera aussi efficace de trouver une enseigne proposant un drop 8 ou 9 dans lequel vous vous glisserez sans retouches.

Enfin, fuyez les tailleurs qui parlent de drop. Quel intérêt ? Précisément, en mesure industrielle ou non, il est possible – voire même souhaitable – de modifier à l’envie le tour de taille, de poitrine, la largeur des épaules, ou encore de commander un pantalon à la mesure exacte, sans rapport avec la veste …

Julien Scavini

Les méthodes de doublure

Qu’il fait chaud, mais qu’il fait chaud! En ces temps incertains où les orages doivent arriver, impatiemment guettés comme au milieu des plaines africaines, il est bon de s’interroger sur sa veste de costume. Comment en effet concilier prestance au travail et modération thermique? Pour ceux d’entre nous qui travaillent à la clim’, aucun problème. Mais pour les autres? Notons également que l’air conditionné, vendu depuis les années 50 par nos amis américains trouve actuellement, dans la crise de l’énergie sa limite. Le premier ministre japonnais a en effet et depuis quelques semaines décrété un ‘cool biz’ – comprenez être cool au travail, c’est-à-dire venez sans veste – en raison de l’arrêt de nombreuses centrales nucléaires, et du manque d’électricité qui en découle. Les grandes tours de bureaux, révolution moderne du travail, se transforment alors en immense grille-pain.

Le coton peut-être un atout, bien qu’il respire assez mal. Mais il a l’avantage sur la laine, de s’entretenir mieux, notamment le pantalon, qui s’il est bien fait, pourrait supporter un cycle en machine. Les coupes amples (pas trop grandes!) facilitent aussi la vie, avec une sensation moindre sur la peau. Chemises et costumes trop cintrés sont à proscrire, alors que l’hiver ils sont intéressants.

Enfin et surtout, que mettre à l’intérieur. Comment alléger au maximum la veste? Choisir un coton léger (240gr) peut déjà être une base. Passez ensuite à la doublure. Quatre grandes options s’offrent à vous : A – la doublure intégrale, évidemment la plus courante, en viscose, en acétate, en polyester, en soie etc. Elle permet de réaliser les ‘propretés’, càd camoufler les coutures et l’intérieur (fonds de poches, toiles, coutures, etc).

B – le non-doublé dos, quelque fois appelé 1/4 dos. C’est déjà une avancée. Vous conservez la jouissance des poches de la garniture, et un empiècement doublure finit le haut du dos.

C – le non-doublé. Ici, plus de doublure pour camoufler les fonds de poches etc. Une grande garniture de tissu double le devant, dans laquelle sont réalisées les poches portefeuille. Les poches extérieures possèdent des fonds de poches (donnant sur l’intérieur) en tissu, à la manière des poches de pantalons. C’est une jolie méthode qui donne à voir, tout en étant relativement minimaliste! Les ‘propretés’, càd les coutures sont camouflées par des ganses ou surpiquées-couchées comme dans une chemise.

Dans ces trois méthodes, vous bénéficiez de l’entoilé et d’une épaulette, ces méthodes n’étant pas contradictoires.

D – le non-doublé intégral, quelque fois appelé veste foulard. Ici, il n’existe plus aucune poche à l’intérieur. De même la toile disparait, comme les épaulettes. Le montage de la tête de manche est plutôt comme une chemise. La structure disparait, la veste est molle, effectivement comme un foulard, ce qui peut être idéal pour des cachemires bi-faces bi-colores.

Julien Scavini

Manches courtes

Non, nous n’allons pas aborder ce soir le sujet des chemisettes – je sens déjà les tomates pourries arriver – mais bien celui des manches de vestes, irrémédiablement trop longues ! Je crois qu’à tous les prêt-à-porter, je retirerai 1,5cm de longueur ; mais ils sont issus des mêmes tables de gradation.

Il est de tradition de laisser entrevoir 1 à 2 cm du poignet de chemise – tradition détestée en Asie, honnie chez les militaires – mais les tailleurs anglais nous ont appris cette règle, alors autant se la tenir pour dîtes. Dès lors, et comme les vestons en p.à.p. ont des manches généreuses, les chemises s’adaptent en étant plus longues encore, jusqu’à recouvrir la moitié de la paume de la main quelques fois.

Il n’existe pas vraiment de règle parfaitement tranchée en la matière, pour juger de la bonne longueur ou non au demi centimètre près. Soyons pratique : quel est le résultat de manches trop longues (même si la chemise dépasse, donc encore plus longue) : la sensation de chaleur. Il est un fait : recouvrir la veine qui relie la main au bras donne une abominable sensation de chaleur, ou du moins amplifie celle-ci. Et je crois que l’aisance dans ce cas est tout ce qui compte!

