The Big Bang Theory

Si vous ne connaissez pas The Big Band Theory, sachez qu’il s’agit d’une série télévisée américaine diffusée sur CBS et qui fait actuellement beaucoup parler aux Etats-Unis et ailleurs, tant elle est drôle. Mais non, je ne vais pas disserter sur le ‘look’ des personnages, mais plutôt sur celui d’un des acteurs.

Je faisais une petite recherche sur internet à propos de ce programme quand je suis tombé sur cette photo du groupe de comédiens : ICI. Et rien ne m’a sauté aux yeux. L’un arbore une chemise noire, comble du mauvais goût, le second un costume trois pièce un peu trop fashion et étriqué qui pourrait sortir de chez The Kooples et le dernier sur l’image un affreux manteau qui lui donne l’air mal fagoté. Et puis il y a l’indien, Kunal Nayyar pour être exact.

J’ai été légèrement interloqué par sa tenue, depuis j’y pense constamment. Ce monsieur a réalisé un exploit (de mon avis) : associer la veste dépareillée, appelée aussi veste sport, à une soirée… D’après mes savantes règles elles-mêmes tirées des meilleures théories, seul le costume peut être de mise le soir. Avec des souliers noirs!

La veste sport doit être accompagnée de souliers marrons, ce qui la cantonne à la journée. Je n’aurais pas idée de débarquer à une soirée en souliers marrons et veste dépareillée. Le costume me paraitrait la meilleure option, sans aller forcément vers le smoking. Or ici, la veste est seule, en petit pied-de-poule noir (celui dont je n’aurais jamais su quoi faire auparavant) et accompagnée d’un pantalon noir. Je partage avec le Chouan son avis sur le pantalon noir. Mais ici, c’est la seule option qui paraisse viable. Avec les richelieus noirs et la cravate noire, cela crée un ensemble cohérent, qui ne fait pas garçon de café et qui convient absolument (de mon pur avis très subjectif) à une soirée, si le smoking n’est pas exigé. Sachant qu’évidemment aujourd’hui, rien n’est jamais exigé et que les gens croient bon de venir en jeans, à un vernissage par exemple.

Cette personne a, peut-être est-elle conseillée, ouvert une petite brèche pas idiotes dans les sacro-saintes règles. Une brèche de goût. On peut être de mauvaise foi pour défendre sa position, mais quelques fois il faut reconnaitre l’intérêt là où il est. Car marier la veste sport avec un événement mondain est un tour de force, presque une théorie du big bang!

Julien Scavini

J’aime assez le noir

Shocking! What!? Stiff Collar prône le noir???

Rassurez-vous, je ne bouge pas sur mes fondements! Explication. Hier soir, France 2 diffusait le dernier volet du téléfilm avec Lòrant Deutsch consacré à la vie de Fouquet, ce fameux sur-intendant de Louis XIV qui fut emprisonné pour crime de lèse-majesté. Les films en habits me plaisent toujours, moi qui cherche constamment des pistes pour renouveller ‘le style français’ grand siècle.

Dans ce téléfilm, j’ai noté la grande différence vestimentaire qu’il existait entre Fouquet ou Colbert et le reste de la cour. Ces deux personnages influents étaient vêtus de noir, de manière très présente, comme les ecclésiastiques du reste. Ce n’est pas une découverte que je fais là, le noir étant historiquement et traditionnellement la couleur des gens d’église, de justice et de service : clercs, avocats, banquiers ; bref, des bourgeois travailleurs et autres porteurs de ‘charges’ se différenciant là des aristocrates. Ce principe a continué jusqu’à nos jours. Ci-dessous, Jeeves en noir, la majordome, accompagne Wooster, en prince de Galles, le maître.

J’ai toujours condamné le port du vêtement noir uni, à l’instar du Chouan des villes ou de For The Discerning Few. Un gentleman ne porte pas de noir, sauf si celui-ci est entrecoupé de rayures ou alors pour certaines occasions comme les enterrements, ou alors s’il vit en 1930 et travaille dans une banque de la City.

Mais au fond, si les gens veulent porter du noir, cela ne me dérange pas le moins du monde. Architectes, artistes, présentateurs de tv ou cadre moyen : aucun problème, portez du noir!

Car se vêtir de noir, c’est accepter une chose : sa condition de subordonné (dans le système général ou dans le système judiciaire où la justice prédomine sur les hommes ou dans une chaine, par exemple, l’entreprise). Être un modéré (ce que je cherche), c’est ne pas en vouloir aux autres de ne pas faire ce que vous prônez. Dès lors j’accepte et lis leur comportement comme un aveux d’infériorité, un indice d’expression sociale.

Alors ne crachons pas sur les gens en noirs, ce sont nos obligés!

Julien Scavini

Petit précis d’élégance à l’usage des débutants

Ce soir, une pièce de grande importance dans la vie de ce blog et pour la nouvelle année: un essai d’élégance classique. J’en ferai un onglet permanent prochainement! N’hésitez pas à critiquer, à faire des rajouts, des commentaires, merci.

Préface d’Alain Stark

La Mode est italienne, le « Chic » est anglais. Sans jamais être dépassé car toujours au goût du jour, le classicisme britannique fonde l’élégance depuis maintenant plus d’un siècle. Lorsque mon grand père s’est installé rue de la Paix à Paris en 1910, il a importé ce qui faisait la réussite des tailleurs du Row : le complet à l’allure naturelle, légèrement cintré, avec ses petits revers et son boutonnage haut. Depuis, maintes évolutions ont eu lieu durant les années folles et après guerre avec la révolution de la confection de masse ou sous le crayon des stylistes dans les années 80. Mais l’esprit reste le même et l’invariance de la forme et des tonalités suit un seul but, habiller l’homme en gentleman.

Introduction

Ce petit précis se destine d’abord aux jeunes souhaitant mettre en place leur garde robe et n’ayant que des notions imprécises et incomplète du vestiaire masculin. Si vous occupez (ou occuperez) un emploi de bureau ; comptable, attaché juridique, gestionnaire, manager ; ou bien en relation avec autrui ; vendeur, technico-commercial, bibliothécaire, agent de change ; alors vous pourrez tout à fait vous inspirer de ces quelques notions d’élégance classique à l’usage du parfait gentleman. Quant aux intellectuels, hommes de spectacle et autres antiquaires du carré, vous pourrez directement passer à une élégance plus dandy, montrant aux yeux du monde votre goût, votre assurance et vos moyens.

Ce manuel se décline en quatre points. Il se compose de tenues classiques, que vous pourrez trouver en mixant pièces de prix et accessoires à pas cher. Le respect scrupuleux de ces notions et règles vous permettra j’en suis sûr, d’atteindre une sorte d’état normal du vestiaire. Vous serez alors classique, ce qui est l’assurance de la durée, hors du chemin des modes. Il sera votre base discrète, vous permettant par la suite divers tests et ajouts, pour acquérir de la ‘sprezzatura’, c’est à dire un naturel dans l’élégance.

Avec ces quelques notions, vous serez prêt à attaquer les affres de la mode masculine, de plus en plus versée dans une hystérie féminine de mauvais aloi.

En milieu urbain…

C’est celui du travail et de la quotidienneté. C’est aussi celui de l’usure rapide des étoffes, sous l’effet conjugué du fauteuil de bureau et des déplacements en métro (ou en automobile). C’est enfin celui de la respectabilité. Votre position dans l’entreprise dépend de votre représentation (attention toutefois à ne pas être plus chic que votre supérieur, motif bien souvent caché de diverses mutations). Ici les règles sont simples et visent un état : l’effacement dans l’élégance.

Commencez d’abord par le costume, cette pièce essentielle sinon primordiale de votre penderie. Choisissez les le plus foncé possible, uni en priorité, de l’anthracite (charcoal en anglais) au gris soutenu en passant par le bleu de minuit. Achetez-les ajusté, c’est à dire avec des épaules qui encadrent bien vos bras (pas de surplomb à l’épaulette), en deux ou trois boutons. Pas de tissus brillants et des boutonnières ton sur ton. Faites reprendre les bas de manche (qui doivent être courts pour laisser dépasser un centimètre de chemise) et de pantalon sans revers (qui doit arriver à la moitié de la hauteur du soulier).

C’est une base, que vous porterez avec des chemises, plutôt blanches. Pour commencer, celles-ci sont plus faciles à trouver et à coordonner. En popeline, en fils à fils ou en oxford, elles sont aussi l’assurance de ne pas commettre d’impair. Elles doivent être à votre taille, c’est-à-dire que votre cou est pris complètement par le col sans pouvoir y mettre la main, comme l’on voit trop souvent où l’effet est alors désastreux avec une cravate serrée. Optez d’ailleurs pour un modèle sobre, bleu marine ou rouge foncé, jamais noir ou gris, c’est vulgaire. Les modèles à pois blancs ou de couleurs, ou à rayures club sont parfait, si tant est qu’ils soient simples. La simplicité est mère de la vertu !

Avec cet ensemble au goût sobre, vous pourrez acheter un pardessus foncé, à poches côtés et non ventrale et à boutons cachés (le mieux) que vous pourrez porter l’hiver, avec des gants noirs et un parapluie roulé. Complétez par des chaussettes sombres et de beaux richelieus à bout rapporté, qui vieillissent mieux. Et jamais de mocassins avec les costumes. Enfin, le chapeau le plus adapté à ce registre serait certainement le Trilby, en coloris foncé.

Inspirez vous de l’illustration pour composer votre choix:

En période mi-sport…

Sous ce nom amusant, quelques-uns de mes amis désignent les tenues dépareillées, parfaites le samedi pour aller aux puces ou au marché, ou pour se promener en ville. Il s’agit de l’ensemble le plus décontracté.

Commencez alors avec le pantalon, soit celui en flanelle grise claire, soit le chino de couleur sable, et éventuellement le chino coloré ou le velours côtelé. Vous pouvez alors compléter avec au choix une veste ou des pulls en mailles de laine. A ce sujet, vous pouvez trouver des modèles à col en V ou à col rond (plus pratique par dessus une chemise à col boutonné), sans manches ou encore dans la variante cardigan.