La plupart, sinon tous les vendeurs et petits tailleurs prennent la longueur de manche avec le bras coudé à l’horizontale. Je pense que c’est une erreur. Finalement, prêtez-y attention, nous sommes le plus souvent bras vertical, notamment en déplacement. Il convient à ce moment d’avoir de l’allure. Sinon, accoudé à votre bureau, la problématique est différente. Donc je prends la mesure bras tombant. Et comme repère, je me fixe sur le petit os (en fait le sommet du cubitus, opposé au pouce, sur la face externe du bras). J’imagine la veste s’arrêter au dessus, la chemise en dessous, d’où 1,5cm de différence. Rajouter exactement +1,5cm pour un port classique, question de volonté du client vis à vis de son tailleur.

Pour vérification, je place (bras vertical, comme sur l’illustration) la main perpendiculairement au bras, et la fait aller de droite à gauche. Elle doit frotter le poignet de la chemise, mais pas le faire remonter, encore moins la manche veste.

Alors je vois poindre d’ici les critiques : quoi, une manche comme ça? mais elle est trop courte? Oui en effet, la manche est courte, et toutes vos chemises seront irrémédiablement trop longues (je le sais d’expérience). Mais lorsque quelques vestons correspondront à quelques chemises, vous vous sentirez à l’aise, sans jamais de surchauffe à ce niveau et une aisance parfaite pour serrer des mains ou tenir votre sacoche à bout de bras. Évidement, bras coudé, cela fera court, mais cette posture est généralement admise devant un clavier d’ordinateur où c’est un avantage. Et puis personne ne remarquera jamais que vos manches sont plutôt courtes tant que l’harmonie générale est correcte : veste à la bonne taille ni trop longue ni trop courte. Quelqu’un qui est à l’aise et en confiance dans son costume se remarque ; quelqu’un qui a chaud sous un costume trop long, mal adapté ne sera ouvertement pas à l’aise. Monsieur Hulot lui était à l’aise 😉

Julien Scavini

Quel costume l’été?

Pour faire suite au précedent article qui avait fait couler beaucoup d’encre sur le port du polo manche courte et du bermuda, nous allons ce soir nous intéresser aux costumes estivaux. Car évidemment, quand il fait, la tentation est grande de faire tomber la veste, mais ce n’est pas recommandé par la rédaction. Et surtout, au delà du costume, la coupe étant une question de goût, quelle matière?

La problématique de la couleur peut aussi être posée. Pour un costume de travail, difficile de se passer des gris et des bleus. Ils peuvent simplement être sélectionnés dans des coloris plus clairs. Également, il est possible de revêtir aussi des tons beiges, mais jamais marron en ville. La veste sport ou les blazers légers peuvent également être combinés avec des pantalons de flanelles légères ou de laines vierges, ou de coton blanc.

Par ailleurs, notons que le nec plus ultra des coloris estivaux est le blanc, plutôt le blanc cassé, complété par de nombreuses variantes allant du crème au caramel. En trois pièces, cela peut-être exquis. Les anglais, avec ces couleurs, ne jouent jamais le total ‘look’, ne s’habillent pas de la tête aux pieds en blanc, préférant les dépareillés. De la bouche d’un anglais, ce ‘style’ est italien!

Enfin et surtout, la matière. D’abord, je vais détruire beaucoup d’idéaux largement répandus dans l’opinion: non au coton et au lin. Oui à la laine. Et oui, techniquement, rien n’est plus fin que la laine, rien n’est plus léger (en dehors des polyester et de la soie). Le coton a un défaut (à part le tissage seersucker): il est tissé serré et n’est donc pas aéré, très peu utile pour les jours de chaleur. Le lin quant à lui, froisse, vous le savez bien. Et par ailleurs, ce qui est peu connu, le lin se gorge d’eau en milieu humide (je pense aux régions de bords de mers) et dès lors ne respire plus. Par ailleurs, les cotons et les lins sont lourds (300gr bien souvent). Aussi, un tailleur refuse de travailler ces tissus, qui sont terribles sous l’aiguille et et le fer.

Il ne reste que la laine, dont les fibres peuvent allier deux qualités: finesse et légèreté. En dehors des laines vierges et des tissages légers, il existe deux catégories de laines spécifiques pour l’été: les laines fresco et les mohair.