Pour la veste, achetez d’abord un modèle sans motifs, unis ou à petits chevrons dans un bon tweed et/ou un blazer droit. Les rayures ou les carreaux posent des problèmes d’accord avec les chemises et cravates, alors jouez la carte de la sobriété, personne ne vous le reprochera. Dans ce registre, vous pourrez tenter d’arborer des chemises à rayures bleues ou roses sur fond blanc. Évidemment, la chemise aura toujours des manches longues et aucune poche de poitrine.

Si vous portez une cravate, le motif club est maintenant évident. Si vous choisissez de vous en passer, portez une chemise col boutonné qui a plus de tenue lorsqu’elle est ouverte. N’hésitez pas à mettre une pochette de lin dans votre poche poitrine. Si elle est de trop, enfouissez là. Si le froid persiste un peu, il vous faut un deuxième manteau, cette fois dans les tons plus clairs que pour la ville, pour accompagner la tenue mi-sport, avec peut-être un chapeau feutre dans les mêmes coloris.

Quant aux chaussures, elles doivent être marron, et si vous n’aimez pas, prenez les très foncées, peut-être en veau velours. Le richelieu ou la bottine chukka sont indiqués. La ceinture est dans le même coloris de cuir, jamais de noir sur marron. Les chaussettes peuvent être de couleur, et toujours montantes en dessous du genou, ne transigez pas sur ce point.

Inspirez vous de l’illustration pour composer votre choix:

En milieu rural…

Il est évident qu’un citadin ne passe pas ses week end à la campagne, à moins qu’il n’y possède une chasse, mais alors je doute qu’il me lise, maîtrisant déjà les codes. En revanche, le port de cette tenue est indiqué en ville le dimanche par exemple et ou en semaine les jours de grand froid tels que nous en connaissons à Paris ces temps-ci. Cet ensemble fait la part belle aux tweeds de couleurs naturelles. Achetez au moins un costume de Donegal, peut-être avec le gilet, vous ne le regretterez jamais, il vieillira très bien !

C’est aussi avec cette tenue que vous pourrez arborer des chemises à carreaux. Sur fond blanc ou écrus, avec des lignes horizontales et verticales s’entrecroisant, en vert, rouge, marron ou bleu, on les appelle Tattersall check. C’est le nec plus ultra de l’élégance des champs. Vous serez avec aussi discret que respectable en bottes de caoutchouc.

Exceptionnellement, la cravate peut être en laine et non en soie comme de coutume. Les motifs quadrillés sont une invention moderne. L’uni est alors le recours idéal, surtout dans des tons chauds comme les rouilles orangés.

Le pardessus indispensable, en dehors du Mac Farlane inusité est le Barbour, n’importe quel modèle de Barbour tant qu’il est en coton huilé. Avec sa couleur verte caractéristique et son col de velours, il vous réchauffera et vous tiendra à l’abri de l’humidité. Il dure des années et peut se faire réparer au SAV de Barbour, cette fameuse et ancienne maison toute britannique. Complétez par temps froid avec une belle casquette de tweed fin.

Enfin, complétez la tenue avec de belles chaussettes, toujours en fil d’écosse ou peut-être en laine (difficile à laver efficacement) de belles couleurs, pourquoi pas vert d’académie ? Les souliers évident sont alors les derbys, solides et étanches avec leur couture norvégienne. Paraboot en produit de bons, mais les formes ne sont pas tellement agréables à l’œil.

Inspirez vous de l’illustration pour composer votre choix:

En numéraire…

Résumons nous, il est temps après autant de bons conseils. Ouvrons les portes du placard, qui pour commencer comprendra :

  • –       4 costumes sombres pour la ville
  • –       1 complet de donegal (ou autre tweed)
  • –       1 veste mi-sport en petits chevrons de tweed
  • –       1 blazer droit bleu foncé
  • –       2 pantalons de flanelle grise
  • –       2 chinos de couleur sable
  • –       1 pantalon de velours côtelé ou un jean
  • –       une quinzaine de paires de chaussettes, pour les deux tiers sombres
  • –       quelques mouchoirs de pochette blanc, écru et/ou avec des bords colorés
  • –       une dizaine de cravates de soie
  • –       7 chemises blanches
  • –       4 chemises à rayures
  • –       3 chemises à carreaux
  • –       3 paires de chaussures noires, des richelieus
  • –       2 paires de chaussures marron, des richelieus ou des derbys ou des bottines
  • –       2 manteaux, un foncé l’autre clair
  • –       1 Barbour (une marque, une fois n’est pas coutume)
  • –       quelques paires de gants
  • –       un parapluie
  • –       3 couvres-chef: un trilby noir, un feutre mastic et une casquette de tweed

Enfin, chez vous, optez pour l’ensemble pyjama de coton et robe de chambre, très agréable en hiver, avec des chaussons fourrés. Et si vous avez encore un peu de réserve financière, adoptez un smoking, ils sont délaissés par leurs propriétaires et manquent sincèrement à bon nombre de soirées.

Cette présentation est maintenant terminée. Je souhaite qu’elle vous confère une base pour débuter, ou remodeler votre penderie. Vous pouvez suivre à la lettre ces principes ou les remanier. Il est évidemment indiqué d’utiliser sa propre appréciation, quant aux coloris et aux matières, mais vous pouvez être certain de ce référentiel. Une fois bien débuté, vous comprendrez par le port correct de ces diverses tenues le confort et l’aisance du moment qu’elles procurent. Vous allez alors acquérir une certaine assurance et pourrez aller taquiner les couleurs, les motifs (point trop n’en faut) et surtout les styles (60’s ou dandy par exemple). Bonne année 2011 !

A propos

La rédaction de ces règles s’inspire principalement du livre ‘Le chic anglais’ de James Darween, revu et corrigé (disponible au téléchargement dans la rubrique Bibliographie). Notons aussi les ouvrages ‘L’éternel masculin’ de Bernard Roetzel et ‘Des modes et des hommes’ de Farid Chenoune. Vous les retrouverez sur la bibliographie du blog. Mon résumé est évidemment un parti pris, comme souvent de ma part. Il s’agit d’une posture, qui évidemment ne plaira pas à tout le monde, qu’importe ; jeunes aristocrates et nouveaux bourgeois de vieilles familles y trouveront du plaisir, c’est là l’essentiel. Le but étant aussi de fixer un savoir, le nôtre, à un moment donné, en l’occurrence l’orée de l’année 2011.

Julien Scavini

Être élégant n’est pas seulement une question d’argent…

J’en oubliais presque l’article de ce soir tellement la veste en velours à galons me capte l’esprit! Bref, après une paire de manche à jeter et un revers qui ne laisse pas entière satisfaction, tâchons de nous divertir maintenant, dans la même lignée que cet ancien article!

Un ami cherchait ce week end à s’habiller d’un costume, pour ses premiers entretiens et congrès professionnels! La question était: que faire avec 300€ pour avoir, de la tête aux pieds, un costume, une chemise, une cravate, des souliers? La première idée fut d’aller chez les grands distributeurs, H&M en tête, qui de temps à autres propose quelques deux pièces de bonne facture. Hélas, rien.

Nous déambulions du côté des Halles lorsque nous vîmes des propositions de costumes à partir de 69€… Poussé par la curiosité, j’entrais suivi de mon ami, très dubitatif. Après un premier coup d’œil effrayé à la vue des laines ultra-bright, je me penchais plus avant sur les modèles du bas. Mon ami a la chance de posséder une morphologie standard, en taille 44FR. Je sortis donc un ensemble bleu marine à petits chevrons, dans un 100% laine plutôt fin. Je fus agréablement surpris par l’ajustement qui était presque parfait. En dehors des bas de manches et de pantalons, la silhouette était correcte! La dessus, nous rajoutâmes une sympathique cravate Yves Dorsay (NB: en polyester) bleue à pois blancs, total 99€. Pour la suite, j’avais repéré une paire de richelieus noirs, simples, chez Rudys, cette petite maison parisienne où les souliers tournent autour de 90€. Au final, et en dehors de la chemise blanche  et des chaussettes Gammarelli que nous chercherons plus tard, j’étais tout à fait satisfait de mes trouvailles…

Au fond, cette prise de position peut vous paraitre paradoxale. Je m’explique.

Il n’a jamais été dans mon but de faire l’apologie du cher, même si qualité rime inévitablement avec coût! Ce que ce je cherche à dire ici, c’est que pour être classique (ce que je recherche), il n’est point besoin de beaucoup d’argent. Se construire une identité de dandy coûte effectivement cher, entre complets Smalto et souliers Corthay. Vouloir être le plus présentable possible pour un premier travail constitue un but différent.

Bien souvent, les jeunes (et moins jeunes) en quête de ‘style’ tombent dans les erreurs de l’ultra mode, de l’ultra commerce, et achètent des souliers pointus en simili-cuir et des costumes brillants souvent portés avec des chemises blanches à col trois boutons et ganse rose (dans le genre Henrike Enko: vous savez, ces pubs à l’allure de marchands de drogue dans Monsieur). Car il est vrai, c’est ce ‘style’ en particulier que l’on trouve pour le moins cher, et les effets sur l’élégance masculine en générale sont désastreux! Où donc se situe le juste milieu si l’on a pas vraiment de moyens? …ou une envie mitigée de les gaspiller pour ‘ça’. Nous sommes, je pense nombre de mes lecteurs et moi même, des paniers percés en ce qui concerne le vêtement, et vivons sur un grand pied, à la manière d’Oscar Wilde l’élégant qui disait: « je vis tellement au dessus de mes moyens, qu’à vrai dire eux et moi vivons une vie séparée« .

Dès lors, je suis extrêmement content d’avoir pu, avec une somme très restreinte, habiller cet ami, que je ne considérerais pas comme mal vêtu si je le croisais anonymement dans la rue! Je joins une petite photo pour prouver que ce n’est pas si mal. Mais rassurons nous encore, Stiff Collar ne s’ébranle pas dans ses principes. La quête de qualité ne se fera jamais vers le bas, soyons en sûr. Et rien ne remplacera les produits issus d’une longue chaîne de techniques manuelles savamment maitrisées. Il n’est point question de dire que l’on atteint le summum à si bas coût. Seulement, si l’on cherche une tenue classique, discrète et de bon ton, il n’y a pas d’excuses! Cela, il faut s’en souvenir.