Les fresco d’abord désignent une catégorie de tissages techniques. Les fils de laine, avant leur tissage ensemble, sont sur-tordus, sont enroulés sur eux-même. Une fois tissé, le plus souvent sur une armure toile (très aérée), le drap a un comportement étonnant, avec beaucoup de nervosité. On dit que ses fibres frisent, ce qui est une image pour signifier la réaction du fil retors.

Ensuite les mohairs sont des laines de chèvres. De ce point de vue et comme beaucoup d’amis, vous devez trouver cela bizarre. Mais le poil de chèvre a un avantage de plus par rapport au lainage de mouton: il a du ressort et est très rigide. Le tissage en toile de kid mohair est d’une grande légereté (220gr) et est trés aéré. C’est une merveille, que je recommande véritablement, même si elle est un peu chère! Si il est possible de trouver des costumes en fresco dans le commerce (notamment chez Arthur et Fox à Paris), ceux en mohair sont plus difficile à dénicher. Mais allez-y les yeux fermés, en plus, ça ne froisse quasiment pas!

Julien Scavini

Un costume vintage

Récemment, un jeune lecteur m’a écrit pour me poser une question à propos d’un ancien costume, qu’il a récupéré de son grand-père. Cette pièce qui fut réalisée par un tailleur de Savoie est pour notre goût contemporain (dont les sources sont principalement anciennes) difficile à utiliser, c’est pourquoi je me tourne vers vous.

Ce costume trois pièces est réalisé en velours noir. Le pantalon et le gilet sont de facture classique. En revanche, la veste arbore trois poches plaquées et ses revers sont généreux, dans la goût des années 70. La fermeture est réalisée par deux boutons sur l’avant et trois boutons aux pieds de manche (factices). Le dos présente une fente.

Le jeune homme pensait porter ce costume pour l’opéra ou encore un rendez-vous de travail.

De prime abord, je ne sus quoi répondre tant cette pièce est loin de mes a priori esthétiques. Si l’opéra ne me semblait pas le lieu approprié, où le frac et le smoking seraient plus ad hoc, il me fallait tout de même esquisser une réponse.

Les poches plaquées me font indéniablement penser à un usage sportif, même si à cette époque, il était d’usage de les placer sur nombre de modèles. De même pour le cran de revers classique (ou droit ou sport). Et le noir étant une couleur, traditionnellement réservée aux deuils ou aux cérémonies, j’émis l’idée que ce costume serait adéquat pour une soirée du motor-boat club, bref pour une soirée dans un environnement sportif… Pourquoi pas, mais à essayer de catégoriser une telle pièce, on en devient forcément restrictif, ce qui n’est plus dans le goût de l’époque.

Donc évidemment, que voir au delà de cette lecture classique? Faisons abstraction des poches plaquées et concentrons-nous sur l’élément le plus fort, le noir. Il oblige à porter ce costume dans des conditions spécifiques dont effectivement les soirées font parties. Le velours ras est une très belle matière, dont les reflets soyeux provoquent évidemment l’admiration. D’ailleurs, petite anecdote de tailleur: il est connu que les industriels cousent leurs velours avec le poil vers le haut (au lieu logiquement, de le disposer vers le bas). Car il se sont rendus compte, notamment pour les pantalons, que le poids de l’eau au séchage, arrachait les poils, d’où une durée de vie moindre, propice aux achats.

Bref, pour en finir avec ce complet, je finis par proposer toutes sortes de ports, surtout en soirée où il pourrait faire merveille. En journée, difficile d’arborer du noir. Peut-être serait-il possible de le porter pour le travail? Les classiques grinceront évidemment des dents, les limites de ce goût étant dépassées. Ceci dit, bien porté, il peut aussi être d’une grande élégance, bien loin de l’élégance à minima que nous cotoyons tous les jours!

MàJ: de récentes photos nous en disent plus. Le marchand à Paris est Ivy oxford Co. Je pense qu’il s’agit plus d’un faiseur que d’un tailleur, car je ne connais pas cette maison. En ce qui concerne la veste, la poche poitrine n’est pas plaquée, mais traditionnelle. Cela change-t-il grand chose? oui peut-être, attenuant l’effet sport. Quant aux revers, ils sont encore bien plus large que dessiné, ce qui en fait une belle pièce d’histoire du vêtement!

Julien Scavini

Le crépon de coton

Sous ce nom amusant du logiciel de traduction se cache en fait le fameux seersucker tant apprécié des anglais et des américains. Parlons en ce soir.