Julien Scavini

Tristes musiciens

Je regardais hier soir le programme musical d’Arte qui retransmettait la clôture du festival de Lucerne. Hélas, je ne crains qu’aucun commentaire ne puisse être émis à propos, à la fois des spectateurs (en bien: j’ai vu un smoking, en mal: une chemise de bucheron col ouvert) et des musiciens de l’orchestre de Vienne, qui arboraient tous des habits ‘cravate blanche’ sans effets, sans gilet, quelques fois avec des nœuds papillons garantis dérivé pétrolier ou encore des chemises à cols rabattus à boutons visibles, bref, un méli-mélo bancal du plus mauvais effet. Quant au chef Gustavo Dudamel, il avait eu l’idée curieuse de mettre un gilet de smoking noir (trop long) avec sa queue de pie.

Diable mais qui conseillent les musiciens pour leurs tenues? Mêmes les plus illustres d’entre eux croient bons de faire fi des règles les plus traditionnelles. Si encore d’aucun avait inventé un dérivatif plus convaincant, plus réaliste au vu des efforts physiques que demandent la musique, alors je m’y plierai, mais jamais je n’ai rencontré une nouveauté de goût. Je finis même par me questionner sur les capacités et qualités d’interprétations de ces hommes de paille mal fagotés. Estimer faire de l’art nécessiterait de mon point de vue de s’habiller … avec art? Peut-être suis-je trop exigeant pour demander un smoking ou un habit?

A l’inverse, la même chaine de qualité donnait la semaine dernière, exactement à la même heure, une rediffusion du Palast Orchester. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une troupe de musiciens de revue, avec à sa tête le brillant et très germanique Max Raabe, qui interprète entre autres des chansons des années 30 à 50, en anglais et surtout en allemand. Outre ce répertoire qu’il est tout à fait délicieux d’écouter, les voir et les regarder constitue à n’en pas douter un moment d’extase. Tout y est! L’ambiance visuelle dont les décors art déco et les sonorités confèrent à cet orchestre un atout non négligeable. Max Raabe d’abord, est vêtu d’une queue de pie parfaitement coupée, à revers généreux, avec un gilet de coton ajusté et à la bonne longueur (plus court que le corsage de l’habit) et un col cassé très haut pour habiller son cou. Les musiciens ensuite, qui comptent parmi eux une femme en robe de soirée, revêtent un smoking croisé, noir ou blanc suivant l’occasion. Et point positif de plus, ils ont tous le même modèle, donc point de dissonance de coupe. Tous ont aussi un mouchoir de pochette plié de la même manière. Cela confère à l’ensemble une harmonie rarement vu dans une représentation musicale.

Il s’agit souvent d’un idée récurrente au sein des troupes de jazz et l’homogénéité des tenues suit un seul but: concourir à une unité d’esprit en tout, de la musique à la vue. De plus, le musicien ne peut pas être tenté de s’imposer aux autres (en élégance ou en musique) mais perçoit l’idée d’un esprit de corps, celui de l’orchestre.

Nous noterons également l’artiste allemand (encore un) Henry de Winter à propos duquel Ray Frensham a publié un article. Ici encore, l’attitude de l’artiste dépasse son cadre de travail car monsieur semble être un esthète jusqu’au bout, un vrai gentleman heureux dans ses tenues du meilleur classicisme.

Julien Scavini

Être (ou ne pas être) un ayatollah de la règle

Samedi après-midi ensoleillé, carrefour de la rue du Bac et des boulevards Saint Germain et Raspail, devant la boutique Barbour par le Jockey Club: beaucoup de blazers! Il est vrai que beaucoup de messieurs, souvent d’âge mûr, avaient décidé à l’unisson de sortir cette pièce toute simple de leur garde robe. Je les observais, notamment deux, se présentant au même instant devant le feu piéton: l’un, au bras de sa dame, portait un vieux blazer, plutôt déformé, avec un pantalon de flanelle clair et des chaussures marrons, dans l’esprit de Mephisto. Le deuxième plus jeune, cherchait ostensiblement la netteté dans ses atours, avec un blazer bien plus structuré, un pantalon de flanelle foncé et des souliers bien ciré mais noirs.

M’est alors venue une question: lequel préférais-je? Difficile débat qui s’ouvrait alors dans ma tête, propice aux pires disputes entre mes deux hémisphères. Devons-nous considérer, du point de vu l’élégance, un respect parfait du code (blazer + chaussure marron) mais concession au confort (vieux modèle affaissé et chaussure à grand confort) ou rature du code (blazer + souliers noirs) pour affirmer une certaine stature toute ostentatoire? Évidemment, la thématique du blazer n’est qu’un prétexte.