Le seersucker de coton est un tissu généralement rayé, utilisé pour confectionner des tenues estivales. Ce terme anglais découvert en Inde provient du perse  « shir o shekar », qui signifierait « de lait et de sucre », probablement du à la ressemblance de ses raies alternées lisses et grossières. Le seersucker est surtout reconnaissable à son tissage curieux. Les fils de trame et de chaîne ne sont pas tendus de la même manière sur le métier.Peu de fabricants existent encore sur ce type de matière, son tissage étant long et complexe. Car une fois les fils bleus (par exemple) insérés dans le tissu, la laize produite est détendue, donnant au drap une apparence froncée le long des rayures blanches. Cette caractéristique facilite la dissipation de chaleur et la circulation d’air. Il convient évidemment de ne pas repasser un seersucker. En revanche il a un côté pratique car infroissable et lavable en machine.

Il est possible de trouver de nombreux articles en seersucker, allant des costumes aux bermudas, en passant par les peignoirs. Les couleurs les plus communes, outre le blanc de fond, sont le bleu et le marron. Mais il est également possible de trouver des raies vertes ou violettes, toujours légèrement plus large que des têtes d’épingles.

Ce sont les commerçants musulmans qui ont rendu célèbre cette étoffe qui fut popularisée dans les chaudes colonies britanniques. Il fut également utilisé pour les uniformes des infirmières durant la deuxième guerre mondiale. Les Américains l’apprécièrent aussi avant le développement de la climatisation. Si son origine dans ce pays fut relativement difficile, il devint à partir du début du siècle la tenue par excellence des gens du sud. Peu à peu les gentlemen du nord le portèrent, popularisé également par les étudiants qui y voyaient à la fois une nouveauté pratique et une occasion de se démarquer des traditionnels costumes. Les journalistes politiques rendirent également honneur au seersucker, en commentant les débats à Washington, ville relativement chaude l’été.  Il est toujours à noter qu’au mois de Juin, il est habituel pour les sénateurs américains de porter des costumes en seersucker, lors des bien nommé seersucker thursday.

S’il est véritable (et donc non lisse), ce tissu constitue une agréable solution pour l’été, à utiliser certes avec modération, mais qui peut faire un effet certain. Voir un élégant porter un costume de cette matière annonce certainement le printemps et le retour des chaudes journées ensoleillées. Traditionnellement, vous trouverez cet article chez Brooks Brothers, bien que de nombreux autres confectionneurs en vendent également.

MàJ: dans le dictionnaire du textile, on trouve aussi à l’onglet historique la définition suivante: tissus de soie, d’or et argent à l’effet ondulé originaire de l’inde et destiné aux habits de cérémonie. Il fut importé en Europe aux alentours de 1746 et devint très recherché à la cour du roi louis XV(1764) – dictionnaire international des tissus.article du journal du textile du 6 avril 1998. Voilà qui n’est pas forcément contradictoire avec son histoire anglaise.

Le bon tweed pour les highlands

Concentrons nous ce soir sur ce vêtement, ou plutôt cette étoffe si chère aux gentlemen, qu’ils soient farmers ou urbains, le tweed!

Si l’on en croit la légende, le mot tweed proviendrait du mot tweel en scots, signifiant tissage ou tissus, et non de la rivière du même nom que les premiers marchands ont confondu à cause du fort accent des écossais. Cette matière encore très artisanale est obtenue à partir d’une laine vierge cardée, qui possède encore tous les suints, c’est-à-dire les apprêts naturels graisseux qui confèrent aux poils des qualités d’étanchéités thermique et aquatique. Cette matière simplement travaillée, est encore de temps à autres nettoyée à même les ruisseaux et teintée à l’aide de mousses et autres herbes de la lande donnant des tons naturels (verts, marrons, orangés etc…) et mats.

Tissé artisanalement dans des crofts (fermes) dans les hébrides, il sort sur des métiers à tisser en (environ) 70cm de large, ce qui oblige à en utiliser deux fois plus et peut alors avoir l’origine géographique controlée d’Harris tweed, provenant des îles Lewis ou Harris. Mais il existe une infinie variété de tweed, dont le très célèbre Donegal irlandais, connu pour son poids moyen et son effet de chiné gris, avec des pointes de couleurs. Nous noterons également l’existence du reconnu saxony tweed dont la laine provient des moutons de saxe (à l’origine).

Le tweed reste pour autant un tissus choquant pour les non-initiés à cause de son touché très rêche et de son poids souvent jugé excessif. Au premier abord, vous pourrez avoir l’impression d’un matière en spontex alourdi… Mais bien sûr, c’est nécessaire pour aller chasser, lors de parties où l’attente et la patience le disputent souvent au froid cinglant, ou encore dans des relais ne possédant qu’un chauffage succinct. Ou même lors des derniers grands froids en France, quel plaisir que de sortir son complet en tweed, qui vous procure une réelle impression de chaleur!

Le code vestimentaire autorise le tweed à la campagne et rarement en ville, bien qu’il ait fait dernièrement une apparition comme tenue de week end. Il est en revanche la marque des étudiants et professeurs et rappelons nous du cousin de Charles Ryder dans Brideshead lui conseillant le bon tweed plutôt que le costume urbain pour Oxford.

Traditionnellement, le complet en tweed comprend un veston à trois boutons (voire quatre) avec une fente dans le dos. Le cran du col n’est pas placé trop haut pour permettre de le rabattre comme un col officier en cas de vent. Une patte peut permettre éventuellement de fermer la veste autour du cou ce qui redonne à la boutonnière de revers son usage. Le gilet quant à lui possède cinq à six boutons, dont une boutonnière verticale pour la chaine de la montre, ainsi que quatre poches (du type poche poitrine ou à rabats). Il arbore également souvent des revers, à l’instar de la veste. Le pantalon est pour sa part assez serré, et non doublé au royaume uni (ce qui gratte…). Les boutons sont en cornes et non en cuir, ces derniers étant l’apanage des tailleurs américains cherchant la ‘différence’. Les tissus habituels pour la chasse sont à carreaux (pour ne pas être confondu avec la végétation) et ceux plus urbains unis.

Deux bonnes maisons proposent à Londres des complets de tweed et se nomment Bookster et Cordings. Notons également les italiens de chez Beretta dont les vestes de tweed doublées de gore-tex sont d’un grand secours sous le crachin!

Du côté du board: le stroller

S’il est une tenue aussi formelle qu’inusitée, c’est bien du stroller qu’il s’agit. Ce complément du smoking se porte le jour uniquement, et se distingue ardemment du complet de ville. Totalement tombé en disgrâce, cet ensemble n’en demeure pas moins intéressant, complétant  admirablement le vestiaire de gentlemen, pour toutes les occasions où vous souhaiterez remiser votre costume, pour un vernissage ou même le mariage d’un ami.

Il se constitue d’un veston droit à un bouton (certaines fois deux ou trois) sombre voire noir, d’un gilet, droit ou plutôt croisé en gris clair (ou coordonné sur le veston), et surtout d’un pantalon à rayures, du même type que celui que l’on porte avec la jaquette. Il partage d’ailleurs ces codes avec le morning coat, à la différence que l’habit à basques longues est remplacé par une veste courte.

Ce vêtement a eu une histoire courte, notamment chez nos amis grands bretons où il est appelé Black Lounge, ne trompant pas sur sa couleur. Les américains qui le nomment stroller ont véritablement fait perdurer son usage, comme les japonnais pour qui le director’s suit représente l’élégance suprême des membres de conseils d’administration. Quant à nos amis germaniques, l’ancien chancellier Gustav Stresemann a donné son nom à cette version plus pratique du morning coat.

L’association du veston droit avec le pantalon formel à rayures constitue le stroller. Son usage diurne comme tenue semi-formelle a pris le pas de nos jours sur son ancien usage par les majordomes et autres employés de direction. Interressant pour changer du costume, n’est-il pas?

Croisé en tartan

Hier lors de mes pérégrinations du côté de l’Opéra en ces veilles de fêtes, j’ai croisé (presque comme par hasard …) le magasin Old England du boulevard des Capucines et sa prestigieuse vitrine, qui admettons le, est de mieux en mieux! Le linéaire est parfaitement exploité, présentant à l’envie les plus belles flanelles et tweed, alors qu’il faisait moins cinq degrés dehors. Et au milieu de cette essence du meilleur goût, flairant parfaitement les vieux manoirs oxfordiens, trônait une petite curiosité, un must-have dirait les fashionnistas: un costume croisé sur quatre boutons en tartan, autant dire une merveille pour les soirs de fêtes qui s’annoncent.

L’attrait principal de cet ensemble, outre son tartan rouge proche du clan Fraser (famille arrivée de France avec les troupes de Guillaume le Conquérant vers 1066, installée entre Edimbourgh et Inverness), se remarque par sa croisure très marquée, rappelant les croisés du début du siècle, très montant, très formalisant qui donnent une belle allure, et montrent peu de la cravate. Bref, une belle pièce que je vous recommande d’aller voir!