Si une certaine sympathie m’est immédiatement apparu pour le premier, je ne pouvais m’empêcher de penser que mon irritation à la vu du second et de ses richelieus noirs trop bien cirés était trop exagérée. Même si: à quoi bon mettre tant de soin à s’apprêter et à entretenir ses chaussures pour à la fin commettre un tel impair? Si nous voulons paraitre guindés, autant que notre idéologie personnel le fait envisager, alors autant sortir en costume. Si au contraire, nous acceptons la décontraction du moment, alors le marron se serait imposé. Mais bien souvent, les cuirs noirs sont plus faciles d’entretiens, certes…

Alors devons nous rester couché sur l’autel du code classique anglais? Ne serait-ce pas quelque peu un signe d’échec? Ou au contraire, faut-il élaborer une hiérarchie d’approche? Par exemple, vous êtes invité à une petite soirée entre amis. Vous avez passé la journée en blazer avec des souliers marron, mais que faire pour se présenter le soir? Changer toute la tenue pour permettre les souliers noirs (qui je le rappelle, sont un peu plus indiqués pour le soir) ou alors mettre des souliers noirs avec la même tenue? Ou arriver à l’identique? Où est la limite? Et dès lors je me fais prendre dans un jeu difficile, qui consiste à jongler avec des règles, d’époques différentes, de valeurs différentes, de sociologies différentes…

Un ami me le faisait justement remarquer, lui qui préfère de loin les impairs à mes règles, pour satisfaire à l’originalité: »si tu es tout le temps habillé pareil, c’est idiot et triste« . Lui même serait le premier à reconnaitre que Paris est une belle cité, surtout grâce aux ordonnancement d’Haussmann… Vous admettrez le comble tout de même.

Je sais que ça et là, certains érudits critiquent mes dires, ou ceux d’amis, nous mettant dans les cases des dictateurs sartoriaux. C’est à dire que dès lors que l’on s’exprime, il convient d’avoir une posture, même si celle-ci devient vite exagérée. Le tout est de respecter l’avis de chacun et d’être clair dans ses choix. Je préfère une école britannique du dualisme ville/campagne à une approche italienne basée sur les hybridations, c’est vrai. Mais j’apprécie une autre approche, même celle qui consiste à mettre des chaussettes blanches avec des mocassins foncés dans le genre Ivy League, si l’idée est affirmée et référencée. Il n’y a rien de pire que les pré-supposé (même si j’en ai très certainement) et autres inventions personnelles. La pire idée est de croire que l’on peut réfléchir tout seul, imaginer tout seul; d’autres sont bien souvent passés avant qui vous feraient irrémédiablement passer pour un philistin. Tâchons de rationaliser nos discours, je m’y efforce, l’histoire se chargera d’en modifier le cours…

Julien Scavini

Ça ne coûte pas si cher de bien s’habiller

C’est sur cette rengaine commerciale que je vais vous faire part de la tenue que je portais aujourd’hui, pour répondre à un discussion que j’ai entretenu sur un autre blog à propos du coût et de la relation à la classe sociale que peut représenter l’habillement. Si l’on sait que les dépenses d’habillement des ménages français ont baissé de moitié en 45 ans, passant de 11,8 à 4,7% du budget annuel, la perte qualitative fut aussi très grande. (CF cet article captivant de La Dépêche). Ainsi, ce jour pour aller en cours à l’AFT, j’avais sorti ma panoplie méga-brand pas chers, dans une tonalité très automnale:celio

  • La veste en velours côtelé marron, 3 Suisses de l’année dernière, 78€ (+boutons changés pour des modèles en cuirs, chez Ultramode mercerie, 5€)
  • Le pantalon en velours côtelé moutarde, Celio d’il y a trois ans, une cinquantaine d’euros, de bonne coupe.
  • Une chemise Le Grand Comptoir (une sorte de bazar de meubles) blanche rayée marron, 29€
  • Un nœud papillon Polo Ralph Lauren bleu rayé club rouge avec des têtes de chiens de chasse, 9€ à La Vallée Village
  • Une ceinture en veaux-velours, à boucle dorée, Bexley, 29€
  • Une paire de souliers à bouts droits en veaux-velours, amoureusement entretenus, Bexley, 129€
  • Une paire de boutons de manchette ronds dorés, aux puces de Vanves, 15€
  • Un petit mouchoir de pochette beige à pois blancs découpé dans un échantillon de tissus, O€

Voilà pour ce petit tour d’horizon, qui ne manquait pas de panache, pour une prix total franchement raisonnable, avec des classiques réutilisables. Comme quoi aussi, dans les sous-marques, on peut trouver de quoi se fagoter convenablement, à ma grande surprise aussi.

MàJ: Ceci dit, nous sommes tous d’accord que l’Art ne nait pas dans le médiocre ou même le moyen. Mais avec un peu de goût, sans trop de moyen et un grand respect des codes, on peut être correctement ‘mis’. Mais en aucun cas cela ne peut dépasser ou remplacer l’Art, le bien fait et le vrai savoir-faire…

Vivre dans le rêve

Loin de trancher entre grande mesure tailleur et prêt à porter de qualité, Stiff Collar a pour but de faire vivre un imaginaire, celui d’hommes bien vêtus. Dans ce monde de la réalité immédiate et de l’information continue et confuse, nous cherchons un état de pensée idéalisé dans lequel vivre, se sentir vivre.

Dès lors, l’art du vêtement apparait comme l’un des derniers remparts que l’on puisse ériger entre nous et la société. La confection est l’une des dernières grandes spécialité à savoir créer, matérialiser un rêve, que ce soit d’une époque ancienne, fictive ou future. Se faire tailler une veste de cavalier et des bottes chez John Loob permet de goûter à un luxe passé et désuet; se faire confectionner un costume au cran innovant permet de se sentir avant-gardiste. Chacun peut y trouver son compte, dans le respect de traditions qui savent évoluer et se reconstruire.

Major DespardA l’image du sympathique Marc Guyot, cela flaire bon la bonne humeur et les atmosphères bon enfant. Se délecter des costumes d’Oss 117 ou du Petit Nicolas replonge dans un univers qui donne envie, fait sourir peut-être aussi. Car après tout, nous évoluons dans ce milieu de l’élégance, par soucis de sérieux d’abord et de plaisir ensuite, ce qui compte au dessus des querelles.

Merci aux quelques deux cents lecteurs qui passent ici chaque jour! Puissent-ils trouver l’état idéal, pour comme disait Saint Laurent, vivre en beauté!

MàJ: Comme un fait exprès, citation d’une interview de Jean Pierre Jeunet réalisée par le figaro du 28 Octobre 2009, à propos de sn dernier film:

Vous n’en avez pas marre d’être nostalgique ?

Non. Une idée court actuellement en France, selon laquelle être nostalgique, c’est être rétrograde, réactionnaire, voire fasciste. C’est l’un des a priori les plus cons de ces dix dernières années, véhiculé par des handicapés de l’émotion. La nostalgie, ce n’est pas vivre dans le passé.

Du rififi chez les tailleurs

Commençons cet article par une affirmation que l’on a tous souvent entendu. Cette semaine encore donc, un ami m’a dit qu’il s’était fait faire un costume sur mesure chez un tailleur pour 350€.

Deux problèmes dans cette proposition: la notion de ‘sur mesure’ et l’appellation ‘tailleur’. Car il va de soi à qui s’y connait un peu qu’à moins de 2500€, il n’est point fait référence au tailleur traditionnel.

La loi de juin 1947 et son décret d’application de janvier 1955 relatifs à l’appellation ‘tailleur’ stipulent en article 1 que:

Est interdit et considéré comme une tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise au sens de la loi du 1er août 1905, l’emploi de toute indication, de tout signe, de tout mode de présentation, en particulier par usage du mot « tailleur » ou de toute autre dénomination comprenant ce mot, susceptible de faire croire à un acheteur qu’un vêtement masculin a été exécuté suivant les procédés techniques conformes aux usages loyaux et constants de la profession de tailleur, qui comportent la coupe individuelle aux mesures exactes du client, lorsque ledit vêtement n’a pas été exécuté dans ces conditions.

Mais bien évidemment, personne ne connait cette définition, même certaines maisons de confection, qui pèchent par naïveté. La loi stipule donc:

vêtement tailleur: tout vêtement masculin de dessus dont le client a  choisi le tissu et le modèle, et pour l’exécution duquel les opérations de coupe, d’essayage et éventuellement de retouches, sont faites par une main d’œuvre spécialisée, d’après les mesures personnelles du client prises préalablement à l’unité.

vêtement sur mesures mode industriel: le client a choisi le tissu et le modèle, et dont l’exécution déterminée d’après les mesures personnelles du client implique des opérations d’essayage et de retouches, ledit vêtement étant d’autre part fabriqué selon la technique industrielle du vêtement de confection.

petite mesure façon confection: tout vêtement masculin de dessus, coupé à l’unité, exécuté selon les procédés de la fabrication en série à la convenance et aux conformations particulières du client qui a choisi, au préalable, son tissu.

Voici donc pour l’état des lieux. Alors, la fédération française des maîtres tailleurs s’est proposée de réécrire la loi, partant d’une idée simple, faire respecter ce décret et le mettre à jour, notamment pour éviter cet encart très long de vêtement sur mesures mode industriel. L »idée, introduite par Mickaël Ohnona, est bonne, mais manque certainement d’étoffe, de lobbyistes et de députés…

Voulons nous l'idéal?
Voulons nous l'idéal?

Mais repartons des faits. Il est devenu certain que l’imaginaire collectif entretient avec le nom de tailleur une relation ambigüe qu’un loi seule ne peut plus, ou pas régir. Malgré le fait que je sois dans la partie, plutôt côté Tailleur (au sens de la loi donc), je ne peux pas passer mon temps à reprendre systématiquement amis et connaissances… Et doit bien avouer que je me range aisément du côté du plus grand nombre, n’en déplaise aux puristes, je m’explique…

Nous venons de constater qu’aux pays des grandes traditions, je veux parler de l’Angleterre, le débat est aussi ouvert. Le terme bespoke, qui signifie pour tout puriste le summum de l’élégance à l’unité, vient d’être ouvert par une décision de justice, faisant suite à la plainte de la Savile Row Assoication contre un confectionneur industriel (qui a donc gagné l’usage du mot).

En dehors du Larousse qui fait référence à l’Artisan Tailleur, toutes les autres définitions se résument ainsi: Personne qui taille des costumes sur mesure pour homme. D’ailleurs, c’est une définition par extension de la définition de tailleur:  Celui qui taille des vêtements, des pierres, etc… Cela impose le constat…

Un exemple pris au hasard, la maison de confection Pernac, se targue de faire du traditionnel en sur mesure, deux termes donc, qui sont hors la loi. Si l’on excepte le terme traditionnel qui n’est qu’un usage de communication, et qui d’ailleurs n’a que peu de sens, la notion de sur mesure questionne! Elle questionne l’un des grands champs philosophiques qui est celui de la place et de l’évolution des techniques dans nos sociétés. Car l’enjeu véritable de ce débat se joue de l’avis de Stiff Collar sur ce terrain de la technique. La révolution informatique interroge nos sociétés au plus profond. Je l’ai très bien vu en architecture, qui ne sait plus ce qu’elle est face à l’intégration computationnelle. Le très érudit article de Bernard Cache et Patrick Beaucé intitulé Vers un mode de production non standard (in Objectile Fast-Wood, A brouillon Project, éditions Lavoisier, 2005) rappelle à quel point les artefacts humains ont toujours été marqués par la poursuite de la précision. Cette précision des mesures et des modèles homothétiques informatiques permet de nos jours de s’approcher au plus près, malgré tout, de la notion de sur mesure.

Dès lors, si un progressisme éclairé admet cette notion comme possible, le terme de tailleur en tant qu’artisan vole en éclat, de manière tout à fait rationnelle et sans prise à parti. Une révolution se prépare dans cette société post-industrielle (idiote ndlr) qu’on le veuille ou non.

ou l'ennuyeuse réalité?
ou l'ennuyeuse réalité?

Que faire alors? Il ne s’agit pas d’éluder la question. De grandes tables rondes entre industriels, marchands de prêt à porter, tailleurs artisanaux pourraient permettent, sans mauvaise foie, de constituer une réponse claire et équilibrée, entre défense d’un patrimoine intellectuel et technique, et intérêt commercial. Mais c’est un travail certainement trop compliqué à mettre en place, demandant trop d’énergie, à des industriels soucieux de rentabilité et d’image, et à des artisans, trop esseulés. Hélas.

Alors les dénominations sont le plus souvent requalifiées, en dehors de tout cadre législatif suivant les formules suivantes:

  • Prêt-à-porter : d’après des mesures standard donc sans essayage, mais avec retouche possible,
  • Demi Mesure et petite mesure : d’ après les mesures du client avec essayage d’un modèle de base puis 1 ou 2 essayages,
  • Grande Mesure : d’après les mesures du client avec trois essayages minimum.

Mais si seul l’artisan qui exécute de la Grande mesure peut s’appeler Tailleur, comment s’appelle la personne qui est dans une boutique, au milieu de liasses de tissus, et en relation avec une terminal informatique? Un habilleur? pourquoi pas, le terme n’est pas si laid…

Une chose est sûre, le débat reste ouvert sur le droit d’usage de mot tailleur. Stiff Collar, qui a toujours pour but de défendre les fameuses traditions, dans un cadre idéalisé, à tendance Chap’ ne peut que s’insurger contre le mensonge et les faux semblants. Mais une chose est sûre également, c’est en refusant d’ouvrir les yeux que l’on meurt… hélas.

Ne pas avoir une belle image

Je lisais tout à l’heure l’entête d’un nouveau blog qui se destine ‘aux hommes soucieux de leur image’, ce qui me donne l’occasion de réagir.

Certes l’idée n’est pas fausse, mais elle n’est pas première et ne fonde, de l’avis de Stiff Collar, aucune règle d’élégance. Se préocuper de son image n’est qu’une basse préoccupation narcissique, qui du reste correspond très bien au monde dans lequel on vit! Mais la véritable élégance se situe ailleurs, dans le respect de traditions artisanales d’abord. Vouloir porter un beau costume et une cravate discrète premettra d’acquérir une mise correcte, mais certainement pas impressionnante!

fggdandy

Cela me rappelle une histoire de champ de course : Brumel était approché par un jeune compatriote qui lui dit : « bonjour, j’ai remarqué votre élégance dans la foule » ce à quoi il répondit « si vous m’avez remarqué, c’est que je n’étais pas élégant »… L’élégance est donc une question de discrétion, du moins celle des gentlemen! A l’inverse, il est vrai que l’esthétique dandy est plus une question d’image que l’on veut renvoyer, à dessein. Mais le vrai dandy n’a qu’un seul but dans la vie, augmenter sa rente… Il est donc hors du système de valeurs du gentleman travailleur. C’est une espèce rare.

Alors, il faut faire attention aux idées que l’on proclame en matière de mode masculine. Etre élégant, c’est respecter son maître tailleur pour pouvoir respecter son futur interlocuteur. Rockfeller grand père disait en 1929, que s’il lui restait 1000$, il l’investirait dans un bon costume. Non pas par souci de son image, mais par souci de respect et donc de mise en confiance face à autrui. Car c’est dans la mise en place d’un ensemble complet, cohérent et hiérarchisé de valeurs que l’on peut faire naître stabilité, respectabilité et solvabilité ^^ L’image n’est pas une question de théatre à laquelle on fait attention, l’image est l’expression finale d’un système, dans lequel on a conscience de sa place, de son potentiel et de ses libertés.